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CR:Du vin dans les voiles. escapade grecque. épisode 3 by Catherine et les garçons.

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Du vin dans les voiles.
Escapade grecque, épisode 3 by Catherine et les garçons

19 Novembre

J’avais bien proposé à mes camarades de venir en voilier ou en pédalo de Paris en Champigny, via la Seine et la Marne, pour rester dans le ton des iles et des côtes...mais y z’ont préféré les transport zurbains pour venir gouter à mes dernières acquisitions de vins grecs (achetés à l’excellente cave de Parikia ou de Naoussa sur l’ile de Paros, en Mai dernier, jusqu’à la non moins excellente cave de Mavromatis à Paris).

Au programme complétant les sessions précédentes...

Du vin dans les voiles 1
Du vin dans les voiles 2
Heureux qui comme Ulysse et les garçons, ont fait un beau voyage (4 vins grecs)

...beaucoup de nouvelles cuvées, comme certaines déjà goutées que je voulais faire découvrir aux copains, toutes autour des cépages locaux pour les blancs ; locaux et (ou) internationaux pour les rouges :

Tous les vins ont été regoutés ces derniers jours, avec des appréciations parfois différentes de celles de mes camarades (Catherine, Olivier, Philippe Barret, Philippe Modat, André, complétés par deux vieux amis de voyage et de vin : Eric et Jean-Jacques).

En outre de ce qui a été préparé at home, le diner a été constitué sur la base des excellents produits grecs que l’on peut se procurer dans les boutiques traiteur de Mavromatis.

5 blancs

1 Mantinia 2013. domaine Tselepos Péloponnèse. cépage moshofilero.
champignons au citron, différents tarama, houmous de pois cassé, gressins parfumés à l' huile d' olive et au vin blanc.


Au nez, un fruit superbe évoquant le raisin bien mur, comme égayé de notes florales (rose). “Un Muscat ! “ s’écrient en chœur les deux Philippe. Eh, non, en le regoutant, le vin pourrait certes y faire penser (la mirabelle complétant le raisin), mais on est sur du moshofilero qui donne des blancs secs, savoureux par leur franchise, leur fraicheur, leur coté vif et rond, surtout chez ce domaine souvent aux cartes des bons restaurants locaux, comme parfois à l’aéroport d’Athènes (en Mai dernier, dans la dernière boutique à gauche, juste avant le contrôle de police), voire à la Cave ou au restaurant de Mavromatis à Paris.
La bouche conserve ce coté gourmand, enjoué, dynamique ; son beau développement d’amers tendus, donne le ton à l’équilibre.

2 Dons de Dyonisos 2014. domaine Parparoussis. Péloponnèse. cépage sideritis.
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Cela fait des années que je cherche cette cuvée - encensée par O Poussier qui dans son fameux article sur les vins grecs dans la RVF, la considérait comme l’un des meilleurs blancs - que j’ai fini par dénicher dans la Cave de Mavromatis, où l’on peut se procurer nombre des meilleurs vins locaux.
Le nez est moins flatteur que le vin précédent en apparence, mais bien plus fin, bien plus subtil. Un peu comme une fleur dont le parfum se fait attendre, révélant une délicatesse touchante, porteuse d’une complexité qui vous met tous les sens en éveil ; une fine effluve citronnée, avec une couleur un peu exotique tirant vers l’ananas, l’ambiance un peu pâtissière, les herbes sauvages (anis, fenouil) tissent de la dentelle d’arômes sur fond de trame minérale très prégnante.
La bouche, en comparaison, étonne par son volume, sa chair presque large, comme tenue au collet par son fil acide, son fruit au gout de pierre dont notre langue libère amoureusement les amers salins. La persistance garde longtemps en bouche, cette alliance de puissance, de tension et de finesse émouvante. C’est réellement un très beau vin, à un tarif parisien raisonnable


3 Domaine Gerovassiliou 2014. Thessalonique. Macédoine. cépage malagousia.
petite salade de fenouil, olives vertes, tomates ; feuilleté au fromage (tyropitta), croustillant de petits calamars.

Au nez, du citron, d’autres agrumes, une impression de pêche juteuse, recouverts finement de multiples herbes aromatiques (menthe, thym) qui donnent de la fraicheur au paysage aromatique résolument aimable.
En bouche, la chair vive, finement tendue, presque acidulée, a un coté lumineux - je retrouve vraiment ces impressions de chair “en éclats” que bien des blancs grecs me procurent – une tension à la sapidité revigorante dont le coté salin citronné et ses amers qui lui donnent des formes, dégagent une énergie, un dynamisme dont je me régale vraiment. Quelques jours après ouverture, je ne ressens vraiment pas cette impression de sauvignon variétal, évoquée l’autre soir. Ce malagousia à l’acidité prononcée, équilibrée par de sacrés amers, exprime un beau fruit mur, sans déviance de pipi de chat, mais le vin si jeune encore se goute certainement mieux ce soir...

