A mon tour de me lancer. Très très beau salon dans un cadre que j’ai trouvé vraiment très sympa, très classe, avec une partie des stands en extérieur. Vraiment, tous les ingrédients étaient réunis pour passer une (très) belle journée.
Merci à l’équipe de B&D pour l’organisation, ça fait un bien fou de retrouver ce type de salon, auquel j’ai participé toute l’après midi du samedi, avec Madame et un couple d’amis.
Côté vin : il y avait des valeurs sûres ; mais j’ai fait également de belles découvertes, dont certaines convergent avec les témoignages précédents, en particulier Issan. Pas de prise de notes pour cette journée, mais j’espère que ce qui suivra n’en sera pas pour autant dénué d’intérêt.
Beychevelle
Un très beau second, l’Amiral, qui était servi sur le millésime 2016. Contrairement au grand cru qui a été privilégié pour 2017 par la maison, compte tenu du fait que le 2016 est encore jugé fermé à ce stade. 2017 s’offre bien en effet, bien qu’encore un peu fermé. Ce sont deux beaux vins dégustés, irréprochables.
Delas
Bon Saint Esprit 2019, bien équilibré. J’aime bien les côtes du Rhône de chez Guigal, et il est vrai que ça fait du bien de changer de crémerie de temps en temps. J'en rachèterai.
Le St Jo « Francois de Tournon » et le Crozes Hermitage "Grands champs" sont bien exécutés aussi, mais j’ai trouvé qu’ils manquaient globalement de structure, surtout à ce niveau de prix : on atteint de mémoire une bonne trentaine d’euros pour le St Jo, un peu moins pour le Crozes qui reste tout de même plus cher qu’un Crozes de chez Graillot. Le choix est, selon moi, très vite fait.
Mais la grosse déception vient de l’Hermitage car si le vin affiche un beau nez, la bouche n’est pas à la hauteur : la finale s’estompe presque immédiatement. Là aussi, le rapport QP est, selon moi, vraiment insatisfaisant.
« Les Bessards » 2017 affiche un beau profil, bien que j’ai préféré le nouvel Hermitage de la maison « Ligne de crête », qui affiche un profil avec plus de fraîcheur. On reste ici, en revanche, incontestablement, sur deux supers vins.
Issan/Ladouys/Pedesclaux 2015
Issan : Classe. Grande classe. Tout comme RafalecJB et Nicoco, j’ai pris beaucoup de plaisir avec ce vin. Peut-être l’une des plus belles découvertes de la journée (merci Eric B. !).Un vin très ouvert, un fruit mûr, belle longueur. Élégance folle. ce vin est déjà excellent et pour longtemps.
Ladouys : J'ai ouvert le Ladouys 2016 il y a quelques mois, je n’avais pas été déçu même si le vin était encore logiquement sur la retenue. J’étais donc bien content de gouter le 2015, qui, lui, commence à se révéler pleinement. Belle concentration et belle longueur. Bon vin à prix raisonnable.
Pédesclaux : belle découverte également, j'ai trouvé ce vin d'une belle structure, à revoir d'ici 5 ans.
Langoa Barton
Petit millésimé, 2012, et pourtant très beau vin, accessible. Je n’avais gouté mais ce vin m’a séduit, très sympa !
Léoville Barton
Le millésime proposé, 2006, affiche une belle puissance, un vin dont on perçoit qu’il est évolué. Néanmoins, je reste sur ma faim : effet millésime ? ou effet dernière goutte ? J’ai eu en effet le dernier fond de bouteille qui restait, ce qui rend difficile d’en faire un CR.
Pichon Baron
Incontestablement, les vins goûtés étaient tous fermés.. au nez. La dame du domaine n’en a d’ailleurs pas disconvenu. En revanche en bouche le vin affiche une superbe dimension, tant le 2014 que le 2015 d’ailleurs. Très beau touché de bouche et belle longueur.
J’ai trouvé les seconds Griffons et Tourelles, sur le millésime 2015, de belle composition, avec une préférence pour les Griffons.
Moi qui pensais d'ailleurs ouvrir mes Griffons 2016 d’ici quelques mois, je vais encore pouvoir attendre au moins 4-5 ans, ce que m'a confirmé la dame. Ce vin élégant sera le parfait compagnon d’un filet de boeuf, tendre et un peu maturé.
Un bon moment passé chez Pichon, qui nous a offert de beaux voire grands vins sur des millésimes intéressants.
Coutet
Une bien belle dégustation chez Coutet : nous avons pu déguster un seul vin, Barsac du millésime 2010. Belle concentration en bouche, des arômes de fruits exotiques tirant sur le caramel, un beau bouquet de saveur sans être trop écoeurant. Un vin que je pourrai très bien acheter à l'avenir pour le déguster tant avec une belle tranche de foie gras de canard, qu'avec un bon dessert à l’ananas.
Nuiton Beaunoy
Sur recommandation de Vaudésir, j'ai voulu aller passer une tête au stand et je n’ai pas été déçu. De très beaux vins, très bien exécutés et il convient bien le souligner, un rapport qualité prix exemplaire, peut-être même l’un des tout meilleurs de la journée. En particulier, très beau Pommard à prix là aussi raisonnable (28€).
