Petit tour d'horizon d'une partie des vins du domaine. Beaucoup de plaisir, de personnalité et de gourmandise à la découverte de tous ces vins.
Le billet en images sur le blog, c'est ici :
VOL AU DESSUS D'UN NID DE COUTELOU...
Ces derniers temps, mon verre a joué les monogames languedociens. Oui, moi, le haut-garonnais, à coups de rasades héraultaises, j'ai annexé nos voisins régionaux un peu avant l'heure. Cela aurait pu se limiter à quelques godets, mais le plaisir pris à découvrir cette production de façon gourmande et sans faux-semblant, laisse à penser que les ritournelles liquides de ce petit coin de chez nous, vont sûrement jouer leurs mélodies entêtantes, encore un bon bout de temps sur les tablées familiales.
Ce vigneron, c'est Jeff Coutelou. Installé à quelques kilomètres de Béziers, dans le charmant petit village de Puimisson. Un milliers d'habitants, deux bars, autant de bouchers et un boulanger, animent le quotidien des puimissonnais et puimissonnaises, tandis que la coop' et quelques indépendants font vivre les vignes du coin.
Et Jeff dans tout ça ? Et bien, ce prof rompu à l'enseignement des bonnes manières hôtellières à destination des jeunes pousses du métier, élabore maintenant, sur une dizaine d'hectares, tout un catalogue de cuvées aussi éclectiques les unes que les autres, permettant de découvrir à moindre frais, une large palette de ce qui peut se faire en pays biterrois. En 1993, l'expérience débute avec pas grand chose, un domaine en bio depuis 1987 et l'envie de pérenniser cette vision du vin au naturel. Aujourd'hui, le vin vient à manquer, victime de son succès, et le travail reste le même. Écoutons donc parler le vigneron himself, pour ce qui est de l'approche de la maison :
"Notre vignoble s’étend sur une dizaine d’hectares de Terroirs variés à dominante Argilo-Calcaire. Une large gamme de cépages compose le domaine : Syrah, Grenache, Carignan, Cinsault, Mourvèdre pour les rouges ; Une petite parcelle complantée de Sauvignon blanc, grenache blanc et muscat petits grains vient compléter la palette des vins.
Toutes nos vignes sont cultivées en agriculture biologique depuis 1987 c’est à dire avant que ce type de production ne soit « à la mode ». Nous pouvons vous garantir que l’ensemble des terres du domaine n’a vu ni engrais chimique, ni produits de synthèse depuis plus de 20 ans.
La conduite du vignoble est rigoureuse (labours fréquents, taille sévère, palissages minutieux,…). Les rendements sont limités (entre 20 et 35 hl ha).
Les vinifications sont soignées et adaptées au cépage et au millésime. (macération courte ou longue, traditionnelle ou macération carbonique, pigeages ou remontages). Depuis toujours, nous ne pratiquons aucun levurage. Les apports en SO2 sont limités, voire inexistants afin de préserver le caractère authentique de nos vins."
Et maintenant, partons à la découverte de cette gamme fraîche et pétulante, digne d'une collection printemps-été défilant sur les podiums de la haute-couture ampélographique. Un échantillonnage faisant la part belle aux rouges, mais dans les armoires du mystérieux Coutelou se cacherait aussi, bien d'autres pépites de toutes couleurs. Nous y reviendront plus tard... J'espère !
5S0 simple 2013 : Une biberonade de cinsault, un jus frais et digeste dévalant les pentes à la façon d'un Jean-Claude Killy de la grande époque. Du glouglou fait en vinif traditionnelle, mais cuvaison courte, tout rond, tout mignon. Ce n'est certes pas un vin compliqué, mais comme on choperait un Astérix avant d'aller au lit, parfois un peu de simplicité de ne fait pas de mal. Du fruit, du cranberry, et c'est parti !
LE VIN DES AMIS 2013 : Grenache et syrah, le couple idyllique du vigneron sudiste ! La gourmandise du grenache conjugué à la fraicheur épicée de la syrah. Un jus souple et dense à la fois, gorgé de fruit, qui, à chaque gorgée, vient vous déposer une tape amicale sur le gosier. Présentez lui un barbecue et ils seront à coup sûr copains comme cochon, en saucisses ou en brochettes.
