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Catherine et les garçons se font l’Est de l’Espagne + invités.

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Catherine et les garçons se font l’Est de l’Espagne + invités. 8 Février.

Peu de garçons au rdv, enfin je parle de ceux du groupe qui furent lestement remplacés par Jean Jacques, David, Marie Annick et Hélène et Rosa, les épouses de Philippe et d’Olivier. Cela faisait tellement longtemps que nous n’étions pas revenus en Espagne, que nos caves se sont remplies. A tel point que j’ai décidé de focaliser la dégustation, du moins sur les rouges, sur l’Est du pays er de réserver Rioja et Ribera del Duero pour la prochaine soirée.

Les blancs

CR: 1 Bodega del Palacio de Fefifanes. Albarino de Fefifanes 2015. Rias Baixas.

plateau de fruits de mer

Le nez vif et rond déroule une trame citronnée colorée de parfums de fenouil, prolongée d'une touche végétale évoquant l’artichaut. La bouche tendue, lumineuse, tout en « éclats » un peu métalliques, présente un joli jeu de saveurs où l’acide et l’amer se répondent, comme s’ils entraient en transparence sur fond de fil salin. La finale gourmande se clôt sur une persistance colorée d’une légère touche de mangue. Un vin singulier dont le caractère s’adapte idéalement au gout de l’huitre.

CR: 2 Vinyes Domenech. Rita 2016. Montsant

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Le caractère oxydatif du nez brouille un peu les cartes, une masse d’arômes un peu indistincts d’où émerge un parfum de banane bordé d’un fil citronné, puis l’ananas.
La bouche est plus posée : vraiment un beau jus profond tendu sur son renfort d’amers pleins. C’est bon, mais ce caractère oxydatif entraine une impression de manque de précision, de définition. Tout du moins en dégustation pure, car il faut reconnaitre que les bigorneaux, crevettes et langoustine lui font la fête.

CR: 3 Ossian 2011. Vino de la Tierra de Castilla.

rizotto au safran, parmesan, gambas et fruits de mer.

Le nez large, clair, franc, ouvert sur ses arômes fins, évoque le zeste de pamplemousse, le zan, vite rejoints par une impression de caramel fruité.
La bouche est savoureuse : le toucher fin, l’équilibre, la juste tension qui fait rouler gentiment la texture sous la langue. J’apporterais juste un petit bémol sur le coté un peu démonstratif de l’élevage, pourtant superbement intégré au fruit, mais dont le coté caramélisé, si fin et précis soit il, est légèrement too much pour moi. J’ai dégusté avec grand plaisir cette cuvée à plusieurs reprises sur d’autres millésimes, mais c’est la première fois, que je ressens cela.

CR: 4 Rafael Palacios. As Sortes 2014. Valdeorras.
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Le nez un peu solaire, très aromatique, m’évoque un buisson d’herbes sauvages odorantes, colorées de citrus et d’orange amère. Son coté totalement déposé, tout en restant tendu, dégage une impression d’équilibre, de finesse et d’évidence que j’adore.
La bouche salivante, saline à souhait prolonge cette impression : c’est fin, équilibré, superbe et résonne toujours de cette évidence que l’on ressent face à un paysage harmonieux où tout est à sa juste place, un régal. Là, sur ces deux bouteilles goutées en parallèle, s’il fallait comparer l’impossible comparaison entre le verdejo d’Ossian et le godello d’As Sortes, ce dernier l’emporterait par ko.

Les rouges

CR: 5 Domaine Mustiguillo. cuvee Quincha Corral 2013. Vino de Pago El Terrerazo. Valence.
assiette de charcuterie ibérique, poivrons rouges marinés.

Le nez ample, profond dégage un fruit généreux qui déploie une large palette empyreumatique (pain grillé, chocolat, un coté un peu fumé), un chouia de balsamique (santal) et ce qu’il faut de vanille et de boisé pour satisfaire aux canons d’une évidente ambition. Mais l’équilibre, une tension assez fine et un certain plaisir sont au rendez vous.
La bouche confirme l’ambition de transcender le bobal, cépage à la réputation rustique (bien que de mon coté, j’ai gouté d’autres cuvées de bobal, beaucoup moins ambitieuses, à la « rusticité » savoureuse). Le toucher est fin, le coté rêche des tannins est civilisé, c’est bien rond ; il faut reconnaitre que c’est bon, mais çà manque un peu d’âme à mon goût. Je suis partagé et pas sûr que le fruit récolté soit à l’encan d’une telle ambition. Le gras voluptueux, si gouteux du jambon ibérique fit moins les difficiles le soir de la dégust’.

