L’univers de ceux qui font le vin est peuplé de personnalités sincères, charmantes, voire sincèrement charmantes, dont la rencontre me séduit à coup sûr quand l’harmonie est au rendez-vous.
De quelle harmonie parle-je? De cette douce alchimie qui permet au vin de s’exprimer à mon nez, à mon palais, avec la même sincérité, la même honnêteté que leur producteur.
A l’initiative de Laurent (enzo), nous avons eu l’occasion, nous autres humbles LPV Paca, de rencontrer cette belle famille et leur domaine de Bandol, les Gaussen du Domaine éponyme.
7 heures plus tard, le coffre plein, les mirette embuées, l’esprit un rien embrumé aussi, je repars de ce lieu avec cet exaltant sentiment de m’être enrichi de l’une de ces rencontres.
Laurent, Fiona, Mireille, Jean-Pierre, Merci.
Donc sur ce beau terroir argilo-calcaire de la route de l’argile en Bandol, entre le Plan du Castellet et la Cadière, où un lac aurait déposé ses sédiments pour donner ses caractéristiques géologiques à ce coin, nous rendons visite à quelques vieux pépères d’une quarantaine d’années, splendides ceps de mourvèdre. Ils semblaient, en ces temps de canicule, peiner à nourrir leur monde. Mais leurs pieds profondément ancrés dans ce sol argileux semblaient trouver la formule pour faire des baies d’une qualité gustative qui nous a tous surpris.
Belle balade en tous cas qui ne nous permettra pas de rencontrer les 15 hectares du domaine, mais nous permettra de découvrir ces superbes restanques et leur vue sur la vallée. Mais aussi de nous faire un aperçu des méthodes culturales (agriculture raisonnée) et surtout nous fera apprécier d’autant plus la cave pour sa fraîcheur qu’elle est superbement creusée dans la roche de la colline.
Cave modernement équipée, notamment les cuves de vinification rotatives, et astucieusement organisée. Où l’on apprendra que les vendanges sont intégralement éraflées et égrappées, que les rouges font l’objet d’un collage et d’une filtration « grosse maille », que les macérations sont relativement courtes (1 semaine à 10 jours) et que ces cuves rotatives ont l’énorme avantage d’être auto- vidantes.
Dans ce lieu donc nous dégustons dans un premier temps la partie la moins convoitée (de moi) de la production de nos hôtes :
Bandol Blanc 2008
Belle couleur jaune légèrement paillée pour ce blanc fait majoritairement de clairette et d’un peu d’ugni.
Une belle surprise, sur le pamplemousse, les fleurs et la pêche blanche.
En bouche c’est bien gras sans être ni pâteux ni lourd.
Une belle acidité rehaussée en final par une très discrète amertume.
Une expression sur la fraîcheur de la clairette pas monstrueusement aromatique, mais c’est une très belle surprise. Surtout quand on repense aux failles provoquées par la sécheresse rencontrées dans la terre du vignoble,
Glou+
Bandol Rosé 2008
Ce n’est de loin pas mon type de vin préféré, mais c’est un beau et bon rosé à la couleur plus foncée que ce qui se fait en ce moment en Provence, laissant présager un coté vineux qui se retrouve au nez (groseille et fruits rouges et une note amusante d’anchois ai-je noté). En bouche on retrouve les fruits rouges, groseille et framboise et la longueur est honorable pour un rosé.
Ces deux plaisants méandres passés, on sent l’em-bouchure proche avec le vin de Pays du Mont de Caume en Rouge.
Je touche du palais la motivation première de ma venue en ces lieux.
Et ce toucher est des plus rassurant pour la suite.
Rouge VDP du Mont de Caume 2008
Cabernet et Merlot sont les plus marqués sur ce vin de plaisir servi frais.
C’est la température idéale pour oublier un peu le cagnard qui s’abat au dehors.
D’autres cépages font l’assemblage de ce vin qui fait l’unanimité (surtout à ce prix, i.e. 5€), Carignan et Grenache, on est dans le Sud ne l’oublions pas.
La concentration de notre petit monde monte d’un cran et le nez planté dans le verre on est convaincu par les notes marquées de fruits noirs et poivron rouge grillé.
Mon palais est enveloppé d’un soyeux velouté et d’une grande fraîcheur. L’épicé domine la bouche avec en toile de fond le fruit noir.
Voilà un vin d’amis à partager l’été.
Et ça tombe bien avec 35° à l’ombre et cette brochette de coudes levés on est dans la configuration idéale.
Glou+
Et puisque l’on est entre amis, que la sincérité et le partage commencent à monter en degrés, Mireille (Gaussen adorable maîtresse des lieux) s’arme de son Coutale pour un ultime canotage sur le long cours des millésimes Longue Garde.
Bandol Rouge Longue Garde 2003
Voilà enfin la première bouteille de ces vins si souvent récompensés par les concours et la presse spécialisée.
La quintessence du travail de Jean-Pierre Gaussen.
Jean-Pierre qui depuis notre arrivée, s’est contenté de brèves apparitions, tout affairé qu’il était à l’entretien de sa cave, le terrassement de ses futures plantations, la réception d’un nouveau foudre.
Une fois servi, on ne voit pas au travers du verre et l’obscurité de la cave n’aide pas à se faire une idée de la couleur. Mais il ne semble pas que l’évolution soit visible.
