Je rappelle le principe : sur une semaine, on essaie d'ouvrir des Madiran et on fait des CR sur LPV.

Ce ne sont pas les souvenirs de dégustation et les impressions générales d'un vin qui importent ici, mais les impressions ponctuelles sur une bouteille dégustée dans la semaine.

Alors, ouvrez vos Aydie, Montus, Bouscassé, Chapelle-Lenclos, Pichard, Laffitte-Teston et autres madiran et venez nous en parler en toute liberté

Je crois que je vais craquer ce soir pour un Chapelle-Lenclos 94, mon millésime préféré de ce vin que je connais sur tous les millésimes depuis 93,

A ouvrir à  côté du 98, pour comparer.

A vos tire-bouchons...

Yves Z

Sa majesté le tannat est sans doute d'origine béarnaise, parfaitement adaptée aux coteaux argilo calcaire et siliceux du terroir madiranais.
Les Basques et les Gascons l'ont baptisé respectivement moustrou ou bordeleza belha.
Une petite quantité de fer servadou, ici appelé pinenc, est cultivé à  côté des cabernets, franc et sauvignon.
L'aire du Madiran s'étend sur environ 1200 hectares (avec le Pacherenc), 37 communes dont 28 sur le département des Pyrénées Atlantiques.
Le Vic Bilh, le vieux pays reserve de beaux paysages, presque Toscan, avec tout de même, en toile de fond, la chaîne des Pyrénées, indissociable élément tant climatique que culturel des vins de ce pays.

Et maintenant, parés de ces connaissances, parlez nous des tannins!

La robe est noire; J'ai appris que le noir n'était pas une couleur mais une valeur. Alors cette robe est de grande valeur. Quelques reflets violines, aucune trace d'oxydation.
Le nez est somptueux, dun fruit noir très précis, de cuir, avec un boisé un peu toasté qui lui donne un côté fort chic.
La bouche est shérique, une boule de vin, c'est soyeux, volumineux, sans faiblesse. Le vin est plein jusqu'à  la finale un peu courte dans ce bel ensemble. De beaux tannins viennent rappeler le Madiran, ils sont serés et bien mûrs.
Ce n'est pas le plus grand que j'ai bu, ni le plus typé, mais assurément le plus soyeux.

8.5/10 Du beau travail.

Montus 93

Ouvert ce soir…

Nez sur les fruits noirs, le pruneau, le bois exotique, et… le poivron vert.

En bouche,cette note de poivron vert vient perturber l'équilibre d'un ensemble plus chaleureux.
La finale est végétale…

C'est la dernière bouteille de 12. Cette note de verdeur s'est imposée avec le temps…
Bizarre…

Cordialement
Thierry

Cher Yves, re-coà¯ncidence... une relation karmique que nous ignorons?

je reçois un courrier ce matin d'un caviste qui solde ses Bouscassé!

j'ai donc foncé ce soir à  travers Zà¼rich pour acheter les 98, 98 vv et 95 vv

pour pimenter le tout j'ai demandé à  Petra de me les servir à  l'aveugle...fier de moi j'ai déjà  cru pouvoir les différencier à  la robe et au bouquet...eh bien non! chers LPViens, je me suis planté en beauté: j'ai pris le 95 vv pour le 98 cuvée vulgus! ...pourquoi? les deux vins qui offraient après ouverture de la bt un bouquet avec des notes de barriques étaient le 98 vv et le 95 vv, alors que le 98 donne exlusivement sur des notes végétales + terre, de plus la robe du 95 vv est moins foncée que celles des 98 vv et 98 cuvée vulgus...voilà  pour mon erreur...

en bouche le 95 vv semble plus léger que les deux 98...en fait le vin a besoin d'aération et seulement après, il révèle tout son potentiel. Tout à  coup on se rend compte qu'il est plus fondu, que le nez offre le tannat, de la réglisse, des notes mentholées-eucalyptus, terre; en bouche bien équilibré et élégant terminant sur un finale qui pourrait être un peu plus longue.
Le 98 vv est plus noir que le 95 vv, au nez on sent l'élevage distingué, caramel, café, réglisse (on ne sent pas le tannat qui transparaît dans le 95 vv et explose au nez dans le 98 ), mais il est tellement élégant (ah les vinif!), en bouche, ample, rond, opulent, plus ample que le 95 vv mais plus monothèmatique aussi, il termine sur une finale avec des tanins encore astreingeants.
Le 98 se différencie totalement des deux autres, a-t-il subi un élevage avec moins de chêne neuf? en tous cas le cépage ressort au nez sans être enjolivé, c'est du pur, du net, c'est franc, il y a des notes de cacao, en bouche c'est direct et très différent du 98 vv terminant aussi sur des tanins encore astringeants.