4 Domaine Kechris résiné Larmes du Pin.Thessalonique. Macédoine. cépage assyrtiko.
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Ah, ce vin a fait parler de lui, entre Catherine qui l’a adoré, Philippe M qui l’a détesté et Philippe B, transformé en arbitre, qui a mis ce résiné astucieusement en parallèle avec l’impression donnée par un Fino Jerez ou un Vin Jaune, auprès de gens qui n’en ont pas l’expérience ou le gout - toutes proportions gardées, évidemment, vu la spécificité de l’élevage d’un Fino ou d’un Château Chalon. Comme je l’ai évoqué dans un cr précédent sur le même vin, cette cuvée n’est à pas comparer avec les résinés cache misère infâmes, qui ne méritent pas le nom de vin. Rappelons que depuis 2006, le domaine Kechris s’est mis en tête de faire un résiné à base d’assyrtico, le cépage noble des blancs de Santorin, avec autant de contraintes de gestion du fruit et de vinification, que pour leurs autres cuvées. La pluie de médailles et de louanges qui ont suivies la sortie de vin, semble prouver que le résultat à la hauteur.
En le regoutant , j’aime son coté séveux et fin où le fruit blanc bien mûr, est mis en valeur par ces arômes de cèdre, de pin et d’herbes aromatiques (thym, menthe).
La bouche est superbe, certes typée par le voile résineux qui l’imbibe, mais sa chair gourmande retrouve cette tension, cette énergie, cette longueur des bons blancs d’assyrtico, avec une retro olfaction mentholée assez diabolique. Il y’a vraiment quelque chose de très vivant dans ce vin qui de surcroit est un parfait compagnon de table pour les mezzés et feuilletés style tyropita !


5 Domaine Hatzidakis Pyrgos 2004. Santorin. Cyclades. cépage assyrtiko.
taboulé à l’orientale aux tomates fraiches, poivron et menthe ; feuilles de vignes (dolmades) ; poulpe au cèleri branche, huile d’olive et vinaigre de Xérès.

Depuis que Michel Bettane m’a dit un jour que les dégustateurs pro faisaient le plus souvent peu de cas de la robe des vins, j’en parle rarement, mais il faut souligner ici la superbe couleur d’ambre et d’or qui ferait vraiment pencher ce vin du coté d’un très vieux liquoreux, voire d’un whisky.
Le nez a une personnalité folle ; son registre oxydatif maitrisé - proche d’un Vina Tondonia blanc, comme l’évoquait justement Philippe B - dégage une richesse d’arômes assez stupéfiante: la pomme, le champignon, les fleurs séchées, les fruits secs mêlés à tant d’autres effluves (argile, gingembre, whisky pure malt) sont comme portés, éclairés presque, par une acidité saline d’anthologie qui en souligne l’ampleur, en révèle chaque relief, avant de les fondre en un bouquet puissant, solaire et élégant, vraiment hors du commun.
En bouche, le volume, la puissance sont parfaitement maitrisés - domptés, pourrait-on dire - par le même fil acide. Ce dernier, tout en contenant l’énergie portée par l’alcool (14,7°) superbement fondu au fruit, en libère la fougue par un merveilleux jeu de saveurs salines que la langue lape et étire jusqu’à plus soif.
Dire que certains, parmi nous, ont failli insinuer que ce vin, de vignes plusieurs fois centenaires “franc de pied”, sans filtration, ni SO2, sentait le cidre, la pomme blette...Si un vin “nature” n’est pas dénaturé, c’est bien celui-là !! Assez d’accord, chers amis du Gunthard (on se voit au Grand Tasting ?) pour rapprocher ce Pyrgos 2004, de la cuvée Graviers de S Tissot.

5 rouges

6 Driopi classic 2013 domaine Tselepos. Nemea. Péloponnèse. agorgiotiko.
filet de rouget à la crème d' olive verte + épinards fondus dans l' huile d' olive + marjolaine.

