C'est au mois de Mai, que Bernard ( l'ami caviste ), sa femme et moi décidons d'organiser un repas; un bon repas avec de bons produits mais surtout de bons vins. A la génèse de cette" bouffe", je n'aurais jamais pensé à ces vins.
J'avais en tête d'acheter un très bon champagne, puis un grand blanc bourguignon et enfin un pinot noir assez sympathique. Puis au fur et à mesure que le temps avance, les idées changent, le contexte...et surtout, depuis environ sept ou huit mois, Bernard m'a enfin fait visiter sa cave perso. Une sorte de Graal pour un jeunot comme moi. A chaque fois depuis, j'y amène du vin, on y descend, on regarde les bouteilles. On sent, on hume l'odeur des graviers, la poussière.
Et au fur et à mesure que l'on parle, il me dit qu'il a déjà bu un musigny 1989 de Mugnier et qu'il avait été relativement déçu. Un manque de matière certain pour lui n'était pas digne de cette bouteille.
Quelques semaines après, au moment du choix du vin rouge, il m'a dit que j'avais carte blanche pour cette bouteille dans sa cave. Imaginez !! Placer un gosse dans une mine d'or
. Peut être, que c'est à ça, que l'on reconnait les grandes personnes, humbles et dont la ligne de conduite est le partage. Un ami.
Je pense d'abord à un Echezeaux 95 de Michel Guyon ( à Vosne )...puis d'un éclair je repense au Musigny. Un musigny ! Moi qui n'ai jamais bu de grands crus rouges de Bourgogne ! Et de Mugnier !! Un nom qui me fait trembler de joie.
Le vin rouge est choisi.
Reste le vin blanc. Qui dit vin rouge excpetionnel, dit vin blanc ( on l'espère ) pas trop mauvais !
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Forcement, il se trouve que j'avais depuis peu une unique bouteille du "mythe". Une bouteille de Meursault 2007 de Jean-François Coche Dury. Bouteille que j'avais prévu d'attendre encore cinq ans...
Deux trois questions et hop ! Les deux fauves sont choisis ! Reste à trouver le repas qui leur servira de support.
Quelques questions aux lpviens ( merci à vous d'ailleurs ), quelques idées et
en voiture simone !
Nous nous lançons donc, dans la joie et la bonne humeur, dans l'éxécution du repas vendredi après-midi avec sa femme.
Entre deux, Bernard me dit que pour le "fait-la-bouche", un vin de pays d'oc Chardonnay 2011 pourrait faire l'affaire. Allons y, tentons !
17h30. Let's go ! On a deux bêtes à ouvrir.
On commence par le meursault. Le bouchon glisse tout seul, il est gras et bien souple. Pas de faux goût, tout va bien.
On goûte...bon. C'est très réduit, très grillé. La patte coche? Pas forcement très agréable dans l'immédiat.
. Par contre, sans même avoir tourné le vin dans le verre, on sent une puissance assez importante qui se dégage !
La bouche est encore fermée, étriquée, les chaines qui le retiennent sont solides ! L'acidité est mordante, même si ça ne me derange pas trop. Bernard n'est pas trop confiant et dit une phrase qui lui correspond bien : "on sent qu'on le dérange là, c'est encore un adolescent en pleine éducation". Et hop, en carafe, on laisse juste l'équivalent de deux bons verres en bouteille pour voir la différence.
We'll see.
17h45. On ne sait pas encore ce que le Musigny nous réserve à ce moment...
Bernard enfonce le tire-bouchon. Tire...Tire...Rien ne sort. Il me dit que j'ai plus de force que lui et de le faire à sa place ( ?
). Je Tire...Tire...
Rien à faire, le bougre est collé !
Bernard y retourne et le bouchon commence doucement à s'effriter. Nous arretons, il va chercher un autre outil. Il y retourne, toujours pareil. La pression monte !
Inexorablement, le bouchon s'éffrite mais ne bouge pas d'un poil. Nous décidons alors de prendre un petit couteau pour décoler le bouchon du goulot. Ca semble fonctionner. Mais le mal est fait. Le bouchon se casse en deux. Bernard, commence à jurer. J'adore ! C'est tellement peu courant venant de sa part. Il galère comme pas possible à essayer d'extirper le bouchon et moi, je suis mort de rire en train de prendre des photos de l'instant.
Au finale, il réussi à l'enlever sans trop de dégat pour le vin.
Le Musigny, un vin qui se mérite !
-D
Voici la bête. Mais du coup, le bouchon etait tellement collé au goulot qu'il n'est imbibé que sur quelques mm. On voit bien sur la photo que les bords sont comme neufs !
Voici une autre image de la collerette que je trouvais plutôt sympa.
Après l'effort, le reconfort !
La couleur est superbe de jeunesse. C'est juste hallucinant. Après 23 ans, le vin n'est même pas tuilé sur le disque!!!
Le nez...pffiou. Une pureté de fruit, de cerise. Un côté mentholé derriere apporte de la fraicheur. Pas encore très complexe mais Bernard semble confiant. La bouche est très belle, aucun creux, une matière bien présente, des tanins fondus et une finale noble sur le cacao. AUCUN arôme tertiaire de champignons ou de sous-bois ou de terre. Que neni. Ce vin semble parfait...et ce n'est que l'ouverture
.
Il est l'heure, mes parents et ma soeur arrivent pour le repas. Après quelques paroles et rires, la soirée peut commencer.
