Passage "hyper-rapide" pour moi vendredi après-midi (1h30 pourtant ! C'est-à-dire que même à affluence moyenne voire faible, accéder aux stands reste difficile dès lors qu'il y a déjà un petit groupe présent). Donc beaucoup de manquants dans mes visites habituelles, pas de nouvelle découverte possible... on attendra l'an prochain !
Cachat-Ocquidant, Ladoix
Ah si, une découverte, mais je m'en serai bien passé. Avant nous, un petit groupe finit de déguster et achète quelques cartons, nous poirotons donc poliment à côté tout en saluant le vigneron. Puis nous attaquons la gamme des blancs. L'amabilité disons... réservée du vigneron et son désintérêt apparent pour nous malgré des tentatives d'approche me mettent un peu la puce à l'oreille (nous sommes seuls au stand à ce moment).
Nous goûtons Bourgogne, Pernand, Beaune et Ladoix blancs, qui sont ma foi sympathiques, et demandons à goûter au Meursault qui est la suite de la gamme.
Le vigneron, d'un air mi-sarcastique, mi-agressif : "C'est dans le budget ?"
Moi : "Pourquoi ?"
Lui, faisant signe, d'un air désagréablement entendu, qu'il ne nous ferait pas déguster (alors qu'il vient à l'instant de servir du même Meursault un passant à la mine sûrement plus correcte) ajoute du même ton qu'il n'est pas là pour la dégustation (??), "et de toutes façons vous n'achèterez rien."
Voilà ce qu'on appelle une prophétie auto-réalisatrice ! Il n'y a pas de risque, rassurez-vous Monsieur !
Désolé de m'être étendu là-dessus, je trouve cette attitude minable. C'est bien la première fois que je suis confronté à ça au SVI ! Dommage, ce domaine semblait avoir plutôt bonne presse sur LPV, j'en ai été d'autant plus étonné par cette expérience.
Domaine Chevalier, Ladoix
Bon, on essaie de se remettre dans une dynamique positive tout en gardant une cohérence thématique. Le stand est un peu plus peuplé, mais l'accueil reste à des années lumières (en même temps ce n'est pas bien compliqué).
Dans les blancs, l'Aligoté 2017 (8€) a un peu de mal à passer, aromatiquement, après les chardonnay (d'autant qu'il a été mis en bouteille il y a seulement 3 semaines) mais on ressent un joli fruit, de la rondeur et de la minéralité en fond.
Le Ladoix 2017 (20€) est assez différent des vins de Cachat, avec plus de punch : c'est à la fois plus rond (arômes de fruits jaunes plus mûrs, voire un peu exotiques, côté "glycériné") et plus tonique. On ressent moins d'enrobage boisé aussi.
Le Corton-Charlemagne 2016 (72€, ce n'est pas dans le budget, c'est sûr, et pourtant on nous le fait goûter spontanément !) revient sur un style plus classique, avec du fruit jaune, un léger grillé-vanillé. C'est plus fin que le précédent, très fin, mais à la fois avec une présence évidente en bouche.
Chez les rouges, le Côte-de-Nuits Villages 2015 (18,5€) se présente comme un joli pinot noir, rond mais avec un beau corps, sur des arômes de fruits des bois. Le Ladoix 2017 (18,5€) est plus austère, avec une petite matière végétale en plus. Cela reste sympa pour moi, mais mon compagnon de SVI n'aime pas trop.
Le Ladoix 1er cru Les Corvées 2016 (22€) possède aussi ce supplément de matière, voire même plus (par comparaison avec les précédents, on a l'impression de descendre quelques lieues vers le sud) mais en plus aimable, bien équilibrée par une rondeur gourmande et un beau fruit.
L'Aloxe-Corton 2016 (25€) revient sur des notes un peu plus austères, terreuses, mais reste bien sympathique, comme l'a été l'accueil.
