Le 21 février, nous avons eu droit, avec mon club, non pas à une mais à deux dégustations, du Domaine de la Taille aux Loups et du Domaine de la Butte. Je devrais même dire trois car le premier Domaine a des vignes sur Montlouis et sur Vouvray …
Mais le point commun entre tous ces vins, c’est Jacky Blot, un vigneron qui sait ce qu’il veut, fait tout pour y arriver, et y arrive le plus souvent ! La palette de ses vins est admirable (nous avons dégusté onze vins sans goûter aux entrées de gammes …) mais c’est l’homogénéité du niveau atteint qui est remarquable. Et quand il est présent pour nous présenter ses vins, sa verve nous emporte et nous ravit ...
Montlouis Triple zéro
Ce vin n’est toujours pas millésimé car J. Blot espère toujours pouvoir en faire vieillir un peu sur lattes pour ensuite le millésimer « comme un Champagne », mais il est victime de son succès … Il s’agit-là en fait d’un 2011.
La robe est d’une couleur paille soutenue, avec de fines bulles, qui disparaissent assez vite, sans doute en raison de la forme classique des verres.
Le nez dévoile une belle intensité, sur des arômes de fruits blancs et floraux (tilleul), mais surtout très crayeux.
La bouche est d’une formidable rectitude, dynamique, à la bulle très peu présente, avec une matière mûre et un beau volume en arrière plan.
Un effervescent de caractère : 15,5 / 20. J. Blot prendrait l’image d’un triangle élancé dans sa dimension verticale (minéral, acide et fin) mais la base horizontale (gras, rondeur) n’est pas inexistante.
Vouvray Clos de la Bretonnière 2011
Sol argileux.
La robe est paille, le nez intense et très beau, avec de la poire et de la verveine.
La bouche est charnue, très fruitée, dotée d’une fraîcheur appréciable venant de la minéralité, et d’une finale saline et crayeuse.
Un vin à l’équilibre remarquable : 16 / 20.
Vouvray Clos de Venise 2011
Sol de perruches (argiles à silex). Le vin a été mis en bouteille une semaine avant dégustation.
La robe est paille, encore plus claire que celle du Clos de la Bretonnière.
Le nez, d’abord peu causant, s’ouvre un peu à l’aération. Sur une base de craie, il développe les arômes classiques du chenin.
En bouche, le vin est aussi fermé, en tout cas en ce qui concerne l’aromatique. Mais la superbe minéralité est là et la persistance généreuse sont d’un excellent présage.
Un vin bu trop jeune et surtout trop peu de temps après la mise, mais quel potentiel ! 15 / 20 maintenant, sans doute 17 / 20 dans 8 à 10 ans.
Montlouis Clos Michet 2011
Sol calcaire et sableux, en haut de coteaux.
Robe paille, nez ouvert, très floral (acacia notamment), avec d’étonnantes notes anisées.
La bouche est franche, gourmande, assez ronde.
Un vin déjà bien agréable : 15,5 /20.
Montlouis Rémus plus 2011
Sol argileux, vignes âgées de plus de 80 ans. Le vin a été mis en bouteille une semaine avant dégustation.
Robe paille soutenue, très brillante.
Le nez est un peu fermé, mais on perçoit des fruits blancs et des touches fumées.
A l’attaque, c’est la puissance qui frappe, plus que les arômes, puis la fraîcheur arrive mais la charpente est toujours là. La finesse et la minéralité lui disputent la dominante pour terminer sur une finale dynamique et élancée.
Le triangle de J. Blot s’élargit nettement sur ce vin mais reste équilibré. On a aussi affaire à un vin de vent (beau millésime sec), et non de feu (millésime chaud) ou d’eau (millésime pluvieux). 16,5 dès à présent pour moi.
Montlouis Clos Mosny 2011
C’est le premier millésime de cette cuvée, issue d’une sélection de vignes de plus de 50 ans !
Comme pour les autres cuvées parcellaires, les fermentations sont très très très lentes : 5 à 6 mois ! Cela est rendu possible par la combinaison de trois facteurs : une cave fraîche, des petits contenants et très peu d’azote assimilable. Les fûts se répartissent par quart entre fûts neufs, d’un an, de deux ans et de trois ans.
Le nez est très intense, presque puissant, et surtout complexe : des fruits blancs, de la craie, des notes vanillées et florales … On en redemande !
La bouche présente un beau volume, une grande race et une finale longue et salivante où une minéralité saline ressort pour notre plus grand bonheur.
Un très très beau Montlouis : 17 / 20.
Bourgueil Le Pied de la Butte 2011
Terrain calcaire. Bue en ½ bouteille.
Robe peu dense, très jeune.
Nez très ouvert, premier animal, puis terreux, sur un fond fruité et poivré.
Bouche simple et gouleyante, plus sur le fruit que le nez.
Un Bourgueil simple et sympa : 14 / 20.
Bourgueil Haut de la Butte 2011
Terroir de perrons (argiles et cailloux).
La robe est assez sombre et jeune.
Le nez est intense, sur un très beau fruit (framboise, cerise), avec du poivre et un poivron très mûr : un magnifique nez, très typé cabernet franc.
La bouche est équilibrée, ronde, au fruité présent, avec une fine acidité et des tanins au grain fin.
Un bon Bourgueil à attendre un peu mais déjà très agréable. 15,5 / 20.
Bourgueil Mi-Pente 2010
Vignes de 60ans, rendement de 15 hl /ha, 18 mois d’élevage : respect !
La robe est très sombre et encore jeune.
Le nez, d’une belle intensité, est classieux, grâce à un fruité profond et pur, plus sur les fruits noirs (cassis) que les précédents, la complexité étant apportée par des notes de cuir et de mine de crayon.
Certes la bouche est dans une période de semi-fermeture, mais le potentiel est évident : charpente, densité, finesse, tanins enveloppants et soyeux …
Un très beau vin en devenir : 15,5 / 20 maintenant mais sans doute 17 / 20 dans cinq ans.
Montlouis moelleux Cuvée des Loups 2003
La robe est dorée, certes, mais assez claire. Le nez s’ouvre sur le coing, le miel et l’écorce d’orange. La bouche présente une sucrosité fondue (on ne ressent pas vraiment les 80 g/l) et une finesse extrême.
Très bon moelleux : 16 / 20.
Montlouis liquoreux Romulus 2009
La robe est très similaire, encore d’un or clair.
Le nez est d’une intensité moyenne, mais quelle élégance ! J’ai noté du coing, bien sûr, mais également de belles notes anisées.
En bouche, la très belle acidité équilibre parfaitement le sucre (160 g/l quand même !) et lui confère un équilibre remarquable, sans parler de la persistance phénoménale …
Un grand liquoreux : 17 / 20 pour sa finesse.
Conclusion : c'est très bon, les vins de Loire lorsqu'ils sont bien faits !
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup