Petit passage samedi matin (c'est à dire jusqu'à 15h passées !) à ce salon de Champerret qui commence à voir affluer mes têtes d'affiche de l'automne en plus des habituels vignerons de printemps. Ça devient compliqué à gérer tout ça ! Salon que j'avais surtout placé sous le signe des satellites de l'Aveyron à la base, mais au final pas tant que ça. Je n'ai pas pris de notes sur tous les stands, donc je ne vais pas tout super détailler, mais voici quelques impressions.
Domaine de Grangeneuve, Grignan-lès-Adhémar (Rhône méridional)
Pas de prise de notes, mais dégustation en trois parties après le rosé sympathique pour se déglacer le gosier.
Tout d'abord les blancs, un assemblage "Rhône" et un viognier, sympas dans leur genre mais qui ne m'ont pas non plus marqué plus que cela.
Ensuite la série -- en rouge -- "de soif", avec notamment l'entrée de gamme
La Tentation de la Marquise toute en fruit rouge, sur la fraise pour moi, pas de tanin, ça coule tout seul.
Dans la série plus construite, les
Vieilles Vignes m'ont semblé de bonne constitution, assemblage assez typique 50/50 syrah grenache il me semble, avec du fruit mais plus de fond.
La Truffière était très bien, à la fois de plus matière mais plus en finesse, ou en fraicheur.
Terres d'épices m'a moins convaincu, mais c'est bon si on aime le boisé.
Domaine de Rancy, Latour de France (Roussillon)
Nous avons goûté une nouvelle cuvée
Vert Tige, un maccabeu vinifié en sec sur le fruit. C'est bon dans le style "vin d'apéro méditerranéen" mais je trouve ça dommage que le domaine se sente obligé de faire un tel vin alors que les rancios secs et doux sont tellement extraordinaire (mais bon ça ne doit pas se vendre par brouette, et je ne peux pas dire grand chose car moi-même qui adore j'en achète peu).
Côté rouges, j'apprécie l'aspect didactique des trois cuvées monocépages,
Le Grenache,
Le Mourvèdre et
Le Carignan de Rancy, qui en plus sont plutôt très bons dans leurs styles respectifs : le grenache sur le fruit rouge, le mourvèdre beaucoup plus garrigue / épice, et le carignan sur un fruit un peu plus cuit et avec une certaine austérité. A noter que les vins étaient plutôt avenants quoique plus puissants que dans mon souvenir, ce qui est mieux qu'à l'automne 2017 où ils souffraient de leur mise récente (dommage car si je m'étais fié à ma dégustation de l'époque je n'aurais pas acheté le Mourvèdre 2014 qui s'est révélé délicieux après un peu de repos en cave !).
Du coup l'assemblage,
Els Petits Raims, m'a moins marqué. Pas trop goûté le reste à part un trempage de lèvres dans un rancio sec pour faire goûter ça aux camarades du jour.
Guy Farge, Rhône septentrional
Nous avons goûté les blancs, qui consistent en un
Saint Joseph très agréable, floral, avec un léger gras et une série de Viogner (un IGP et deux Condrieu) bien dans leur style. Nous n'avons pas goûté les rouges, ce qui est dommage si je me souviens bien de CR des SVI récents.
Domaine Dupasquier, Jongieux (Savoie)
Un domaine qu'on ne présente plus sur LPV. J'avais déjà goûté la gamme une fois ou deux sans être convaincu à 100% par rapport aux commentaires que l'on trouve par ici, mais j'ai persévéré et je pense que ça valait le coup.
La
Jacquère commence fort, fruitée mais avec un côté caillouteux qui appelle le coquillage pour moi.
Le
Chardonnay me convainc moins, un peu joufflu à mon sens.
La
Roussette Altesse (2014 je crois comme Marestel) est un délice, on est sur du fruit mûr, du coing, qui nous fait balancer entre riesling et arômes de chenin surmûr, mais le ressenti en bouche reste sec.
La
Roussette de Marestel 2014 est dans la même lignée, avec un peu plus de profondeur. Franchement surpris par la simple Altesse que je trouve déjà d'un très bon niveau (mais j'ai quand-même craqué pour Marestel plutôt).
Mas del Périé, Fabien Jouves, Cahors (Sud-Ouest)
Cas un peu similaire à Dupasquier, j'avais déjà goûté sans ressentir de choc particulier. Mais une Roque 2017 goûté en juin dernier m'a convaincu de réessayer et bien m'en a pris, une fois de plus.
On commence avec les
Escures 2018 sur le fruit rouge et surtout un côté floral affirmé qui n'est pas sans rappeler les 100 visages de JF Mérieau un peu plus au nord... En bouche c'est très gourmand, mais très tonique à la fois.
La Roque 2018 est sur le même profil, avec un peu plus de puissance et de présence peut-être.
Avec
Les Acacias 2017 on passe dans une autre dimension (cuvée ou millésime ?), plus "sombre" dans son aromatique. On est centré sur la cerise noire à présent. C'est plus sérieux, moins vif, mais délicieux, avec une belle matière (quoique toujours très ronde et veloutée). J'adore mais à 28€ on commence à être dans des prix psychologiquement plus compliqués (ça tend dangereusement vers les 30 !!).
