Voici un
sur ma visite, le 27.12.3004, en compagnie d'un camarade oenophile, au domaine du Dr Heger, à Ihringen, dans le Kaiserstuhl, Pays de Bade, Allemagne. Le Kaiserstuhl est un ancien volcan, situé entre Freiburg et Rhin.
Ce domaine, le Weingut Dr Heger, 17ha de vignes en propre exploitation, a également une activité de négociant, sous le nom Weinhaus Joachim Heger. Très bien classé dans les guides consacrés aux vignobles d'Outre-Rhin, il est surtout connu comme un spécialiste du pinot noir, Spà¤tburgunder et de l'élevage des vins en barriques. Les autres cépages importants sur le domaine sont le riesling, le pinot gris, le pinot blanc et le silvaner. Plus accessoirement, on y cultive également le muscat, le chardonnay, le gewà¼rztraminer, ainsi que l'auxerrois.
Les vins du domaine proviennent de trois vignobles distincts :
Ihringer Winklerberg
Freiburger Schlossberg
Achkarrer Schlossberg
Impossible de déguster la gamme complète du domaine qui comprend une cinquantaine d'étiquettes différentes sur cinq ou six millésimes, sans même parler des vins issus de l'activité de négoce. L'accueil dans la boutique au centre du village d'Ihringen est efficace, mais relativement impersonnel.
La liste des vins qui nous est remise d'emblée comporte l'indication selon laquelle tous les vins sont totalement fermentés (durchgegoren), seules les exceptions faisant l'objet d'une mention. Malheureusement, force est rapidement de constater qu'une grosse minorité des vins comportent des mentions comme mild (demi-sec) et sà¼ss (doux).
La dégustation a plutôt bien commencé avec deux silvaners. le 2002 Kabinett est bien dans ligne du cépage, frais, épanoui, typé, équilibré et désaltérant, bonne longueur; un très bon vin de soif bien fait, au bon rapport qualité-prix 8 Euros.
Le Silvaner Spà¤tlese 2003 est lui carrément somptueux, typé, racé, puissant, complexe, nuances fruitées évoquant la poire et la banane, d'une très belle minéralité; gras, vineux, parfaitement équilibré, d'une densité, d'une ampleur et d'une longueur peu commune sur ce cépage. Certainement du potentiel pour vieillir. Coup de coeur, excellent rapport qualité-prix, 13 euros.
La suite du programme a été moins enthousiasmante. Nous avons dégusté deux rieslings sptà¤lese 2002 et 2003, frais, typés du cépage, de bonne densité, mais marqués par des sucres résiduels trop appuyés, à l'évidence voulus par le vinificateur, qui rendent les accords de table particulièrement difficiles....
Dans le même registre, un muscat Kabinett 2002 n'a malheureusement pas emporté une franche conviction, bien parfumé, assez subtil, de bonne densité, mais là également malgré par des sucres résiduels importants et rédhibitoires...
Le vin suivant était un assemblage blanc en barrique, cuvée Mimus 2002, composée de pinot blanc, gris et chardonnay. Le nez est très parfumé, puissant, presque exotique, fruité, épicé, avec un boisé appuyé, mais assez fin. En bouche, rondeur, gras, belle concentration, bonne longueur, le tout est néanmoins un peu lourd, un rien alcooleux, manque d'équilibre et rappelle plus l'Australie ou l'Afrique du sud que l'Europe centrale... Rapport qualité-prix correct, 20 euros.
Un Gewà¼rztraminer Auslese 1999, doux, nous a fortement déçus, couleur très évoluée, nez marquée par une atroce odeur de champignon, en bouche un vin manifestement très fatigué et presque écoeurant, pour 22 euros, inacceptable.
Nous avons abordé ensuite les rouges, deux pinots noirs, en barrique; le premier Mimus, 2002, belle couleur rubis intense, nez assez puissant, fin et typé, fruité marqué par un joli boisé, la bouche se caractérise par une densité moyenne et un bon équilibre, des tanins moyens et encore un peu accrocheurs, longueur correct, rapport qualité-prix satisfaisant, 20 Euros. Le second de 2001 nous a paru plus intéressant, couleur rubis tirant sur le grenat foncé, nez puissant, dense, complexe, avec un boisé mieux intégré; la bouche est de fort belle densité, savoureux équilibre, des tanins de bonne densité et bien fondus, très belle longueur; une belle bouteille qui nous rapproche d'un très bon bourgogne, pour le prix également 30 euros quand même, qui peut toutefois se justifier.
Pour finir, nous avons fait un petit saut en arrière, histoire de se refaire la bouche avant de partir, et là , une fort belle surprise nous attendait; cet auxerrois, Freiburger Schlossberg, Kabinett, 2002, nous carrément emballé; nez fin et pénétrant, primesautier, frais, fruité et minéral, en bouche un joli gras, bien aiguillonné par une fine acidité, bonne concentration et longueur notable. Un excellent rapport qualité-prix pour 10 euros.
En résumé, un domaine qui nous a tout de même quelque peu déçu, en regard de son excellente réputation. Les pinots noirs, le silvaner et l'auxerrois régate toutefois à un très bon niveau. Nous n'avons malheureusement pas eu le temps de goûter les pinots gris, grande spécialité du Kaiserstuhl.
RV
www.gaultmillau.de/w...
www.heger-weine.de/