Pas de Portes Ouvertes avant Avril et je viens de manquer Vinisud. Pas très satisfaisant pour assouvir ma soif de balades, rencontres et dégustations ça. Pourtant, j'ai la solution et dans un éclair de génie, qui est une de mes caractéristiques notoire (aaa), j'enfourche Jolly Jumper et me lance à l'assaut de la D2: Voilà ce que je vais faire! Me délecter des visites de quelques Châteaux Bordelais prestigieux. Le temps de la réflexion pour les cibler, quelques coups de fils, des RDV, planning sur 2 jours...Boum Boum Badaboum! Et voilà , c'est dans la boite!
CHATEAU LA MISSION HAUT-BRION
La première journée, je vais la savourer. Un premier arrêt au Château La Mission Haut Brion pour retrouver Karla Kuhn, la très charmante, compétente et disponible Directrice de la Com de Haut-Brion. Rendez-vous est donné à 11h ce mercredi. Le temps n'est pas au beau fixe, c'est le moins que l'on puisse dire. Il fait froid et une petite pluie fine vient terminer le travail. Je me gèle!!! Qu'importe les éléments qui se liguent contre moi, ils ne m'empêcheront pas d'accomplir ma mission (Haut Brion bien sûr (aaa)). Coucou Karla, c'esttttt moiiiiii! La voilà , elle arrive! Je vous passe nos retrouvailles, il y a certainement des enfants qui nous lisent (aaa). Passons immédiatement à la visite.
Située juste face à Haut Brion, seule la route qui relie Pessac à Bordeaux sépare les 2 Châteaux. La Mission Haut Brion est un rachat récent (1983) de la famille Dilon, déjà propriétaire de Haut-Brion, le domaine s'étend sur 20,9 hectares avec un encépagement à 45% Merlot, 7% Cabernet Franc et 48% Cabernet Sauvignon. La densité est de 10 000 pieds/ha quand pour Haut Brion elle est de 8 000. Ici, l'âge moyen des vignes est de 19 ans, les vendanges sont manuelles, of course, et 1 seul tri est effectué à même la vigne comme à Haut-Brion. Le terroir quand à lui est composé d'un sol graveleux avec un sous-sol argilo-sableux. A ce stade de la présentation il est intéressant de noter que de nos jours, les équipes des 2 Châteaux sont différentes même si la méthode de vinification est rigoureusement la même, et que c'est souvent la compétition qui prime. Il est bien loin le temps où Haut Brion devait IMPERATIVEMENT être supérieur à La Mission.
Nous évoquons ensuite et rapidement les autres crus de la maison (La Tour Ht-Brion, Laville Ht-Brion, les Plantiers Ht-Brion, La Chapelle Ht-Brion...j'espère ne pas en avoir oubliés (bbb)) pour nous rendre dans un premier temps dans le cuvier où bois et inox règnent en maître et enfin dans le Chai où se repose La Mission 2003. Pour ce millésime sont utilisés 80% de fûts neufs. Petite récolte que 2003 avec 30% de récolte en moins par rapport à une année classique telle 2000. 1 étage en contrebas et c'est le Chai du millésime 2002 qui nous accueille. Une petite parenthèse ici pour avertir les candidats à la visite. Le domaine va prochainement fermer (Mai 2004) ses portes pour travaux. Les Chais vont être entièrement refaits et seront dans l'avenir tous au même niveau. Le Domaine à de l'argent (tu m'étonnes) et le propriétaire a décidé d'en réinvestir une grande partie. Dans le Chai des 2002 se trouve aussi la Vinothèque du Château. Bien pauvre toutefois (jjj). A la reprise du domaine en 1983, l‘ancien propriétaire (famille Woltner) a préféré revendre ses précieux flacons lors d'une vente aux enchères à New York. Résultat: La collection ne démarre qu'en 1983! Quelques achats ont permis toutefois d'acquérir quelques vieux millésimes mais cela reste maigre.
On parle, on parle mais c'est bien beau tout ça. Et si on dégustait maintenant.
