J'avoue, je suis maso-schiste (j'aime les Faugères d'André Balliccioni
).
Il suffit d'une couverture alléchante, allant dans le sens de ce que nous écrivons depuis des années, pour que je débourse 6,20 € (quand même ! :
) afin d'acquérir le dernier numéro de la RVF.
Un dossier plutôt intéressant ; une RVF de Juillet/Août avantageusement glissée dans le bénouze, et me voilà prêt à affronter les vacances et les gonzesses.
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Fort de ce condensé de culture, de puissance et de séduction, je me voyais déjà affronter l'été en toute sérénité.
Malheureusement, les promesses de l'emballage sont souvent trahies par le contenu. Un peu comme un push-up:(.
Une nouvelle fois - je ne les compte plus - SAVEROT nous refait son grand numéro d'ennemi public n°1 de la fameuse ANPAA.
De quoi s'agit-il ?
Tel un héros un peu fatigué de la
comedia del arte, Denis SAVEROT endosse le costume - bien trop grand pour lui - du Directeur de Rédac' autoproclamé lanceur d'alerte et ultime rempart contre une vie sans pinot. C'est son rôle, on ne peut pas lui en vouloir, il a du papier à vendre.
Mais cette position révèle en fait un discours figé, redondant et une absence flagrante d'idées.
Depuis des années le discours est le même : l'ANPAA est un véritable diable qui va envoyer griller en enfer tout ce que le vin compte de personnes intelligentes, un tant soit-peu cultivées, détenteurs d'une culture bi-millénaire. Avec l'ANPAA, point de transmission de culture, d'échanges, de vie.
Si nous n'y prenons pas garde, ce monde aussi parfait que deux tours New-Yorkaises finira par tomber, victime de la précision de l'ANPAA. D'où le discours, rôdé, huilé, fatigant.
Denis SAVEROT à néanmoins raison sur un point. Les hygiénistes de tous poils n'ont pas laissé de bons souvenirs et leurs rares tentatives abolitionnistes ont été couronnées d'échec comme le prouvent la prohibition ou les soirées étudiantes organisées par Rouen Business School(1).
Le combat est juste, mais il est itératif, voir roboratif.
Ce nouvel éditorial - le 10e ? 15e ? - n'apporte aucune donnée que nous ne connaissions déjà :
- l'ANPAA est un lobby,
- l'ANPPA brise toute tentative de promotion des vins en accord avec la Loi Evin,
- l'ANPAA se donne pour nouveau combat de faire taire les réseaux sociaux qui promeuvent le vin - LPV en 1ère ligne ! :
,
- la seule lutte à mener est celle contre le "binge drinking",
- il faut éduquer les jeunes,
- etc, etc.
Dans une maladroite tentative de justification, Denis SAVEROT se tire lui-même une balle dans le pied :
- "Vingt fois, nous avons déjà dénoncé cette confusion dont les conséquences sont contraires aux effets escomptés".
Je le répète, la lutte contre l'alcoolisme "stupéfiant" est une nécessité. Mais arrivé à un certain point, lorsque l'on crie dans le désert sans que même l'écho ne daigne nous répondre, il faut se poser des questions :
- Mes éditoriaux ont-ils une quelconque efficacité ?
- que s'est-il passé depuis mon premier papier alertant le lecteur sur les méfaits de l'ANPAA ?
- ne faudrait-il pas déplacer le combat sur un autre front ?
Denis SAVEROT, vous avez l'intelligence de l'homme éduqué, lettré, passionné.
Vous promouvez, par vos textes parfois justes mais trop souvent redondants, un art de vivre, une civilisation du partage.
Denis SAVEROT, j'ai envie de vous écrire que le partage est nécessaire, mais que le conflit l'est aussi.
Lorsque l'on dirige un journal tel la
Revue du Vin de France, il est de Salut national d'engager la lutte. Vos éditoriaux faussement musclés trahissent votre envie de montrer vos biceps, mais ceux-ci sont déjà bien altérés par l'âge.
Vous voulez lancer une véritable lutte contre les hygiénistes de tous poils ? Cessez de leur envoyer des tomates et utilisez votre rôle prépondérant pour -enfin ! - créer un véritable mouvement.
Lancez une pétition ! Organisez des assises du vin ! Montez des journées d'études ! Alertez vous-même le gouvernement ! Demandez audience aux ministres ! Réclamez nos doléances via votre site !
Faites-vous le véritable représentant de vos lecteurs et de la communauté internationale des amateurs de vin. Ecrire pour écrire est un plaisir onaniste. Il est bien plus que temps de retrouver l'esprit militant de la revue.
Vincent.
(1) : un reportage, diffusé il y a quelques années, avait montré l'ampleur de l'alcoolisation des étudiants de l'école supérieure de commerce de Rouen. Avec la complicité des grands alcooliers français.