CR: 6 Artadi. El Seque 2013 Alicante.
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Le nez a un caractère élégant, délicieux par sa fine alliance de fruits noirs, d’épices, de poivre et de cuir fin. Une palette noble m’évoquant un tableau de maitre aromatique auquel l’élevage apporte une touche discrète qui couronne l’ensemble.
La bouche coulante, équilibrée, fine à souhait, s’exprime en un jeu de saveurs réjouissantes, si variées dans leurs touches complexes et subtiles que l’on ne ressent plus le besoin de les identifier, de les nommer – et se faisant s’en détacher – juste la joie de s’immerger dans leur évidence qui met si bien en valeur le Monastrell (le mourvèdre).
Je l’ai déjà évoqué, que ce soit en Rioja, en Navarre ou à Alicante comme ici, toutes les cuvées du Domaine Artadi me touchent vraiment.

CR: 7 Celler de l'Encastell. Roquers de Porrera 2005. Priorat.
daube de gigot d’agneau à la provençale.

Le nez ouvert, très avenant, dégageant une impression de fraicheur et d’équilibre, déploie une large palette de fruits rouges pénétrés d’arômes d’olive noire et de tabac.
En bouche, la matière pulpeuse allongeant son lit d’amers tendus, au parfum de tabac intimement mêlé au fruit, confirme vraiment une jolie structure. Un beau vin vraiment.

CR: 8 Clos Mogador 2012. Priorat.

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Profondeur est le premier mot qui éclot du nez. Rejoint rapidement par ceux de finesse et d’équilibre. Une mise en valeur élégante et subtile du fruit, de l’olive noire, des épices, de la réglisse, si bien ordonnés que l’émotion ressentie mange tous les mots qui prétendraient en rendre compte.
La bouche est au diapason, jeune encore avec ses tanins en voie d’apaisement et le fond du grain pas totalement libéré (je chipote) mais Dieu que c’est bon, à la fois juteux, concentré, ample et si fin. Avec le pressentiment presque actualisé, qu’arrivés à leur plateau de maturité, le vin et l’émotion qu’il dégage, ne feront plus qu’un. Incroyable qu’avec ses 15,5° le vin conserve une telle fraicheur !

CR: 9 Alvaro Palacios Finca Dofi 1998. Priorat.

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L’autre soir, on a tous eu un petit doute sur une très légère touche de bouchon, pas bien grave, mais qui ne faisait pas gouter le vin à la hauteur de sa réputation. J’avoue qu’en le regoutant, toutes papilles et écoutilles ouvertes, dans un premier temps, je n’ai pas senti la moindre trace de bouchon. Le nez est profond, dense, un joli fruit indéniablement plus marqué par son boisé que les vins précédents, mais l’ensemble est intégré, bien équilibré.

En bouche, j’ai remplacé l’hypothèse du bouchon par celle d’une extraction un peu trop prononcée, où sur la finale, l’acide et l’amer rentrent plus en antagonisme (je force le trait) qu’en harmonie. Un peu comme si, poétiquement, le vin n’arrivait pas à se délier, à rentrer en transparence de lui-même, dans le fonds à se poser tout en s’élevant, paradoxe merveilleux du juste équilibre. Mais en le regoutant à nouveau le lendemain, je confirme qu’il est très légèrement bouchonné et peut être également un peu sur extrait, ce qui à l’époque était l’expression d’une approche destinée à séduire qui l’on sait. Enfin bref, sur cette bouteille, le petit frère de l’Ermita n’était pas au mieux de sa forme.

CR: 10 Bodegas Gutierrez de la Vega. Moscatel Casta Diva Cosecha Miel 2009. Marina Alta. Alicante.

stilton, roquefort, cheddar. nougat glacé.

Le vin porte bien son nom : le nez profond exhale le miel gorgé de fruit frais (orange, melon) et d’une fragrance de rose, complétées par des touches fines d’abricot sec, d’épices douces et de citronnelle.
La bouche confirme la même impression de fraicheur : un gras profond, dense, savoureux, auxquels la fine tension et son équilibre lumineux donnent des ailes. C’est vraiment très bon et quelques années de garde lui donnent une réelle élégance.

CR: 11 Lustau VORS Amontillado 30 years. Jerez
dégustation de chocolats.

Le nez est envoutant, incroyablement complexe, peu comparable avec les Fino à tapas que j’ai pu gouter jusqu’alors. L’amande et la noisette ont ici valeur d’essence, chaque inspir nous conduit au fond de leur grain singulier érigé en absolu. Mais la trame acide, dont on sent même au nez qu’elle structure le paysage, délivre également un flot de parfums évoquant les agrumes, le santal, une touche plus végétale (céleri), le bois noble, une galaxie de fruits secs : un véritable kaléidoscope odorant dont on ne voit pas la fin.

