Château de Fesles, Bonnezeaux 1998 et 1997
Ouverts ce week-end 2 bouteilles 50 cl : 1997 (achetée 13 euros en grande surface il y a 9 ans) et 1998 ( 11 euros , même époque).
Un verre de chaque servis en même temps et à l'aveugle à la belle famille ( heureusement amatrice de vins
).
Je choisie de ne pas carafer le 97 car je crains qu'il ne soit plus à son apogée . Le dernier bu il y a 5 ans était déjà très ouvert.
Pour être équitable , je fais de même avec le 98.
La différence de couleur est impressionnante !
Je m'amuse à leurs demander quelle est, à leur avis, la différence d'age entre ces deux vins du même domaine .
Les réponses vont de 4 ans à 8 ans.
Quand ils sauront la réalité , ils resteront très surpris ...
Nous commençons par le 98.
Il se présente dans un habit jaune fleur de pissenlit avec encore quelques reflets verts.
Son nez est typique des beaux chenins liquoreux de la Loire : confiture de coing , abricot sec , raisins secs , cire ,léger miel , tilleul .
En faisant tourner le vin , les larmes sont épaisses et les effluves ressentis intensifient l'impression de confit du vin.
La bouche manque un poil d'intensité ( effet millésime je pense) , la liqueur n'est pas imposante et est bien équilibrée par une acidité encore très présente .
A la dégustation ,viennent s'ajouter des notes de citrons confits qui accentuent la sensation de fraicheur et d'élégance.
L'amande grillée fait son apparition quelques secondes après avoir avalé , et prolonge le souvenir du vin.
C'est très bon et ses 13% ne se font pas remarquer.
Petit bémol ,la longueur et la structure sont moyennes mais cela lui confère un petit côté aérien pas désagréable.
Dégusté seul , je lui accorderai un 15/20 mais après le 1997 , ce serait plutôt un 14/20.
Nous continuons avec le 97.
La robe est lingot d'or , voir un peu plus orangé , avec une luminosité incroyable , comme si le vin était éclairé de l'intérieur . En fait ce vin a toujours été couleur or , même dans sa jeunesse ( récolte de grande maturité ).
A l'agitation il tapisse le verre comme de l'huile .
Le nez se livre par étapes .
D'abord, en fond , des volutes de safran et d'encaustique .
Puis ,devant , des parfums de pâte de coings , d'abricots confits , de confiture de kiwis , de clémentines confites , de confiture de reine-claudes , de raisins de Smyrne , d'épices indéfinissables , de grillé (et on en a surement manqué beaucoup d'autres ).
Tous ces parfums sont accompagnés des effluves profonds et inimitables du botrytis , présents depuis le premier instant , et tellement évidents , que nous ne les avions même pas relevés ( pourtant ils n'étaient pas dans le 98).
La bouche est juste grande .
Une attaque grasse , sur la liqueur , d'intensité moyenne .
Puis la puissance arrive , le vin prend de l'ampleur , il grandit , il grossit , il emplit la bouche, il explose au ralenti , sans jamais perdre de sa finesse.
Toutes les saveurs du nez sont présentes , avec une puissance et une sensualité débordante .
Viennent s'ajouter l'ananas confit , le pain grillé et l'amande torréfiée en finale.
Le corps est imposant sans toutefois sembler massif , ceci grâce à une acidité jamais prise en défaut ( Ahhh ,ce cher chenin !) .
Le vin est très long et une minute après la salive à encore le gout de confit et de grillé.
Quelle race , quelle ampleur , Quel vin!
A la deuxième gorgée nous étions tous proche de l'orgasme .
Heureusement que nous sommes à l'apéritif car ce vin se suffit à lui même , et pour moi, toute alliance , lui aurait ôté quelque chose .
Rapport Q/P hors norme grâce à ce millésime hors norme .
J'ai dégusté tous les millésimes réussis depuis , et n'ai pas pu retrouver les mêmes caractéristiques .
C'est bien là le seul point noir de cette bouteille .
Le lendemain soir il était plus ouvert et plus sensuel.
Le surlendemain je peux pas dire , y en avait plus.
Résultat 18,5/20.
Que 18,5 me direz vous ???? Ben voui , sinon je mettrai combien aux suivantes si elles sont encore meilleures ?
Donc malgré une robe pouvant sembler évoluée , le 1997 est en pleine forme et comme j'en ai encore 5 ou 6 bouteilles , je vais le suivre tranquillement sur quelques années.
Que j'aimerai partager ce vin avec tous les lpviens du monde ...
-D