Avez-vous entendu parler de ce cépage, l'avez-vous goûté?
Monsieur Plageoles l'a exhumé des entrailles de l'oubli pour en faire une cuvée, de suite imité par son éternel suivant (mais distancé) Yssali du domaine de la Ramaye.
Il s'agit d'un cot à queue rouge typique du Sud ouest et notamment de Gaillac.
La cuvée de prunelart que j'ai goûtée, 1999 de Plageoles ne m'avait pas convaincu, mais je me garderai bien de porter un jugement définitif.
Les vins du sud ouest cherchent bien l'anti standardisation, la démarcation, une identité forte: c'est plutôt réjouissant, mais gare aux effets pervers de l'isolement.
Il y a quelques mois, j'ai parlé avec Patrice Lescarret du Prunelart. Il m'a dit qu'il n'y avait, à sa connaissance que 10 ha qui restaient, autant dans le Gaillac que dans le monde entier. Lui-même était, je crois, en train d'en replanter, justement avec le concours de Plageoles. C'est un cépage, qui était voué à la disparition!
Et même dans le Gaillac, ce cépage autochtone n'est pas prévu dans les statuts de l'Aoc (Plageoles le produit en vdp), contrairement à tous les cépages "importés".
Pour ma part, je n'ai pas encore eu l'occasion de goûter une cuvée Prunelart, mais j'ai bien envie de le faire un jour.
Le Gaillac n'est pas seulement la patrie du Prunelart, mais aussi de l'Ondenc: même destin! Moins que 10ha qui restent, repartis sur 3 vignerons. On a arraché ce cépage trop sensible à la pourriture. Patrice Lescarret produit ses meilleures cuvées de liquoreux avec l'Ondenc, à hauteur de 60%.
Absolument, l'ondenc que Plageoles a rendu célèbre avec son vin d'Autan est typiquement gaillacois. J'ai écrit souvent que les australiens en avaient des milliers d'hectares...
Il y a aussi le loin de l'oeil et le mauzac, que l'on partage avec Limoux, pour les blancs et duras et braucol en rouge.
C'est bien la particularté des appelllations du SO d'avoir des cépages indigènes: négrette à fronton, cot à Cahors, Mansoi, variété de braucol à Marcillac, Tannat à Madiran, Manseng et Courbu à Jurançon et Pacherenc, baroque à Tursan. La muscadelle fait un joli retour, en doux comme en sec (voir ce qui se fait à Bergerac).
C'est aussi une richesse, un patrimoine, une originalité, une identité.
Je crois d'ailleurs assez peu à l'unité SO, si ce n'est dans le style, tant c'est une mosaà¯que.
Le positif, c'est qu'aujourd'hui, les cuvées d'excellence de ces appellations le sont à partir de leurs cépages propres et non pas avec des cépages rapportés.
Je viens de goûter dimanche au Salon de Groslay le "Grand Tertre 2002" du domaine de la Ramaye (50% Prunelart - 50% Braucol). Un vin vachement originale. Pas géniale mais très bon. Frais, élégant, balancé et fruiteux. Le meilleur Gaillac rouge que j'ai goûté jusqu'à maintenant. Seule inconvénient: le prix 23 euro.