Domaine Vincent Dauvissat - Les 2022 au domaine
L’occasion de ma virée annuelle Chablisienne a débouché sur la dégustation de plusieurs bouteilles du domaine Vincent Dauvissat. Comme nous allions récupérer notre allocation au domaine le matin même avec notre groupe, la dégustation de ses vins semblait couler de source, et de nature à tous nous fédérer. Bien aidée, il faut le dire, par des tarifs favorables que l’on pratique dans le secteur, et bien sûr, par l’envie de se faire plaisir.
Nous avons dégusté très rapidement la gamme habituelle, et sans prise de notes. Un mot tout de même sur les vins dégustés. Le millésime m’a fait très bonne impression et s’annonce de très belle garde. Si j’essaye de chercher des repères, des points de comparaison, je dirais qu’il me rappelle un petit peu 2020. Bel équilibre d’ensemble entre la richesse du millésime, et le caractère minéral chablisien. Un
Petit Chablis vif et salin. Un
Chablis précis, avec plus d’amplitude. La
Montée de Tonnerre se présentait avec un fort accent floral. Notes d’amande manifestes dans le
Séchet, mais aussi dans le
Vaillons, dans une moindre mesure, là où j’attendais ce climat justement plus porté sur la minéralité. Minéralité qu’on retrouve exprimée en majesté dans
Les Preuses avec un beau côté caillouteux, calcaire, et une tension électrique, grande longueur : superbe. Profil logiquement plus riche, rond et floral dans
Les Clos. Comme souvent, je me rends compte qu’entre les 2 GC du domaine, c’est bien les Preuses qui survole la dégustation à mon goût, et qui me procure le plus de plaisir. Dernier vin servi à l’aveugle : grosse évolution, croûte de fromage, miel, avec une trame austère en filigrane. Pour moi, c’est une Forest qui se cache ici, et d’un âge vénérable, au moins 20 ans car de nombreuses dégustations à 10 voire à 15 ans de cette cuvée, ne m’avaient pas permis de constater ce niveau d’évolution. Par contre, aucune idée du millésime, j’annonce un peu timidement et au hasard 2002, et nous avions bien là en effet, une
Forest 2002, laquelle était ouverte depuis 4 jours sans montrer quelconque signe de déclin.
Nous déjeunons le midi au Bistrot des grands crus.
J’avais repéré à la carte un Chablis 2017 de Samuel Billaud (30€) qui me faisait bien de l’œil, ainsi qu’éventuellement un Vaillons de Vincent Dauvissat du même millésime. Pas de bol, il n’y avait plus ni l’un ni l’autre sur ces millésimes. La carte des vins était très fournie niveau magnum, et comme nous sommes 7, cela pouvait être intéressant. Notre choix sur porte sur une Forest, et je propose ce millésime 2017.
Domaine Vincent Dauvissat – Chablis Premier Cru – La Forest, 2017
En magnum
Sans forcément être des plus complexes à ce stade, le jus possède une très belle finesse dans la texture, et un côté jus de roche indéniable, finalement assez peu commun sur ce climat, souvent fortement miellé et un brin austère.
Le vin est bien dans son millésime me dis-je à la dégustation : il propose une tension laser, et une jolie longueur.
A attendre, sans doute, pour que le vin développe davantage de complexité, mais déjà très agréable à la dégustation.
***
Dimanche, déjeuner au Soufflot, à Irancy, l'un de mes (derniers) coins à champignons, compte tenu malheureusement de l'inflation sur les menus/vins de tant d'établissements. Quelle belle cuisine de bistrot, inchangée depuis mon passage il y a 3 ans. Les joies de la permanence. Et, bien sûr une carte des vins à tarif honnête, d'ailleurs moins chère que la plupart des établissements chablisiens désormais. L’analyse préalable de la carte des vins m’avait poussé à faire le choix de la Montée de Tonnerre Dauvissat 2019. Les Raveneau sont moins intéressants (et je suis souvent déçu). Quelques Rully Dureuil-Janthial me faisaient de l’œil, aussi, mais bon, nous sommes dans le chablisien, alors continuons sur notre lancée…
Sur place, nous apercevons une petite ardoise, trônant sur une table voisine, indiquant : « Chablis Dauvissat 2017 – 8€ »
On se frotte les yeux, pour être sûr d’avoir bien lu.
« Scuzez moi m’sieur ? C’est Jean Dauvissat ou Vincent » ?
« Ah non non, c’est bien Vincent »
« Didiou ! mettez-nous donc un verre à l’apéritif, alors ».
Un deuxième verre (
) accompagnera les délicieux escargots du restaurant.
Domaine Vincent Dauvissat – Chablis, 2017
Un vin qui présente une parenté avec la Forest degustée la veille (effet millésime ?) : on est dans un registre fortement minéral, jus de roche, iodé, ciselé, avec une tension qui claque. La finale est longue, et sur la coquille d’huître qu’il n’y avait toutefois pas dans la Forest.
Un apéro de luxe ma foi, avec un Chablis délicieux et totalement prêt.
Domaine Vincent Dauvissat – Chablis Premier Cru – Montée de Tonnerre, 2020
Eh oui, plus de 2019, mais le prix reste inchangé (60€ à la carte), et le millésime me convient tout à fait.
Cette Montée accompagnera le gigot confit. Bien sûr, pour moi le gigot appelle un beau Bordeaux, en revanche je trouve que ça match bien avec un beau Chablis, pas trop frais et gras ; gras et rondeur que l’on retrouve dans les beaux premiers crus, lesquels répondent bien à la viande.
Un nez expressif, assez puissant et rond, avec une petite trame calcaire mais ce n’est pas du tout ce qui domine le plus. On est davantage ici dans un registre exotique, et résolument floral (comme le 2022 dégusté d’ailleurs). Le vin est très élégant, primaire certes, mais agréable.
La bouche présente également cette rondeur devinée au nez ; exit 2017 et le côté jus de roche, ici, nous versons dans l’opulence, la rondeur et l’amplitude. D’ailleurs, on a un léger gras en bouche.
Très belle Montée de Tonnerre, que j’aime souvent caractériser comme étant le seigneur des premiers crus, et qui ne faillit pas à sa réputation ici.
Miam miam, il m'en restera même une petite goutte pour le fromage...