La Mission Haut-Brion 2002: Superbe robe sombre, dense, avec des larmes grosses comme le doigt qui s'écoulent sur les parois du verre. Au nez, la puissance domine. La première sensation, c'est les épices qui me la procure avec la cannelle et la vanille. Puis s'invitent les fruits rouges, la framboise et la mure. Je trempe mes lèvres. Quel plaisir! Une présence et une trame énorme, une amplitude somptueuse, de la richesse, une structure nette, droite, franche. Et quelle puissance toujours. Les épices sont omniprésentes avec encore la vanille et maintenant le poivre, des petits grains de poivre de Cayenne. Les fruits rouges laissent la place aux fruits noirs avec le cassis qui déboule. Je perds un peu mes repères (jjj). Il y a de la profondeur et encore cette puissance. Le vin ne joue pas dans le même registre que Haut-Brion, c'est clair. Il n'a pas la même élégance ni la même finesse mais reste magnifique. Encore austère aujourd'hui, les tannins sont très distingués et généreux. La finale, longue et parfumée, devient interminable. Cela dure plus d'une minute trente. Je suis sous le charme. Puissance de premier ordre, équilibre superbe, volume, symbiose des sens...un vin presque parfait. Si seulement il avait la finesse d'1 Haut-Brion...
Ciao Karla! C'est l'heure de tourner talons. Petit détour par mon «home», le temps d'avaler un café (même pas le temps pour un sandwich (aaa)) et direction la D2. Ma prochaine étape, c'est Palmer.
CHATEAU PALMER
Le Château, situé dans le village de Cantenac juste à côté de Margaux, est magnifique. Le gravier crisse sous les pneus lorsque je ma gare dans l'espace réservé aux visiteurs. Le calme de ce début d'après midi est tout à fait reposant. Maintenant, il fait grand beaux. J'ai sorti les Ray-Ban (aaa) car le soleil n'est pas avare de ses rayons. Et dire qu'1h plus tôt, les essuies glaces marchaient à fond. Capricieux le climat dans le coin, hum! Mais c'est tellement plus agréable.
Bon, j'avais une doc sur l'historique mais je l'ai oubliée dans la salle de dégust (jjj). La seule chose dont je me souvienne c'est qu'aujourd'hui le Château est la propriété de 3 négociants dont le célèbre Malhà«r-Besse, Hollandais d'origine. Il y aussi un Anglais et un Français mais là , ma mémoire n'est plus étanche (aaa). Ici, l'âge moyen des vignes est de 35 ans. L'encépagement comprend 6% de Petits Verdots, 47% de Merlot et 47% de Cabernet Sauvignon. Petit tour du propriétaire, passage dans les vignes (superbement entretenues bien sûr) et direction le cuvier. 42 cuves inox au total pour 70 parcelles. C'est propre, clair. Rien à redire mais le contraire m'aurait étonné. Méthode assez traditionnelle. La forme est tronconique et de belle contenance. Nous abrégeons les explications et passons dans le Chai du Palmer 2003. Alors, et ce millésime? Là encore, petits rendements avec une nouvelle fois 30% de moins qu'à la normale. Tiens, les rendements justement! De 24 hecto/ha en 2002, ils sont de 27 hecto/ha en 2003. Un chiffre somme toute assez proche du millésime précédent. Dans le Chai, pas de climatisation. Je m'inquiète des ravages de l'été mais mon accompagnatrice, avec une petite moue, m'indique que la t° au plus haut de cette période n'est montée «qu'à » 19°! Je songe à cet instant que la t° n'est pas en cause mais c'est la durée dans le temps qui est plus préjudiciable (jjj). Mais bon, c'est ainsi. Dans le Chai, une petite coquetterie attire mon attention: Une large baie vitrée nous montre une vue magnifique sur le Château Margaux. Il s'agit là d'un clin d'Å“il voulu par les propriétaires à l'illustre voisin. Toujours dans ce Chai des 2003, 550 barriques sont installées. En général, c'est 900 qui reposent ici. Cette année, rendements obligent...
On en vient à évoquer Alter Ego de Palmer. Celui ci n'est pas le second vin (qui était le désormais disparu Réserve du Général) mais un véritable cru à part entière (à l'instar, comme nous le verrons plus tard, du Clos du Marquis). Il est le fruit d'une volonté de proposer un vin plus facile et plus rapide à boire que Palmer. En règle générale, 55/60% de la récolte est mise dans le grand vin, le reste dans Alter Ego. Mais, pas de sélection. Seul l'élevage change. Pour Palmer il est de 21 mois avec 45% de fûts neufs alors que pour Alter Ego il est de 16/18 mois avec 25% de fûts neufs. Ces fûts sont le fruit de 3 tonneliers seulement. La chauffe n'est pas moyenne comme je l'ai souvent constaté mais douce ici. Nous quittons maintenant la pièce pour nous diriger vers le Chai des 2002. Celui ci est tout récent. En fait, il a suffit de rajouter un toit entre 2 bâtiments déjà existants et le tour est joué. Dans cet endroit nous évoquons un peu la commercialisation de Palmer. Avant 2001 et un 11/09 de funeste mémoire, 80% de la production partait à l'export. Aujourd'hui, c'est 55%! Révélateur. Ma langue claque, mes dents s'entrechoquent, mes lèvres se figent! Il est temps de boire un coup (aaa). Allez zou! Direction la salle (superbe) de dégustation. En avant, ‘arche!
