Bonjour,
Vous savez tous ce qu'est un millésime, les 4 chiffres inscrits sur la bouteille du moins dans la plupart des cas ? Année de fabrication en quelque sorte, influencée par les conditions météorologiques qui font le millésime : températures, précipitations, grêle et gel par exemple. Cela donne une certaine tendance, voire une tendance certaine. Si bien sur tous les vins ne sont pas identiques, ils auront des caractéristiques communes, un peu comme une fratrie. Mais si nord et sud de la région n'ont pas le même cépage et le même climat, il y a parfois des différences d'un secteur à un autre : Cornas n'aura pas forcément le même orage que l'Hermitage même si la distance est courte. En 2017 Côte rôtie a bénéficié d'un bel orage au 15 août, mais il n'a que très peu plu plus au sud.
Démarrant début 2003, je savais que le millésime 2002 serait compliqué et effectivement : le mois de septembre calamiteux sur des raisins pas très sains a souvent été fatal. Mais je ne savais pas que 2003 serait à l'opposé, et le premier vrai millésime caniculaire : deux petites récoltes de suite et pas facile de prendre sa place. Lorsque 2008 arrive ce n'est pas vraiment 2002, tout comme 2009 n'est pas vraiment 2003, mais c'est le dernier vrai millésime « faible ». Depuis on est parfois pas loin de la catastrophe, mais le mois de septembre est toujours beau et c'est le plus important : 2014 aurait ainsi pu très mal finir.
La plus belle série de « grands » millésimes remonte à 1989, 1990 et 1991, à laquelle on pourrait rajouter 1988. Lorsque 2015 et 2016 sont arrivés, 2017 et 2018 ont suivi et c'est au moins au même niveau. Mais le réchauffement climatique pose un problème en début de saison, la vigne repart plus tôt et est plus exposée à un risque de gel. Rien de bien méchant en Rhône sur 2017, sur 2019 non plus : record à battre ! Entre temps les vignerons essaient tous d'adapter leurs méthodes culturales, et la vigne s'habitue certainement.
J'ai découvert ce qu'est un grand millésime : tous les amateurs se battent pour en avoir ! 2009 en est le meilleur exemple, mais qu'en est-il 10 ans plus tard ? A titre personnel j'en ai bien sur, mais globalement je les trouve encore trop en puissance, parfois durs, et globalement je les attends encore. C'est un peu la même chose sur 2010, les parfums ne sont pas en place, même si les textures sont belles. Par contre la plupart des commentaires sur LPV sont élogieux concernant 2011 en Rhône nord, et je confirme me régaler également avec ce millésime qui est à point. Et pourtant personne ne s'est battu pour en avoir, il m'a fallu arriver à les gérer dans le temps. Pas facile d'écraser l'accélérateur en 2009 et 2010, puis de serrer les freins en 2011 ! En plus ce millésime m'a toujours plu, je n'avais aucune raison de le bouder. Mais bizarrement 2017 part un peu de la même manière, ou plutôt ne part pas... Il aurait été entre 2013 et 2014 la situation était toute différente, là il est un peu coincé en arrivant après 2015 et 2016. Mais bon j'y crois, et je n'ai pas bien le choix : il est toujours dangereux de passer son tour...
Vivre le millésime comme professionnel est différent, à chaque vendange je sais que c'est mon avenir qui se joue. Car sauf pour les allocataires, l'amateur est libre d'acheter ou pas. Avec 2015 j'ai retrouvé des clients que je n'avais pas revus depuis 2009 et 2010, c'est compliqué à gérer et c'est dommage de devoir passer sa vie à attendre que des vins soient prêts...
Bonne journée, et la parole circule !