En humant une dernière fois les trois verres:
le 98, tannat non enjolivé par un élevage flatteur
le 98 vv très enjolivé par un élevage élégantissime
le 95 vv superbe, les deux 98 en un, mais moins puissant que le 98 vv

question relation qualité/prix:
le 95 vv coute 3* le prix du 98
le 98 vv coute 2* le prix du 98
le 98 vulgus coute 12.30frs/8.50euros

mon choix personnel le 98 vv en espèrant que les finesses du 95 vv feront leur apparition.

Post scriptum: le 91 vv est une catastrophe. Des tanins assèchants gâchent complètement le vin.

Chapelle-Lenclos 98

Robe très sombre, noire, frange aux reflets violacés

Nez : beaucoup de fruit et la typicité du tannant, sur la liqueur de fruits noirs et des notes de bois, de terre et de moka.

Belle robe noire aux reflets violacés

L'attaque est très fruitée, les tannins sont beaux et racés, la concentratin importante, la matière noble. La définition est de grand style : les tannins sont très présents mais superbe : fins et très serrés, denses. Au palais, le vin est dense, puissant, velouté. L'élevage est très bien intégré mais ne domine pas.

On retrouve le style Ducourneau, beaucoup de fruit, une matière noble, un élevage du classe, un bouche tannique mais déjà  abordable grâce à  un fruité explosif et des tannins affinnés par la miocro-oxygénation. La fin de bouche et la finale me semblent cependant légèrement en retrait par rapport à  l'attaque, somptueuse.

Bettane et Deseauve reprochent à  Chappelle-Lenclos son terroir moyen. Je ne sais que dire, sinon que ce 98 est très réussi à  mon goût et que je ne regrette pas d'en avoir encore quelques bouteilles en cave.

Yves Z

Château Pichard-Vigneau 90.

Je crois que cette cuvée contient une proportion de cabernet-sauvignon.

Robe sombre, avec des reflets grenat, encore peu évoluée

Le nez est beaucoup moins puissant que celui du Chapelle-Lenclos 98, servi à  côté, pour comparer (ouvert pourtant depuis deux jours, le fond de la bouteille oublié depuis hier sans bouchon, le vin n'a presque pas bougé !), mais plus évolué, avec des notes de vieux vin, de café, de térébenthine, de goudron et de mûres. Et il ne semble rien gagner à  l'aération. Tout cela n'est pas bien séduisant, il faut le dire.

La bouche est dissociée. On retrouve le café. A l'attaque, on trouve de la matière, assez belle, et du gras. En revanche, le vin se développe mal au palais, où l'amertume ressort, de même que le caractère sec et astringent des tannins. Le vieillissement n'a pas rempli son Å“uvre comme il le devrait et cette bouteille, que j'avais appréciée pour son magnifique fruit et sa matière massive dans les années 94-96, est aujourd'hui en train de mal tourner. Ce vin n'est pas mauvais, mais il n'a plus de charme. A boire rapidement ou garder pour le gazon, il peut remplacer avantageusement le Pavie 94 ou de Pichon-Comtesse 90 d'ici quelques temps ;-)

Château Pichard-Vigneau est la Cuvée luxe de la propriété. Je garde cependant de bien meilleurs souvenirs de la cuvlée normale, Domaine Pichard, dont le 90 et surtout le 88, fa-bu-leux, se sont révélés d'excellents vins après plus de dix ans de cave. De très beaux souvenirs à  des prix incroyablement bas.

Yves Z

Désolé, je ne fais pas dans l'originalité, mais mon choix en Madiran est très limité pour l'instant, même si j'apprécie beaucoup les vins de cette appellation.

Robe sombre, sans véritable trace d'évolution.
Nez très mûr, un peu végétal, avec un côté bizarre qui s'accentue à  l'aération et que je qualifierais volontiers, pour paraphraser Averroes, de nez de pansement, mais pour tout dire, de pansement usagé avec des nuances iodées (ça me rappelle l'odeur des poubelles de salles de soins hospitalières!), pas franchement agréable.
En bouche, l'amplitude est correcte mais pas exceptionnelle, et les tanins sont bien fondus. Finale un peu courte.

A vrai dire, vous l'aurez compris, c'est une déception, pas vraiment ce que l'on est en droit d'attendre de cette cuvée. C'était ma dernière bouteille et les précédentes, que je n'ai pas bu à  ce stade d'évolution, ne m'avaient pas convaincu non plus. Je garde un bien meilleur souvenir de la cuvée simple de Montus 91 et 94 ou de Bouscassé 88 et 90.