De prime abord, après trois jours de frigo, le nez parait un peu sombre, comme si les arômes avaient du mal à s’extraire d’une gangue un peu compacte. En se réchauffant et s’aérant, le fruit se révèle, alliant joliment l’acidité de la fraise et de la groseille, à la rondeur de la mure, sur fond de torréfaction (café) et de fèves de cacao esquissant une impression de très léger poudré ; le tout complété d’un zeste d’orange donnant du relief à la composition assez avenante au final.
La bouche au grain finement tendu, est souple : un vrai coulis de fruits sur une assise d’amers assez prononcés, au gout de prunelle, qui répondaient bien aux saveurs de l’olive verte, du rouget et de l’épinard.


7 Dyos Elies 2010 domaine Kir-Yianni. I.G.P Imathia. Naoussa. syrah 60%, merlot 30%, xinomavro 10%
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Le nez caressant, profond, sensuel, pourrait ressembler à nombre de vins, bons mais un peu standard, que l’on trouve sur notre planète, sans pouvoir en identifier l’origine ; c’est du moins ce qui ressortait des propos évoqués l’autre soir. Mais en le regoutant seul pour lui même, de façon plus analytique, je le trouve vraiment bien fait, équilibré, tendu, joliment fruité ; son élevage adapté, son extraction mesurée vers un maximum de fraicheur, ne débordent pas de leur mission de mise en valeur. De plus, la touche singulière du xinomavro, fait que l’on est, ni en Argentine, ni dans le Languedoc, mais bien en Grèce où les vignerons aiment bien les métissages de cépages locaux et internationaux. Bref, ce nez engageant, me donne du plaisir et l’envie de le défendre !

La bouche fondue, tendue par une belle acidité, confortée de tannins fins, prolonge le plaidoyer : la chair équilibrée est vouée au service du fruit ; les fines saveurs de café, de pain grillé et le joli boisé, n’en sont que les ornements. C’est vraiment bon et si le gout international évolue vers de tels vins, c’est pour moi plutôt bon signe !

8 Naoussa 2011 domaine Karidas. Naoussa. xinomavro.
moussaka d’agneau, aubergines, courgettes, persil, menthe, cannelle, muscade, gratinée aux fromages grecs (graviera, kassiri)

Malheureusement bouchonné et c’est bien dommage, vu ce qu’en disait Jancis Robinson en Novembre 2014 : ”Complex sweet and spicy fruit on the nose. Fresh, a little spicy on the palate and just perfect for drinking now. Tangy finish”.

9 Grande Reserve 2007. domaine Tsantali. Rapsani Mt Olympe. Xinomavro, Krassato and Stavroto.
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Le nez a de l’ampleur, du volume, une jolie profondeur harmonieuse ; son fil acide, pilotant l’équilibre, révèle des arômes d’agrumes (l’orange, vraie passerelle entre certains cépages grecs et italiens), de fruits secs, de cuir noble, de vanille, de cannelle, bien valorisé par un boisé discret et élégant.
La bouche “souple et corsée” - c’est l’étiquette qui le dit, mais c’est tellement vrai – conserve cette fraicheur, cette tension qui met si bien ici, les cépages grecs en valeur, sans le caractère parfois asséchant d’autres belles cuvées grecques. L’élevage est totalement fondu, mais on sent bien qu’il participe à l’élaboration de ce vin haut en reliefs et en couleurs ; vraiment un des meilleurs rouges grecs que j’ai gouté dans la catégorie 100% cépages locaux.

10 Vin de Pays de Krania Olypos 2007 domaine Katsaros Thessalie Mt Olympe. cabernet sauvignon. merlot.
sélection de fromages grecs (excellents !!)

Le nez fin, complexe, épicé, a un coté flatteur, assez séduisant par son équilibre et l’harmonie qu’il dégage ; un vin que l’on sent à la fois maitrisé et assez libre dans sa veine orientale, expressive et sensuelle - vu les cépages de cette cuvée, versus Bordeaux, il me rappellerait Haut Marbuzet.
La bouche parait souple de prime abord, empreinte de toutes les qualités évoquées, mais le jus savoureux est rattrapé, comme empêtré en milieu de bouche, dans ses tannins vraiment trop asséchants qui plombent la finale (gros défaut de bien des rouges grecs, même s’il tend à diminuer au fil des ans). C’est dommage, car un peu plus tard, quand la persistance n’est plus qu’un nuage de saveurs, on se dit que ce vin superbe au demeurant – tant la délicieuse moussaka de Mavromatis estompait cet effet asséchant durant le diner – n’est pas loin de mériter le titre d’excellent Bordeaux à la façon grecque !
Je regouterai ce vin sur un millésime plus récent, avec plaisir.


