La cave Orsat (coopérative valaisanne) vient de rappeler à  ses fournisseurs qu'elle n'acheterait plus dès cette année les vendanges issues des cépages Muscat et Riesling (sauf quelques exceptions dites "commerciales").

Raison invoquée : le peu d'intérêt marqué par le consommateur pour ces vins.

Que pensez-vous de cette nouvelle ?

Pour moi, je me rappelle simplement qu'il y a une quinzaine d'année, le muscat était devenu soudainement un vin d'apéritif très à  la mode; quinze ans après, c'est un vin que plus personne ne veut (semble-t-il).

Et pourtant, ceux qui ont eu la chance de déguster le Muscat 2001 de Jérôme Giroud savent ce que l'on peut faire avec une maîtrise parfaite de la récolte.

Vos commentaires svp !

Pascal A.

Une excellente décision à  mon avis!

On reproche tellement souvent à  la viticulture valaisanne de ne pas être à  l'écoute du consommateur ("On a toujours produit du fendant, les gens n'ont qu'à  boire du fendant!...). Qu'Orsat ne veuille plus acheter de raisin que la clientèle n'apprécie de toute façon pas signifie que le groupe est à  l'écoute du consommateur et adapte son offre en conséquence (certains pourront y voir la patte de Rouvinez?).

Quant aux raisons qui poussent le consommateur à  négliger ces cépages, difficile à  dire. Peut-être des raisons historiques. Le chasselas a toujours dominé et les Romands ne sont pas prêts à  faire le pas. Habitant le canton de ZH, je verrais difficilement les Allemands et Suisses allemands abandonner tout d'un coup la monoculture du riesling (sous toutes ses variantes) pour se lancer corps et âme dans le chasselas...

Bonne journée,
Sam

Pascal,

j'ai également lu l'article dont tu fais mention. Et, de penser au magnifique Muscat 01 de Jérôme Giroud en effet. Mais combien de producteurs valaisans seraient capables pour ce cépage, comme pour d'autres, à  suivre la voie du travail dans les vignes, des rendements, de la sélection des baies de ce producteur ?

Le Valais n'a t-il pas un climat trop chaud pour le riesling ? Peut-être que de le faire un peu grimper en altitude pourrait lui être profitable ?

amicalement,

laurent

Pascal

je dois dire que je ne suis guère choqué par cette politique. Je pense que les coopératives et les grosses boîtes n'ont pas beaucoup d'intérêt à  produire des vins avec ces cépages - dont les jus sont maintenant souvent "assemblés", pour le dire gentiment, avec des fendants ou d'autres vins blancs.

Les muscat, comme celui de Jérôme Giroud en 2001, ou les riesling de Crtettenand Desfayes (qui sont quand même loin d'égaler les meilleurs rielings du monde, même s'ils sont très bons) survivront confidentiellement et je pense que l'amateur pourra toujours trouver son compte. Mais pour quelques bons rieling et muscat, que de vins fades, faciles, trop légers, trops lourds aussi parfois.

Pour finir, une citation de l'interview de Jérôme Giroud dans le Guide Vin de Passion 2001 : "j'avais également l'intention d'arrêter le muscat, mais comme il vient d'obtenir un coup de coeur (dans le guide VDP) j'hésite".

bien amicalement

Yves Z

Eh oui.....Vous avez certainement tous raison. La seule chose qui me fait un peu peur, c'est qu'à  force de courrir derrière le goût du consommateur, on finit toujours par être en retard d'une ou plusieurs batailles....

Ceci dit, ce n'est pas moi qui vais pleurer si le Valais ne produit plus de Muscat ni de Riseling; ma question était plus générale et devait être lue dans le sens qu'à  force de vouloir suivre les modes, on ne produit jamais le vin qu'il faut.

Là  il me semble que j'ai quand même raison !!

Petite précision, il ne s'agit pas du riesling mais du triste riesling x sylvaner. En fait lorsque le Conseil d'Etat valaisan a exigé d'arracher le sylvaner en 1985 je crois em zones II et III beaucoup de vignerons ont renommé leur vigne de Sylvaner en Riseling X Sylvaner, qui était lui autorisé

ceci dit je crois que le riesling est un cépage de grande qualité (voir ceux du Mont d'Or ou celui cave Desfayes-Crettenand qui valent vraiment le détour). Le riseling, qui est de mes cépages favoris en Moselle, est un des très grands cépages de ce monde et je m'étonne qu'il n'est pas plus répandu en Valais notammment pour les surmaturés, mais il est vrai qu'il est trop précoce.