Palmer 2002: 52% Cabernet sauvignon, 40% Merlot et 8% Petits Verdots (très rare une telle proportion). Boum! Premier coup de massue avec la robe. Extraordinaire de luminosité, d'un rouge carmin étincelant. Au nez, un bouquet dévastateur. Légèrement grillé, toasté en finesse, subtilement épicé avec des notes de cerise, de griotte, de kirsch, de fruits murs et confiturés. J'ai du mal à stopper la prospection des arômes et des perceptions tant je me réjouis des sensations que je découvre peu à peu dans mon verre. C'est sublime, d'une complexité rare. Lentement, je trempe mes lèvres et je bois alors le calice jusqu'à la lie. L'attaque est d'une grande fraîcheur. Le boisé est finement perceptible. Quelques notes de thym, de moka, de coriandre. C'est gras, c'est intense. Il y a de la puissance, du corps, de l'amplitude, mais surtout une exceptionnelle finesse, une élégance magique. Ce vin est grand! Les tannins, enrobés et imposants, sont superbes. La longueur est époustouflante. Pendant de longues secondes, des minutes entières, je sens la cerise bien à point m'envahir le palais. Waouh! Parfaitement équilibré, ciselé comme les plus belles étoffes, ce vin me marquera longtemps.
Palmer 1997: Je suis encore sous le charme du 2002 lorsque le 97 se retrouve dans mon verre. La robe est nettement plus claire et pose déjà les bases d'un vin certainement moins riche. Au nez, la griotte toujours, le cuir maintenant avec un grillé léger et assez cajoleur. C'est fort agréable. La bouche, elle, est par contre très décevante. Petite matière, un manque de corps évident. Seule la finesse demeure. C'est un supplice pour ce millésime de passer après le 2002! Je retrouve en bouche des notes épicés, de fruits noirs avec le cassis et les petites baies des bois mais, cela manque d'envergure. Et puis, c'est court. Terriblement court. Un déficit de chair caractérise ce vin. Cela reste tout de même élégant mais décidément, la matière et le fond lui font défaut (bbb).
Je repose mon verre, ma tête est ailleurs. On me demande mes impressions sur le 97 mais c'est du 2002 dont j'ai envie de parler. On échange quelques banalités et je quitte Palmer des étoiles plein la tête (2002 exactement (aaa)). Dehors, le soleil s'est caché derrière de bien vilains nuages. Cela menace. Il est temps maintenant de me diriger vers mon ultime étape.
CHATEAU LEOVILLE LAS CASES
La route qui me conduit de Margaux à Saint Julien est pleine d'enbuche. Des travaux devant le Château m'obligent à un gymkhana entre les plots disposés ça et là sur la route et les trous dans la chaussée. Finalement, j'arrive à trouver un passage et me glisse dans l'enceinte du Château. Des ouvriers ont vite faits de rapprocher les plots derrière moi, sur la route, ce qui va certainement m'obliger à coucher au Château ce soir. C'est ballot ! Un large sourire fend mon visage. Ce soir, je dîne avec M. Delon (pas Alain, l'autre (aaa)). On arrête de rêver et on se présente à l'accueil.
M.Rolland, le Maître de Chai sera mon accompagnateur. J'évoque immédiatement avec lui la petite et ridicule (non non je ne suis pas jaloux! Non non pas du tout (aaa)) dégustation que notre équipe de LPV a prévue en Suisse au mois d'Avril. Celui ci m'avoue son admiration car le plus vieux millésime qu'il ait eu en dégustation est un 1959 et l'évocation d'un LLC 1937 prévu ce jour là le laisse songeur. Il m'annonce que M.Delon ne devrait pas être de la partie car à la même époque, c'est les fameux primeurs qui débutent. Mais, qui sait? Sur ce, on se dirige tout de suite vers le cuvier. A l'intérieur, des cuves inox, bétons et en bois. Les 3 matériaux sont utilisés pour élaborer les vins du domaine, le Clos du Marquis et le grand vin LLC. L'encépagement est le suivant. 65% Cabernet Sauvignon, 20% Merlot, 12% Cabernet Franc et 3% Petits Verdots. 2 tries sont effectuées. La première dans la vigne et la seconde à l'arrivée du raisin. Avant de poursuivre la visite, M.Rolland me convie à la dégustation. je me laisse guider bien volontiers. Nous entrons dans la salle de commande du cuvier (les autres salles sont en réfections dans la perspective des dégustations primeurs) et entamons le supplice (aaa).
