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DAUPHINE LIBERE DU 13 JUILLET 2008
Source:
www.ledauphine.com/r...
Auteur: Brice O'HAYON
Portrait : les mystères de Paris
Paris, voilà un nom n'ayant nul besoin de se faire connaître du plus grand nombre. Adossé au prénom Vincent, dont le saint patron est celui des vignerons, c'est un peu moins vrai. Pour l'instant seulement. Ce n'est pour l'heure, et c'est déjà pas si mal dans ce métier, qu'un patronyme surtout reconnu par les experts du vin. Des agents voyant dans ce jeune vigneron, la patte des plus grands. Certes, à l'évocation des références du Cornas, d'autres noms reviennent plus souvent aujourd'hui que celui de Vincent Paris. Mais pour combien de temps ? « Je veux être parmi les meilleurs » dit-il à la fois gêné et fier d'avoir autant d'ambition, après seulement onze vendanges... « Au niveau français, Vosge est plus souvent cité que Vincent Paris et en général Clape sort en premier... » Malgré tout, il est satisfait du chemin parcouru, même si de son propre aveu celui qui reste à parcourir est sans doute plus long encore.
Pas du genre à suivre les guides
Heureusement, « j'ai trouvé ma différenciation... » dit-il, comme pour se démarquer des effets de mode. Il n'est pas du genre à suivre, les guides, même quand ils sont célèbres. « Quand je suis bien noté, cela me fait plaisir, c'est un plus, je le reconnais, mais je ne vais pas adapter mon travail en fonction, j'ai une exigence envers moi-même ». Et pas seulement, car si sa caractéristique c'est de soigner le moindre détail, en particulier dans la vigne, il a aussi une volonté incroyable. Il voulait absolument une parcelle de famille, réputée par sa qualité au Reynard ; il fallait beaucoup d'argent pour l'acheter, il a convaincu des clients, « des Anglais un peu fortunés, passionnés de vin » son importateur anglais, un critique... et au bout du compte il a pu acheter, 1,8 hectare au Reynard, à côté des... Clape, Thierry Allemand.
Pas seulement des clients, des fans
Fils, petit fils et neveu de vigneron, le vin est chez lui une seconde nature, passionné d'informatique, capable de construire sa maison, ce garçon discret, qui se livre peu, sauf peut-être quand il s'agit de parler de la vigne, est aussi le co-président de l'appellation Cornas. Avec Jacques Lemenicier, il a succédé à Pierre-Marie Clape, et ce n'est pas rien. C'est peut-être le premier vigneron de Cornas qui n'a pas que des clients, mais des « fans ». Véritable vedette d'Internet, et ce n'est pas seulement le fait d'avoir fait la une du magazine "Le Point", qui en est la cause. Aux États-Unis, ils adorent... En France, on en raffole.
REPÈRES
DEUX NOUVEAUTÉS
Sa production est de 30 000 bouteilles sur 6 hectares dont 20 000 Cornas : Granit 60, Granit 30 (le chiffre correspond à la pente du terrain, c'est un client belge qui lui a suggéré). Du Saint-Joseph, du blanc. Le blanc en côte-du-rhône est une nouveauté. Et il a pu enfin sortir la Geynale, que faisait son oncle, Robert Michel, son grand-père et qui fut plantée en 1910 par son arrière grand-père.
DES PRIX
De 8€ le blanc à 30€. Le Granit 60 : 6 000 bouteilles à 25€ ; le Granit 30 : 17€, 12 000 bouteilles ; la Geynale 30€ ; saint-joseph : 12€, 5 000 bouteilles.
70 % À L'EXPORT
Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Les étrangers en rafolent. Vincent Paris limite l'export à 70 %, pour en laisser un peu aux Français. Une clientèle de plus en plus fidèle, surtout les grands restaurateurs parisiens qui apprécient sa typicité. Il faut passer à la cave pour en avoir, chemin de la Peyrouse à Cornas.
UN CHERCHEUR PASSIONNÉ
Vincent Paris est en évolution perpétuelle, en recherche, en mémoire, en découverte... Il est capable d'arracher une vigne de Merlot qui ne lui a pas donné satisfaction, de créer à partir de rien un vin liquoreux rouge sur une Syrah pourrie. Autre petite folie. « J'ai fait du blanc sur les coteaux de Cornas en Appellation côtes-du-rhône, c'est de la Roussane et du Viognier... »