AAA TAAABBLLLEEEEE ! ( j'ai super faim, pas mangé ni bu une goutte d'eau de l'apres-midi )
Nous commencons donc avec :
Croustilles de Thon / Mayonnaise maison / ciboulette
Croustilels de Crabe / Mayonnaise maison / ciboulette
Salade Crevettes-ananas ( regarde François, ça semble pas trop mal
)
Avec tout ça, commencons par un
Seigneur Jean-de-Roze Caves de Saint-Chinian - Chardonnay 2011 .
Le vin est au nez très expressif, sur la poire, les fruits jaunes mures.
Cependant, la bouche reste fraiche et le vin est très digeste. Petit manque de matière en milieu de bouche et finale avec une amertume plutôt presente.
Ce n'est pas exceptionnel mais convient parfaitement comme premier vin.
Les amuses bouche sont frais, pas trop lourds et conviennent parfaitement.
Nous retournons avec Chantal en cuisine pour préparer l'entrée. A savoir un
Filet de Bar cuit à l'unilatéral / Asperges / Beurre blanc Maison
C'est la première fois que je fais un beurre blanc, je suis content je l'ai réussi
...Et BON DIEU QU'C'EST BON!!! On en mange jamais à la maison mais la c'est une révélation pour moi. Ce n'est pas trop lourd, avec une superbe saveur. J'A-DO-RE !
La carafe du Meursault est sorti. Le vin est d'une superbe couleur, doré et limpide.La bouche est grasse, puissante et la matière est soutenue par une très belle acidité. C'est ciselé, tendu, sur le fil du rasoir. La finale est longue sur un coté salin et salivant.L'aération lui a fait du bien. Il y a toujours ce côté grillé, réduit et le fruit a du mal à se faire une place.
Ce vin est
Très Bon mais pas encore exceptionnel. Pour ceux qui en on, il peuvent l'attendre avec sérénité.
Le fond de bouteille est bu le lendemain et la c'est beaucoup, beaucoup mieux. Il y a du fruit !!! Un superbe nez d'agrume, de citron et de pamplemousse. Le fond de verre est juste SUPERBE avec l'impression de sentir un ananas frais, bien juteux ( comme souligné dans un cr du cercle bastognard je crois, vraiment la meme sensation ! ).
Du fond du coeur, MERCI ! Merci à la personne qui m'a donné cette bouteille. Est-ce que je me souviendrai du vin dans dix ans? je ne pense pas. Par contre, du moment, assurement. J'ai eu l'impression de partager un peu de cette bouteille avec son donateur. Encore merci. Je crois d'ailleurs qu'elle lit lpv de temps en temps.
L'accord avec le poisson est parfait. Le bar est d'une finesse déconcertante, d'une cuisson parfaite et avec le beurre blanc...Miam (
). Aucune fausse note avec les asperges qui n'avaient presque pas d'amertume. Il restait un bout de poisson et du beurre blanc...puisqu'il fallait se dévouer
.
Après une entrée qui restera gravée, passons au plat.
Le Musigny ne sera pas mis en carafe.
La métamorphose est incroyable.
La couleur est toujours aussi parfaite, pure, rouge grenadine.
Le nez...magique. Il change à chaque verre, et surtout, il prend de l'ampleur à chaque verre!
Un multitude d'arômes se mélangent pour notre plus grand bonheur. De la cerise, de la fraise juteuse, de la menthe, de la réglisse, un coté épicé vers la fin. C'est d'une complexité et d'une finesse inouie. Je suis resté le nez dans le verre de longues minutes.
La bouche est tout autant incroyable de jeunesse. Une très belle matière est présente, et d'une longueur incroyable sur le fruit, la rose séchée. De plus le vin est très digeste, aucunement lourd ou trop gras. On a vraiment une impression de fraicheur avec une finale qui dure de longues minutes.
Bernard m'avoue que la dernière fois, le vin n'etait clairement pas aussi bon.
J'ai les yeux qui brillent et je le vois aussi dans les siens. C'est le plus grand moment vinique de ma vie d'amateur de vin. Partager une grande bouteille avec de grands amis et mes parents. On est six, et le temps semble s'arreter. J'aurais voulu rendre ce moment interminable mais il sera inoubliable...
Simplement Grand
Avec ceci, un
Charolais au four / Ecrasé de pomme de terre / Girolles
La viande est juste fabuleuse de tendresse et de goût. Elle se suffit à elle même. L'accord avec le vin est très très bon, et avec les girolles également.
Très grand moment de gastronomie qui sera gravé en moi pendant de longues années.
La photo rend la viande moins saignante qu'elle ne l'etait.
Après de telles émotions, nous parlons, rigolons et finissons nos verres. Il reste encore un peu de rouge pour la fin ! Super X(
Nous finissons ce repas avec un
Millefeuilles aux tuiles aux noisettes / Crème légère / fruits rouges
Le dessert est léger et c'est très bien ainsi.
Nous finissons, une fois les assiettes terminées, le vin avec mon père et Bernard. Histoire de terminer ce repas des étoiles plein la bouche, du rêve liquide.
Un grand merci à nos hôtes pour ce grand moment. Des vins superbes et une amitiés encore plus indestructible. Je quitte la maison en dernier pour rejoindre mes parents dans la voiture, j'échange encore quelques mots avec Bernard, les yeux remplis de joie.
Merci également à la personne qui nous a permis de boire une bouteille de Coche. Geste que je ne suis pas pret d'oublier non plus.
Enfin, je voudrais dire un grand bravo à tous ceux qui font de superbes cr, avec des images et qui s'appliquent. Car je viens de prendre conscience aujourd'hui que ça prenait du temps.
J'espère que vous aurez plaisir à me lire.
Sympathiquement
Julien