Portes ouvertes 2019 au domaine Huet
Comme chaque année, je me suis rendu aux portes ouvertes du
Domaine Huet. Je suis passé avant chez
Julien et François Pinon sur lequel je ne m'étendrai car je les distribue. Mais il est intéressant de signaler qu'ils ont été incapables de produire des vins totalement secs en 2018 (le plus sec à 7 g/l), et que leur demi-secs se rapprochent de moelleux, alors qu'ils sont sur le secteur le plus froid de Vouvray. Cela permet de mieux comprendre les impressions que j'ai pu avoir chez Huet : l'équipe technique n'est pas responsable du profil des vins présentés. C'est le millésime qui imprime sa marque.
Les bulles
Elles, au moins n'ont pas été impactées par le millésime
Brut 2014 : nez à la fois mûr et frais. Bouche vive, éclatante, fourmillant de micro-bulles crépitantes. Finale tonique, désaltérante. Parfait pour l'apéritif !
Brut réserve 2009 : nez superbe, sur la truffe et le coing confit. Bouche enveloppante d'un grand volume dynamisée par une acidité traçant et des bulles affinées, toucher crémeux. Longue et intense finale sur la truffe, le coing et des notes épicées. Je ne me lasse pas de ce vin dont j'avais acheté quelques bouteilles les années passées.
Vouvray sec
Il n'y en a qu'un. Ce qui rejoint ce que j'écrivais un peu plus haut. L'année ne s'y prêtait pas.
Clos du Bourg sec 2018 (4 g/l de SR) : nez assez discrets sur les fruits blancs mûrs et le miel. Bouche ronde, aérienne, se déposant en douceur sur le palais. Finale toute aussi douce, sans le moindre ressort tonique. L'ensemble est bien équilibré, mais ça manque de peps et de profondeur.
Vins d'exception
Joli geste de la famille Hwang de nous servir ces trois vins qui ne sont pas à la vente. lls sont issus d'une parcelle de 0.2 ha de vignes franches de pied située sur le Haut-Lieu. Ils ont commun une grande pureté aérienne, libérés qu'ils sont du porte-greffe.
Le Haut-Lieu 'Franc de pied' Sec 2017 (4.5 g/l de SR) : nez frais sur le zeste d'agrume et des notes pierreuses. Bouche fine, pure, évanescente, tendue par un il invisible. Finale plus terrienne, avec une fine mâche et de nobles amers (pomelo).
Le Haut-Lieu 'Franc de pied' Sec 2014 (6 g/l) de SR: nez plus mûr sur les fruits blancs rôtis et la pêche jaune. Bouche encore plus pure et aérienne que le précédent, sans cette finale terrienne qui le ramène sur le plancher des vaches, laissant l'esprit du dégustateur dans une bienheureuse lévitation.
Serait-ce ça, le nirvana ?
Le Haut-Lieu 'Franc de pied' Demi-Sec 2015 (16 g/l de SR) : nez plus intense sur les agrumes frais et confits. Bouche plus concentrée et mûre tout en gardant sa pureté et son côté aérien, aboutissant à un équilibre hors-norme. La finale intense et mâchue rappelle les plus grands demi-secs de la maison, sur les agrumes et le coing confit. Superbe vin. J'en veeeeuuuxx !!!!
Vouvray demi-sec
Le Clos du Bourg étant en sec en 2018, il n'y a pas de demi-sec. Il est servi à la place un 2017. On se rend compte que ce millésime est plus frais que 2018, alors qu'il était plutôt "mou" par rapport à un 2015...
Le Haut-Lieu Demi-Sec 2018 (18 g/l de SR) : nez fin sur les agrumes confits et les fruits jaunes. Bouche élancée, avec une très fine acidité traçante enrobée d'un matière ronde et mûre.
Le Mont Demi-Sec 2018 (17 g/l de SR) : nez plus frais. Bouche plus éclatante et plus ample. Finale intense avec de beaux amers.
Clos du Bourg Demi-sec 2017 (20 g/l de SR) : encore plus de fraîcheur au nez comme en bouche, avec une énergie que n'avait pas les deux autres( ça envoie quoi). Très belle finale sur les amers d'agrumes confits.
Vouvray Moelleux
On sent que 2018 est plutôt une année à moelleux. C'est ici que l'on trouve l'expression la plus aboutie du millésime. Le
Le Haut-lieu Moelleux 2018 (52 g/l de SR) : nez gourmand sur les fruits exotiques. Bouche pure, traçante, de belle intensité, avec une matière ronde et mûre. Finale fraîche et nette, au sucre très bien intégré.
Clos du Bourg Moelleux 2018 (56 g/l de SR) : nez plus vif et frais. Bouche moins tendue, avec une matière plus dense et confite. Finale plus sur la puissance. J'aime moins.
Le Mont Moelleux 2018 (60 g/l de SR) : tout est plus minéral et sobre dans ce vin, dégageant une classe et une puissance que n'ont pas les deux autres. Les sucres sont nettement moins perceptibles. Un futur grand, je pense.
Clos du Bourg Moelleux 2009 (57 g/l de SR) : nez complexe et gourmand, très agrumes confit et un peu de coing. Bouche élancée, tendue, avec une matière dense et moelleuse, intense. Finale intense marquée par le coing. Un de mes amis dit que ça lui plait beaucoup.
"Attend de goûter le suivant", lui rétorquai-je.
Le Mont Moelleux 2009 (58 g/l de SR) : nez plus intense dominé par la truffe, complété par une grande palette aromatique. Bouche superbe, à la fois fraîche et énergique, et moelleuse, sensuelle, profonde. Finale magique sur des notes de truffe et de confit. Le Chenin comme j'adore ! (pas racheté car j'en ai déjà en cave
)
Vouvray Moelleux Première trie
Sur les conseils de nos hôtes, nous démarrons par le
Mont Moelleux Première trie 2002. Il fait en effet une belle prolongation au vin précédent. Le nez est encore plus beau, avec une truffe majestueuse. Et la bouche est ciselée, avec une texture plus sobre, mais plus classieuse. La finale en queue de paon est quasi interminable.
Une beauté absolue.
Le hic, c'est que les trois Premières tries 2018 qui passent après ne présentent plus aucun intérêt. Elles semblent ramollos, sans goût.
Bof, ai-je noté.
L'esprit humain est ainsi fait : mon impression globale est amoindrie par cette dernière expérience. Alors que finalement les moelleux et les demi-secs sont plutôt d'un bon niveau.