Verticale de Chavignol Rouge de François Cotat
C’est pour une verticale rarissime que Claude et Solange nous ont invités. Une verticale d’un vin de table, mais pas de n’importe lequel !
Il s’agit en fait d’un Sancerre produit sur le village de Chavignol par François Cotat, mais qui ne le présente pas à l’agrément : il n’en a pas besoin et il ne serait sans doute pas retenu car ce vin a la particularité de ne pas faire de fermentation malolactique, ce qui est excessivement rare pour un rouge.
De plus la vinification en vendanges entières accentue le profil droit des vins, tempéré par des maturités au top de ce que le millésime peut offrir.
François Cotat possède 0,55 hectare de pinot noir mais une bonne partie est utilisée pour son rosé… Ce sont donc seulement 500 à 600 bouteilles qui sont produites chaque année et elles ne sont pas mises en vente depuis si longtemps. C’est d’ailleurs ce qui explique l’absence d’étiquette sur les deux millésimes les plus anciens de cette verticale.
Si on tape « François Cotat rouge » dans le moteur de recherche de LPV, on ne trouve que 3 CR, sur 38 pages ! Le rouge est aussi mentionné dans quelques CR de visite, notamment les très beaux CR de Matthieu (hyllos) sur chaque nouveau millésime.
C’est donc un vin rare, alors une verticale de neuf millésimes… Mais la rareté n’est pas un but en soi ; quel en est le niveau de qualité et de plaisir ? Et tient-il la distance, ou plutôt le temps, sur de vieux millésimes ? Réponse un peu plus bas…
Un before pour se faire la bouche.
Domaine Robert-Allait – Champagne – Cuvée Prestige (en magnum)
Il s’agit d’un assemblage des trois cépages principaux de Champagne, à peu près répartis à égalité, sur une base de 2012.
La robe est dorée.
Le nez intense associe des arômes classiques de fruits jaunes, de grillé et de noisette.
La bouche vineuse affiche un sacré caractère et un beau volume. La bulle est abondante, la finale d’une bonne allonge, bien rehaussée par de légers amers
Bien +(+)
Les galettes de pomme de terre réduisent la vinosité mais augmentent l’acidité pour un accord très correct (3/5).
Pour accompagner un jambon persillé.
François Cotat – Chavignol rouge – 2015
La robe assez claire montre quelques reflets d’évolution.
Très intense et captivant, le nez exhale un cortège de petits fruits rouges tels que la cerise, la fraise et la framboise, et des arômes floraux, pour un ensemble vraiment très agréable.
Après une attaque en souplesse, le milieu de bouche se montre plus corsé, l’aromatique restant très avenante, bien relancée par une acidité millimétrée. Les tanins sont très fins et la persistance remarquable, jusqu’à une finale épicée et ciselée.
On démarre très fort avec ce régal qui n’en est qu’au début de sa longue vie.
Très Bien ++
Le vin et le plat font chacun leur chemin, sans se gêner ni apporter un plus à l’autre (3 / 5).
Pour accompagner une crème de lentilles du Berry au lard.
J'ai oublié de faire la photo avant de me précipiter sur ce plat aux bonnes odeurs...
François Cotat – Chavignol rouge – 2014
Je ne présente plus les photos des étiquettes, toutes identiques au millésime près.
La robe est claire et aux reflets tuilés.
Le nez d’une bonne intensité est déjà passé sur une aromatique un peu tertiaire, avec des fruits légèrement compotés, des notes d’humus et d’autres crayeuses qui lui apportent une certaine complexité.
La bouche est de demi-corps, d’un beau fruité acidulé et d’une grande élégance. La finale élancée et épurée joue dans la délicatesse. Son acidité devrait l’emmener loin, même si sa matière n’est pas dense.
Très Bien (+)
L’accord est réussi (3,5 + / 5), le vin reprenant un peu de vigueur grâce au plat qui s’avère un bon allié.
François Cotat – Chavignol rouge – 2013
La robe est assez claire et bien évoluée.
Le nez s’ouvre bien à l’aération dans le verre, sur des arômes de fruité franc à base de framboise, teinté de notes de cerise.
La bouche corsée et d’une belle charpente présente un fruité acidulé et « pointu », accentué par une grande acidité, et des tanins encore vigoureux, sa finale de mi-longueur se montrant plus salivante.
Bien ++ / Très Bien
L’accord n’existe pas vraiment car le vin domine le plat (3- / 5).
Pour accompagner une aile de raie poêlée sur une purée de potimarron, réduction de pinot noir aux agrumes (un plat délicieux et fort goûteux !).
François Cotat – Chavignol rouge – 2012
La robe assez sombre présente à peine un début d’évolution.
Le nez est très expressif, d’un fruité radieux, sur la cerise kirchée, avec une touche de ronce apportant fraîcheur et complexité.
La bouche possède une belle étoffe dense et mûre, une grande ampleur, une certaine fougue, une chair satinée, le tout équilibré par une remarquable vivacité. Les tanins souples sont à peine sensibles et le long final est doté d’une empreinte bien fruitée.
Un très beau pinot à l’aube de sa longue vie !
