Weingut Jakoby-Mathy (Kinheim, Mosel) - Kinheimer Hubertuslay Kabinett 1994 (Schatzkammerprojekt)
Le producteur
est à Kinheim qui fait partie de la "Mittelmosel de l'ombre" du point de vue des institutions et par conséquent de la notoriété. En effet, ni le VDP ni le
Bernkasteler Ring
ne comptent de membres situées dans les 2 méandres de Kinheim/Wolf et Traben-Trarbach (hors exception de Dr. Melsheimer pour le BKR) et Jakoby-Mathy n'est pas particulièrement référencé.
Ce vin est une curiosité : en réalité, on ne sait pas qui est le producteur puisque la Weingut a récupéré en 2021 une cave avec des bouteilles manifestement pas destinées à la commercialisation. Toutes les bouteilles du lot ont été goûtées et analysés en avril 2022, et celles jugées satisfaisantes ont eu un nouveau bouchon.
Le
Hubertuslay
est situé entre les 2 GL VDP Försterlay et Rosenberg, sol d'ardoises bleues et grises, exposition sud-sud-ouest. 9° et probablement entre 12 et 25 g/L de SR. Acheté à la Rieslinghaus de Bernkastel lors de mon séjour en Allemagne.
Cette bouteille a été dégustée avec les joyeux drilles de Wine & the City (Paris 11ème, cavistes spécialisés vins du monde avec 33 pays représentés) et Michou, présent totalement par hasard.
Robe d'un or plein, avec un éclat un peu plus terne mais finalement d'une clarté très respectable pour un vin sans pedigree particulier. Le nez est celui typique d'un riesling sur schiste : silex frotté, mousse, lichen. Des huiles essentielles d'agrumes citriques se distinguent aussi. En bouche, la structure est toujours debout avec une vraie impression de tempérance. Les arômes d'évolution (miel d'acacia et de calumne) ont totalement digéré à la fois le sucre et l'acidité : la texture reste celle d'un vin moelleux, et l'aromatique est gourmande de miel. C'est néanmoins "sec à l'allemande", grandement sapide et long en bouche avec une trame d'ardoise qui tonifie le vin.
La bouteille n'a pas été servie à l'aveugle mais la discussion pécuniaire a été incontournable, modulo le fait que la bouteille soit un vieux millésime, mes confrères ont suggéré des valeurs "d'appréciation' (ce qu'ils jugeraient plausible de mettre pour s'offrir une telle prestation dans le verre) autour d'un billet ocre et un coût d'acquisition similaire.
On a eu de la chance, un billet bleu fut suffisant pour l'acquérir; le surplus est revenu au consommateur. Et c'est donc un vibrant exemple de la capacité de garde d'un riesling non-chaptalisé.
Michou
C'est l'équilibre qui m'a marqué sur ce vin, ou plutôt l'harmonie. Il avait ce petit quelque chose qui fait que chaque élément (acidité, SR, aromatique) se distingue mais sans prendre le pas sur les autres. C'était vraiment parfaitement en place, en plus avec une salivation exceptionnelle de gourmandise en fin de bouche.