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Catherine et les garçons et les vins portugais dont un Porto Wiese & Krohn Colheita 1834.

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Catherine et les garçons et les vins portugais dont un Porto Wiese & Krohn Colheita 1834.

Je l’avoue sincèrement, vu la difficulté, déjà de nous réunir, et vu ce que nous avons en cave, je n’y croyais pas beaucoup à cette dégustation Portugal, au point de dire à Olivier qui insistait tant depuis tant d’années, “bon ok, on le fait comme d’hab’ à la maison, mais tu l’organises au niveau des apports et accord qui vont avec”. Est-ce le fait de Rosa, son épouse portugaise ou du voyage dégustation sur place en compagnie de B Burtshy ou surtout de sa cave bien fournie en vins portugais, la date a enfin pu être programmée, malgré quelques défections tardives qui permirent à Serge, le frère de Rosa de participer aux agapes qui, pour la plupart d’entre nous, auront été une initiation formidable, vraiment jubilatoire et émouvante. :miam:


les blancs

1 Quinta da Palmirinha – Fernando Paiva / Vinibio. Mica. Vinho Verde 2013.
assortiment de tapas portugais

Mon préjugé hâtif sur le peu de vinho verde goutés, à tendance pétillante, souvent pas mûrs, voire acerbes, a fondu comme neige au sommeil devant ce joli vin déniché à la FAV de Monoprix, il y’a quelques temps.
Nez d’intensité moyenne comme pénétré d’une fine acidité : citron (zeste) en préambule, vite rejoint par une touche de pomme verte, sur fond d’empreinte aromatique évoquant la cire un peu miellée.

La bouche précise le grain dessiné autant par l’acidité et la rondeur que par la salinité, sans que l’une l’emporte sur l’autre. La langue en titille d’aise avant que ce coté salin prononcé, si sapide, ne se glisse dans les amers tapissant le palais. Un beau prototype de vinho verde selon Philippe Barret qui en souligne le peu d’alcool (10°) favorisant une buvabilité réjouissante.

2 Quinta do Romeu. Reserva 2014. Douro blanc.

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Le nez parait plus structuré, plus complexe : un éventail déplié de fleurs et d’agrumes qui décline à nouveau sur un autre mode (autres cépages, équilibre différent) cette belle alliance d’acidité et de rondeur, voire de salinité, marqueurs communs des blancs goutés.

La bouche plus large, prend l’apparence d’une vague pleine de sa belle amertume maitrisée que la finale transforme en houle saline ; un mouvement dynamique et gouteux, à l’empreinte boisée élégante, toute en expansion tenue et profondeur. Nous sommes tous à nous demander en quoi l’influence des 3°supplémentaires (13°) joue t’elle sur notre perception. C’est très bon, peut-être un plus sérieux que le vinho verde plus léger et simple en apparence, mais à la salinité si régalante, que toute hiérarchie et comparaison s’effacent.

Très bel accord avec les tapas de Serge (poulpe mariné , beignets de morue et jambon portugais qui n’a rien à envier au jabugo espagnol.

3 Quinta do Pesseigueiro. Aluzé blanc 2017. Douro.
tarama au yuzu.

Ce domaine découvert pour ma part au dernier Grand Tasting, visité sur place par Olivier lors de son voyage dégustation avec Bernard Burtschy, organisé par Grains Nobles, a eu la générosité, alors que je sortais un billet de ma poche, de nous offrir cette bouteille en perspective de notre dégustation. (tu)
Le nez harmonieux, assez délicat, finement tendu, respire la poire mure, de jolies notes de fleur d’oranger, sur fond d’empreinte un peu miellée.
En bouche, on retrouve presque l’équilibre du vin précédent, mais les amers moins maitrisés débordent vraiment trop, si gouteux et fruités soient ils. Une impression jouant surtout dés le vin avalé ; la persistance miellée s’en retrouve alourdie, avec une impression un peu chaude soulignant vraiment trop les 14° indiqués sur l’étiquette.


4 Muxagat Vinhos – cuvée Os Xistos Altos. Rabigato 2013 (100% rabigato)
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Le nez est...dynamique, l’antagonisme acidité rondeur s’exerce à plein régime, ce qui signifie ici superbement maitrisé. Le mouvement odorant - de l’agrume déclinant le citrus mêlé à une fine amertume végétale et l’impression de respirer du caillou – devient inspir poétique, finement incarné, nimbé de fraicheur.
La bouche puissante, musclée, à la mâche gourmande, révèle derrière sa tension et la fraicheur qui en découle, une harmonie souveraine rehaussée d’écume saline.
Le tarama au yuzu, posé sur son blini, en raffole.

les rouges

5 Casa Ferreirinha. Quinta da Leida 2011. Douro
rojoes, sauté de porc en sauce.

Le nez dégage un fruit dense, profond, vraiment prenant : fruits noirs et fruits rouges mêlés, chocolat Mt Chéri, senteurs de tabac et de sous-bois. La générosité et la pureté des arômes, l’élégance de l’élevage voué à leur service, l’équilibre tout en finesse et juste tension, revêtent un caractère singulier harmonieux, hors de nos références habituelles, un voyage en vin inconnu.