Billaud Simon
J’en attendais beaucoup, de ma première rencontre avec ce domaine. Tant et si bien que c’est le premier stand que j’ai voulu faire ! Et pourtant, petite) déception pour cette maison ; j’ai trouvé les Premiers crus (Mont de Milieu et Vaillons) servis encore très fermés et le simple Chablis un peu « juste ». Il faut dire aussi qu’ils étaient servis très frais ce qui était sans doute de nature à les brimer dans leur aromatique. En revanche, beau Chablis « Tête d’or », et un Vaudésir tout aussi agréable, avec une grosse matière en bouche, un beau boisé, touche de miel, bien qu’étant encore forcément sur la retenue. Tous les vins proposés étaient des 2018.
Perrin et fils
Juste à côté du stand Issan/Pedesclaux/Ladouys, il y avait Beaucastel. C’est là j’ai pris la deuxième claque de la journée : j’ai trouvé le Chateauneuf 2009 énorme : quelle matière ! Epices, garrigue, un peu de boisé, beaucoup de puissance. On sent un vin qui commence à bien évoluer et qui se complexifie superbement
!Même le Chateauneuf 2018 proposé à la dégustation, encore sur le fruit et bien jeune, s’affichait, selon moi, sous un beau profil qu’il faudra bien sûr faire vieillir.
J’ai un 2009 en cave que je vais encore conserver précieusement, et dégusterai avec un beau gibier. A signaler aussi les superbes Gigondas de la maison, tant le Clos des Tourelles que l’Argnée. De très beaux vins et un super moment dans l’ensemble chez Beaucastel, un vrai coup de coeur de la journée.
Chapoutier
Je n’étais pas parti pour le faire mais mon fétichisme rhônadien a repris le dessus. Très sympathique Bila-Haut que je n'avais jamais gouté, beau vin bien exécuté pour un niveau de prix raisonnable. Très belle matière pour la Sizeranne 2015 servie aussi. En discutant un petit peu de la gamme Chapoutier avec le représentant au stand, je me suis fait très gentiment servir Le Pavillon 2011, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y avait « du vin » dans ce verre. Belle concentration, un vin qui commence à évoluer vers de beaux arômes, des épices et de la puissance, c’est grand. Mais, incontestablement, le niveau de prix n’est pas satisfaisant (c’est le prix de 2 Landonne ou 2 Turque, quand même, il ne faut pas exagérer !)
Guigal
Je voulais goûter le château d’Ampuis 2017 : je l’imaginais fermé à triple tour, et pourtant le vin est très ouvert, sans trace d’élevage. Encore évidemment trop jeune, sur le fruit, mais la matière est là, bien qu'elle soit, je trouve inférieure à celle du 2015.
La Doriane 2019 affiche un profil hyper séducteur, très gourmand, avec de beaux arômes d’abricot et beaucoup de consistance en bouche. On aime !
J’ai eu la chance d’avoir passé un très bon moment avec Philippe Guigal, qui s’est montré d’une très accessible, nous avons pu discuter un long moment, ce qui est une chance quand on voit la difficulté d’échanger au marché d’Ampuis par exemple. Beaucoup d’attention, d’écoute, un grand moment d’échanges ; la classe, tout simplement. Si j’avais su j’aurais préparé une liste de questions à l’avance, tant la liste est longue !
***
L'après-midi s'achève. Seule (petite) déception, de la journée : c’est de ne pas avoir eu le temps de faire la Taille au Loup dont j’ai beaucoup entendu parler ici, ainsi que Louis Sipp. ça serait pour une prochaine fois.
Bouteille bonus
Nous en avions parlé avec Phillippe Guigal justement, de ce terroir que j'affectionne particulièrement, situé en face de la colline de l’Hermitage. Aussi, en revenant je décide de nous faire plaisir et d’ouvrir :
Guigal — Saint-Joseph - Vignes de l'Hospice, 2018
Reçu il y a quelques semaines un carton de 6 et je voulais prendre la température. C’était là une belle occasion de conclure cette journée, avec de bonnes pizzas cuites au feu de bois.
Sortie de cave directement, la bouteille a été carafée une bonne heure avant dégustation pour s'aérer et monter en température.
La robe est violacée et impénétrable.
Au nez, le vin est d’une dimension supérieure : boisé noble, poivre, violette. C’est un nez parfaitement définit
En bouche, le vin est corpulent, dense, mais très confortable aussi et il le fallait compte tenu du fait que nos palais ont été pas mal mis à l’épreuve tout au long de la journée. Beaucoup de classe, bien structuré. Très bonne longueur et aucun défaut lié à la jeunesse d'un vin, notamment l’ astringence.
En bref, un superbe vin que je regouterai avec bonheur dans 5 ans, et qui conclura à merveille cette belle journée tant attendue de la reprise des dégustations, et le début, je l'espère, d'une belle série à venir.