Le nez est puissant, complexe de cerise noire, de cerise à l’eau de vie, de réglisse.
Des notes de menthol et d’eucalyptus confèrent une belle fraîcheur qui contredit l’idée d’un millésime solaire.
En bouche c’est encore jeune, mais c’est gouleyant et très fin.
Une impression de facilité s’en dégage. Les reliefs de chocolat noir y sont sans doute pour quelque chose.
Glou Glou.
Pas de chronologie, dans cette verticale et c’est tant mieux ainsi.
Bandol Rouge Longue Garde 1999
On part donc sur un millésime pas facile en Bandol, les vins sont souvent dilués ou avec une rusticité peu avenante.
JPG aurai- il fait une exception ?
Au nez il semble que oui, tant le vin s’ouvre sur le chocolat, le tabac puis l’étable. C’est giboyeux mais élégant.
De bon augure donc, mais la bouche présente une acidité qui déséquilibre un peu l’ensemble.
Mais après avoir devisé un moment le fond de verre se rappelle à moi, chocolat et foin coupé, un bouteille qui aurait gagnée à être carafée.
Glou
Bandol Rouge Longue Garde 2004
Toujours pas en mesure de distinguer la couleur de ce vin. Noir c’est noir.
Mais au nez on est devant quelque chose de beau.
Les arômes de mûres chaudes, dégustées précédemment entre deux restanques de mourvèdre, se retrouvent. Croisés entre le chocolat et le tabac blond. On sent la sève.
L’attaque est très fruitée, sur la cerise noire, les mûres et autres fruits noirs.
Une superbe matière qui se manifeste avec persistance et équilibre, sur fond de notes de poivre blanc et de laurier.
Glou Glou +
Bandol Rouge Longue Garde 2006
Sans doute desservie par l’ordre de la dégustation, passé après ce 2004 qui m’a fait belle impression et aussi par l’absence de carafage ou au moins d’ouverture préalable, ce millésime qui pourtant est souvent une réussite dans l’appellation, m’a moins convaincu.
Nez floral de lilas et de pivoine, de foin coupé en bouche c’est un message de « revenez-y-plus-tard ».
Glou- (pour l’instant).
Bandol Rouge Longue Garde 2007
Retour au superbe, au sublime même dans le cas présent. On tutoie les étoiles, on les respire plutôt. Ici l’harmonie n’est pas qu’un l’équilibre entre le nez et la bouche, la couleur s’y mêle. Mûres foncées est la couleur, mûres chauffées au soleil se présentent à nos narines et persistantes notes de fruits rouges en bouche. Superbe ! Et quelle évolution lui est promise !
C'est onctueux, dompté équilibré. Et c’est parti pour durer. Riche et persistante, la bouche de ce bébé nous laisse sous le charme de ces sensations que l’on aimerait déjà pouvoir comparer à celles qu’il nous procurera dans 10 ans, 20 ans voire plus pour les plus patients.
Bandol Rouge Longue Garde 2001
Jean-Pierre passe de nouveau un petit instant en notre compagnie, tel Daniel Barenboïm montrant sont nez avant un grand final.
La robe noire est annonciatrice des grandes émotions avec, en guise de couvre chef, un disque légèrement tuilé.
Le nez, prélude, s’exprime en véritable coloratura des arômes de mourvedre. Le giboyeux de l’ouverture laisse place à la griotte, le cassis, la mûre puis montent des arômes de réglisse et de cacao.
Le final déploie les grandes orgues. En portant le verre à la bouche, cette richesse aromatique se mêle avec précision et discernement. On lit chaque touche d’arome séparément et la partition est jouée de concert.
C’est aérien et puissant à la fois.
C’est au nez, c’est en bouche, c’est un cantabile suivi d’un cabaletta, ça s’envole, vous donne l’impression de vous relâcher et dans le plaisir infini de la chute libre, l’orchestre d’arômes vous relance plus haut pour vous cueillir à nouveau dans une envolée lyrique.
Un grand moment de dégustation.
Glou Glou Glou.
La suite est à l’image de l’immense générosité de LPV Paca et de ses invités, éclectique, sympathique, tonitruante, gouaillarde, entière, sincère quoi. Du coup mes notes vont diminuendo diminuendo.:
Barolo Bianco DOC Langhe Vajra2007
Arôme de fenouil, de badiane, un fruit somptueux au nez et une superbe découverte pour moi.
Glou Glou
Fief Vendéens Dom. St Nicolas Cuvée Maria 2002
Caramel beurre salé, pomme cuite au four. Humm.
Glou +
Hermitage Maison Chapoutier, Chante Alouette 99
Une première impression de fermeture, et puis le vin s’ouvre et c’est une définition parfaite sur l’ananas la noisette, la cire d’abeille.
Glou
Branchadou Peter Fischer, VDP BdR blanc 2007
Roussette de Savoie Dom Pasquier 2006
Bouche intense de citron et d’agrume confit taillé sur une belle acidité qui flatte l’expression du fruit. Un belle minéralité en bouche.
Glou +
Coteau du Vivarais Gallety 2007
Hyper extrait, hyper concentré, hyper épicé.
Glou Glou
Cornas Chaillot Franck Balthazar 2007
Un rien jeune à mon goût, mais c’est énorme.
Glou Glou.
Rendez vous le 12 Septembre pour la suite des aventure de LPV PACA. A moins que …