Je vous engage à  lire le très bon article de la revue du Vin de France de Décembre 2002 sur cette appellation.
On y apprend des tas de choses intéreesantes, notamment la repartition en trois zones bien distinctes, Monéin, La Chapelle de Rousse, Lasseube.
Ce qui est vraiment intrigant ce sont les données météorologiques. C'est sûrement l'un des vignobles les plus arrosés de France avec plus de 1200 millimètres de précipitation par ans, alors que les vins sont passerillés sur souche! C'est que l'automne est sec, dominé par le foehn qui dessèche et qui en outre, combat le botrytis, ici l'ennemi. (pourriture grise)
C'est vrai aussi que l'on peut passer dans cette région sans jamais voir de vigne, un peu comme à  Madiran, ce vignoble se cache, dispersé, cherchant la meilleure combe pour y produire ces nectares de manseng.
Un autre point assez rare pour être signalé, c'est la densité de plantation qui est faible, relativement, avec des zones qui n'ont guère plus d'un millier de plants à  l'hectare.

Jérôme,

Tu évoque le botrytis et la pourriture grise d'une façon un peu confuse me semble t-il.

Il s'agit de deux formes différentes de pourriture du raisin.
La grise est surtout présente dans les vignobles de vins rouges et attaque surtout les raisins blancs lorsque le temps est humide (voire pluvieux). C'est une maladie cryptogamique vraie.
A l'inverse, le botrytis (un champignon lui aussi) se développe avec des conditions climatiques que je qualifierai de plus subtiles (et agréables pour moi) : brouillard matinal et ensoleillement plus tardif en journée pour provoquer une dessiccation des baies mais en marquant celle-ci par sa présence, en provoquant une pourriture “noble” ou aucune autre maladie ne fait son apparition.

La déssiccation des baies du Jurançon ne possède pas cette note botrytisée propre aux Sauternes-Barsac par exemple, où certaines VT alsaciennes.
On retrouve cette même déssiccation du Jurançon dans un pays plus sec, comme le Valais, où le passerillage sur pied est recherché pour produire certains vins que tu connais bien désormais.

En me promenant dans le Zotzenberg à  Mittelbergheim cette année, j'ai goûté des baies sur pied (parfois aussi dans des bennes en propriété) : le goût comme le nez des deux pourritures n'est vraiment pas identique. La pourriture grise fait penser au vinaigre, alors que celle provoquée par le botrytis est bien plus flatteuse-surtout en bouche.
Il faut trier sévèrement avant le pressurage et donc aussi avoir l'oeil pour faire rapidement la différence entre les deux !

laurent

   
     

Dans mon esprit, cela était clair, mais tu as bien fait de préciser.
Le Jurançon est un vin produit par le passerillage, sur pied, et la pourriture grise, qui porte aussi le nom de botrytis, est bien l'ennemi.
On doit au foehn, cette action bienfaitrice, un peu comme à  Gaillac, l'action du vent d'autan, bien que chez nous, la pourriture noble agit également.
La peau du petit manseng est très épaisse et cela explique que ce raisin résiste assez bien.

Jérôme,

j'insiste un peu, mais pour moi pourriture grise et botrytis c'est pas pareil.

Le passerillage sur pied c'est ...une "autre voie".

Laurent

"Botrytis Cinerea : Champignon filamenteux, parasite des raisins, sur lesquels il peut donner, suivant les conditions d'ambiance ou les influences atmosphériques, la pourriture noble (qui fait les vins de Sauternes ou homologues) ou la pourriture grise (qui est une perte de qualité et de quantité sur la vendange). Dans la pourriture noble, le Botrytis apporte, entre autres, un enrichissement important en glycérine dans le raisin avant même sa cueillette, et l'enrichit donc en moelleux. Dans la pourriture grise, il apporte des oxydases qui font brunir les moûts et qui se développent pendant la phase humide. Mis à  part cet inconvénient, le pouvoir humide n'est pas générateur de mauvais goût dans les vins. Malheureusement, il est évolutif et ne reste pas stationnaire, il vide peu à  peu les raisins de leur pulpe en devenant du pourri sec répandu comme une cendre grise sur les rafles et les peaux desséchées du raisin. A l'inverse des précédents, ce pourri sec peut apporter aux vins de très mauvais goûts qui s'apparentent au moisi, et qu'on évite en triant la vendange pour éliminer les parties altérées."

Les mots de la vigne et du vin, dans le Larousse - Vins et vignobles de France.

Voilà  qui devrait vous mettre d'accord tous les deux.

Amicalement,

Luc

Merci Luc, mais je crois qu'il n'y avait pas de réel désaccord. Laurent a, je crois, voulu donner une précision sur mon message qui manquait de clarté.

Petite intervention pour dire que cet article de la RVF sur les 3 terroirs de Jurançon était passionnant : pédagogique et invitant à  les découvrir au travers des nectars qui en sortent...

Je pense que la RVF s'engage dans une bonne voie avec ce genre d'articles. Noter les vins c'est bien, les comprendre, c'est mieux !

Franck.

Luc, il n'y avait pas de désaccord entre Jérôme et moi (je confirme).
Dans le cas où cela ce produirait nous le traiterions en privé et, non pas "on-line" ;-)

Je me suis référé ce matin à  l'encyclopédie du vin de Jancis Robinson et au dictionnaire encyclopédique des cépages de Pierre Galet, pour faire le distingo nécessaire entre Pourriture grise et Botrytis cinerea.

Dans le second ouvrage il est écrit "Pourriture grise (Botryotinia fuckeliana ou anciennement Botrytis cinerea)...".
Ceci pour clarifier définitivement.

Merci de ne pas lire dans ce "B. fuckeliana" une insulte à  une internaute bien connue.

cordialement,
laurent