Avec un peu de retard, mes notes sur la dégustation du 29 mai dernier chez
Jacques Puffeney, lors du périple jurassien de quelques lpviens passionnés...
Chardonnay 2005: gros volume, nez arrondi, un peu anisé, sur des notes de fruits jaunes. bel équilibre en bouche. (3 ans d'élevage)
Chardonnay 2003: Malgré un nez assez vif, il reflète son millésime, avec un déficit d'acidité en bouche, une pointe d'alcool et une finale un peu chaude... Une vendange très précoce dans des conditions "extrêmes" pour le Jura. La parole à Jacques Puffeney: "Il faisait 24° la nuit, on ne rentrait le raisin que le matin, en utilisant de la neige carbonique pour rafraîchir la vendange, on a fait ce chardonnay qui titrait ses 14°5 naturels".
Chardonnay 2006: Un nez plutôt floral, une légère pointe végétale, et surtout une impression de moelleux. La bouche est celle d'un sec, puissante, avec une belle acidité. Jacques Puffeney: "En 2006, la chaleur humide et la pluie ont favorisé le développement de pourriture noble, d'où ce nez particulier. 1995 était du même tonneau".
Poulsard 2006: Léger renard, belle robe claire, une attaque sympa en bouche, les fruits rouges, des petits tannins qui accrochent, une note poivrée, à peine pas assez de fruit à mon goût. Jacques Puffeney: "Sur ce type de vin, j'évite le foulage qui oxyderait les baies avant la fermentation, un élevage de 3 ans en foudre de 30 hl."
Trousseau Bérangères 2007: Beau nez de trousseau, avec ce relief que lui donnent des notes de fumée et de végétal. Une bouche sur la cerise, une matière assez légère, de petits tannins fins.
Poulsard 2003: Nez assez complexe, un peu kirsché, vin assez souple, un peu d'alcool en finale, mais de la matière et du relief mine de rien pour un 2003.
Pinot 2008 (goûté sur fût): Un jus de cerises noires en robe comme au nez. Coloré, épais pour un Jura. Marqué par le bois, tannique, doit encore se faire. L'attaque est assez douce, mais c'est raide pour l'instant côté tannins. A attendre, mais du potentiel.
Sacha 2007: 40% Sa(vagnin), 60% Cha(rdonnay). Un assemblage qui ne recherche pas à tout prix l'esprit oxydatif, comme souvent dans cette cuvée, l'osmose entre les deux cépages est très réussie. Beaucoup de fraîcheur et une fine acidité, sur la pomme. Sacha reste une valeur sûre en matière d'assemblage dit "traditionnel".
Naturé 2006: Savagnin ouillé. Un nez floral et sur les agrumes, une pointe épicée, avec de la vivacité. Très jolie et longue trame acide en bouche, avec des traces d'amertume, on finit sur des notes de fruits exotiques. Jacques Puffeney conseille de le boire maintenant, sur le fruit. On ne peut qu'approuver.
Savagnin 2004: mise récente après 5 ans sous voile. Une belle structure acide pour ce savagnin qui offre au nez des arômes complexes, parmi lesquels la croûte de comté, un côté levure de boulanger et une pointe miellée. Des notes minérales en finale.
Savagnin 2002: mise en bouteille la veille (28 mai) après quasiment 8 ans sous voile. Excellent savagnin dans un style opulent, épicé, tout en gardant une belle fraîcheur, très bel équilibre donc, et surtout une grande longueur. 8 ans de voile, ça pourrait être un jaune! Pas chez Puffeney, explication du maître: "un bon jaune, ça doit avoir entre 450 et 550 mg d'éthanal, pour celui-ci on doit être autour de 250 à 280 mg". Allez zou, rétrogradé en savagnin, mais des savagnins rétrogradés comme celui-là, je suis preneur. Voilà pour la partie scientifiquement mesurable, mais Jacques Puffeney poursuit sa démonstration, joignant le geste à la parole (je vais essayer de vous le faire avec des mots): "le jaune, ça vous tapisse jusqu'au fond (il montre son oesophage et son estomac), le savagnin, ça s'arrète là (il indique l'arrière du palais)".
Vin jaune 2002: Tout en finesse, pas du tout tapageur, mais très puissant et long. Il reste fermé pour l'instant. Jacques Puffeney: "on me dit souvent que je fais plus Château-Chalon qu'Arbois". C'est pas faux sur ce coup là.
Vin jaune 2001: Le nez est bien causant, sur la croûte de comté, les épices, c'est assez complexe. Attaque, souple, bouche ronde, et acidité bien intégrée, qui fait semblant de ne pas être là pour mieux ressurgir au meilleur moment en fin de bouche. C'est finement joué. Très beau.
Vin jaune 2000: plus monolithique sur la noix, le raisin de corinthe, un peu brûlant, l'alcool dépasse encore un peu trop...
Vin jaune 1999: Jacques Puffeney nous sort une nouvelle mise en bouteille de la veille (28 mai donc, pour ceux qui n'ont pas suivi) sur une pièce de 99, soit plus de 10 ans de voile. Un nez de fruits confits, de cire, très ouvert, tout en douceur. En bouche on a tout: la puissance, l'équilibre, le volume et une longueur d'anthologie, avec un petit quelques chose de salin en finale, c'est la la fois voluptueux et strict, facile et très complexe, rond et droit, et vraiment très long. Jacques Puffeney, modestement: " 1999 est un grand millésime, on a eu de belles choses, on aura des choses du même type en 2005 et 2009". Le vin en tout cas est très ouvert et accessible pour un jaune de ce calibre. Puffeney: "Souvent un vin jaune est ouvert juste après la mise en bouteille, ça ne dure pas longtemps, après, il se referme". Bien content d'avoir croisé ce 99 au bon moment.
Vin jaune 1997: On revient sur un registre plus sévère, avec des notes de racines, de gentianes et d'épices. Ca reste assez rond en bouche, très profond, mais nettement moins accessible que le 99.