[size=x-large]Domaine Jean David, Séguret, et repas chasseur, 31/01/09[/size]
Prévu depuis longue date, ce fameux repas chasseur a donc eu lieu le samedi 31 janvier 2009.
Profitant de cette journée de rencontre dans le Rhône Sud, nous avions décidé d’aller visiter le matin un domaine reconnu de Séguret : le
Domaine Jean David
.
Visite du Domaine Jean David
Ce domaine est donc situé sur la commune de Séguret (entre Vaison-la-Romaine et Gigondas), en Appellation Côtes du Rhône Village Séguret depuis 1967.
Le vignoble de Séguret, d’environ 800 ha, s'étend tout autour du village, en trois zones distinctes.
1) En bas du village, les terrasses (25% de la superficie, 100 à 150m d'altitude)
Sols constitués d'alluvions graveleuses anciennes, à matrice sablo-argileuse, déposées par l'Ouvèze au Quaternaire. On y retrouve majoritairement le grenache et la syrah, mais aussi tous les autres cépages cultivés sur la commune.
Les vins sont alors marqués par le fruit, la souplesse et la rondeur.
2) Autour du village, les coteaux (50% de la superficie, 200 à 300 m d'altitude)
Sols diversifiés, directement installés sur des sables ou des grès (ou "safres"), de type argilo-calcaire accompagnés de cailloutis. Les cépages majoritaires sont là encore grenache et syrah, auxquels on ajoute le mourvèdre.
On obtient alors des vins fruités, expressifs, épicés, amples et gras.
3) Au dessus du village, la montagne (25% de la superficie, 300 à 400m d'altitude)
On trouve ici des sols assez maigres, surtout des calcaires gris-bleu du Cétacé, et des marnes grises dures en alternance. Ici le grenache domine largement, et s'y adapte bien. La maturité y est ici plus tardive.
Les vins issus de ces terroirs sont alors fruités, épicés, complexes et plus structurés.
Mais revenons-en au Domaine Jean David et à notre visite.
Nous retrouvons donc notre vigneron à sa cave, dans la plaine de Séguret. Juste de retour du Millésime Bio à Montpellier, et avant de repartir pour un salon à Angers, Jean a trouvé le temps de nous accueillir. Encore merci !
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Comme d’habitude lors de nos visites, nous commençons par les vignes. Nous nous baladerons dans les vignes situées autour de la cave, c’est à dire dans la partie plaine de Séguret. Jean a aussi des vignes sur les coteaux, autour de sa maison.
Au cours de la balade, Jean, infatigable conteur, nous narre l’histoire de son domaine, sa philosophie, sa manière de voir et de concevoir le vin, et l’échange devient vite passionnant. L’homme est unique et vraiment attachant. Un VRAI vigneron, passioné.
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Jean David a donc repris les vignes de son père (5ha) en 1979, et il menait alors la vendange en coopérative. Puis en 1987, il monte sa cave, agrandit son vignoble, et produit son premier millésime, 200hl, déjà en agriculture biologique. En effet, le respect des sols, des vignes, des paysages et de la nature en général a toujours été au centre de ses préoccupations.
Aujourd’hui le domaine compte 17ha, situés sur les terrasses alluviales argilo-calcaires de l’Ouvèze, mais aussi sur les coteaux formés de sable et de cailloux.
La production est d’environ 50 000 bouteilles par an, en rouge, rosé et blanc. Il est à noter que 40% du chiffre d’affaire est réalisé au caveau. Le reste étant vendu via les autres réseaux de distribution (cavistes, restaurants, export).
La vigne est donc traitée uniquement à base de cuivre et de soufre (diverses formulations, mais aussi des poudrage de soufre et de cuivre), et les sols sont travaillés par labours uniquement (décavaillonage, binnage, chaussage). Un projet d’achat d’interceps (charrue permettant de travailler sous le rang, automatisée) est en cours.
Le domaine, depuis toujours en agriculture biologique, est aujourd’hui certifié par ECOCERT.
L’encépagement est classique : grenache, syrah, carignan, mourvèdre, cinsault et counoise en rouge et rosé, roussane, bourboulenc et clairette en blanc.
Nous nous sommes donc baladés dans la parcelle de Roussane sur échalat, puis dans celle de Grenache en gobelet, celle des Cinsault en cordon de Royat,….
Les nouvelles plantations sont de plus en plus réalisées en gobelet, système de conduite adapté et que Jeanot aime vraiment.
Pour les replantations, Jean fait appel au pépiniériste Lilian Berillon.
Jean nous parle aussi longuement de l’importance du paysage et de la biodiversité. Autant sur un plan esthétique que pratique.
Passons maintenant à la cave.
Ici aussi tout est laissé à l’appréciation du maître des lieux.
Au tout début, Jean vinifiait chez son père, dans une petite cave voûtée.
Aujourd’hui il vinifie dans une plus grande cave, avec un matériel simple : cuves en béton, quelques unes en fibre de verre et en métal.
La production est d’en moyenne 500 hl.