La famille Delon est aussi propriétaire dans le haut Médoc, Potensac, mais aussi sur Pomerol avec le Château Nénin. Chaque équipe est totalement indépendante. C'est à la dégustation de tous les crus de la famille que je suis invité. Je ne me fais pas prier et attaque le premier de ces jeunes gens.
Fugue de Nénin 2002: Pomerol. 92% Merlot et 8% Cabernet Franc sur un terroir sableux et sablo-graveleux. Il utilise 10% de barriques neuves et représente 41% de la récolte. Le second de Nénin. Il justifie quelque part sa position de second vin. La robe est belle, d'un rouge vif. Au nez, le fruité est bien présent. Je retrouve cette cerise qui m'avait enchantée à Palmer. Elle est moins marquée mais reste très envahissante. En bouche, beaucoup de rondeur, de gras, de soyeux mais, un manque de corps flagrant casse un peu l'image de ce vin. La puissance est absente. Pas d'une grande finesse non plus. Reste le fruité, heureusement, mais cela n'est pas suffisant. Je retrouve à nouveau la cerise dans la finale qui, sans être exceptionnelle, est néanmoins d'une belle longueur.
Nénin 2002: Pomerol. 78% Merlot et 22% Cabernet Franc sur un terroir graveleux, gravo-sableux et gravelo-argileux. Il utilise 20% de barriques neuves et représente 40% de la récolte. En présence du grand vin, la donne change du tout au tout. La robe, déjà , d'un rouge sombre, éclatant, quasiment opaque. Le nez, dans un premier temps complètement fermé, s'ouvre lentement et découvre des arômes de caramel, de réglisse. Le boisé se fait discret mais laisse tout de même se développer quelques notes torréfiés et de cacao. C'est assez charmeur tout cela. La bouche est superbe. Ronde, avec un volume magnifique, de l'amplitude, de la puissance, l'alliance entre le fruit noir maintenant, et le bois me propose un registre tout d'harmonie et d'équilibre. C'est assez surprenant mais j'ai l'impression d'être face à un grand vin de la rive gauche (eee). Les tannins sont massifs, d'une présence imposante mais nullement agressive. Une légère amertume se développe, toute en discrétion. Finale longue et expressive sur les fruits murs et un caramel qui resurgit. Un vin qui à de l'avenir, assurément.
Potensac 2002: Haut Médoc. 42% Merlot, 15% Cabernet Franc et 43% Cabernet Sauvignon sur un terroir graveleux, sablo-graveleux et argilo-calcaires. Il utilise 15% de barriques neuves et représente 63% de la récolte. Là , je suis en présence d'une petite bombe fruité. La robe d'abord, d'un rouge rubis aux reflets noirs. Le nez, charmeur sur les fruits rouges et murs avec aussi du cuir et de la vanille pour les épices. Très voluptueux en bouche, le boisé est bien intégré et fait preuve d'une belle finesse. C'est frais, gourmand, ça cajole le palais. La matière est avenante, pas excessive mais franche et large. La myrtille et la groseille dominent les arômes et s'expriment joyeusement. On termine en beauté avec une finale longue, chaleureuse et élégante.
Clos du Marquis 2002: Saint Julien. 25,3% Merlot, 0,5% Cabernet Franc et 74,2% Cabernet Sauvignon sur un terroir sablo-argileux et sablo-graveleux situés à l'extérieur du Clos de Léoville Las Cases. Il utilise 25% de barriques neuves et représente 43% de la récolte. Avec le Maître de Chai, nous entamons une petite discussion sur ce Clos du Marquis. A l'instar de l'Alter Ego de Palmer, il ne s'agit pas d'un second vin. Les vignes sont situées de l'autre côté de la route, sont totalement indépendantes et sont contiguà«s à celles de Pichon Longueville et de Pichon Comtesse. Sa typicité est plus celle d'un Saint Julien quand Le Grand Vin de Léoville Las Cases est lui plus proche d'un Pauillac dans son expression. Pour celui ci, les rangs de vignes touchent ceux de Château Latour.