Quant au Riseling X Sylvaner qui connaît une crise sans précédent en Suisse Allemande (2.50 francs le litre en vrac cette année) c'est en fait un croisement de riesling et de chasselas et c'est un cépage qui n'a d'intéressant que sa précocité, sinon c'est assez tristounet côté vin.

Le Muscat, ça dépend comment on le vinifie, les gens l'aime un peu doux et je me souvient que lorque je suis arrivé chez Provins il était à  l'agonie avec 3000 bts vendues par an. Lorsque je suis parti 10 ans plus tard on en vendait plus de 19'000 bts à  15 francs car il était légèrement doux. Encore aujourd'hui, une annonce a paru dans la presse où un encaveur cherche du Muscat. Le marché existe mais n'attendons pas de prodige niveau oenologique et si Dominique Rouvinez n'en veut plus c'est parce que les vignes de Muscat qu'il a sous contrat lui suffisent pour sa clientèle et qu'il ne veut plus en acheter à  des vignerons qui amènent souvent ces raisins favoris des guêpes avec piqures acétiques ou autres défauts.

Salutations

Xavier

Xavier,
Merci pour ces intéressantes précisions.

J'aimerai également bien avoir ton avis au sujet de mon post ci-dessus concernant la course à  la production de vin à  la mode.

Merci et à  bientôt.

Pascal A.

Il est vrai que le domaine du vin subit indéniablement des effets de mode, d'influences colatérales ou d'époque et qu'on peine à  vinifier des vins dans la tradition du goût de notre culture. On copie Bordeaux ou la Bourgogne aux USA, AFS ou Australie même en Valais, on s'inspire des techniques de ces régions sans développer forcément ce qui est propre à  notre terroir.

Seul des Stéphane Gay (voir post sur liquoreux) ont su vinifier dans l'esprit de leur terroir en Valais et il a parfois créé des vins rouges ou des fendants dans lesquels les gens ne se reconnaissaient plus et il fut critiqué. On encense toujours MT Chapaz et consort sans encenser le vigneron encaveur qui fait des vins plus rustiques, moins spectaculaires mais avec les moyens du bord (j'en connais qui en Valais n'égrappent par exemple pas les rouges, font des vins authentiques et originaux mais qui sont décriés car c'est très loin des vins à  Chappaz, Giroud etc. toujours fidèles eux à  un standard de qualité.

Un vin qui ne suit pas les modes c'est un vin qui suit un standard du terroir. On a uniformisé le goût des gens en fixant des étalons standards et tout ce qui s'en éloigne n'est pas digne d'intérêt. Moi je m'intéresse aussi aux vins qui sont marginaux, qui ne sont pas spectaculaires de suite, etc.. Une dégustation à  ce sujet s'imposerait d'ailleurs.

Ceci dit il y a aussi le problème des vins de mode du Nouveau Monde vinifié avec des techniques oenologiques douteuses et qui élaborent des vins spectaculaires, à  la mode, mais peu complexes ce qui m'impressionne c'est que des océans séparent ces pays et on dirait que certains vins sont élaborés par la même cave dans le même pays, etc..

Revenons donc aux vins originaux voire marginaux, qui plairont à  5% des gens, mais ceux-là  quel plaisir ils auront!! Le plus difficile consistera à  expliquer pourquoi ils ressentent du plaisir pour ces vins....... Mais on le fera!

Amicalement

XB

Xavier,

ton Gastolino 2000, magnifique vin s'il en est, dans quelle catégorie le ranges-tu ?

Personnellement, je le range résolument dans la catégorie des vins modernes, ce qui ne l'empêche pas d'avoir de la personnalité.

En revanche, il est difficile de parler de typicité avec de tels vins car nous n'avons pas de références en la matière pour les vins valaisans

Enfin, je n'aime personnellement pas les vins "à  l'ancienne" qui ont un caractère rustique marqué (et pas seulement en Valais).

pour la dégustation, c'est quand tu veux.

amicalement

Yves

Xavier,

Merci pour tes commentaires.

