Dégustation organisée par Chambéry Animation
Découverte Priorat & Xérès à Cognin (73)
Lundi 10 Avril 2006
C'est la deuxième soirée organisée par le club Chambéry Animation à laquelle je participe et nous sommes cette fois réunis au Château de Forézan pour découvrir les vins du Priorat et de Xérès. Je me trouve en fort bonne compagnie puisque l'équipe Trosset (Louis Trosset, Pascal Paget et Dominique Perazzi) m'avait réservé une place à leur côté. La présentation géographique du vignoble et le commentaire des vins sont assurés par Evelyne Leard-Viboux, toujours précise et enthousiaste, et la majorité des bouteilles ont été chinées par Jean-Luc Milleret qui sillonne France, Belgique et Suisse pour trouver les flacons au meilleur prix et en faire profiter le club.
Puerto Fino, Solera Réserva, Domaine Emilio Lustau, Fine Sherry Wine. Le vin est issu du cépage palomino sur un terroir crayeux. La couleur est jaune soutenue avec des larmes épaisses. Le premier nez est oxydatif et rappelle le vin jaune par son " goût de voile ". La palette aromatique est complexe : Raisin de Corinthe, noix, noyau, épices douces, poivre. L'alcool est un peu dissocié et évoque le marc de raisin. La bouche est sèche avec une douce amertume et un caractère très épicé, chaleureux et un côté fumé. L'ensemble manque un peu de fraîcheur et de corps mais présente une relative longueur en finale. Assez Bien
Cims de Porrera Classic, rouge, 2000. L'assemblage de Grenache et Carignan donne une robe rubis médiane qui fait un peu moins que son âge. Le nez est un peu rustique, sur la prune mûre et le cerise noire. L'attaque est douce et souple, on sent un fruit sucré originel. Le milieu de bouche est plutôt marqué par l'alcool mais l'équilibre est encore soutenu par une belle structure acide. Les arômes se développent en bouche avec des nuances de cerise griotte, cassis (qui était absent au nez), marc de café et épices. Les tanins sont travaillés mais le vin cherche un peu son juste équilibre. La fin du verre évolue sur des notes de poivre blanc et d'eucalyptus. Beaucoup de qualités mais pas tout à fait en place. Apparemment, les trois échantillons ne présentaient pas du tout le même profil et je n'ai pas dû goûter au meilleur. Bien pour la complexité mais pêche sur l'équilibre.
Clos Martinet, rouge, 1999. Assemblage de Grenache, Carignan et Syrah. La robe est soutenue, encore rubis intense et plus jeune que celle du vin précédent. La turbidité est plutôt haute et on voit un dépôt fin qui diminue l'éclat de la robe. Ici, l'élevage est plus marqué au nez avec une touche de vanille mais qui ne domine pas le fruit de cerise et griottes confites. Le velouté de la bouche est magnifique avec un très beau grain dans la texture et beaucoup d'élégance. La richesse aromatique se développe sur la liqueur de cassis, la réglisse et la violette. On note également un côté épicé souligné par des notes de poivre, de clou de girofle et aussi de gingembre. Un vin qui grimpe doucement la côte qui va le mener jusqu'à son plateau de maturité et en fait une très belle réussite. Très Bien +
Clos Fra Fulco, rouge, 1996. Robe rubis foncé très jeune, éclatante pour cet assemblage de Grenache, Cabernet Sauvignon et Carignan. Les bords sont à peine plus clairs que le centre du disque. Le nez compose sa partition sur le cassis, la mûre et un côté bourbon mais sans la vanille. La bouche est chaleureuse mais avec des touches de fraîcheur soulignée par le menthol. L'attaque n'était pas trop vive mais l'acidité constitutive rehausse le milieu de bouche sans côté tranchant. Ce vin est très fruit, élégant et équilibré, avec de la fraîcheur et une finale à la fois saline, salivante et une belle acidité. Encore sur la réserve, il ira loin dans le temps et il se présente aujourd'hui comme le plus serré dans la structure et le plus Bordelais des vins de la soirée. Bien +
Clos Mogador, rouge, 1996. La couleur du Mogador est légèrement plus évoluée que celle du Fra Fulco. Pourtant, il est issu d'un assemblage de Grenache, Cabernet Sauvignon et Syrah. La robe est un peu plus terne et moins brillante. Le spectre aromatique se caractérise par un beau fruit de cassis et cerise, un côté un peu cuir, des épices, du fumé (tabac) et du santal. Malheureusement une déviation aromatique sur le champignon et le carton humide qui ne s'estompera pas à l'aération gâche un peu la pureté aromatique de l'ensemble. En bouche, la matière présente un beau velouté de texture mais aussi un caractère corsé et étoffé. Le milieu de bouche se caractérise par des notes de torréfaction et de moka. L'acidité est moins marquée que dans le Fra Fulco et le vin a mis du temps pour se livrer complètement. Bien + malgré la légère déviation aromatique
Don PX Gran Réserva 1972, Domaine Tora Albala, Pedro Ximenez. Je n'avais jamais dégusté de PX et comme beaucoup, je suis plutôt surpris quand mon verre reçoit ce jus presque noir, d'une teinte marron/bronze avec des bords légèrement plus jaunes/verts et qui ne laisse absolument pas traverser le moindre rayon lumineux. Ce qui s'en rapproche le plus doit probablement être le vin de noix ! Le nez est fabuleux et décline une infinie complexité avec à la volée de la figue, abricot, prune et pruneau, un registre résineux et de la pomme de pin, des touches de café, de fumé, de crème brûlée et de caramel. Le passerillage au soleil donne à ce jus une grande sève constitutive, avec une liqueur affirmée et une grande onctuosité. Seule la fraîcheur fait quelque peu défaut et ce style peut rappeler un vin de paille avec plus d'épaisseur et de concentration. A bilan, une grande complexité aromatique pour un résultat qui faute d'être vraiment grand reste très intéressant à découvrir et a le mérite de surprendre le dégustateur. Bien +
En conclusion, je retiendrai essentiellement les beaux vins du Priorat et les sols de schiste et de quartzite qui retiennent l'eau pour permettre à ce vignoble d'altitude (500-700 mètres) faiblement arrosé (environ 650 mm par an) de dompter le Carignan. Cependant, chez les meilleurs, le cépage n'est pas majoritaire et il est judicieusement complété par le Grenache, Cabernet Sauvignon et la Syrah. Clos Martinet a ce soir là eu ma préférence mais décidément ce vignoble gagne vraiment à être connu et les amateurs doivent absolument partir à sa découverte. Le seul " hic " est le prix des cuvées (quand on arrive à les trouver) et un rapport qualité/prix qui n'est pas toujours au rendez-vous.