Faire part de naissance :


Je suis très heureux et fier de vous annoncer la naissance du vin du Clos Veličane 2019 : c'est maintenant une réalité, la fermentation est en cours - elle a commencé lundi dernier et devrait durer quelques jours encore. Le millésime nous sourit jusque dans les nuits très fraîches qui régulent naturellement et favorablement les températures de fermentation : il faisait 0 degré ce matin à Jeruzalem.
Tout s'annonce pour le mieux sur des équilibres semblables à 2018 mais sans doute des aromatiques plus blanches. Le raisin était impeccable pour les vendanges, dans un état parfait. Il en reste, nous pourrons tenter un moelleux, d'autant que le temps est au beau et semble vouloir y rester avec des températures qui vont remonter.

Le riesling, déjà presque sec.

des raisins qui attendent ...

Belles photos!
Quand espères-tu récolter ce qui reste?

fin octobre, le plus tard possible, éventuellement tout début de novembre. La météo dictera sans doute les choix.

Au fait, le clos est il bio ou culture raisonnée ?

Belle photo ! Cela donne envie de croquer le raisin!

Bien cordialement

Sylvain

L'agriculture au Clos Veličane ne se revendique et ne se revendiquera d'aucun label. Et si elle devait s'en revendiquer d'un, ce serait celui de "l'agriculture respectueuse". Je ne sais pas si ça existe.
Respectueuse de la plante, du sol, de l'environnement, du vigneron et de sa famille comme de ses revenus, respectueuse du devenir de l'aventure, des voisins, respectueuse de ceux qui y travaillent, respectueuse de ceux qui achètent du vin.
Donc, en bio autant qu'il est possible au regard et dans les limites de ce qui est énoncé plus haut.

ce qui veut dire que rien (de cette petite liste) ne sera sacrifié sur l'autel du bio 100 %.

Merci pour ce retour.

Bien cordialement

Sylvain

ouverture d'automne

du 20 octobre au 2 novembre, le Clos est ouvert aux visiteurs.
Il reste quelques bouteilles à vendre avant que la vente directe ne prenne fin pour les 2018 : quelques enseignes prendront le relais sur ce millésime. A partir du moment où les vins seront distribués, je me vois mal concurrencer mes distributeurs.

Si des visiteurs s'annoncent, ce sera un grand plaisir de les recevoir et à l'occasion, on trouvera bien quelques sécateurs pour aller couper du raisin !

photos des vendanges (tardives) à suivre dans un peu plus d'une semaine : jamais l'impatience n'a été aussi forte. Je vous laisse admirer la météo de la semaine !

Veličane, enfin !

La route est longue jusqu’ici, très longue. Mais quelle délivrance d’arriver enfin ! Trop tard pour aller voir les raisins dans la vigne, il fait nuit bien plus tôt qu’en France et à 19h30, c’est noir depuis un moment déjà.

Les bagages sont déposés à la hâte et direction la cave. Ça sent la vendange, je n’avais pas éprouvé cette odeur depuis bien longtemps : il y a des petits moucherons qui volent autour des chapeaux des cuves : trois d’entre elles ne sont pas closes hermétiquement et donc fermentent encore. Je prends connaissance des informations laissées sur les ardoises par Mateja et je constate la diminution lente des sucres jour après jour. La cuve de riesling qui s’est déjà stoppée en possède encore quelques uns. Je soulève un couvercle et constate le frétillement à la surface : comme un bouillon qui frémit.

Vite un verre ! J’ai du mal à goûter des vins aussi jeunes ou plutôt ai-je du mal à les lire et à imaginer ce que ça va donner : cependant, ce qui est certain, c’est qu’il y a bien plus de fruit que l’an passé et toujours pas mal de vivacité dans tous les vins. Je suis ravi. Ce qui me frappe, c’est l’individualisation de chaque cuve : les deux de riesling n’en sont pas au même stade et goûtent très différemment avec un résiduel très différent. Les deux cuves de pinot gris sont assez proches mais l’une est plus gourmande que l’autre.