Très Bien ++ / Excellent
Pour ne rien gâter, le mariage est fusionnel avec le plat (4+ / 5), la belle matière du vin paraissant encore plus fondue.
Pour accompagner une brochette de porc marinée au gingembre, à la sauce soja et au miel.
François Cotat – Chavignol rouge – 2010
La robe est claire, aux reflets légèrement tuilés sur le pourtour du disque.
Bien intense, le nez réalise une alliance réussie et fort élégante du fruité et du floral.
La bouche joue dans un registre concentré et la matière paraît même d’abord comprimée. A l’aération, elle se détend et se révèle plus harmonieuse avant que des tanins légèrement asséchants ne viennent ternir le tableau. L’acidité étire la finale aux saveurs de groseille.
Très Bien +(+)
Le vin est magnifié par l’accord (4+ / 5) en se fondant et en s’affinant.
François Cotat – Chavignol rouge – 2009
La robe assez claire dévoile une faible évolution.
Le nez très intense évoque un univers fruité, avec plus de framboise que de cerise, qu’une étonnante touche briochée vient complexifier.
La bouche est celle d’un grand pinot, trouvant un point d’équilibre remarquable entre puissance, finesse et acidité, avec en point d’orgue une finale très persistante, percutante et goûteuse. On pense à un Côtes de Nuits 1er cru de belle facture !
Très Bien ++ / Excellent et très confiant sur le bel avenir de ce vin.
Là encore le plat s’est accordé à merveille (4,5 / 5) avec le vin, réussissant à fusionner toutes les belles caractéristique de celui-ci.
Pour accompagner une joue de bœuf à la bourguignonne (exquise, confite et fondante !).
François Cotat – Chavignol rouge – 2005
La robe est très voisine de celle du 2009, assez claire (mais moins que le 2010, sans doute liée aux millésimes chauds) et avec quelques reflets d’évolution.
Le nez d’une grande intensité donne une impression d’épanouissement. Il mêle fruits rouges et noirs, et offre une complexité olfactive par ses notes tertiaires de bois précieux, d’épices et de cuir noble. On ne s’en lasse pas mais il faut bien passer à la bouche…
… et on ne le regrette pas ! La bouche est radieuse et élégante, d’un fruité qui semble très jeune par sa pureté. Une belle vivacité l’équilibre et la rend très persistante jusqu’à une finale goûteuse, sur une aromatique toute en nuances et salivante. On a tout de suite envie d’une deuxième gorgée mais sans oublier de replonger son nez dans le verre car nez et bouche se complètent formidablement avec une cohérence sur la finesse.
Excellent
L’accord avec le plat a très bien fonctionné (4+ /5), le vin gagnant encore en acidité et en sapidité en bouche.
Pour accompagner un beau plateau de fromages.
François Cotat – Chavignol rouge – 1997
Le saut dans le temps est visible dès la robe qui est très claire et tirant nettement sur une couleur fauve.
J’adore le nez généreux et patiné par le temps, faisant découvrir tour à tour des fruits compotés, du cuir noble, du sous-bois, et donnant une impression de grande fraîcheur.
La bouche confirme, par son équilibre abouti, sa matière encore présente mais bien fondue, son harmonie aérienne transcendée par une belle acidité. La persistance magnifique et toute en délicatesse est couronnée par une finale cristalline.
Excellent
François Cotat – Chavignol rouge – 1995
La robe est un peu moins évoluée que celle du 1997, étant simplement claire et dévoilant des reflets bien tuilés mais pas encore fauves.
Le nez profond et engageant séduit par son élégance et même sa classe, conjuguant un fruité d’une jeunesse insolente, du bois précieux et de jolies notes florales. La bouche est à l’unisson, alliant avec brio une matière à la chair savoureuse, une finesse incroyable, une vivacité qui lui apporte de l’éclat, un toucher de velours et une allonge remarquable.
En pleine forme, ce vin peut aller beaucoup plus loin !
Excellent (+)
Vous avez donc maintenant la réponse aux deux questions du début de ce CR : oui, cette cuvée de Chavignol rouge apporte énormément de plaisir et se place au niveau des grands Bourgogne, y compris en terme de vieillissement !
Un after pour accompagner des tartelettes aux poires et fourme d’Ambert.
Château Guiraud – Sauternes – 1981
La robe est bien dense et très ambrée.
Le nez intense présente un rôti abouti, sur des abricots confits, des notes d’agrumes et même d’écorce d’orange, ainsi qu’une touche safranée.
La bouche possède encore une matière et une liqueur très présentes, sans aucun point de saturation. On ressent de la fraîcheur mais pas d’acidité mordante, et la très loooongue finale laisse le palais frais et prêt à accueillir une autre gorgée.
Très Bien ++
L’accord est superbe (4,5 / 5), le vin se fond complètement avec un sucre plus en finesse.
Nous n’avons pas vu passer le temps grâce aux vins et aux plats qui ont rivalisé de qualité, et surtout grâce à l’ambiance très chaleureuse, les passionnés échangeant leurs impressions, les moins passionnés élargissant les sujets, mais toujours dans la bonne humeur.
Solange et Claude : un immense merci pour ce grand moment de partage et pour votre générosité !
Jean-Loup