Pour les vins "rustiques", et contrairement à  Yves, cela ne me dérange pas. Simplement, je crois qu'en dégustation comparée, ces vins ont énormément de peine à  "passer la rampe" !

Loin de moi de critiquer un producteur qui vinifie ses vins de façon plus traditionnelle ; j'ai simplement remarqué que je préfère les vins "modernes" et cela en dégustation à  l'aveugle bien entendu !!

Pour ce qui concerne la dégustation, pas de problème. On pourrait apporter chacun quelques bouteilles et les déguster à  l'aveugle !

Bon week-end.

Pascal A.

Merci pour vos précisions, et il est vrai que je peine à  m'exprimer précisément sur ce sujet.

1 : Oui le Gastolino est un vin moderne car la base reste le cabernet. J'ai été durant 10 ans responsable R&D chez provins et je reste moderniste dans l'âme. Toutefois, je m'aperçois que nous finissons tous par vinifier les même types de vins une fois arrivé à  un certain niveau. On prône la concentration au lieu de l'harmonie, de la délicatesse. On se doit désormais d'évoluer tout en sachant que nous n'avons qu'une chance par année pour établir des expériments tout en jonglant avec les aléas du millésime et des rendements viticoles difficiles à  gérer. Il me faudra encore quelques années pour élaborer les vins dont je rêve.

2 : Pour mieux comprendre mon propos, rappelez-vous la différence entre un Haut Brion 61 ou 45 et un 2000. On est parti de 1000 méthodes oenologiques pour terminer à  4 ou 5 40 ans plus tard. Un certain standard est établi et on peine à  y déroger. Il faudrait repartir mais avec les connaissances actuelles d'une page blanche pour repenser le levurage, le cuvage, la manière de mieux différencier les terroirs, comment anticiper le vin fini et créer des vins plus différents au sein d'une même appellation ou d'un même cépage.

Les consommateurs actuels sont trop endigués malgré eux par une pensée unique et la place pour une grande variabilité n'existe plus car un vin qui arrive sur le marché avec trop d'originalité ou de différence est critiqué par les déontologues du vins.

Mike Favre reste aussi un des derniers mohicans à  vinifier avec comme credo l'établissement d'une différence. Et ce beaucoup plus que d'autres encaveurs valaisans élaborant des encres certes spectaculaires mais si peu représentatives d'un terroir ou d'un passé.

Je suis certes un peu dur en la matière, mais il y a une certaine urgence à  revoir cette approche fine du vin et pas seulement en Valais. Vous savez, il est parfois triste de constater qu'en utilisant certaines pratiques oenologiques (osmose, tannisage, levures OGM, enzymes) on arrive à  vinifier des vins très spectaculaires (voir Nouveau Monde) mais sur une période courte (ils vieillissent très mal) et qui enterrent commercialement les vins propres. Allez voir à  Zà¼rich ce qui se boit dans les Wine Bar branchés, c'est à  mourir de rire.

Il faudrait aussi, et c'est la note d'humour du jour, interdire aux oenologues de se parler durant toutes les vendanges.

Salutations

Xavier

Xavier,
Sujet vaste qui devrait, à  mon avis, se traiter devant une bonne bouteille !!
Pour ce qui est des Wine Bar zà¼richois, je ne résiste pas à  vous livrer l'anectode suivante :

Dans un réputé "meilleur japonais de Zà¼rich", le sommelier me propose comme vin du mois une Shiraz Australienne à  Frs. 9.50 le dl.

Avant de m'emballer pour toute la table, je demande à  goûter ce breuvage. Franchement pas bon (c'est dimanche matin, je ne veux pas utiliser des termes trop "hard")

En consultant la carte des vins, j'ai découvert un superbe 2ème vin de l'Eglise Clinet millèsime 1998 à  Frs. 85.-- la bouteille.

Inutile de vous dire que mon choix s'est porté sur cette bouteille qui fut rapidement doublée.

Question : Wine Bar à  se méfier ou à  consommer sans modération ??

Pascal A.