Au petit matin, la lumière nous saisit bien trop tôt … le voyage a laissé des traces ! Dès avant le petit déjeuner, je saute dans mes bottes. Les couleurs sont sans doute plus belles qu’elles ne l’ont jamais été. La vigne est jaune dorée, ourlée de vert ; il reste encore beaucoup de feuilles. Je vois des tâches blanches au milieu des rangs et commencent à pester contre les malveillants qui ont laissé des sacs en plastique … en m’approchant je me rends compte de mon erreur : ce sont des champignons géants ; ils sont frais durs, énormes. J’en cueille un pour montrer : la voisine l’emportera finalement car elle travaille dans un restaurant et ils en sont friands. Ce soir nous avons ramassé les autres avec elle ; Je ne pensais pas à ce genre de vendange dans les rangs de vigne !



Mais c’est bien une histoire de champignon qui se joue : je trouve les rangs de pinot gris non vendangés et là, c’est l’émotion ; d’abord une peur que ce soit trop tard et que tout soit pourri. La dégustation ne fait aucun doute ; c’est de la pourriture noble ! Et c’est délicieux. Je parcours les rangs, l’excitation est à son comble : est-il possible d’avoir autant de chance ? Ce pari, nous sommes en train de le gagner. Surtout ne pas s’affoler ; il faut attendre. Je consulte rapidement la météo des deux semaines à venir. Pas une goûte de pluie, du soleil, des températures supérieures à 20 degrés l’après midi et des matins frais. Nous allons essayer de tenir jusqu’à mardi ou mercredi en huit.
Les richesses d’une grappe à l’autre sont très variables. Pour certaines, ça dépasse les capacités de ma lunette. (plus de 150 Oe)
J’avoue que j’ai inondé mon entourage des photographies de ce moment si intense, mais j’avais envie de partager. Je me souviens que tout gosse, j’ai toujours imaginé découvrir un trésor ; ce matin, j’avais le sentiment de l’avoir trouvé.


Justine est vite devenue experte dans la dégustation des grains nobles ! Je vais la surveiller pour qu’elle en laisse un peu ! La future cuvée žlahtna zrna en dépend !

Et ce soir, petite promenade dans les vignes des voisins pour se remettre de tant d'émotions : une spéciale pour Jean Luc, je l'ai faite avec un verre de riesling à la main !

Merci Jérôme, vous transmettez très bien l'émotion de ces retrouvailles et faîtes rêver à votre tour...
Je croise les doigts, les orteils et le reste pour que vous récoltiez de beaux derniers raisins.
Bonnes semaines vigneronnes
Agnès, si loin

En lisant ces lignes, j'ai déjà envie de réserver le prochain millésime.
Sinon, à la vue de ces champignons, je me demande combien il faut d' œufs pour faire une omelette...

On s’y croirait !

Les mystères du Clos !

Les champignons géants, ce sont des vesses de loup.

Tout à fait, Eric. Les vesses de loup regroupent plusieurs "familles". Celles-ci sont des Calvatia Gigantea : assez rares, mais pouvant se développer en groupe, ce qui les rend encore plus impressionnantes. Une fut pesée à 16 kilogrammes ici en 2018.

Dans un de mes anciens jardins (dans le Cher), j'en avais eu de la même espèce qui devaient faire 30 cm de diamètre. Mais n'étaient pas très lourdes. Je n'ose imaginer la taille d'une vesse de 16 kg

Ça se mange des vesses de loup ?
J'ai toujours entendu dire le contraire.

Oui Didier, certaines variétés comme ces géantes sont comestibles et font de belles escalopes dans la poêle !

Belles photos sauf celles où il y a des sacs plastiques blancs en boule!
Vraiment ces gens qui laissent tout traîner ! !

Les VT m’intéressent !

Fameuses vesses en effet...
Merci pour les photos!

jlj

quand j'ai envoyé cette photographie à mon ami Laszlo Meszaros de Disznoko, il m'a répondu que ça ressemblait à du furmint de Tokaj (où d'ailleurs il réalise en ce moment des vendanges qu'il juge exceptionnelles). On comprend mieux pourquoi on l'appelait Tokay.
Nous allons sans doute d'ailleurs, sur ses conseils, procéder par tries car le niveau de sur-maturité n'est pas homogène et sur les grappes les plus mûres, on risque de dépasser la limite de "fermentabilité".
il a fait 25 degrés aujourd'hui et beaucoup de vent et déjà 16 à 8 heures ...
Demain les matinales sont en forte baisse, baisse qui devrait se poursuivre ; mais toujours du soleil !

