Après un bout de route, c’est le long d’un ruisseau qui chante que nous arrivons chez Yves Gangloff.
Le petit groupe LPV PACA pénètre dans la cave où résonne une hifi.
Yves Gangloff va improviser une dégustation inoubliable.
Deux bouteilles nous attendent sur la table.
Nous commençons par le
St Joseph blanc 07.
Robe jaune sombre, le nez est assez intense et très fleuri. En bouche il y a beaucoup de gras, un peu d’amertume, et des arômes d’acacias, du miel, un peu de cire, un peu de beurré dû à l’élevage. Un vin très plaisant.
Puis nous passons au
Condrieu 08.
La robe est jaune claire, avec des reflets or. Le nez est très fleuri, il y a également de la poire. Le nez est très fin et délicat. En bouche ce Condrieu se révèle difficilement, il est un peu fermé. Je retrouve de l’amertume, un peu d’acidité et un coté fleuri et minéral. C’est un vin tout en finesse et légèreté.
Yves Gangloff nous invite alors à le suivre entre les fûts de sa cave pour gouter les parcelles qui composeront son
Condrieu 09.
1er fût, il s’agit de la parcelle « Chéry ». La robe est jaune claire. Le nez est une explosion de poire c’est très fruité! La bouche est très gourmande et puissante. Il y a beaucoup de fruit également, de l’acidité. C’est très équilibré et très long en bouche. On sent un peu d’élevage en fin de bouche.
2ème fût, il s’agit des Bonnettes. La robe est turbide. Le nez présente un coté infusion de verveine et citronné. En bouche on retrouve les arômes d’agrume et citron.
3ème fût, il s’agit également des Bonnettes. La robe est jaune or. Je suis surpris par le nez car je trouve un coté cacahouète, fruit sec, abricot sec. Le nez est assez fin. La bouche est très équilibrée et les arômes sont très longs et plutôt sur l’abricot.
Nous passons ensuite au fût du
St Joseph 09.
La robe est jaune turbide. Le nez est très expressif sur le miel et du fruit blanc. La bouche elle n’est pas encore en place, l’acidité et l’amertume prennent le dessus. On a l’élevage qui s’exprime également. Je ne retrouve pas le nez dans cette bouche.
Le fût du
St Joseph 08 est totalement différent. La robe est jaune or. Le nez me surprend, car je retrouve un peu le nez du gewurztraminer, ou de vin en surmaturité, beaucoup de confit. La bouche elle est tendue mais équilibrée, il y a du beurre, du miel. C’est une bouche très dense. Il y a de l’acacia en fin de bouche et le coté surmaturité du nez et le coté confit.
Nous voyageons entre les fûts pour gouter les futs des vignes jeunes qui composeront la cuvée
Barbarine 09.
1er fût il s’agit du Combard. C’est un sol granit – sableux. La robe est sombre. Le nez est réduit et a un coté terreux. Le nez est sur le fruit noir et le poivre.
2ème fût, nous sommes sur le Combard mais sur le bas de la cote. La robe est sombre elle aussi. Le nez est réduit et a un coté animal. La bouche est fruitée et plus accessible que le fut précédent. Les tanins sont plus présents.
3ème fût. Il s’agit de la parcelle le Mollard. Ces vignes sont en hauteur par rapport aux vieilles vignes de la parcelle. Ce fut contient un peu de viognier. Il constituera le corps de la cuvée Barbarine. La robe est sombre. Le nez est encore une fois réduit mais très épicé. En bouche il y a beaucoup de matière, des fruits noirs, des épices. Il y a moins de tanins que le fut précédent.
Le
4ème fût provient de la parcelle Rozier. Nous sommes sur les schistes. La robe est rouge sombre. Le nez est encore réduit mais on distingue le fruit. La bouche est en finesse, très fruité et la finale est intense sur le poivre.
Nous passons maintenant sur les fûts composant le
Sereine Noire 09.
1er fût, fut neuf. Il s’agit de Rozier. La robe est sombre. Le nez est réduit, mais les fruits sont présents et puissants. Il y a du cassis, et des fruits noirs. La bouche est très fruitée, équilibrée. Très agréable. Il y a également des notes réglissées. Le début de la bouche est sur l’acidité, la fin sur le fruit.
2ème fût, le Mollard. La robe est elle aussi très sombre. Le nez est surprenant. Je trouve du caoutchouc (pneu), mais je suis rassuré par les fruits noirs qui surgissent. La bouche est très expressive et très typée syrah, des fruits noirs cassis myrtille, du poivre. Il y a une grosse matière.
Ici s’achève les fûts des deux cuvées de cote rôtie 09.
Nous passons sur les fûts de
St Joseph 09.
La robe est violine. Le nez est très fruité. La bouche est un peu gazeuse mais très gourmande avec beaucoup de fruit, beaucoup de finesse et du poivre gris.
