Salut,
J’attendais énormément de cette degust à la thématique très excitante, en particulier pour moi qui suis un fan des vins d’Emmanuel Reynaud. Et bien on peut dire que je n’ai pas été déçu. Quel plaisir tout d’abord de retrouver la bande après avoir raté la dégustation précédente. Et quelle série de vins dégustés ! Karim a joué à la perfection le prof attentionné : une interrogation écrite pour chacun, avec 13 vins à identifier et une interprétation implacable des résultats :
De 1 à 5/13 : Reynaud vous a bien eu, mais l’essentiel est d’avoir passé un bon moment entre amis
De 6 à 9/13 : Malgré tous vos efforts, Reynaud vous a tendu quelques pièges
De 10 à 13/13 : Reynaud vous possède. Sans doute est-ce votre véritable identité ?
Les vins sont servis suivant un ordre non progressif (merci Noeline
), les vins sont dévoilés à la fin de la séance et toute la gamme est potentiellement représentée. Cerise sur le gâteau, Karim nous régale avec un service
en triple aveugle !
Notes sur 4*.
Apres un
Sancerre 2012 de Boulay idéal pour s’aviner et attendre les retardataires, nous attaquons avec un vin au nez d’épices douces et l’olive noire. La bouche est soyeuse, avec beaucoup de matière. Je le goute un peu doux, avec une pointe végétale un peu trop dominante. Pour moi, le vin a été légèrement desservi par une température de service un tout petit peu trop haute. C’est bon et me rappelle un Château des Tours 1998 dégusté au domaine il y a un mois et demi. J’y crois. Bien joué, il s’agissait d’un
Fonsalette 2004 **. Un peu déçu par cette bouteille à regouter.
Arnaud : « on va être obligé de boire une bière en sortant. »
La 2eme bouteille dévoile un nez éblouissant, très puissant, envoutant, un véritable parfum : de la fraise, du cacao, épices douces, datte, pruneau, c’est très très beau. En bouche, le vin est fin, souple, légèrement chaud (température), mais cela reste malgré tout un délice. Une bouteille enormissime qui ne peut être qu’un Rayas. Effectivement, c’est un
Rayas 2001 ***(*) superbe !
Effet de séquence oblige, la bouteille suivante marque le pas. Le nez est moins puissant, mais présente quand même de jolies notes de poivre, cerise, pruneau, pétale de rose et grenadine. En bouche, c’est souple, agréable, très gourmand, facile à boire. Je pense à une Pialade ou un Château des Tours (07 ?). Et bien il s’agit de la petite sœur de la bouteille précédente, c’est un
Pignan 2001 **(*) très agréable mais qui n’a pas la complexité du Rayas.
La bouteille suivante me charme énormément avec encore un nez envoutant, sur les épices et le poivre. C’est super beau. La bouche est marque par les agrumes et notamment le pamplemousse. J’adore car le vin est porté par une belle tension, avec un côté citronné élégant. C’est salivant, long, super bon. Je pense à une belle Pialade ou un Fonsalette. Perdu, c’est
Pignan 2004 ***(*) qui prend sa revanche après la bouteille précédente un peu décevante.
La cinquième bouteille attaque par un nez de côte bretonne à marée basse et termine en bouche par un nez de côte bretonne à marée basse agrémenté de champignon de Paris. Dommage pour cet
Hermitage 1987 de Chave au très beau toucher de bouche, c’est tout ce qu’il avait à donner.
On passe vite à la bouteille suivante qui est une vraie bombe atomique. Le nez est monstrueux sur la palette complète des fruits exotiques : litchi, mangue, fruit de la passion, mais aussi du thé et un côté mentholé (pastille Vichy). La bouche poursuit sur la thématique des fruits exotiques du nez, avec une même intensité aromatique jouissive. C’est velouté, évanescent, avec une finale sur les agrumes, la rose et une légère amertume qui donne de la complexité. Très long en bouche. La dernière fois que je me suis autant éclaté avec un vin de Reynaud, c’était une
Pialade 2008 ***(*). Bingo, petit moment de gloire car c’est le seul que j’ai trouvé intégralement. Et encore une fois, qu’est-ce que c’est bon… A ce moment de la degust, je me demande s’il y aura encore meilleur que ça…
La réponse n’a pas tardé : le vin suivant atteint des niveaux stratosphériques tant au nez qu’en bouche. Les aromes sont très complexes et définis, dominés par le pamplemousse et la rose. La bouche est géniale de précision et de finesse, complexe et de grand volume, riche et extra long. Un vin hallucinant qui me fait parier sur un Rayas 2008. Pas loin, c’est un incroyable
Pignan 2008 ****. Le vin de la degust pour moi, et ce n’est pas une petite performance compte tenu du pedigree des autres bouteilles.
