Gaillacs blancs secs
Lundi 8 novembre
Une production Ganesh da Capo
Le contexte :
- Les vins sont dégustés à l'aveugle, mais découverts par séries de 4.
- Nombre de dégustateurs : 10 (les vins n'ont pas attiré la foule ce soir là !).
- Dégustation préparée par Pascal Perez pour le club IdV (Itinéraire des Vins).
- Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet (LG).
Les vins :
Gaillac Domaine d'Escausses La Vigne Mythique 2002 :
LG12,5 - 8 euros (offert)
- Mauzac 100%.
- Robe peu intense, limpide.
- Nez marquée par un élevage recherché mais excessif : le boisé vanillé est trop insistant et masque de timides notes de fruits (pomme, agrumes, ananas, poire, citron) et de fleurs.
- En bouche, la matière ne semble pas prête à supporter un tel élevage. L'acidité est correcte mais les goûts restent lourds, monotones (seuls un peu de menthol et de pamplemousse parviennent à surnager). Le vin est court et manque totalement de typicité.
Gaillac Château Clément Termes Blanc Sec 2003 :
LG13 - 4,3 euros
- Robe presque blanche, limpide.
- Nez fleuri, fruité, joliment muscaté, développant sans tapage des notes de pomme, de rose, de coing, de miel, de tisane, de fruits exotiques. Fraîcheur mentholée de bon aloi, conférant du peps.
- Bouche juvénile, transparente, c'est-à -dire ici sans aucun boisé pour occulter les goûts (verveine, anis, pomme). Attaque suffisamment nerveuse, milieu de bouche un peu défaillant et finale étriquée toutefois.
- Traditionnel, au style académique, franc et sans chichis (le style des caves coopératives non représentées dans cette dégustation ?)
Gaillac Domaine Barreau Elevé en fût de Chêne 2000 :
LG14 - 7 euros
- Robe assez intense, toujours brillante.
- Le nez est curieux qui dégage des parfums de coing, de café, de raisin sec, de rose ancienne : touches oxydée et boisée.
- Bouche à dominante épicée (curry, cannelle, gingembre), originale avec ses goûts oxydés, passerillés (raisin sec), de café, de citron. De conception intéressante mais il lui manque un supplément de chair.
Domaine Montels Les trois chênes 2001 :
LG14,5 - ? euros (offert merci à Bertrand le Guern, d'Albi)
- Sauvignon 80% - Len de l'El 20%
- Un 4ème vin et un 4ème style, ce qui maintient l'entrain.
- Belle robe dorée, brillante, avenante.
- Nez un peu réduit (sueur), dans un registre qui « sauvignonne » nettement : boisé grillé vanillé intéressant, citron, tonalité végétale complémentaire de lierre.
- Bouche grasse, puissante (14°, soit 2 de plus que pour Clément Termes tout de même), capiteuse même, avec sa finale évoquant une eau de vie de poire de qualité. Plus pleine, plus cohérente également, elle bénéficie de cette dualité osée mais réussie entre la force (alcool, flaveurs corsés) et la douceur (vanille, poire pochée très suave en finale et un peu de sucre résiduel ?). Un style plutôt baroque.
Gaillac Domaine de Vayssette Blanc Sec 2002 :
LG14 - 4 euros
- Mauzac 50% - Muscadelle - Len de l'El.
- Robe brillante, dorée, à l'intensité moyenne.
- Exhalaisons subtiles, florales, fruitées (la pomme s'y taille la part du lion), dopées par une belle fraîcheur (menthol, fenouil).
- La bouche allie agréablement des goûts de végétal et de miel, renforçant cette impression de concomitance de la douceur et de la fermeté. Ici aussi, on regrette une déficience en densité et longueur. Bonne typicité pour un style qui s'assume parfaitement.
Gaillac Domaine de Gineste Grande Cuvée 2002 :
LG11 - 12 euros
- Mauzac 60% - Sauvignon 30% - Len de l'El 10%.
- Nez particulièrement attractif, sorte de corne d'abondance muscatée de senteurs nobles de fleurs et de fruits : pomme cuite, coing, rose.
- En bouche, on est en revanche confronté à une véritable bérézina gustative : elle s'avère brutale (acidité prononcée), malingre, peu nette. Un grand écart étonnant (dans un style plante carnivore) entre la personnalité aguicheuse du nez et la férocité implacable de la bouche.
VdT de France Michel Issaly Les Cavaillès 2002 :
LG14,5 - 8 euros
- Mauzac 50% - Len de l'El 50%.
- Nez très original, dégageant des notes végétales fortes de feuilles froissées (géranium, pélargonium ?). On scrute des senteurs sous-jacentes de miel, de coing. L'ensemble est très foldingue mais reste avenant.
