Bon, faut relancer un peu la machine des dégustations quand je me suis aperçu que le groupe avait fait plus de voyages que de dégustations communes en 2018 (!)
J'ai donc proposé un thème pas mal abordé par les lpviens ces dernières semaines (Anjou/Touraine ou même Chenin/Cab Franc). Et pourtant, autant j'ai toujours vraiment apprécié les chenins (lorsqu'ils ne tirent pas vers notes oxydatives), autant je ne dois pas avoir en cave plus de 5-6 Cabernet Franc, et ils y sont depuis pas mal de temps
. Mais d'autres camarades sont amateurs et la suite va leur donner raison… Du coup, pas de vin en aveugle pour moi, mais le plaisir de goûter ce que j'ai pu piocher dans les jolies propositions des amis. On commence par une bulle, déjà croisée lors de nos dégustation antérieures…
Philippe Foreau, Vouvray Brut, Cuvée Réserve 2007
Robe assez dorée. Nez qui peut rappeler certains champagnes ayant une pointe oxydative (fruits secs, noix, mais aussi pomme cuite) mais aussi des notes lactées type croûte de fromage. Les bulles sont nombreuses à l'attaque et assez persistantes mais pas super fines. La sensation est vive, avec une acidité assez haute en milieu de bouche, plus douce ensuite. Retro sur les fruits secs (amande). Salivant, assez long et persistant. A l'aération, une pointe de miel apparaît. Fait assez jeune au nez et en attaque, plus évolué en finale et retro. Assez friand et joli canon de mise en bouche. A noter que 2 Jours après, le vin n'a pas pris une ride et les bulles sont toujours bien présentes.
B+
(15-)
Les blancs sont majoritairement bus avant l'entrée sauf la dernière paire et on revient un peu dessus pendant l'entrée (excellente Céviche de cabillaud avec un peu de fruits de la passion et des herbes bien choisies ; d'autres ont pris des Croustillant de pied de cochon ou des gambas grillées)
Ludovic Chanson - Montlouis sur Loire, Les Cabotines 2017
Joli nez plutôt sur les fruits blancs mais aussi un peu de sucre d'orge, fleurs blanches et peut-être une pointe mentholée. Cela glisse joliment en bouche avec un bel équilibre maturité/vivacité. Deux camarades devinent un Montlouis et y trouvent des similitudes avec le Rocher des Violettes. Je trouve que le vin se goûte plus sur le fruit et est plus mûr que les Montlouis de Xavier Weisskopf que j'ai pus goûter, qui sont, à mon sens, sur un profil plus tendu, avec des notes minérales. Ici, la gourmandise et le fruit frais prédominent. C'est gourmand et j'aime beaucoup. J'ai décidé d'en encaver 2-3 bouteilles, du coup.
TB
(16)
Manoir de la Tête Rouge, Saumur, l'Enchentoir 2016
Conseillé par un caviste qui m'en a dit beaucoup de bien (et m'a assuré que, contrairement à la cuvée de base, le risque d'un vin "déviant" rappelant le cidre était très limité), j'ai apporté la bouteille sans connaître le domaine. Le nez m'évoque les fruits jaunes (pêche) voire les bonbons Kréma sur ces fruits, mais aussi la pomme mûre. En bouche, c'est assez ample, avec une certaine mâche, et mêle des notes de pomme acidulée et de pomme cuite. J'entends çà et là que le vin fait assez nature plutôt maîtrisé. Bien vu ! Cela ne plaît pas à tout le monde. Et on sent que le vin est sur un fil et qu'il ne faudra pas le laisser trop au chaud ni le garder trop longtemps sans risque. En l'état, j'aime plutôt bien. Paraît tout de même un peu dissocié entre une acidité sympa en attaque et une petite chauffe en finale, avec de très légers amers. Mais l'ensemble reste plaisant.