2 vins de dessert

11 Vinsanto 2003. domaine Boutari. Santorin. Cyclades. assyrtiko 90 %, aïdina 10 %
salade de mandarines à la cannelle et à la fleur d' oranger, assortiment de pâtisseries grecques.

Nez plein, vif et frais par son fil acide, prégnant et profond par son alcool fondu au fruit concentré, complexe par sa gamme aromatique au caractère épicé et empyreumatique : raisins de Corinthe, figue, dattes, imbibés de vanille, de réglisse et de caramel, dessinent un joli grain au caractère passerillé jouant plus sur la délicatesse et la finesse – portée par une sacrée énergie au caractère aérien – que sur la puissance et la densité. Enfin, le boisé totalement intégré (36 mois d’élevage !) lui donne une certaine élégance.
La bouche portée par cette tension si typique de l’assyrtico, tempérant si bien le sucre et l’alcool, conserve ce visage aérien ; la fine acidité donne des traits à son visage, en dessine les contours, souligne chaque relief, fait décoller le vin...en le faisant atterrir, vertical, droit dans ses pompes, résolument gourmand au final, même quand il est un peu en demi-corps, comme ici.
Je n’ai pas souvent l’occasion de déguster des Vinsanto de Santorin, mais ce vin et son fil acide si marqué, m’ont fait pressentir ce qui en fait la singularité et justifie pleinement de le considérer comme faisant partie de l’élite des grands VND.

12 Nectar de Samos 2006 muscat à petits grains.
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Le nez généreux, merveilleusement fruité, semble prendre ses aises : large, entier et fin à la fois, d’une incroyable fraicheur ; un profil acide, également, mais sur un registre plus exotique quand sa robe de raisins secs et de melon confit, se pare d’agrumes, d’abricot, de litchee, de marmelade d’orange amère, d’épices douces (cannelle). Pour avoir dégusté le 2006, à plusieurs reprises, je trouve qu’au fil des ans, le nez gagne en délicatesse et subtilité, avec l’impression qu’il s’ouvre à des arômes floraux (rose) et d’herbes sauvages (verveine).
En bouche, je retrouve cette chair grasse, dense, puissante, intensément gouteuse - très sucrée, c’est vrai Raymond, mais avec une acidité, une fraicheur qui fond totalement le sucre et l’alcool au fruit – ce fruit flamboyant de saveurs à l’amertume un peu corsée - rééquilibrant justement par son pendant acide ce qui pourrait paraitre comme un excès de sucre – qui mérite vraiment le titre de Nectar. En écrivant ces mots, la bouche vide et encore si pleine, j’ai l’image d’une persistance à l’allure de ciel aux nuages galopant...

Merci de m’avoir lu.

C’est à vous les amis !!

Daniel
26 Nov 2015 19:35 #1

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J'ai le souvenir d'un Nectar de Samos dont je ne me souviens plus du millésime comme d'un des vins les plus impressionnants qu'il m'ait été donné de boire : les arômes irradiaient à plus d'un mètre du verre avec une intensité sur la réglisse incroyable. Un vin qui peut être exceptionnel.

Jérôme Pérez
26 Nov 2015 21:31 #2

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Ce Nectar de Samos au prix angélique, ne laisse pas indifférent.;)

C'est d'autant plus paradoxal que les muscats de Samos d'entrée de gamme, de la même coopérative , que l'on trouvait par palanquées en grande surface, à une certaine époque, n'avaient pas très bonne réputation en tant que vin d'apéritif un peu sucrailleux. Mais c'est peut être un préjugé qui date aujourd'hui, même si ceux que j'ai goutés - rarement, je l'avoue - chez des gens pas vraiment amateurs de vins, qui vous proposent un petit verre de muscat à l'apéro, venant d'une bouteille ouverte depuis Mathulasem, n'étaient pas bien fameux !

Il semble que d'autres régions en Grèce, produisent d'autres muscats renommés ; celui de l'A.O.C Rio Patras du domaine Parparoussis a une excellente réputation, tout comme celui de Céphalonie du domaine Sklavos, mais je ne les ai pas encore goutés.

Dans la série VDN grecs, on dit beaucoup de bien également du Mavrodaphne de Patras du même domaine Parparoussis. Pour les parisiens, je crois avoir vu ces vins à la cave de Mavromais. 49, rue Censier 75005. 01 45 35 64 95.

Daniel
27 Nov 2015 14:07 #3

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il n'est pas toujours simple de se retrouver ou de s'aventurer dans le monde des vins grecs. Je viens de découvrir un site tout à fait complet sur le sujet : WWW.GRECOMANIA.NET

Daniel
27 Nov 2015 14:14 #4

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