Revenons à ce Clos du Marquis 2002. La robe est d'un rouge profond, d'une grande densité. Elle laisse sur le verre des larmes épaisses qui s'écoulent lentement. Le bouquet (cassis, petits fruits sauvages, quelques notes grillées et fumées) lui confère d'ores et déjà un caractère agréable. En bouche, la finesse est ma première sensation. Quelle élégance! Tout en petite touche, en petite variation de perceptions, le vin dévoile une trame superbe. La profondeur est là , la volume aussi. Les tannins sont nobles et diffus. C'est la Classe! Les notes grillées réapparaissent en douceur et sont suivies de ce cassis, intense. C'est très «miam». La persistance du fruité est bien réelle et se poursuit jusqu'au fin fond de la longue finale. Très bel équilibre pour ce vin qui s'accompagne de la complexité et de la matière qui fait les grandes cuvées.
Grand Vin de Léoville Las Cases 2002: Saint Julien. Nous voilà maintenant devant le grand vin. Quel moment unique. 14,5% Merlot, 13,9% Cabernet Franc, 66,7% Cabernet Sauvignon et 5% Petits Verdots sur un terroir graveleux et gravelo-argileux situés dans l'enceinte du Clos de Léoville Las Cases. Il utilise 60% de barriques neuves et représente 43% de la récolte. La robe tout d'abord. Noire tout simplement. Rien à dire de plus, c'est totalement opaque. Le nez est dans un premier temps totalement fermé. Nous agitons nos verres, laissons au vin l'opportunité de s'aérer et de nous dévoiler un peu son potentiel. Avec M.Rolland, nous nous observons tout en humant le moindre indice de l'évolution. Voilà , ça arrive! Un fumé léger se développe. Il est d'une grande sensualité. Des notes chocolatées, torréfiées, j'aurais même évoqué les plus grands arabica. Je tente d'en savoir plus mais ce LLC se dévoile très peu. Je perçoit toutefois l'arôme de mure. M.Rolland acquiesce mais cela semble difficile pour lui aussi (aaa). Il est temps désormais de goûter au nectar. La première impression qui me vient, c'est un sentiment de sucrosité. C'est même très prononcé et superbe. Quel gras dans ce vin. La sensation de l'alcool est bien intégré de même que le boisé qui reste dans en embuscade. L'acidité est présente comme il le faut. Le velouté est net. La matière d'une grande noblesse se fait volumineuse et s'impose en tout en délicatesse. La finesse des tannins, la rondeur, la puissance, la découverte de l'équilibre, l'élégance des arômes toasté et de fruits rouges avec la groseille, la mure, la fraise aussi...tout est là et bien là . Il n'y a rien en trop et rien ne se détache réellement. Il rejoint Palmer dans son expression d'une grande classe même si je trouve à ce dernier une élégance folle, supérieure encore à ce LLC. C'est le petit plus qui pour moi fait la (minime) différence en faveur du Margaux à ce jour. Je termine mon instant de rêve sur une finale langoureuse, qui ne cesse de développer ses notes de fruits, de cacao et ce pendant un temps qui me semble infini. Ben mes aà¯eux!
Je suis encore sous l'effet Las Cases quand nous nous dirigeons vers les Chais. J'ai un voile devant les yeux. Je remarque que le 2003 se repose gentiment dans cet espace climatisé puis nous passons dans le chai du 2002. Rien à dire de plus. D'un pas lent, c'est la Salle d'embouteillage qui est notre prochaine halte. Ultra moderne et qui nécessite 4 employés, la chaîne comporte même un graveur en son bout. Depuis le millésime 2001, je crois, un gravage indélébile indique au bas de la bouteille le lot, la date et l'heure de mise en bouteille. Des éléments nécessaires pour éviter la contrefaçon est bientôt obligatoire dans le cadre des Chartres qualité. Tout un programme.
Notre dernière étape sera la salle dans laquelle s'entasse des palettes de LLC! Je me prend à rêver de posséder à cet instant un chariot élévateur pour procéder à l'enlèvement (aaa). Dans un coin, quelques vieux millésimes attendent sagement. Léoville Las cases 1914, 1925...
Je prends congé. Merci M. Rolland pour votre accueil et votre gentillesse. Rendez-vous est pris pour goûter le 2003.
A l'extérieur, la pluie a fait sa réapparition. La D2 m'entraîne désormais sur la route du retour. Je passe alors devant le Château Palmer et une furieuse envie de redémarrer cette journée occupe mes pensées à cet instant. Mais bon, la suite c'est pour bientôt avec Pichon Comtesse, Lafite, Rauzan-Ségla et Léoville Poyferré. Ce jour là , je repasserai à nouveau devant Palmer...
Message edité (20-02-2004 14:22)