B
(14)
Antoine Sanzay, Saumur Les Salles Martin 2014
Robe assez claire. Nez hyper réduit sur le côté grillé allumette/pétard. En cherchant, derrière, j'ai des notes de fruits acidulés type groseille à maquereaux. Très belle tension en bouche, avec une certaine matière et une acidité assez haute. Ça claque, ça pète, c'est salivant… Mais même pour moi qui suis plutôt bon public sur ces notes de réduction, c'est un peu trop prégnant et prend malheureusement le pas sur le reste. C'est même plus net que sur les rares Coche Dury goûtés jusque-là
. Tendu et légers amers qui serrent un peu la finale A J+2, la réduction est toujours présente, et l'acidité aussi. Ça ne me dérange pas plus que ça mais rend le vin un peu monolithique et je comprends beaucoup des amis n'y trouvent pas de plaisir.
B+
(14,5)
Château de Suronde, Anjou 2014
Le nez se rapproche un peu du "Manoir de la Tête Rouge" avec des notes de pomme mûre (voire blette), de poire mais aussi pas mal de miel et une pointe fumée (presque caoutchouc brulé). Un côté "tarte aux pommes", mûr, qui rappelle un peu un moelleux. La bouche est assez équilibrée entre une certaine vivacité et un côté plus mûr. Assez riche, petits amers en finale. J'ai un peu moins aimé que la majorité de mes camarades qui l'on mis dans le top 2/3 des blancs.
B+
(14,5)
domaine du Collier, Saumur, La Charpentrie 2012
Nez peu expressif, en cherchant, pas hyper agréable (rappelle un peu l'éponge mouillée). La bouche, en revanche, est très agréable, avec de la tension, une jolie acidité, en rien "citrique", une matière un peu "crayeuse". C'est ample, il y a du fond. Retro sur la Granny Smith et l'amande fraîche, pointe menthe. Ça tapisse joliment la bouche. On se retrouve tous sur le fait que le vin gagnera à être attendu.
TB-
(16)
domaine de la Taille aux Loups, Montlouis sur Loire, Remus Plus 2008
Robe dorée, foncée. Nez immédiat sur la truffe, les fruits exotiques. Cela m'évoque immédiatement les Jurançon avec quelques années. Le nez fait penser à un moelleux. La bouche reste super fraîche, salivante, avec juste un miel assez net qui rappelle son âge. C'est frais, vif, mais l'acidité semble avoir été patinée avec le temps. Jolie matière qui tapisse gentiment la bouche. Ce n'est pas (plus ?) d'une concentration extrême mais reflète ce que j'aime dans les notes d'évolution de certains vins. Un vin de méditation, même s'il n'est pas d'une longueur infinie. Petite note saline en finale. Le blanc de la soirée pour moi, quoique difficilement comparable aux autres.
TB+/Exc-
(17)
Alors comme évoqué en intro, je ne suis pas amateur de Cabernet en général et du Franc en particulier (déjà les Bordeaux en dessous de 20 ans j'ai du mal…) et cela m'a coûté de garder le thème pour les rouges :p Du coup, pour me réconcilier avec le Cabernet Franc, j'ai plutôt eu tendance à choisir des vins de millésimes plutôt mûrs, avec déjà quelques années, un petit boisé ne me gênant pas, pour ne pas retrouver les notes de terre et poivron vert qu'on peut parfois retrouver sur certains ligériens, de 2008 par exemple : je me rappelle encore d'une verticale du domaine de la Chevalerie organisée par feu Cave Privée où les seuls vins qui m'avaient paru aimables (et donc atypiques pour Flo
) avaient été 2003 et 2009.
Accord réussi avec les rouges de mon côté, servis avec un très bon onglet aux échalotes, sauce herbes et au chorizo.
Philippe Alliet, Côteaux de Noiré 2011
Nez avec un profil assez sombre, fruits noirs, poivron mûr, graphite, pointe animale mais aussi pointe torréfiée/chocolatée. Jolie matière, bien enveloppée, qui tapisse la bouche avec des tannins fondus. Bel équilibre en bouche avec à la fois un côté mûr, presque confit, mais aussi une belle fraîcheur, qui affine la finale. Première (très) bonne surprise pour moi avec ce vin très plaisant et en rien variétal.