Olif

Je sais que Brumont a connu des problèmes avec une bactérie qui communique au vin des arômes très curieux.

Désolé de na pas avoir bu de madiran cette semaine ( ma cave est à  Toulouse et je suis resté à  Castelnaudary enfermé dans ma cassolette !).
Ce post simplement pour dire que le montus 93 , bu il y a trois mois, était dominé par les arômes de poivron vert.
Bu à  l'aveugle parmi un bandol ( domaine de frégate 95 ) , un bordeaux ( maucaillou felletin 93 ) et un languedoc ( hortus 96 ) , tous le monde l'a prit pour le haut-médoc.
Tout ceci pour confirmer l'impression de Thierry Débaisieux....bizarre!
Jmm

Le vin a été carafé et bien aéré avant le repas.
Robe très sombre, très jeune, pas de traces brunes, mais moins de violine que dans le 97.
Le nez est axé sur le fruit, cassis et des notes minérales. Assez réservé, mais fin et précis.
La bouche est très distinguée, d'assez belle envergure, mais je trouve que la finale manque d'allonge.
Ce vin donne un sentiment de fermeture, de réserve.
J'ai préféré Montus 95 du même millésime, bien plus bavard et Madiran en diable.
C'est une légère déception. Le 97 est bien plus complet. Paradoxe pour le millésime, mais paut-être que le 95 lui survivra.

Madiran Montus Cuvée Prestige 1995 - Brumont
Septembre 2002
Robe : Belle robe violette foncée presque noire
Nez : Fruits mures, Cacao, Epices, Cloux de girofle, Zan, léger boisé vanillé. Superbe et les notes déélevages sont très fines et distinguées.
Bouche : Il prend toute sa dimension en bouche, légers Tanins, grande concentration, Suave et velouté. C'est très long avec en final le goût de Tanat caractèristique. Après deux heures, le complexité augmente toujours.
Très belle bouteille. J'ai été séduit.
9+/10
Didier

Bu ce week-end, pour la deuxième fois, La Cuvée des Vieux Ceps du Domaine Barréjat 2000, en Madiran bien sûr.
La première dégustation m'avait enthousiasmée, la deuxième m'a enchantée.
La robe est noire d'encre, le nez de fruit noirs (mûre, cassis) est très puissant. La bouche impressionne par sa force et sa suavité. On décèle des notes de tabac et de cassis. Le boisé est très présent mais devrait se fondre. Un jeune Madiran "moderne", qu'il ne faut pas attendre 10 ans pour apprécier mais qui en garde sous la semelle pour les patients.
Eric

Château Montus Prestige 1988

La robe est rubis foncée, presque noire, avec une très légère note d'évolution sur son bord.

Le nez est intense, mais sur des notes uniquement de café, de cuir et de venaison et de gibier. On sent déjà , en le respirant, que ce vin porte quelques années.

L'attaque en bouche est plaisante et riche, sur des notes de torrefaction qui confirment le nez. Le boisé (18 mois de bois neuf) est totalement fondu et bien intégré.

Par contre, dès le milieu de bouche, le vin s'efface et s'échappe du palais de façon très rapide pour laisser place à  des notes de poivrons vert et surtout à  une finale marquée par une très forte aciditée.

Un vin donc en deux paliers qui me laisse perplexe et me fait poser deux questions :

Est-ce que le tannat n'a-t-il pas tendance, au vieillissement, à  partir sur des côtés poivrons faisant penser à  des cabernets sauvignons par tout à  fait à  maturité ?

Que valait 1988 comme millésime en Madiran ? (Jérôme doit certainement pouvoir me renseigner).

Il me reste une seconde bouteille de ce vin.

Pascal A.

Château Montus Prestige 1988

La robe est rubis foncée, presque noire, avec une très légère note d'évolution sur son bord.

Le nez est intense, mais sur des notes uniquement de café, de cuir et de venaison et de gibier. On sent déjà , en le respirant, que ce vin porte quelques années.

L'attaque en bouche est plaisante et riche, sur des notes de torrefaction qui confirment le nez. Le boisé (18 mois de bois neuf) est totalement fondu et bien intégré.

Par contre, dès le milieu de bouche, le vin s'efface et s'échappe du palais de façon très rapide pour laisser place à  des notes de poivrons vert et surtout à  une finale marquée par une très forte aciditée.