Kevin : « C’est un vin Mc Donald, c’est tout ce qu’on aime. »
C’est forcément difficile de passer derrière ces deux vins incroyables, et pourtant le 8eme vin ne va pas faire office de faire-valoir. Le nez est très charmeur sur le fruit, les épices, la soupe de fraise. On est dans le plus pur style Reynaud. Idem en bouche marquée par les agrumes. C’est très bon et très gourmand. Le plaisir me pousse à partir sur un Pignan alors qu’il s’agit en fait… d’un
Domaine des Tours 2008 ***(*) ! Je n’avais jamais gouté ce millésime en Domaine, et je crois que je peux avoir des regrets. C’est très beau et l’un des meilleurs vins de la journée !
Arnaud : « Bien sûr qu’il faut partager, mais là c’est trop tard ! »
Kevin : « J’ai du mal à continuer avec les notes . »
Il fallait bien que le niveau baisse à un moment ou un autre. C’est arrivé avec le 9eme vin, moins intense aromatiquement, avec un nez dominé par la cerise et une bouche plus simple, plaisante mais manquant de complexité. Le côté gourmand me rappelle le Domaine des Tours 2009 que j’aime beaucoup siroter. Grave erreur, il s’agit d’un
Rayas 2004 **(*) méconnaissable. Décidément, j’ai du mal avec 04…
Le nez du vin suivant est joli, agréable, mais moins exubérant que les précédents. La bouche est superbe, mure, soyeuse. Je sens de très belles notes de violette et de réglisse. C’est très fin. La bouche m’oriente vers un Fonsalette Syrah. Surprise, il s’agit d’un
Rayas 2008 *** plus que prometteur mais à conserver précieusement. Il y a bien d’autres 2008 incroyables à boire avant
Arnaud : « J’ai un problème avec les chips de panais, ça m’excite à mort. »
J’adore le nez du 11eme vin, très intense, envoutant, marqué par la réglisse et la clémentine. C’est frais, très engageant. La bouche est superbe, avec du fond, du poivre et des épices, une belle matière juteuse. C’est long. Je pense à l’un de mes coups de cœur récent de la maison, un Vacqueyras 2006. Et bien non, 2008 est de retour avec un
Fonsalette 2008 *** particulièrement réussi.
Seb : « Moi le Reynaud, je le bois glace. »
Le 12eme vin me fait penser à un Châteauneuf-du-Pape « normal » (comprenez non-Reynaud), avec un côté confituré et vieux vin. C’est assez séducteur. La bouche, assez courte, présente un vin structuré et facile à boire. C’est bon et me rappelle un vin que j’ai beaucoup gouté, un Pialade 2007 (le millésime que je goute le moins bien dans les Pialades des dernières années). Bien essayé, mais il s’agit d’un
Fonsalette 2001 ** fatigué selon moi.
Le dernier vin présente encore un nez superbe « à la Reynaud » sur la soupe de fraise, le poivre, les épices, la grenadine. On se répète, mais on ne se lasse pas de sentir ces vins-là. Le vin est doux, délicat, sensuel, avec un peu de musc qui le rend presque érotique. C’est long et franchement bon, j’aurai bien parié sur un Rayas pour terminer en beauté. Mais 2008 a encore frappé avec un
Château des Tours 2008 *** savoureux qui me fait regretter une nouvelle fois de ne pas avoir fait une razzia à l’époque.
Kevin : « Fourcade, il est humble, il est simple, et il s’arrache comme un enculé ! »
Laurent : « 2009 (en Beaujolais), c’est l’un des plus beaux millésimes du 20eme siècle ! »
Que dire en conclusion à part que cette dégustation a été d’un très très haut niveau, probablement l’une des plus belles depuis la création du groupe. Le niveau a été très homogène (aucun vin de Reynaud avec des défauts notables), 2008 confirme être un millésime extraordinaire chez ce vigneron et les vins ont été au pire bons, au mieux exceptionnels. Mon petit classement personnel :
1. Pignan 2008
2. Pialade 2008
3. Rayas 2001 et Pignan 2004
5. Domaine des Tours 2008
A noter un très bon accueil au Bistrot Bouvreuil et un plat et un dessert super bons. Bref, un après-midi d’enfer, riche en rigolades, amitié et grands vins.
A très vite,
Sylvain