Même lieu, même heure...
Une visite au domaine du Prieuré Saint Christophe
Nous rejoignons Fréterive en fin d'après midi, non sans être passés faire un tour avec Béatrice et Louis Magnin sur la parcelle de mondeuse que Michel possède sur Arbin. Les raisins sont beaux, les grappes saines et bien aérées.
On se regarde tous les quatre avec quelques scrupules en se disant qu'on aurait bien filé un petit coup de main pour boucler la vendange.
A méditer pour l'an prochain, qui sait !
Euh, Michel, au passage, je comprends pourquoi les sangliers du secteur ont le sourire rivé sous le groin ! C'est que c'est top groink le raisin du Grisard comme petit casse croûte pousse faim...
Michel, toujours fidèle à sa réputation de monsieur 100 000 volts, nous rejoint le front luisant et les reins fourbus d'une longue journée de vendanges.
Mais c'est pourtant nous qui paraissons usés et collés au stand alors qu'il passe la seconde et virevolte en cave pour chercher les bouteilles qu'il souhaite nous faire déguster.
Driiing ! Le téléphone sonne. Au bout du fil, Jean Michel Deiss !
Démarre alors une longue conversation entre deux vignerons parmi les plus investis sur l'avenir du vignoble français et de sa biodiversité, le sujet étant
la destinée du Domaine de Vassal et de sa collection unique de cépages historiques.
Michel, c'est une personnalité, un caractère, une énergie. Un homme pétri de convictions, de projets, d'idées comme chaque région viticole en connait peu par siècle.
Deiss, Overnoy, Plageoles, Grisard... de ces vignerons opiniâtres, têtus, incompris souvent, reconnus parfois et à qui l'histoire de la viticulture doit tant...
Trêve de louanges pour cet homme qui les mérite pourtant, je ne voudrais pas me faire remonter les bretelles par mon savoyan préféré pour abus de langage et de brosse à reluire.
Sont terribles ces amis dont on n'a pas le droit de dire du bien ! (
)
Oliv
Mondeuse, 1984
Robe orangée.
Nez léger, confortable, sur des notes de cacao et d'épices douces.
L'attaque est très tendue, sur une acidité saillante qu'une matière légère peine à compenser.
Les goûts sont résolument tertiaires, sur le tabac, les feuilles sèches.
La finale est énergique, sur des tanins encore saillants mais se délite assez vite, un peu dévorée par son acidité.
Pas si mal dans le contexte d'un millésime difficile.
Mondeuse, Prestige, 1997
Robe grenat clair finement tuilée.
Nez complexe, sur la peau d'orange grillée, la résine, les épices.
La bouche est douce en attaque, sur une jolie matière suave. L'acidité mobilise le milieu de bouche pour présenter un ensemble énergique, sur de beaux goûts poivrés et épicés.
La finale est juteuse, serrée et d'une grande fraicheur.
Très beau vin qui appelle la table.
Mondeuse, Prestige, 2004
Robe grenat.
Nez étonnant, compromis de jolies notes fruitées et épicées et de senteurs plus animales (fourrure). Le vin a sûrement besoin d'air.
Bouche très agréable, sur une jolie chair sans corpulence toutefois. L'ensemble est fin.
L'aromatique est assez fermée. Finale plutôt stricte sur des tanins fermes.
Vin fin qui semble entre deux âges.
Mondeuse, Prestige, 2009
Robe sombre sans excès de noirceur.
Beau nez puissant, bien mûr, sur les fruits noirs, la violette et de jolies notes d'orange sanguine.
La bouche est d'une grande densité, charnue et puissante, sur des goûts délicieux de bonbon Florent.
La finale aux tanins puissants et gras est impactante et d'une grande persistance.
Un grand vin d'avenir.
A attendre pour le laisser révéler tout son potentiel.
Mondeuse, Tradition, 2009
Robe grenat.
Nez brillant, délicat, ouvert et franc, sur la pâte de fruits, le coulis de myrtille. Superbe de fraicheur et de précision !