Un vin donc en deux paliers qui me laisse perplexe et me fait poser deux questions :

Est-ce que le tannat n'a-t-il pas tendance, au vieillissement, à  partir sur des côtés poivrons faisant penser à  des cabernets sauvignons par tout à  fait à  maturité ?

Que valait 1988 comme millésime en Madiran ? (Jérôme doit certainement pouvoir me renseigner).

Il me reste une seconde bouteille de ce vin.

Pascal A.

1988 était un beau millésime. J'ai le souvenir d'un Aydie absolument magnifique.
C'est un millésime qui avait pourtant mal débuté: hiver d'une grande douceur, printemps frais et arrosé, débourrement précoce et floraison rapide et complète, mais attaque srépétées de maladies et nombreux traitements. Eté chaud et sec et vendanges sous un temps parfait
Ce que je ne sais pas par contre c'est si le Montus Prestige était dès ce millésime un pur tannat.
Le terroir de Montus est tout de même assez particulier par rapport au reste de l'appellation, constitué de graves.
Je vais faire quelques recherches et je te tiens au courant.

Un autre prestige de plus de dix ans:
Le montus prestige 1991 bu l'an dernier ne présentait pas ses arômes prononcés de poivron vert. j'ai le souvenir d'un beau vin à  maturité avec de l'équilibre et de la compléxité.
Jmm

Nous avons découvert ce vin ensemble, EricD et moi-même, j'ai un des cavistes de Bruxelles, que nous fréquentons de temps en temps.

CRD du 12 juin 2002

Vin superbe, démentant l'affirmation que les Madiran sont imbuvables dan leur jeunesse.

Robe grenat très profonde, nez de fruits noirs bien mûrs, notes de violette et de vanille.
Bouche charnue, sans creux, avec du gras, de la mâche, boisée intégré marqué par des notes vannillées, très belle persistance aromatique. Un régal !!

Une autre bouteille ouverte il y a deux semaines, dans la période actuelle sans vins ni autres formes d'alcool, a été très appréciée par Anne-Marie et mes beaux-parents. Ils se sont aussi régalés.

Michel.

La plupart des commentaires soulignent des caractères communs des Madiran: robe très sombre et violacée qui reste jeune très longtemps, comme si le temps n'avait pas d'emprise sur ce vin.
Il semble aussi se dessiner deux styles, deux écoles, qui correspondent peut-être, à  des terroirs différents, mais aussi à  des techniques de vinification.
Si Montus est le vin qui a été le plus dégusté lors de cette thématique, et notamment la cuvée Prestige, les avis ont divergé en fonction des millésimes, mais se sont accordés quand la même bouteille était dégustée, comme le 93 et ses notes de poivron. Cela confirme les longs débats qui ont pu avoir lieu sur les différents forums. Ce vin enchante ou déplait, mais ne laisse pas indifférent. Quant au style, est-il madirannais? Il est en tout cas bien différent des autres Madiran.
Beaucoup ont également souligné la tannicité, mais aussi la forte acidité des vins de Madiran. Un fruit noir très expressif dans la jeunesse, des notes épicées et animales au vieilissement, et un effet millésime qui semble assez important; la position en Piémont de cette région et son ouverture océane, ou en tout cas bien orientale peut expliquer cela, contrairement à  d'autres vignobles sudistes.
Quoiqu'il en soit, c'est un vin à  l'identité forte, très viril, fait pour la table plus que pour la dégustation pure.

Le Montus 1996 est en action dans une boutique pas loin de chez moi. Avant que je m'en porte acquéreur, est-ce que quelqu'un peut me dire ce qu'il vaut?

Merci
Sam

Tu peux y aller, c'est bon, que ce soit Montus ou Montus Prestige, avec les réserves sur la typicité qui ont été faites dans les commentaires.
96 est un très beau millésime caractérisé par un été très sec et des pluie qui ont juste débloqué les maturités. Grande garde pour les vins de Madiran.

Jerome,

il parait que Alain Brumont etait au Chili il y a quelques semaines pour arpenter - avec son ami Philippe Debrus, ex-oenologue de Valdivieso - les vallees chiliennes afin de trouver un terroir susceptible de produire des vins de Tannat de qualite ....

On se refait la degustation thematique dans 5 ans ?

D'ici la, le Chili aura peut etre envahi l'Uruguay et l'on pourra trouver ces vins dans mon magasin du coin .....

Salutations,
Anthony

chiche!
De toute façon, ça m'étonnerait qu'il est fait le voyage pour rien.

Casa Brumont ou Casillero Montus?

Remonté pour Thierry X.