TB+
(16.5)
Yannick Amirault, Bourgueil, la Petite Cave 2009
Robe très sombre. Nez un poil plus évolué, mais aussi plus reconnaissable avec un poivron mûr un peu plus présent, une touche de graphite. Puis des notes de fruits noirs (myrtille, mûre) et une touche qui me rappelle la suie, la cendre. Le vin tapisse allègrement la bouche avec des tannins enveloppés mais encore un peu présents. Assez puissant, plutôt encore jeune en bouche, finit sur des petits amers pouvant faire songer à du cacao. Retro sur une pointe amande amaretto. Assez classique, j'imagine d'un millésime solaire. Il avait une forte concurrence, mais très jolie cuvée qui pourra encore se garder.
TB
(16)
Diantre, déjà 2 Cab Franc que je regrette de ne pas avoir en cave
… Voyons les suivants
Philippe Alliet, Côteaux de Noiré 2007
Nez fin, assez classieux avec un très léger élevage, sur des notes de graphite, des fruits noirs mûrs et un tout début de notes d'évolution (potpourri, feuilles mortes). La bouche est superbe avec une texture feutrée, velours, des tannins fondus. Des petites épices prolongent la finale. Un vin à point, assez complexe, plutôt mûr tout en étant en finesse. Aucune trace végétale ou d'accroche liée à l'élevage n'apparaissent. Très beau vin qui a recueilli tous les suffrages du soir.
Exc
(18-)
Clos Rougeard, Saumur Champigny, Les Poyeux 2009
Nez un peu plus jeune que le précédent, avec des notes de fruits rouges et noirs mûrs, du poivron mûr et quelques épices. Bouche un peu plus "gouleyante" que le Noiré, un peu plus sur des notes primaires. En finesse également, avec un bel équilibre acidité/maturité et une jolie texture qui tapisse la bouche mais avec encore un résidu d'accroche tannique. Excellent mais plus jeune que l'Alliet et encore un peu moins complexe en l'état.
Exc-
(17+)
Bon, à l'origine, j'avais prévu les 2 Noiré face à face et le Rougeard face à l'Amirault (même millésime notamment), mais le nouvel ordonnancement a plutôt réussi (!). On finit les rouges sur un domaine et un vin sur lesquels j'avais lu le plus grand bien dernièrement :
Château de Villeneuve, Saumur Champigny, Le Grand Clos 2005
Le nez est tout de suite plus végétal, avec des notes de poivron plus nettes, un côté feuilles mortes.
La bouche est assez puissante plutôt mûre voire qui chauffe un peu avec une peu d'accroche. Le temps de remettre le nez dans le verre et le doute se confirme, il y des notes de TCA qui gâchent bien le plaisir et s'amplifient à l'aération… Dommage !
NN
Le dessert arrive (presque cheesecake (car avec un peu de mascarpone) au citron vert avec coulis de fruits rouges pour moi), on passe rapidement aux moelleux.
Philippe Delesvaux, Côteaux du Layon Saint Aubin, Les Clos 2010
Nez séduisant sur les fruits frais exotiques, des agrumes confits. La bouche reste assez fraîche, avec un équilibre de doux voire demi-sec qui satisfont une bouche pas trop à sucre (à part les Jurançon). Un peu de sucres ressentis en attaque mais rapidement le côté un peu acidulé réhausse la bouche. La longueur n'est cependant pas mémorable. J'aime vraiment bien, dans le style.
TB-
(15)
Château de Suronde, Quarts de Chaume 2006
Le nez est tout de suite bien plus confit, plus riche, fruits jaunes très mûrs avec des notes de cire, de miel que n'auraient pas renié certains Sauternes avec un peu d'évolution. La bouche avec une épaisseur, une viscosité importante ne contredit pas le nez et est également assez riche. Moins à mon goût, plus pour amateurs de liquoreux.
B
(14)
Au final, une dégustation plutôt réussie avec, en dehors du dernier, des rouges vraiment au top, qui m'ont réconcilié avec la région (en millésime mûr en tout cas) ! Les blancs étaient un peu plus hétéroclites avec 1 ou 2 en dessous de ce que certains ont pu goûter mais également de jolies découvertes pour certains. Pas de demi secs (il fallait faire des choix et on ne pouvait à l'avance savoir s'il y avait des plats qui leur aurait convenus) et des moelleux dans des styles opposés.