La bouche est…déconcertante. Dés le premier toucher, la salinité plus qu’extrême et les amers prononcés qu’elle entraine, comme tendus à bloc, font basculer le vin sur une planète où tous les amis présents n’ont aucune référence. Ouf, la persistance suivant l’étrange gorgée avalée nous fait reprendre pied et retrouver l’impression complexe, incroyable du nez. Le long flot de saveurs gorgées de parfums, issues de l’improbable alliance du sel et de l’amer, s’allonge tant et plus et confirme qu’en matière de grand Fino Amontillado (longuement vieilli), on est vraiment des bleus ! Le gout de fruit mutant (noisette + amande + noix) tapissant sans fin la bouche, est carrément diabolique !!
Comme si le shoot de la bouche, multiplié par la force de l’alcool, qui ne procure guère de plaisir gustatif, n’était qu’un prélude à la véritable dégustation qui s' accomplit au final sur la persistance.

CR: 12 Bodegas Toro Albala. Don PX 1971 Gran Reserva. Montilla Moriles.

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Mes impressions sont si proches, pour ne pas dire identiques, du CR rédigé en 2013 sur un PX 1985, que je les reproduis. Ce qui est dingue, c’est le cote inoxydable de ce vin qui semble échapper au temps : 15 ans, 20 ans de plus, toujours la même impression de jeunesse ! Je serais curieux de gouter plusieurs millésimes en parallèle, dont je me demande s’ils ne se reproduisent pas chaque année, un peu comme des clones. Mais peut être qu’il y’a autour du PX, à l'instar de l' l’Amontillado de 30 ans d'âge, une culture et une subtilité qui nous échappent. Positivons cela en disant que ce soir là, le PX sur la sélection de chocolats de Jean Paul Hevin, était carrément divin.

Le nez vous emplit les narines d'une épaisseur aromatique presque onctueuse, mais avec une telle vivacité qu'elle en devient tonique, presque alerte, comme empreinte de la finesse d'une mantille en dentelle de Cadiz. Une merveilleuse tension qui creuse comme un tunnel d’arômes où l’ alcool (17°) bien intégré au fruit, donne un coup de fouet et une intense fraicheur aux parfums de mélasse, de pruneau réhydraté dans du thé, de banane séchée, de datte, de réglisse, de caramel, de cannelle et de réglisse, s’ordonnant en un bouquet complexe, assez unique en son genre, qui semble tirer sa profondeur du plus profond de son grain.
La même tension et puissance alcoolique insolemment fruitée font swinguer la bouche. L’épaisseur de son gras onctueux, savoureux, pénétré de fraicheur et d’énergie, s’ouvre à nouveau sur des profondeurs insondables et font reculer loin, très loin, l’instant où ce vin vraiment hors du commun, s’éteint dans un dernier écho.

Merci de m’avoir lu. A vous les amis.

Daniel
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24 Fév 2020 22:46 #1

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2ème dégustation de Catherine et les garçons pour moi et une belle découverte. Merci Daniel de l'avoir organisée. Je dois dire que je ne connaissais pas les vins espagnols et j'ai été bluffé par la diversité et la complexité des vins présentés même si certains étaient difficiles d'accès. L’intérêt d'un vin n'étant pas seulement sa seule expression mais aussi l'accord qu'il permet avec ce qu'il accompagne ou avec ce qui l'accompagne.
Le Montant Vinyes Domenech Rita 2016 par exemple trouvait entièrement sa place avec les fruits de mer sauf l'huître même si, tout seul, il paraissait moins intéressant que le Rias Baixas Bodega del Palacio de Fefifanes 2015 qui lui, se mariait parfaitement avec les huîtres.
De même, je préférais le Valdeorras As Sortes 2014 Rafael Palacios au Vino de la Tierra de Castilla Ossian 2011 tout seul mais ait pourtant préféré ce dernier sur le risotto.
J'ai par contre été tout de suite gêné par le côté bouchonné de l'Alvaro Palacios Finca Dofi 1998, Priorat et n'ai jamais pu évacuer cette gêne.
Le vin qui a le plus fait discuter et sur lequel les opinions divergeaient vraiment a sans conteste été le Jerez Lustau VORS Amontillado 30 years, un vin vraiment étrange avec une salinité si forte qu'elle pouvait donner l'impression d'avoir une (très bonne) eau de mer en bouche. Typique pour certains avec un défaut pour d'autres.
En bref encore une belle soirée, merci encore.
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02 Mar 2020 11:39 #2

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Eh oui, les "garçons", on le savait depuis longtemps, mais même Catherina chi chi, tous coiffés au poteau par David qui a intégré qu'écrire quelques commentaires, n'était quand même pas l'amer à boire. ;)

Daniel
03 Mar 2020 17:48 #3

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J'ai un peu mal à comprendre comment vous pouvez situer Jerez dans l'est de l'Espagne. J'ai bricolé une carte pour montrer où ça se situe :


Eric
Mon blog
03 Mar 2020 21:01 #4
Pièces jointes :

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Heu Eric, c'est bien marqué + invités dont, parmi d'autres, le Lustau. L'Est, c'est pour le Priorat, Montsant, Valence et Alicante, non mais ! :cheer:
07 Mar 2020 21:07 #5

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