"l'agriculture respectueuse". Je ne sais pas si ça existe.
Respectueuse de la plante, du sol, de l'environnement, du vigneron et de sa famille comme de ses revenus, respectueuse du devenir de l'aventure, des voisins, respectueuse de ceux qui y travaillent, respectueuse de ceux qui achètent du vin.
Donc, en bio autant qu'il est possible au regard et dans les limites de ce qui est énoncé plus haut.

Jérôme, non seulement viticulteur et entrepreneur mais aussi promoteur du capitalisme durable

Je vais jouer du poil à gratter, on ne se refait pas.
Attention aux excès de langage !
Bio, on l'est ou on l'est pas ( ou en phase de conversion éventuellement) par le respect d'un cahier des charges.
Les valeurs citées plus haut peuvent toucher une cible, mais ne font pas partie du cahier des charges. Pour pas mal de consommateur ça en découle, mais en réalité ce n'est pas aussi simple et c'est un raccourci trop rapide.

Il me semble que Jérôme a été très clair : il vise les principes bio sans en revendiquer le label afin de ne pas sacrifier d'autres impératifs.

Jean-Loup

Nous sommes bien d'accord et j'aime bien quand tu me grattes. Je ne suis pas bio. Je le suis autant que je peux l'être. Je refuse par exemple le glyphosate sur mes sols car je peux désherber manuellement. Mais en 2018, je n'allais pas attendre que ma vigne soit dévastée par le mildiou au prétexte d'être bio.
Je ne sais pas si je suis plus clair . Et le label ou la certification, j'ai déjà expliqué ce que j'en pensais : c'est fait pour promouvoir et ce n'est pas de cette façon que je compte promouvoir mes vins, surtout au regard de ce que je viens d'énoncer et même si les conditions me permettaient de me passer de traitements conventionnels.

En direct :

le brouillard s'invite maintenant chaque matin à la faveur de nuits plus fraîches. Comme si le millésime gagnait encore en faveurs. Je me demande s'il est possible d'avoir des conditions plus favorables que celles de cette année. Je mesure la chance qui est la nôtre, même si j'en suis béat.

le tout en photos :






le résultat immédiat sur les grappes :

Bonjour Jérôme,

Merci pour ces beaux reportages qui nous permettent de découvrir votre vignoble et qui transmettent magnifiquement votre passion.

Pouvez-vous me dire si ces vins sont commercialisés/disponibles en Belgique?

Merci d'avance.

Nicolas

2x J-1

Nous venons de vivre deux j-1 avant les vendanges. Ce matin, un joli brouillard enveloppait la vigne et mon téléphone me promettait un jour radieux : le dernier. J’ai donc décidé de repousser au maximum le moment de couper. Plus, ce n’est pas possible. J’ai cependant constaté ce soir combien cette décision fut heureuse : la maturité a encore avancé. Je ne sais pas combien va «peser » le jus demain, mais je croise les doigts pour que l’acidité soit au rendez-vous. Demain, l’automne arrive pour de vrai. Tout est prêt : les sécateurs, les caissettes, les vendangeurs et geuses.



Pour autant, jamais la lumière ne fut si belle que ce soir, comme si cet été indien nous faisait son baroude d’honneur. Il fut difficile de rentrer et nous fûmes au spectacle jusqu’aux premières étoiles.



Je mesure une fois de plus cette posture spectatrice face au vin : si nous présidons aux décisions, rien ne nous dit le goût qu’aura ce jus demain, comment il va fermenter et ce qu’il va devenir. Nous allons l’accompagner au mieux.
Les secs, pas tout à fait secs, l’attendent à la cave. Les deux cuves de riesling ont terminé leur fermentation alors qu’une des deux de pinot gris prend son temps : ce soir seulement un peu d’écume à la surface et très peu de remontée de gaz indiquent que cette phase touche à sa fin. Il lui reste un peu de sucre, mais je vais le laisser ainsi. Du reste, à ce stade la dégustation est souvent trompeuse car la gourmandise immédiate peut faire croire à une sucrosité qui n’est pas toujours si importante qu’on l'imagine. Aujourd'hui, je suis totalement incapable de déterminer si il y aura un assemblage des deux cépages pour une cuvée (même si c'est pour 2018 mon vin préféré), incapable de me situer face à un assemblage des cuves d'un même cépage. Nous sommes bien les spectateurs ayant possibilité d'accéder aux seconds rôles.

