Lundi 5 mars 2007. La journée commencée bien. Accompagnant un ami, je me suis rendu à Varrains pour rendre visite à René-Noël Legrand et bien évidemment goûter ses vins. C’est un homme d’une gentillesse infinie, d’une grande humilité et simplicité. Ce fut un véritable de plaisir de passer cette fin de matinée en sa compagnie.
Après que nous eûmes déjeuné à Saumur, nous nous sommes rendus à Vouvray pour saluer Philippe. Un anglais venant d’Espagne allait débuter la dégustation. Nous l’avons accompagné. Dégustés en mai 2006 et à la fin août de la même année, j’étais impatient de voir comment ils avaient évolué.
Vouvray sec 2004 (3,7 grammes de sucre résiduel ; acidité de 5,4g/l ; 12,5%). Le bouquet dégage des arômes frais et nets de citron, des senteurs tourbées, des émanations marines, et du minéral. Des arômes floraux apparaissent également. Le vin est enrobé dès l’attaque en bouche, puis il se fait plus svelte et dynamique lors de son cheminant entre le palais et la langue. Le vin est long et minéral. La finale est nette. Le fonds du verre sent le citron et les fleurs. C’est un bon compagnon des fruits de mer tels les bouquets, les langoustines, les araignées ou bien encore des carpaccios de poisson, des sushis, des poissons marins grillés.
Vouvray sec 2005 (4,2 grammes de sucre résiduel ; acidité de 4,6g/l ; 13,5%). Le nez s’exprime via des notes de pâte d’amande, des arômes floraux (chèvrefeuille, acacia), eau de Cologne. Après quelques minutes, le bouquet dégagera des émanations de fruits blancs à noyau (la pêche de vigne), ainsi qu’une superbe et subtile note d’eau de rose. Le vin est déjà marqué par une belle complexité et beaucoup de gras. L’équilibre est magistral. Plus gras et plus riche que son cadet, il est toutefois à ce stade plus court. Ce qu’il gagne en matière et gras, il le perd pour l’instant en longueur. Excellent ! Ce vin qui pourrait se rapprocher du sec 1989 se mariera parfaitement avec des poissons charnus, de la lotte, du turbot, des Saint-Jacques, ou avec un saint-Nectaire.
Vouvray demi-sec 2005 (19,8 grammes de sucre résiduel ; 3,9g/l d’acidité ; 13,9%). Dès le premier coup de nez, je découvre des notes de clémentine d’une grande subtilité. Puis des effluves d’amande fraîche viennent se lier aux senteurs de clémentine. La bouche est marquée par les agrumes et par une grande minéralité. La subtilité est aussi présente en bouche. L’équilibre entre le sucre et l’acidité est très bon, et la texture est délicate. Excellent ! C’est un fort bon compagnon des poissons en sauce ou du homard.
La clémentine qui n’était pas présente auparavant, impose maintenant son diktat éclairé et subtil.
Vouvray moelleux 1999 (35 grammes de sucre résiduel ; ?g/l d’acidité ; ?%). Le nez qui est grillé, et profondément marqué dès les premiers instants par des notes de pierre à feu (du silex que l’on aurait frotté), ainsi que par de légères senteurs d’orange sanguine. Puis apparaissent des notes de teinture d’iode. En bouche, à la délicatesse s’associent des goûts iodés, voire un peu médicamenteux.
Vouvray moelleux 2005 (60 grammes de sucre résiduel ; ?g/l d’acidité ; ?%). Le nez dégage des notes florales intenses (le chèvrefeuille et l’acacia). Puis des senteurs de fruits à pépin surgissent (la poire), ainsi que des arômes de fruits secs (l’amande). La bouche est gourmande, superbement équilibrée, longue. Elle se caractérise par sa fraîcheur imposante, sa grande finesse, sa structure aérienne, ainsi que par sa douce sensualité. Grand et succulent ! Il s’entendra avec des desserts à base de poire et d’amande, avec une fourme d’Ambert, ou tout simplement en apéritif.
Je n’y retrouve plus les notes intenses de noix de coco qui partageaient le haut de l’affiche avec les arômes de pâte d’amande fraîche. En bouche, je ne retrouve également plus les arômes de caramel.
Vouvray moelleux 2003 (71 grammes de sucre résiduel ; 4,2g/l d’acidité ; ?%). Le bouquet se positionne sur des arômes de fruits exotiques (la mangue, la goyave) et sur de légères émanations de fruits à pépins (la poire). La mangue domine en bouche sans partage. J’y retrouve également quelques émanations d’agrumes qui apportent de la tonicité (le citron et le pamplemousse). Le vin se caractérise par sa grande gourmandise, son équilibre et sa fraîcheur. Superbe ! Il appelle le foie gras de canard.
Vouvray moelleux Réserve 2003 (162 grammes de sucre résiduel ; 4,4g/l d’acidité ; 10,1%). Le nez complexe est marqué par d’intenses senteurs de fruits exotiques : la mangue (surtout), les fruits de la passion, la goyave. Il se caractérise aussi par des arômes de fruits à noyau (la reine-claude) et par des notes d’agrumes (l’orange sanguine). L’équilibre est magistral. Le vin est très long et sapide. On en redemande. Grande classe ! Ce vin qui pourrait se rapprocher du 1947 est à boire seul pour sa magie.
Vouvray moelleux Réserve 2005 ( ? grammes de sucre résiduel ; ?g/l d’acidité ; ?%). Dès le premier coup de nez, je découvre des notes acidulées de fruits rouges (la framboise sauvage et les groseilles). Les aspects floraux surgissent ensuite. Enfin, des effluves d’orange sanguine et de citron viennent compléter ce tableau plein de complexité et de beauté. La bouche sapide est magnifiquement équilibrée et fraîche. La longueur est proverbiale. On y retrouve les notes acidulées de fruits rouges, ainsi que les agrumes. On goûte également un peu de poire bien mûre et juteuse. La grande, grande classe ! Quant-à lui, il pourrait rappeler le 1945.
La différence aromatique avec les dégustations précédentes est que les notes de feuilles de cassis qui dominaient sans partage les premiers nez ont ici complètement disparu. De plus, j’avais noté une finale sur le chocolat que je ne retrouve plus également.
David.
PS: Jull, vous aviez raison. Il s'agissait bien d'une méthode traditionnelle dosée en demi-sec de 1983.