La vendange (manuelle bien sûr) n’est pas systématiquement égrappée. Souvent, les cuves sont remplies par couches de vendange égrappée et non égrappée (avec au fond, toujours une couche non égrappée, pour jouer le rôle de drain et ne pas boucher le robinet).
Le soufre aussi est utilisé avec parcimonie et de manière raisonné.
Les fermentations sont assurées par les levures indigènes et aucun produit exogène n’est utilisé. Le contrôle des température est réalisé par ruissellement d’eau sur les cuves.
Les cuvaisons sont en général assez longues, avec quelques remontages, des délestages, et quelques pigeages de temps à autre.
Par contre, un contrôle analytique sérieux est effectué pour prévenir tout problème.
De plus en plus, le vin de goutte, et le vin de presse sont assemblés.
L’élevage est fait en cuve béton. Les vins sont filtrés sur terre.
En rosé, une partie est réalisée par saignée, l’autre par présurrage direct ( les syrah notamment). Ensuite un débourbage statique est réalisé.
En blanc, après un pressurage direct, et un débourbage statique, la fermentation est realisée par les levures indigènes là aussi.
Le temps passant si vite, nous sommes ensuite montés sur les coteaux de Séguret, direction la maison et le caveau, pour une belle dégustation, en compagnie de Jean et de Martine, sa femme.
Nous ne pourrons pas goûter les rouges 2008, les assemblages n’étant pas fait pour cause de malo non finies. Mais rien ne presse, laissons faire les vins !
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CDR blanc 08 : roussane/ bourboulenc (50/50). Couleur jaune pâle. Joli nez très fin, floral. En bouche, belle fraîcheur (apportée notamment par le bourboulenc), belle souplesse, joli gras (apporté par la roussane).
VDT, Le rosé de Janot 08 : syrah, grenache, tempranillo, cinsault. Belle couleur de fraise, de grenadine. Joli nez, légèrement sur le bonbon anglais, fraise. Bouche vive, friande. Très joli rosé d’été !
CDR07 : grenache, syrah, carignan, cinsault. Belle couleur. Nez assez fin, expressif, très fruité, épicé. Bouche souple, vive, avec une belle matière en soutient. Belle fraicheur.
CDRVill06 : grenache, mourvèdre, syrah, counoise. Belle couleur, très peu évoluée. Nez fruité avec quelques notes d’évolution discrètes. En bouche, belle souplesse, tanins présents surtout en finale, légèrement secs.
CDRVill07 : très belle couleur vive. Nez très expressif, fruité (fruits rouges), réglissé, épicé, violette. Bouche très souple, fraîche, avec une belle structure, tanins plus fins.
Viennent ensuite les cuvées Levants (parcelles prés de la cave), Couchants (parcelles des coteaux, exposées soleil…. Couchant !!), et Beau Nez (en hommage au bonnet, élément indissociable du Janot !!), tous CDR Village Séguret. Ces cuvées ne sont pas faites chaque année.
A noter que la cuvée Beau Nez est réalisée avec le moins possible de soufre. En fait, cette cuvée existe depuis 2005, et a été créée après de longues expérimentations de vinification sans soufre. En fonction des millésimes cette cuvée contient 0 soufre, ou bien 2g/hl à la mise en bouteille. Un exemple de sans soufre réalisé de manière réfléchie et pas à pas. Une belle réussite ;
Cuvée les Levants 04 : grenache, cinsault, syrah, mourvèdre. Légère évolution de la couleur. Nez réglissé, fumé, fruits noirs, fruits secs, épices. Bouche souple, réglissée, avec une belle matière, belle ampleur, belle longueur.
Cuvée les Levants 06 : belle couleur. Nez un peu fermé, bouche souple, chocolatée, tanins en finale un peu secs.
Cuvée les Couchants 07 : grenache majoritaire, syrah. Belle couleur profonde, nez un peu fermé. Bouche souple avec une belle sucrosité. Belle matière, tanins présents et belle longueur.
Cuvée les Couchants 05 : couleur profonde. Nez expressif sur les fruits noirs, les épices, le chocolat. Bouche souple, très fine, avec une belle ampleur. Tanins présents, mais plus fins.
Cuvée Beau Nez 07 (SO2 a la mise) : grenache, cinsault. Couleur profonde. Nez assez fermé, avec des pointes de fruits rouges. Bouche très souple, réglissée, très fruitée.
Cuvée Beau Nez 06 (SO2 a la mise) : couleur profonde. Premier nez un peu animal, mais qui laisse place après aération à de jolis arôme de fruits rouges, de violette, avec des pointes fumées. Bouche très souple en attaque, belle fraîcheur, matière présente, beau fruit.
Cuvée Beau Nez 05 (sans SO2) : légèrement évolué. Nez un peu animal, rustique. Bouche assez évoluée, avec des notes de kirsch, un peu de sécheresse.
Surprise finale : une vendange oubliée, avec un joli nez légèrement oxydé, et une bouche fraîche, très souple, vive et fruitée. Très bel équilibre.
Voilà encore une très belle visite : superbes échanges et très belle dégustation !
