Presque dix ans après une première visite, c’est un retour pour moi au domaine Jocelyne et Yves Lafoy, petit domaine familial de 8 ha, à Ampuis, dont 2,66 en côtés rôties et 1,5 en Condrieu et qui a fait récemment l’acquisition de quelques vignes en Saint-Joseph rouge et blanc. Gaëtan a rejoint ses parents sur le domaine depuis le millésime 2012. Nous sommes accueillis par Yves Lafoy (et le chien) qui évoque, comme d’autres vignerons de l’appellation, un beau millésime 2019 en côte rôtie, très chaud, mais épargné par la grêle (contrairement à Croze) et avec de petites pluies salvatrices pendant tout l’été. Depuis 2015, cela fait un bel enchaînement de beaux millésimes. Le domaine travaille en conventionnel, « raisonné », et Yves Lafoy nous explique avec beaucoup de franchise sa « gestion » des traitements (quand faut y aller, faut y aller…) et du soufre. Pas de vendange entière au domaine, ce qui devrait nous permettre de nous reposer un peu le palais en cette fin de journée… Nous descendons à la cave pour attaquer la dégustation.
Condrieu Aux Ruses 2018 :
Jeunes vignes sur Saint-Michel sur Rhône, granit, parcelles orientées sud, élevage en barriques. 30 €
Au nez, l’élevage est assez sensible, avec également un fruit assez présent (abricot, pêche), un peu d’anis et une note de violette. L’attaque en bouche est assez grasse, avec un fruit très mûr et un léger côté confit. Le vin retrouve cependant un peu de peps et de fraîcheur en finale, avec une amertume raisonnable. J’ai cependant trouvé l’ensemble un peu lourd, surtout rétrospectivement après avoir goûté le lendemain le Condrieu 100 % cuve de Rostaing. B - / B
IGP Collines rhodaniennes, Alliance, 2018 :
100 % syrah, jeunes vignes sur Saint-Michel sur Rhône, granit, vendange 100 % égrappée.
Nez assez séduisant, très fruité et frais. La bouche est plutôt gourmande, souple, sans accroche. La matière et la complexité ne sont pas énormes, mais cela se boit facilement et c’est très digeste. AB+ / B-
Il y a aussi un blanc, 100 % viognier, mais il est déjà épuisé.
Côte Rôtie Prélude 2017 :
C’était anciennement la cuvée « JYL ». Assemblage de parcelles sur les lieux-dits Leyat, Fongeant, La Brosse, Le Truchet. 100 % égrappée. Vignes de 20/25 ans en moyenne, sur sols blonds. 32 €
Nez avec une très légère réduction, mais aussi de belles notes de fruits frais et un peu de poivre. En bouche, c’est rond, plutôt soyeux (pas d’accroche) avec cependant du corps et de la structure. L’acidité me semble assez haute, même s’il n’y a pas de côté « vert ». Finale avec une légère sensation saline. B+ / TB-
Côte Rôtie, Côte Rozier 2017 :
Parcelle de 2200 m2, sur sols bruns, exposition sur / sud-est, plantée en 1966. Pas de VE, 100 % fûts neufs, 55 €
Oooooh le beau nez ! C’est ouvert, expressif, élégant, sur un large paniers de fruits frais (mûre, myrtille, framboise), de superbes notes florales et une touche sanguine. La bouche est bien mûre, à la fois dense et soyeuse, avec des tanins très très fins. Du fond, de la finesse et de l’élégance sur ce vin et une belle persistance, sur la fraîcheur. L’élevage est particulièrement discret malgré le 100 % bois neuf.
C’est pas mal l’égrappage finalement… Pour moi la plus belle côte rôtie de notre séjour. Excellent.
Côte Rôtie, Côte Blonde 2017 :
Parcelle de 2600 m2, plantée en 1934, vinifiée depuis peu séparément. Pas de VE, 100 % fûts neufs. 120 € (
)
Nez moins expressif et parfumé que la Côte Rozier, avec un élevage sensible. On est surtout sur les fruits noirs. La texture en bouche est en revanche remarquable : c’est moelleux et enrobé, avec toujours cette grande finesse de tanins. De la profondeur et de l’élégance, sans ostentation. TB+ / Excellent-
Et un petit bonus pour terminer !
Côte Rôtie cuvée spéciale 2015 (magnum) :
Cuvée confidentielle issue de certaines des meilleures barriques (le père et le fils feront les mêmes choix, sur des barriques issues la Côte Rozier), 36 mois d’élevage en fûts neufs.
Nez très très noir, avec de de fortes notes fumées. La bouche est très dense et puissante, avec une grosse mâche et beaucoup de tanins. L’ensemble reste cependant civilisé, grâce au fruit (cassis, mûre) et peut-être à l’égrappage total. Impressionnant, mais pour moi il n’y a pas l’élégance de la Côte Rozier. TB -
Un grand merci à Yves Lafoy pour son accueil, sa bonne humeur, sa franchise et sa générosité (sans crachoir, c’était pratiquement une bouteille par personne dans le gosier sur la dégustation !). Une personnalité attachante qui nous a assez fortement rappelé celle de Patrick Jasmin.
Paul