- Bouche goûteuse, douce à en devenir onctueuse, miellée, mêlant le raisin sec, la cire. Aidée par une pointe de sucre résiduel, elle ne démérite ni en amplitude ni en persistance. Extrême, donc, mais pas écoeurante.
- Ce vin, selon un dégustateur, a quelque chose d'expérimental.
Gaillac Domaine d'Escausses La Vigne de l'Oubli 2002 :
LG14 - 7,75 euros (offert)
- Sauvignon 50% - Mauzac 25% - Muscadelle 25%.
- Robe dorée, brillante.
- Nez dominé par l'expression végétale du sauvignon (buis). Expressif, pointu, avec de fleurs et des agrumes.
- Bouche mûre, nerveuse, svelte, pour des notes de pomme, de fleurs. Bel habillage boisé digéré qui entraîne le vin un peu plus loin sur des parfums de vanille et de caramel sans ostentation.
Gaillac Premières Côtes Château de Salettes 2001 :
LG15 - 7,4 euros (offert)
- Len de l'El 50% - Sauvignon 30% - Mauzac 20%.
- Robe dorée, brillante, avec un surcroît d'intensité.
- Suite à l'évacuation d'une légère réduction initiale, on profite d'un nez fort séduisant, conciliant des notes douces de pâte de coing, d'écorces d'agrumes, de café. Un pointe gourmande d'ananas rôti et de safran complète ce tableau exotique. Cette expression peut rappeler un moelleux de la région.
- Bouche plutôt énergique, dense, qui reprend à son compte les arômes un peu baroques du nez, avec en plus du citron, de l'orange, des fruits exotiques). Droite, structurée, longue, parfaitement sèche en dépit de ses accents de vin sucré. Une réussite.
VdT de France Causse Marines (Patrice Lescarret) Zacmau 2001 :
LG13 - 13 euros (prix caviste)
- Robe tendre, discrète.
- Nez retenu également, amical, légèrement grillé et oxydé, sur les fleurs de fruitiers, la compote de pomme, la rose, le miel. Une personnalité très l'air de ne pas y toucher.
- Bouche frêle, sans grande tenue, finissant amère. Ici aussi (en moins grave cependant), on a affaire à un décalage net entre les promesses du nez et la réalité défaillante de la structure. Le style est timoré, susurrant une gamme un peu fade (pomme, miel). On peut apprécier sa finesse (et tenir compte du cépage). J'ai fortement pensé à l'Ondenc de Plageoles, tout en délicatesse.
Gaillac Domaine Rotier Renaissance Sec 2002 :
LG14 - 7,4 euros
- Len de l'El 50% - Sauvignon 50%.
- Nez intense, délivrant de fringantes odeurs de végétal et d'agrumes (primauté du citron).
- Bouche à l'attaque tranchante, puis plutôt grasse ensuite (mais sans mollesse aucune), rapide, déployant des goûts vivants et inspirés de végétal, de citron, de violette.
Gaillac Robert et Bernard Plageoles Ondenc 2002 :
LG12,5 - ? euros (offert)
- Nez dominé par le coing. Notes complémentaires désobligeantes de colle, de toile cirée neuve (selon un dégustateur).
- Matière vive, sur le raisin sec, la pomme cuite, le citron. Les goûts restent un peu brutaux, manquant d'harmonie, et la structure paraît peu cohérente.
En supplément :
Gaillac doux - domaine des Terrisses - cuvée St-Laurent 1997 :
LG13,5/14 - ? euros (offert)
- Belle robe orangée, brillante, ambrée pour les uns, mordorée pour les autres.
- Les fragrances sont fines et complexes : abricot sec, safran, miel (voire cire), pélargonium de nouveau (mais en plus discret), pomme cuite, épices, agrumes, verveine citronnelle.
- On retrouve ses goûts agréables et nombreux dans une bouche dont on peut déplorer un manque de vigueur. Du pain d'épices, du raisin sec, du kumquat et aussi de l'embonpoint pour une finale douce mais paresseuse. On connaît des styles bien plus percutants en moelleux à Gaillac.
Conclusion :
- Une dégustation inédite.
- Une ambiance joyeuse, le petit nombre de participants (et le charme aromatique des vins) favorisant les échanges.
- Des nez superbes, parfumés et originaux, mais la plupart du temps, les bouches ne suivent pas en structure, équilibre et longueur.
- A défaut d'unité de style (donc de typicité), on explore des expressions variées, plaisantes :
- les styles se cherchent, pour des approches parfois osées, extravagantes. Il faut dire que l'on trouve dans la région des vignerons emblématiques (Plageoles, Rotier, Lescarret, Issaly).
- on se plaît à imaginer toutefois que ces blancs secs puissent un jour rivaliser avec les plus belles expressions de Gaillacs moelleux, dont certaines sont admirables (spécialement en 2001).
- Les prix sont plutôt tendres.
Laurent