En bouche, le grain de saveur concentré, très légèrement marqué de son empreinte tannique qui se finit par se fondre aux amers tendus, dégage un parfum qui vous charme autant qu’il suscite une mâche gourmande et sensuelle. Une jolie première mise en valeur des parfums et gouts singuliers des rouges qui ont enchanté cette soirée !

6 Casa agricola Cortes de Cima – Incognito 2005 – 100% syrah. Alentejo.
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Nez parfumé à la cerise et à la framboise dont le coté poivré et sa note de violette nous ramènent en territoire connu en terme de cépage. Finesse, pureté du fruit et fraicheur se dégagent de sa rondeur avenante.
La bouche coulante, toujours fine à souhait, développe un joli volume qui parfume tout le palais de son jus dessiné au crayon d’harmonie. Un vin superbe, peut être moins singulier en terme de gout (évoquant plus le midi du Rhône que son septentrion) mais dont les tannins totalement fondus mais bien présents, le boisé imperceptible tant il est bien intégré, la finesse de grain, donnent une impression d’unité. L’étonnante fraicheur qui s’en dégage procure un sentiment d’accueil.

Accord vraiment tip top sur les deux vins avec ce plat traditionnel si gouteux, bien relevé.

7 Niepoort. Redoma 2014. Douro.
salmis de pintade aux fruits rouges.

Au nez, un subtil mélange de fruits rouges agrémentés d’une note de prune, sur fond d’empreinte végétale poussant sur le caillou, composent un grain singulier superbe. Bien plus sur la finesse voire la délicatesse que sur la puissance et la densité. De ces nez qui respirent, économes en effets de narine, on ne dit jamais à quel point, à leur niveau, ils sont digestes.
L’équilibre de la bouche joue pareillement sur la finesse n’excluant pas la complexité, le déploiement d’un volume superbe au caractère aérien, libérant un gout un peu sauvage qui fait fleurir l’émotion. Son coté végétal mûr, si gouteux, rappelle le ciste corse ou dans un autre registre, les Pineau d’Aunis d’Eric Nicolas. Mais nous sommes au Portugal et on se demande alors pourquoi on était passé jusqu’alors à coté de tels océans de fraicheur et de finesse en bouteille.

8 Niepoort. Redoma 2010. Douro.
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“Ces vins ne font vraiment pas sudistes”, nous exclamons nous presque tous en chœur, face à l’impression de finesse et de fraicheur que ce nez renouvèle. Curieux paradoxe de ressentir un tel équilibre lié à cette acidité rafraichissante quand les arômes de fruits frais mêlés à une touche de rafle et de terre mouillée se colorent de senteurs du maquis méditerranéen, portées, contre toute attente, par les vents de l’Atlantique.

La bouche dégage “une hyper élégance” ai-je noté. Son coulant fin s’approfondit autant qu’il s’élargit, jamais entravé par ses tannins auxquels l’acidité donne le sourire. Toujours cette impression aérienne, si bien posée, de volume parfumé qui s’élevant autant qu’il s’étend sur la longue finale, dégage une impression d’étonnante présence accompagnée d’une buvabilité idéale. Mais n’est-ce pas le dénominateur commun de tous les très bons vins ?

S’il fallait condenser la dégustation de ces quatre rouges en quelques mots, je dirais : fins, élégants, vraiment singuliers, merveilleusement digestes.

9 Madeire Sercial Frasqueira 1988. Barbeito.
parmesan, manchego

Bah, il est où le Madère, me demandais-je inquiet, alors que deux heures plus tôt Olivier était arrivé les bras chargés de bouteilles qu’il me fallait, qui déboucher, qui rafraichir, qui carafer...”M...je l’ai oublié dans ma cave” s’écria t’il, allez on le réserve pour une autre fois...

9 Fonseca. Porto vintage 2011.
stilton, roquefort

Nez au fruit profond, très pur, d’une précision diamantine donnant l’impression que plus il se laisse pénétrer, plus il s’élargit. Du fruit noir charnu, de la cerise noire gorgée de jus, du bois noble, de la réglisse, dense, fin, magnifique de pureté.
La bouche puissante, concentrée, précise, semble condenser en seul point cette impression d’opulence maitrisée. L’alcool, le sucre, les tannins lisses à souhait, tous fondus au fruit merveilleux, dégagent une pureté insigne que la persistance déroule et approfondit tant et plus. Une étonnante impression de volume intense, dynamique, tenu fermement, que la finesse de saveurs rend presque transparent, aérien, si gouteux qu’il se fond à l’émotion qu’il délivre.
Comme j’aurais aimé gouté en parallèle, ce Fonseca et le Dalva au fruité pur éclatant, ouvert par mégarde, il y’a un mois, tous deux issus de la vendange exceptionnelle de 2011.