La bouche est juteuse et salivante, géniale d'énergie et de rythme, sur une pureté de fruit et un équilibre d'école.
Les tanins bien présents participent à étirer une finale délicieuse, d'une parfaite fraicheur.
Ah ce que c'est bon ! Un vrai bonheur !
Mondeuse, Tradition, 2006
Robe rouille.
Nez plus confit, sur des notes de fruits cuits et de jus de viande qui semblent un peu usées.
La bouche manque d'équilibre, marquée par une acidité saillante qui tranche vigoureusement dans une matière de demi corps.
La finale manque de précision et d'équilibre, se dissociant doucement pour finir par sécher.
Peu de plaisir.
Mondeuse, Tradition, 2005
Robe grenat.
Nez exotique, sur le cacao, les épices et un beau trait vert qui rafraichit l'ensemble.
Belle bouche juteuse, plein d'un fruit élégant et construite autour d'une belle matière pleine.
Les tanins structurent une finale énergique pleine de fraicheur.
Beau vin sérieux et élégant.
Mondeuse, Tradition, 2010
Robe grenat bleuté.
Nez marqué par les 3 ans et demi d'élevage, sur des notes de toffee qui masquent en l'état un beau fruit net, sur la myrtille poivrée.
La bouche propose une matière douce, à la suavité gourmande et paisible, aux tanins gras et bien fondus.
L'aromatique reste toutefois nettement marquée par l'élevage, ce qui lui fait perdre en fraicheur ce qu'elle gagne en qualité de texture.
Finale longue mais boisée.
A attendre avec sérénité au vu de la qualité de la matière première.
Roussette, 2011
Robe dorée.
Nez anisé et miellé, sur un boisé insistant.
Bouche puissante, sur une texture marquée par une très belle acidité qui lance une matière concentrée.
Ensemble très vineux, à la finale tactile resserrée par des amers puissants.
Beau vin.
A attendre.
Roussette, 1997
Robe vieil or.
Nez sur le caramel au lait et l'ananas presque trop mûr.
Attaque grasse et douce, presque sucrée avant qu'une grande acidité apparaisse.
L'ensemble reste toutefois un peu dissocié, manquant d'équilibre et de tenue.
Finale lourde et puissante.
Curieux vin assez difficile à appréhender.
Roussette, 1993
Robe dorée.
Nez puissant, compromis de notes minérales de fins hydrocarbures et de senteurs fumées qui m'évoquent le tourbé de certains Islay.
Bouche construite sur une acidité très puissante un peu dissociée d'une matière douceâtre dont l'aromatique tire sur le cognac.
Finale un peu brutale manquant d'équilibre.
Curieux vin qui ne semble pas fatigué mais se présentait de manière peu avenante.
Altesse sous voile, La Belle Oubliée
Robe vieil or.
Nez puissant, complexe, sur le curry, la noix, la morille fraiche.
La bouche est puissante, sur une aromatique oxydative remarquablement nette et fine, digne d'un beau Château Chalon.
Le vin s'exprime sur la noisette, le curry et de beaux goûts d'épices orientales.
La finale fraiche, sur la morille, est d'une impeccable précision et longueur.
Quel beau vin !
Son Altesse Sérénissime, 1995
Robe orangée.
Nez superbe de précision et de complexité, sur la pâte de coing, les raisins secs, l'abricot et la mine de crayon.
La bouche est remarquable de puissance parfaitement maitrisée, proposant une liqueur noble élancée par une acidité aérienne superbe.
La finale est longue, sur de beaux goûts de fruits secs avec un air de reviens-y assez irrésistible.
Superbe vin digne des grands liquoreux de Loire ou d'Alsace.
Bravo Michel ! Quel grand cépage que l'Altesse !
***
Magnifique moment passé en compagnie de Michel Grisard !
La journée a passé au rythme fluide des beaux moments, ceux qui font tourner plus vite les aiguilles de l'horloge.
Michel, pour ta générosité, ton enthousiasme et les saines valeurs que tu véhicules avant tant d'énergie, tout simplement : merci !
A très vite sur Paris,
Oliv