Nous arpentons à nouveau les rangées de fût pour attaquer les
08.
Nous goutons une Barbarine partiellement assemblée.
La robe est rouge sombre. Le nez est un mélange de fruit et d’épices, mais ces dernières prennent le dessus. La bouche est très gourmande et d’une finesse. Elle est très fruit noir puis poivrée et finit sur la violette. Il y a une légère amertume qui équilibre l’ensemble.
Yves Gangloff nous dit alors que le millésime 08 ne verra pas de Sereine Noire, et que la Barbarine (vignes jeunes) et la Sereine Noire (vieilles vignes) seront assemblées pour avoir un cote rôtie cohérent.
A notre plus grand étonnement et plaisir, Yves Gangloff décide de faire l’assemblage qui aurait été la Sereine Noire 2008. Nos regards se croisent et les sourires sont tellement larges qu’ils dépassent les oreilles !!
La robe est presque noire. Le nez est très puissant (j’ai noté ‘super puissant !’) sur le poivre et le cassis. La bouche est terrible ! Très expressive, un peu fougueuse ; le fruit et le poivre surfent sur une légère acidité. La bouche est cependant un peu courte et finit sur l’acidité.
Nous avons les yeux qui pétillent, conscients que nous avons trempé nos lèvres dans une création éphémère que peu de monde aura la chance d’expérimenter.
Yves Gangloff procède alors à l’assemblage de la Barbarine et la sereine noire qu’il a créé. Cela représente l’assemblage final de sa cote rôtie 08.
Le nez est légèrement sur la réduction, mais il y a du fruit. La bouche est calmée par rapport à la fougue de la sereine noire assemblée. Il y a également plus de longueur, plus de complexité le fruit noir est très présent. Un vin très agréable dans sa jeunesse.
Ici s’achève notre dégustation sur fût.
Nous retournons alors autour de la table pour gouter les trois dernières bouteilles de
07.
St Joseph 07 : le nez est très plaisant, gourmand, sur le fruit, le cassis et la framboise. La bouche est également très plaisante. « ca glisse tout seul ! ». Il y a de la framboise, des fruits noirs et rouges, des épices un peu d’acidité en fin de bouche.
Barbarine 07 : la robe est sombre. Le nez présente un coté lardé, et du fruit. La bouche part sur le poivre blanc, puis viennent se rajouter les fruits noirs et rebascule sur les épices. Il y a un peu de cacao en fin de bouche.
La
Sereine Noire 07 : la robe est très sombre. (Je n’ai pas pris de note sur le nez) La bouche est intense. La violette et les fruits noirs remplissent la bouche, tapissent le palais. La trame fruitée et épicée se poursuit dans une longueur remarquable.
Les discutions allaient bon train lorsque un Cd sur la table est sorti de sa boite, et donné à manger au lecteur de la chaine hifi posée sur la table. Un bon rock d’une chanteuse suédoise ( ?!) a soudain transformé l’atmosphère. Nous sommes rentrés dans l’ambiance et l’univers d’Yves Gangloff, qui nous a offert une verticale de ‘vieux millésime’ de Sereine Noire : 00, 01 et 02 autour de discussions sur la musique et le vin bien sur !
Sereine Noire 00 : la robe est rouge avec de signes d’évolution. Le nez est sur le cuir, le cassis et le réglisse. Le nez est intense. La bouche possède une trame tannique, il y a beaucoup de matière avec du fruit noir, du poivre un peu de grillé et une certaine fraicheur un peu mentholée.
Sereine Noire 01 : le nez est lui aussi très expressif. En bouche du fruit noir cassis, de la volette des épices. Le vin est équilibré, fin et long en bouche ; cohérent et exubérant. EXCELLENT
Cote rôtie 02 (il n’y a pas eu de sereine noire en 02, il s’agit d’un cote rôtie générique avec l’assemblage des deux cuvées Barbarine et Sereine Noire) : La robe est sombre, le nez fin léger très subtil sur le fruité. En bouche l’exprime un coté terreux, un peu râpeux, malgré un fruit noir présent.
L’heure tournait, nous avions dépassé largement le timing de notre journée, mais personne ne voulait mettre fin à ces moments de convivialité et de bon temps. Si nous n’avions pas rendez vous chez Chave, nous aurions suspendu le temps et passé notre journée dans la cave de Yves Gangloff (je pense qu’il aurait quand même réussi à nous mettre dehors, mais non sans mal...)
Mais Philippe nous attendait au restaurant, alors il fallait partir….
Merci à Yves Gangloff pour son accueil et pour nous avoir fait vivre un moment unique, à Bernard pour nous avoir permis de vivre cette visite, et aux LPViens PACA qui contribuent à faire de ces rencontres de bons moments de partage.
C’est en tout cas pour moi la plus belle de mes visites dans un domaine.
Cheers
Olivier