10 Da Silva vinhos. Dalva golden white Porto. 1963.
tarte aux noix by Mme Barret.

Au nez, un arôme de miel exquis comme gorgé de douces senteurs de confiture de figues, une touche évoquant le coing, une autre la réglisse, le tout finement drapé d’amande grillée, un peu caramélisée. Son profil acide, habillé d’un fin boisé élégant, le halo de fraicheur qu’il dégage, ouvre les narines en pavillon.

La bouche confirme que l’équilibre ne tend pas, ou moins, vers la pureté absolue de fruit du vintage. Ici, on laisse le temps au fut de chêne, d’imprégner totalement la texture au point de ne plus savoir qui du bois, du fruit ou du mutage légèrement plus sensible à mon gout (au point d’un poil de chaleur apparente sur la persistance) acquiert ce cachet savoureux que l’acidité prégnante et fondue, dégageant de beaux parfums d’eau de vie mêlée au fruit, préserve vraiment au final. 1963...55 ans ! Quelle jeunesse, quelle fraicheur gourmande !!

11 Quinta do Noval. Nacional Porto vintage 2001.
dégustation de chocolats.

Le nez ample, majestueux, dont le tout premier inspir laisse entrevoir la profondeur, l’équilibre, la juste tension, la jeunesse, s’ouvre comme une grande aile brassant des arômes de mûre, de violette, comme caressés par la réglisse. On retrouve la pureté de fruit du vintage acquérant ici, au fil des ans, une dimension de noblesse, d’élégance, de plénitude.

La bouche aussi puissante et concentrée que fine et délicate, développe un jeu de saveurs exaltant. La persistance témoigne longtemps, longtemps de son harmonie souveraine, de ce volume parfumé de sa propre évidence qui ramène au silence bien avant qu’il n’en reste plus rien. Dans de tels moments, ce n’est plus du vin que l’on boit, c’est un peu de soi même révélé, comme par effet de miroir, par ce que le vin exprime.

12 Wiese & Krohn. Colheita 1834. Porto.


Le nez incroyable de jeunesse, de puissance (à l’aune de son âge), caressé par un soupçon de volatile, se dresse comme un mur fruité acide, à clair voie, nimbé de fraicheur. S’amoncèlent et s’entremêlent de façon ordonnée : fruits secs (raisins de Corinthe, figues, abricots), notes d’amandes amères équilibrant le fil acide prononcé, une touche boisée évoquant le meuble ciré, le tout comme recouvert d’une fine empreinte fumée, caramélisée. On s’y plonge avec délice et émotion en laissant venir les images et évènements dont son architecture ciselée, paraissant à peine érodée ici, a été le témoin. Comme un livre d’histoire où se seraient glissé au fil des pages odorantes, tous les gens qui l’ont humé, gouté, apprécié il y’a 10 ans, 100 ans, 150 ans ou comme nous très exactement 184 ans aujourd’hui. Pans de temps abolis qu’une même émotion ressuscite et célèbre à chaque page retournée dont le temps verticalisé (il n’y’a de passé qu’au présent) serait la reliure.

La bouche semble jouer de ce pressentiment d’éternité atterrie à ras de palais : la texture au gras fruité, étonnant de concentration et de jeunesse pour un vin presque bi séculaire, est comme éclairée plein feu (à l’aune de son âge...) par le shoot amical de l’alcool muté, couplé à cette merveilleuse acidité scintillante. Quand il n’en reste plus rien qu’un souffle parfumé sur la persistance, tous deux revêtent une allure délicate, d’une folle poésie à jamais intemporelle.

Merci Olivier pour ce beau cadeau qui a fait presque verser une larme (intérieure) à Ph Barret et aux amis autour de la table. Merci aussi d’avoir tant insisté à consacrer enfin une soirée au Portugal qui recèle de sacrées pépites et fabuleux nectars sortis généreusement de ta cave dont j’ai réalisé après coup, moi qui suis presque néophyte en Porto and co, que tu avais sorti quelques bouteilles d’anthologie. (tu)

Allez, pour rester dans l’exotisme et faire un coup d’œil à Catherine et Rosa, connaissez-vous les lavandières, lavandières du Portugal ? Hé, c’est le premier grand succès de mon papa, j’avais 6 ans, dont Astrud Gilberto a fait, il y'a déjà longtemps, une jolie version jazzy .

Bonnes fêtes à tous.

Daniel
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22 Déc 2018 18:45 #1

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezVougeotjean-luc javauxCédric42120starbuck