Les mantis, c’est l’aboutissement du patriarcat. C’est long à faire, un tantinet fastidieux et comme c’est délicieux, les mantis sont dévorés en moins de temps qu’il n’en faut pour hacher l’oignon. C’est le type même de recette qui supposait que les femmes restaient ensemble à la cuisine en papotant tout en gardant un œil sur les mioches tandis que les hommes trimaient dur (humm) ou se la coulaient douce en jouant aux cartes et en buvant un coup.
Dimanche dernier, on s’y est mis à cinq, femmes et hommes confondus pour l’occasion, pour une opération mantis arméniens. Les ingrédients : une pâte toute simple (farine, œufs, sel) qu’on a laissée reposer une heure ; une farce à base de viande hachée d’agneau et de bœuf (on en a fait deux : 100% agneau et 66% agneau / 33% bœuf), d’oignons et de persil (en abondance et finement hachés) ; un bouillon qu’on a réalisé avec les os d’agneau ; une sauce à base de yoghourt grec aillé et une autre où le sumac remplace l’ail, histoire de varier les plaisirs.
La pâte est coupée en petits carrés puis on y ajoute un peu de farce en la repliant afin de lui donner un peu la forme d’un bateau.
Faire des mantis ça donne faim (et soif aussi d’ailleurs) alors avec un peu de charcuterie l’effort passe mieux.
Voilà, la confection des mantis est terminée.
On ajoute le bouillon avant de passer les mantis au four. Ne pas hésiter à les recouvrir.
Le résultat final. Une recette rapide qu'ils disaient ! On m'aurait menti ?
Et le plateau de fromage parce que bon quand même.
Les vins
De ce côté-là ça a été la bérézina avec deux bouteilles bouchonnées !
Le
Bourgogne chardonnay 2015 de François Mikulski a été bu pendant la confection des mantis, histoire de se donner du courage. Nez discret avec des arômes citronnés, bouche avec ce qu’il faut de vivacité et une pointe de gras, c’est simple, bien fait sans être vraiment passionnant.
Les vins bouchonnés : que celui qui n'en a jamais eu deux lors d'un même repas leur jette la première pierre...
En remplacement du Pauillac bouchonné, le
Châteauneuf-du-Pape La Vieille Julienne cuvée Les Trois Sources 2014 a fait le job mais sans plus. Bien que carafé deux heures à l’avance, le nez était quasi inexistant. En bouche c’est fruits noirs et herbes aromatiques mais sans ostentation. Le vin est velouté, équilibré, sans trace d’alcool, mais aussi sans guère de relief, un peu anonyme.
La bouteille de Soula 2012 étant elle aussi HS, notre hôte ouvre au débotté un
Roc d’Anglade 2018. Un infanticide certes mais que voulez-vous, l’heure était grave, la soif menaçait ! Je ne connaissais le domaine que de nom et je m’attendais à un vin sudiste costaud mais fin et j’ai eu l’impression de boire un Beaujolais pour sa capacité à procurer un plaisir immédiat : du fruit rouge en veux-tu en voilà, des tannins quasi inexistants si ce n’est en finale pour donner un peu de peps, une petite pointe d’acidité, voilà une vraie gourmandise qui se boit comme un jus de raisin. Très bien et étonnamment abordable.