Amphore 2017 me semble dans le même style.
B763 2017 est toujours dans le style, mais un cran au-dessus en termes de structure tannique. La différence se fait sûrement à la garde, mais en l'état les Acacias me semble au top.
Dans les blancs, plus de Pièces Longues, dommage. On goûte
les Agudes, qui est bien bon, sur les agrumes, avec de la vivacité mais de la matière aussi un peu glycérinée.
Orange Voilée, depuis le temps que j'attendais de goûter, et bien je ne suis pas déçu (mais chanceux en revanche, la bouteille que nous goûtons est la dernière sur le salon visiblement). On retrouve le côté "chenin riche" que j'avais aimé récemment sur les Pièces Longues, avec du fruit mûr, rond mais frais. On a en plus ici un côté "champignon" du plus bel effet, ainsi qu'une note saline qui donne de la présence sur la langue, notamment en finale, accompagnée d'un léger gras.
Clos Siguier, Cahors (Sud-Ouest)
On continue à Cahors avec ce petit domaine. Le
Cahors 2015 est assez concentré, sur le fruit noir, plus tannique que chez Fabien Jouves mais conservant une bonne rondeur et une acidité assez présente qui porte le tout. Le
Cahors 2016 est dans le même style, un peu plus rond en bouche.
Le
Cahors vieilles vignes Les Camille 2016 présente plus de matière, et l'aromatique est un peu plus vive et concentrée, avec des fruits rouges sauvages, de la groseille. C'est top.
Gamassade 2016 envoie plus (il s'agit grappes les plus concentrées si je me souviens bien) que ce soit dans la matière ou l'aromatique. Il y a un aspect "boisé" dans le côté plus dense mais pas rêche de la bouche (je mets des guillemets car le vin n'est pas particulièrement boisé d'après le vigneron).
On goûte pour la forme le blanc
Baptiste 2018, un mauzac sur le fruit frais.
Les prix sont doux (7, 6.5, 8 et 15€ respectivement les rouges), le vigneron sympa et les vins bons : parfait !
Domaine Carcenac, Gaillac (Sud-Ouest)
On saute vers le sud pour découvrir ce domaine et notamment (c'était un de mes objectifs) l'ancêtre des auxerrois qui ont précédé, j'ai nommé le prunelard.
On commence par
D'Antan 2017, assemblage de 70% de braucol (c'est-à-dire de fer servadou en langage commun) et 10% de syrah. On retrouve des arômes typiques du mansois, cassis mûr mais aussi légèrement végétal avec une bouche qui ne manque pas de puissance.
Jadis 2017, qui est la version boisée de la même cuvée, ressemble effectivement à la version boisée de la même cuvée. C'est bon pour qui aime les versions boisées (j'apprécie, même si je suis plus dans ma période D'Antan que Jadis).
L'
Exception Prunelard 2017 est une très belle découverte. C'est plus fin je trouve, l'aromatique nous ramènerait plus vers une syrah rhodanienne (tiens, serait-ce un trait des cotoïdes ? Je me suis déjà fait cette remarque avec un côt ligérien et une négrette frontonaise...). C'est gourmand sur la violette, la réglisse, mâtinées de fruit rouge aussi. La bouche est plus droite que les braucol mais cela ne manque pas de matière cependant. J'aime beaucoup. A ne pas trop faire vieillir d'après le vigneron, car après 5/6 ans on perd cette fougue.
Domaine de la Janasse et Clos Saint Antonin, famille Sabon, Rhône méridional
Cette dégustation est un peu un marathon avec toutes les cuvées des deux domaines (et pourtant sans le plus haut de gamme). Dans les blancs, j'apprécie bien l'IGP de Saint Antonin (11,20€) où le chardonnay se fait bien sentir, avec un joli gras. Côté Janasse, le CdR est très CdR, le viognier assez viognier. Le
Châteauneuf blanc (34€) est bon, avec des fleurs blanches, du fruit jaune mûr, mais ne me laisse pas une impression inoubliable.
Côté rouges, je retrouve sur le
Côtes du Rhône Tradition 2017 de la Janasse (10,20€) la gourmandise de fraise du Rhône Sud, avec plus de structure que sur la Tentation de la Marquise quelques heures avant. Le
Côtes du Rhône 2016 de Saint Antonin (10,20€) est plus sérieux, je préfère la gourmandise de la Janasse.
Dans la gamme au-dessus,
Terres d'Argiles 2016 (Janasse, 16€) réalise un peu la synthèse des deux précédents, avec une matière sérieuse mais tout de même un joli fruit. J'aime beaucoup le
Plan de Dieu 2015 de Saint Antonin (16€ aussi) qui présente quelques arômes de sous-bois, un peu de cuir peut-être, arômes tertiaires bienvenus qui donnent une jolie complexité.
Je fatigue un peu pour le
Châteauneuf du Pape 2015 de la Janasse (34€) qui a un bel équilibre malgré une aromatique et une matière bien présentes.
C'est ainsi que se conclue une matinée finalement plus approfondie que prévu, où j'ai eu plaisir à redécouvrir Dupasquier et le Mas del Périé, et à découvrir tout court quelques vins typiques de Cahors et Gaillac, ainsi qu'à refaire un petit tour en vallée du Rhône !
Joseph