Climat: vers un déplacement des régions viticoles
PARIS (AFP) - Le réchauffement climatique va probablement entraîner dès les prochaines décennies "une progression significative des zones favorables à la culture de la vigne vers le nord", indique un rapport au gouvernement publié vendredi à Paris.
Les régions viticoles se situent actuellement entre 25 et 45 degrés de latitude, aussi bien dans l'hémisphère nord (France, Italie, Espagne notamment que dans l'hémisphère sud (Chili, Afrique du sud, Australie). Cela n'a pas toujours été le cas, rappelle l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) dans son premier rapport. Du XIème au XIIIème siècle, les vignes étaient courantes dans le sud de l'Angleterre avant de disparaître sous le "petit âge glaciaire" (1550-1850).
Les experts scientifiques de l'ONU tablent sur une augmentation de 1,4 à 5,8 degrés de la température moyenne mondiale au XXème siècle. La température serait déjà supérieure d'un degré dès 2035-2050, note le document. Pour l'hémisphère nord "une augmentation de 1 degré correspondrait à un déplacement des régions viticoles de 180 km" en moyenne vers le nord.
Le changement climatique a déjà provoqué en France une avancée des vendanges de trois semaines, voire un mois dans certaines régions, depuis les années 1990 par rapport aux moyennes observées au milieu du 19ème siècle. "Un tel niveau de précocité n'avait jamais été observé depuis 500 ans".
L'effet de serre entraînera à brève échéance "des changements dans la qualité et la typicité du vin". Les sécheresses, qui vont se multiplier, ralentiront la croissance des plants si elles se produisent avant la maturation des grappes. Elles diminueront le stockage des sucres, si elles frappent pendant la maturation. L'apparition d'espèces d'insectes, limitées jusqu'à maintenant à l'Afrique du nord ou au pourtour méditerranéen, pourrait endommager les vignobles mais "la résistance des différents cépages reste un des paramètres inconnus".
Les auteurs du rapport se demandent "comment concilier les changements climatiques avec la notion de terroir" et d'AOC (Appellation d'origine contrôlée). Tiendra-t-on compte de la nouvelle donne climatique pour rédéfinir les conditions d'obtention de l'AOC, qui n'est refusée actuellement qu'à quelques millésimes, ou bien le label sera-t-il "délocalisé".
Le rapport cite l'exemple des Sauternes. Le goût spécifique de ces crus et son appellation sont liés à la présence sur les raisins d'un champignon qui se développe à la faveur d'un microclimat de la région bordelaise (brouillard humide, températures douces, faibles précipitations). Ce microclimat va être perturbé par le réchauffement qui risque de créer des conditions trop sèches pour le champignon.
Le réchauffement planétaire va faire "de la viticulture une activité plus risquée sur le plan économique" et le vigneron devra s'adapter aux nouvelles conditions d'exploitation. Il pourra s'inspirer des pratiques déjà en vigueur "dans des vignobles de conditions extrêmes" (Australie, Chili, Algérie notamment). Toute une panoplie d'outils sont à sa disposition. Il pourra par exemple augmenter la densité de plantation pour protéger les grappes du rayonnement, enraciner les pieds plus profondément, enherber les sols pour réduire l'évaporation de l'eau, gérer collectivement cette ressource devenue rare ou croiser les cépages qui sont au nombre de "presque 5.000 dans le monde".
ca me rappelle un article l'année derniere qui prevoyait que le sud de la France présenterait le climat actuel du sud de l'Espagne d'ici 50 ans
on va bientot regretter le prix des primeurs 2003