Le Riesling est vraiment excellent déjà avec beaucoup de fruits, de jolis arômes floraux et une acidité bien marquée.
Son aîné de un an nous étonne par sa capacité à se révéler avec des températures inédites pour un blanc : une bouteille remontée de la cave à 14 degrés s’est révélée très bonne d’un bout à l’autre du repas.


Il va rester à trouver le sommeil maintenant sans trop penser à ce que sera demain, même si nous savons tous que ce sera un grand jour de toute façon.

Génial

L’ordre des choses

L’automne pluvieux et froid a subitement pris la place de l’automne radieux : ça ne pouvait pas durer, évidemment : c’est dans l’ordre des choses. Nous avons poussé au maximum ce que nous pouvions tirer de ce millésime enchanté et enchanteur et c’est finalement dans l’ordre des choses que ce temps nous pousse maintenant à travailler dans la cave où nous y sommes à l’abri et là aussi, les tâches s’effectuent de façon ordonnée.

Les grappes de pinot gris laissées pour vinifier un vin moelleux ont été ramassées le 28 octobre dans une journée de transition météorologique : il faisait doux dans la vigne dès 7h30 mais déjà le soleil était voilé : il s’est mis à pleuvoir à l’exact instant où les caisses pleines de raisins botrytisés ont été rentrées et que nous avons commencé à presser.


Je ne suis pas peu fier d’avoir réalisé cette cuvée « à l’ancienne » : pas par un quelconque jugement rousseauiste de retour à la terre romantique et aux traditions de « c’était mieux avant », mais parce que j’ai pu éprouver physiquement chacune des phases du processus pour mieux les intégrer et incrémenter dans ma mémoire et dans mon corps cette chronologie de l’ordre des choses et de son sens : la petite quantité a imposé finalement cette façon de faire : pas un moteur ! pas de tracteur pour ramener les caisses, pas d’égrappoir électrique, mais manuel, pas de pressoir horizontal que nous n’aurions pu remplir et nous avons donc utilisé le pressoir vertical des voisins, pas de pompage, tout a été redescendu à la cave par seaux à mesure que le jus s’écoulait.



Demain sera le retour à l’époque moderne : il faudra débourber et là, la pompe va reprendre du service. Mais déjà à sa surface le moût est vraiment très clair, doré et il sent bon le raisin sec. C’est étrange de constater que c’est l’arôme exact de la saveur des raisins atteints de pourriture noble : cela va peut-être évoluer mais en l’état, cette tonalité aromatique est un délice.


Pendant ce temps la dernière cuve de pinot gris « sec » n’en finit pas d’arrêter de fermenter : ce matin, il y avait encore un peu d’écume et d’effervescence en surface, à midi plus rien et c’est reparti en début d’après midi alors que je m’apprêtais à décuver pour clarifier avant de fermer la cuve et débuter l’élevage : attendre et être patient fait également partie de cet ordre des choses si on veut bien les faire. Le temps nous est dicté : c’est le vin qui commande.

Plus j’en fais et plus je suis convaincu que faire du vin n’est pas de l’art et ne peut l’être : mais en revanche, pour cette cuvée de moelleux du Clos Veličane, ce fut du sport.
Ce vin devrait s’appeler « Pozna Letina » ce qui veut dire simplement « vendanges tardives ». Il devrait se situer en termes d’équilibre au niveau d’un beerenauslese allemand. Il en a la richesse initiale : nous verrons bien où s’arrêtera la fermentation et essaierons de respecter cet ordonnancement sans le bouleverser.

Bonsoir Jérôme,
Pensez vous que vous pourrez commercialiser Pozna Letina en quantité suffisante après nous avoir mis le raisin à la bouche?