Un domaine et un vigneron qui commencent à être connus et qui le méritent vraiment.
Encore merci Janot pour ta disponibilité et ton enthousiasme !!
Repas chasseur
Après cette belle matinée, direction le repas chasseur !
Préparé la veille par Fredo et moi même, nous n’avions plus qu’à réchauffer, servir et déguster !
Au programme : apéro, puis œufs aux truffes, grives lardées, cuissot de sanglier cuit à la cocotte avec gratin de pomme de terre aux truffes, brie aux truffes et enfin salade de fruits et glace à la vanille !
Un bien beau programme ! Le tout agrémenté de superbes vins ! Merci à tous !
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Apéro et œufs aux truffes :
Sancerre, Riffault 2007, joli vin bien jaune, le sauvignon apparaît par des arômes de pamplemousse, le vin est jeune et pas totalement en place mais déjà agréable, un peu court.
Vouvray sec, domaine A. Foreau, 1978 : incursion dans le chenin, pour les arômes rappelant la truffe et pour éviter les tanins d’un rouge qui auraient contrarié les œufs. C’est surprenant de fraicheur, autour d’une structure acide toujours précédente, et le vin ne parait pas son âge.
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Le vin de l’Hôte 2008 : Robe profonde et éclatante, nez fruité et expressif. Attaque franche, tannins discrets, avec un léger creux en milieu de bouche, c’est jeune. La finale est un peu courte et légèrement épicée, a boire & reboire afin d’approfondir l’approche et le caractère de celui-ci. A suivre.
Grives lardées :
Chateauneuf du Pape, La Gardine, cuvée classique, 2004 : timide mais de robe pourtant assez profonde, le nez est effectivement simple, sur la cerise très mure, presque un peu sucré, mais pas chaud, pour autant, les notes mentholée le tienne… il sera une bonne transition pour la suite… malgré le passage en carafe il apparaît comme simple même s’il est bien fait, relativement technique et sans âme. Difficile de passer après Foreau 1978 !
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Chateauneuf du Pape, Clos des Papes, 1998 : il fait la transition avec le plat suivant, et nous émerveille par ses notes fondues. Bien ouvert, il est rond et long, semble parfaitement au point et c’est un régal même s’il tiendra encore des années. Superbe bouteille.
Nez secondaire et couleur qui ne ment pas, à l’oeil il fait ses 10 ans. Finesse et équilibre, fruits épices et complexité ; tout est là, finale épatante, je crois que tout le monde reconnait un Grand Vin, peu a dire devant ce maitre de Châteauneuf, a maturité parfaite !
Sanglier et gratin :
Chateauneuf du Pape, Clos du Caillou, Réserve, 1998 : il apparaît sous un jour tout à fait différent, le mourvèdre donne des notes animales mais là aussi un vin policé et suave avec une grande longueur, et des accords aromatiques et de texture qui fonctionnent bien avec le sanglier et le gratin. Le temps a permis de gommer les tannins, et de laisser le vin se développer.
Robe plus profonde, boisé encore un peu présent, vanille fruits et épices, il est lui aussi évolué mais le mourvèdre qui est présentent bonne proportion lui donne un coté plus masculin avec encore beaucoup de tenu, très belle réussite a la finale très très allongée, belle découverte pour ma part !
Chateauneuf du Pape, Domaine Pegau, cuvée Laurence, 1990 : il ne fait pas son âge et bizarrement pourrait sembler plus jeune que les précédents. La carafe l’aurait-elle ouvert ? Tout à fait dans le style du domaine, avec des notes un peu graphitées, il parait un peu en retrait par rapport aux deux précédents.
Robe à peine plus évoluée que les 1998 précédents, le nez est complexe, sur un registre de fruits cuits et d’eau de vie, aux arômes secondaires de cuir et de sous bois, séduisants. La bouche est très équilibrée et de grande finesse, malgré un coté rustique et minéral., la finale est supérieur aux autres vins dégustés, c’était ma seule bouteille ….
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Brie au truffes :
Cairanne, Domaine Richaud, Ebrescades 2004, délicat de passer derrière les CDP, mais celui est « bien élevé », de belle facture, beaucoup de volume, beau fruit et un bel avenir pour lui..
Gigondas, Château de Montmirail, cuvée de Beauchamps, 2006 plus profond et un peu plus massif, plus de parfum et de boisé mais chaud a cause de l’alcool , ça reste gourmand et il sera certainement meilleur dans 3 à 4 ans, sans de tels concurrents.. a revoir !
Salade de fruits :
Clairette de Die, Bio Tradition, Jaillance ; du fruits frais, des bulles fines, encore du fruits mure et toujours du fruits gourmand avec un peu de sucre quand même, une belle clairette quoi !
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Pour digérer tout cela, nous sommes partis prendre l’air et visiter les vignes de Fredo. Bonne balade, mais aussi l’occasion pour certains de se prendre au jeux de la recherche des truffes à la mouche, et de sentir la terre parfumée de ce divin champignon !
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Une très belle journée une fois de plus !
Vive le Cercle Rhône Vallée, et vive le vin !