Le 1ier mai a ceci de bien qu'il permet parfois de «décrocher» un peu et de s'atteler à des besognes bien moins rébarbatives et stressantes que le shopping du week-end, pour ne citer qu'un exemple.
Voici donc, comme promis, Vince2, le CR de ma visite au caveau de Gigondas le 11 avril dernier.
Je précise que les cépages renseignés pour chaque cuvée résultent des fiches techniques générales qui m'ont été remises sur place, mais varient sans doute un peu d'un millésime à l'autre.
Par ailleurs, étant chargé de guider un groupe d'une petite dizaine de personnes, parfois tenu à des impératifs horaires, je reconnais que ma concentration n'était sans doute pas toujours idéale pour une prise de notes complète.
1. Côtes du Rhône Villages Cairanne Coteaux des Travers blanc 2002 (30% clairette, 30% grenache blanc, 20% roussanne, 20% marsanne, 10% viognier : je sais, ça commence fort, ça fait 110% si je calcule bien, mais je ne suis pas en cause, c'est ainsi sur la fiche… va encore falloir que j'écrive au domaine; mais je vous rassure : après ça s'arrange)
Nez : un peu soufré au départ (bouteille juste ouverte), mais ça s'estompe assez vite à l'aération. Belle palette aromatique, fleurs blanches, pêche, fruits exotiques (ananas) avec une petite touche vanillée.
Bouche : attaque fraîche, les fruits exotiques sont bien présents, l'équilibre est assez bon, même si l'acidité me semble un peu basse.
Un vin dans l'ensemble agréable, assez fin, d'une longueur moyenne.
2. Côtes du Rhône Viognier Vendange Clavelle 2001
Nez : pêche/abricot, violette, un peu mielleux.
Bouche : attaque sur le fruit bien mûr, on retrouve les notes florales et mielleuses, du volume, un vin assez gras, d'une acidité encore marquée malgré le millésime et le cépage, et une légère amertume en fin de bouche (que certains de mes «coéquipiers» n'ont pourtant pas perçue).
Un vin qui pouvait s'avérer assez séducteur sur le moment, mais regoûté 2 fois par la suite (apéro avant un casse-croûte, et à l'hôtel pour débuter une dégustation de fin de soirée), il a un petit côté écoeurant, renforcé par cette amertume qui sèche un peu la fin de bouche.
3.Côtes du Ventoux Boudale rouge 2003 (60% grenache, 15% carignan, 15% mourvèdre, 10% clairette)
Nez : fruits rouges (framboise), épices
Bouche : belle attaque sur les petits fruits rouges, matière assez souple (tanins présents mais sans sécheresse), un vin agréable, sans prétention, manquant sans doute un peu de fond.
4. Côtes du Rhône rouge 2001 (60% grenache, 20% syrah, 10% carignan, 10% mourvèdre)
Nez : petits fruits rouges écrasés, boisé léger
Bouche : souple, sur le fruit, mais manque un peu d'équilibre entre tanins et acidité.
5. Côtes du Rhône villages Cairanne Coteaux des Travers rouge 2002 (60% grenache, 20% syrah, 15% mourvèdre, 5% cinsault)
Nez : fruits noirs (cassis) et rouges, épices, réglisse
Bouche : attaque sur le fruit et les épices (poivre), notes végétales, manque un peu de structure et de matière.
Vin qui a peut-être souffert du millésime, parce que l'impression que j'en avais eu sur le millésime 2000, bu au resto, m'avait semblé bien plus agréable.
6. Côtes du Rhône villages Cairanne Vendange Chabrille rouge 2001 (65% grenache, 35% syrah)
Nez : cassis, viande fumée, poivre, vanille, bonne persistance.
Bouche : attaque sur les petits fruits bien mûrs, la cannelle, beau volume, les tanins sont encore assez présents, la finale marquée aussi par le fruit et les épices. Bonne longueur
Un vin qui doit sans doute encore s'équilibrer un peu, et qui a encore de l'avenir.
7. Gigondas Le Grand Montmirail rouge 2002 (65% grenache, 15% mourvèdre, 15% syrah, 5% cinsault)
Nez : fruits rouges bien mûrs, épices douces
Bouche : ample, beau fruit, tanins déjà bien fondus, bonne longueur, et une finale qui laisse une impression de fraîcheur, ce qui n'est pas le cas de tous les Gigondas…
8. Gigondas Les Hauts de Montmirail rouge 2001 (55% grenache, 25% mourvèdre, 20% syrah)
Nez : fruits compotés, vanille, épices, réglisse, belles intensité et persistance
Bouche : attaque sur les fruits noirs confiturés, notes d'épices douces (cannelle), le vin n'est pas trop marqué par l'alcool (les bienfaits de la syrah, voire du mourvèdre ?), tanins et acidité sont bien équilibrés.
Un vin complet, de bonne longueur, qui donnera sans doute bien du plaisir d'ici 3 à 4 ans quand les tanins se seront un peu fondus.
9. Côtes du Rhône villages Cairanne Cuvée Hommage à André Brusset rouge 1999 (55% grenache, 30% mourvèdre, 15% syrah) – cuvée élaborée uniquement dans les grands millésimes, sur des vignes de 80 ans; pas de bois neuf.
Nez : encore un peu sur la réserve, fruits noirs très mûrs (mûre, justement), légères notes animales, cuir, tabac
Bouche : on retrouve les notes de mûre en attaque, les épices, des notes anisées et de viande fumée, les tanins sont solides mais pas asséchants. L'élevage en bois se montre discret. Très belle longueur, un vin complexe.
10. Muscat de Beaumes de Venise
Là j'ai beaucoup moins accroché, les saveurs sucrées et l'alcool l'emportant sur la finesse et la fraîcheur qui doivent, selon moi, caractériser un beau VDN.
Conclusion : si l'ensemble de la production mérite qu'on s'y intéresse, avec certains vins pouvant être cités en exemple pour leur appellation, je pense qu'il leur manque la petite touche de «génie» qui m'interpelle moi personnellement. A leur décharge, je dirai quand-même qu'au cours de notre périple rhodanien, c'est le seul domaine où nous n'avons pas été reçus par le vigneron lui-même, et pour tous les participants au voyage, ce contact faisait incontestablement partie du plaisir de la dégustation.
Cordialement,
Phil, qui espère ne pas avoir été trop long…