LA BUVETTE À PAULETTE 2012 : Attention, coup de cœur ! Un cabernet sauvignon coupé au grenache, une bouteille de caractère qui pète la fraise, le cassis et le laurier. Le vin est sanguin, profond, et si gourmand à la fois. Un grand cours de vulgarisation picologique, ou quand le complexe devient simple. Une côte de bœuf, quelques verres et la chère Paulette à table, suffiront amplement à entretenir les belles soirées d'été.
Pm 2013 : Pm, comme Pinard mystique, Pinard magnétique, Pinard munificent, Pinard multijoueur... ou simplement comme ce jour là, Pm comme Pause méridienne. Oui, car voilà bien un rosé qui joue enfin son rôle. Ici, pas de pâle copie saignée à la va-vite dans une cuve de rouge, non, un vrai rosé conscient de son rôle de distraction pour verre en chaleur. Œillade muscate et syrah, une exclusivité mondiale made in Coutelou ! Croisement entre l'oeillade et le muscat de Hambourg, cet OVNI de l'ampélographie vient porter sa touche raisin de table, donnant l'impression de croquer la grappe. Terriblement efficace !
7, Rue de la Pompe 2013 : Attention gros coup de cœur ! Un assemblage de jeunes syrahs fougueuses et sans complexe, maintenues dans le rang par quelques aînées en mal d'expériences intergénérationnelles. Résultat : un vent de fraîcheur dans le verre, une acidité affutant le gosier comme personne et un fruit sauvage juste cueilli sur l'arbuste dans la rosée du matin. J'en fais mon adresse de résidence liquide dès demain !
Mas Coutelou 2001 : Une syrah accoudée au comptoir d'un fumoir à cigare. Souple et ciselée, elle fait son âge mais remet en place ceux qui la jugeraient dépassée. Le discours est posé, l'histoire différente, évoquant un temps que les moins de vingt ans feraient bien de connaître... Un beau jus de viande, fumé, caressé par la quiétude de brise nocturne. Reposant...
CLASSE 2012 : De l'air, de l'air ! dit le flacon. Un bon coup de carafe et voilà une des cuvées les plus aboutie du domaine. Syrah, carignan et grenache, pour un résultat pouvant faire, à mon humble avis, office de définition du vin languedocien par excellence. Du fruit noir, bien frais, pur et rehaussé d'une touche d'épices que le carignan sait magnifier à merveille. Il y a du vin derrière cette étiquette fantasque, un diamant brut façonné avec parcimonie pour ne pas altérer le terroir. Loin des confitures locales surmuries au nom du degré compensateur, c'est simplement CLASSE !
Sauvé de la Citerne 2012 : Cuvée simplement tirée en magnum, et on sait pourquoi ! Mourvèdre et grenache en version solution hydratante pour le corps et l'esprit. Un léger voile animal peut-être caractéristique du mourvèdre supplante un poil le fruit toujours recherché, mais ne nuisant aucunement au plaisir de la tablée. Idéal pour ceux qui aurait récemment cassé leur carafe d'eau ou décidé de prendre soin des papilles familiales.
La vigne haute 2012 : Dernier canon goûté ce jour... Voici trônant dans les verres, les vieilles syrahs du domaine. Dense, sauvage, mais n'oubliant jamais le fruit originel, cette cuvée est le miroir des accointances entre le vigneron et le cépage roi du Rhône septentrional. Mais ici, aucun point commun ou presque, c'est simplement de la syrah languedocienne, sans complexe, assumant pleinement sa personnalité. De la mûre et du cassis, une pointe de ronce restée sur le fruit, un rouleau de réglisse trainant dans le coin du verre, alors qu'un filet d'encre de Chine parsème la bouche d'un soupçon d'amertume de grande classe. Il faut que jeunesse se fasse, mais les grands n'attendent que rarement la sagesse de leurs tempes grisonnantes pour exprimer leur talent...
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Voilà, ce premier Vol au dessus d'un nid de Coutelou prend fin. Toutes les idées liquides de Jeff Coutelou n'ont pas été mises à nu dans nos verres, mais dès à présent, c'est l'impression d'avoir découvert une de ces sources bachiques que l'on aimerait inépuisable qui prédomine. Une impression malheureusement erronée, les quantités de chacun de ces petits trésors liquides étant aussi accessibles (de 7 euros et des bananes à une quinzaine d'euros le flacon) que rares. Une production d'une remarquable fraicheur, propre et faisant la part belle à la générosité en bouteille. De quoi rendre fou quand on aime les bonnes choses... Allez, bienvenue parmi nous Coutelou, asseyons-nous et buvons un coup !