Domaine de la Pinte, Arbois
C'est toujours amusant de goûter en série ces chardonnays bourguignons et jurassiens, tant ils sont parfois différents. En l'occurrence, l'Arbois-Pupillin Chardonnay "les Fonteneilles" 2015 (15,50€) offre une aromatique plus sudiste à mon goût, sur les fruits jaunes, et surtout une vivacité très jurassienne, mélange d'acidité et de mâche un peu crayeuse, sur une matière assez riche. Le Melon à queue rouge 2015 (Arbois-Pupillin) (env. 20€) me semble cette fois dans la même veine.
L'Arbois Savagnin 2013 (ouillé, élevage 36 mois, env. 18€) a de beaux arômes de fruit mûr, banane séchée, un peu miellé. La bouche est au top et confirme ma bonne impression de mars dernier, assez riche et glycérinée, mais droite tout de même et avec une jolie salinité qui donne du peps.
Encore une fois, plus de mal à sentir la nuance avec l'Arbois Savagnin 2011 (ouillé, élevage 60 mois, env. 22€) malgré un surplus de profondeur, alors qu'à Champerret je lui avais trouvé plus de notes oxydatives (légère noix). Notre hôtesse m'explique qu'ayant 34ha de savagnin, ils peuvent faire deux mises pour chaque millésime avec des durées d'élevage différentes afin de faire de vins un peu différents (d'où les 36 mois pour le 2013 et 60 mois pour le 2011).
La Cuvée d'Automne (16€) (assemblage tradition de chardo et savagnin ouillés avec un peu de savagnin oxydatif) est un classique du genre, mêlant ses arômes de fruits jaunes et de noix, et un bel équilibre entre gras et une certaine sécheresse.
Le Savagnin "Terres ... (bleues ?)" 1996 (ouillé, 31€) sent bon la forêt d'automne, avec ses notes de humus et de champignons. La bouche possède une matière ronde, avec une certaine énergie. Je me fais la réflexion qu'à l'aveugle je ne suis pas sûr de distinguer de certains rouges âgés, avec la matière arrondie de ce blanc qui pourrait évoquer des tanins complétement fondus. Je pense que je préfère les savagnins jeunes, mais c'est une belle démarche d'apporter ce genre de vin en salon et de le faire déguster comme les autres (à Champerret, j'ai souvenir d'un 2006, plus jeune mais très intéressant aussi).
Avec l'Arbois vin jaune 2008 (env. 45€ ?), on revient sur du classique, mais c'est très bon aussi : le trait puissant et sec répond à l'ampleur et au gras, sur fond de noix, et de noix.
Domaine Jean-François Mérieau, Touraine
Avec l'Arpent des Vaudons 201 (9€), on passe tout de suite dans un autre monde. C'est hyper expressif, sur les fruits exotiques voire même (ce n'est pas péjoratif, mais ça m'a vraiment évoqué ça) le malabar ! La bouche reste tonique, ce qui fait que le vin reste buvable malgré sa grosse présence et son exubérance.
Le Coeur de Roche 201 (14€) est un peu plus fin, sur les agrumes, le pamplemousse surtout. Il est bien présent en bouche mais n'oublie pas la finesse, avec une acidité traçante très légèrement enrobée (boisé léger ?). C'est très bon, même si différent de mes premiers délicieux souvenirs sur cette cuvée.
Le Boa Moa 201 (sauvignon rose [donc ?] VdF, 17.5€) me marque moins au final même si c'est très agréable. Plus rond et caressant, mais il n'y a pas l'énergie des deux précédents, chacun dans son style.
Côté rouge, je ne demande à goûter que les gamay et les côts, en séparant les jeunes vignes et les vieilles vignes car je suis d'habitude surtout obnubilé par le boisé dans les secondes.
Le Bois Jacou 2017 (gamay, 9€) sent le "gamay gourmand" comme à son habitude : fruits rouges, bonbon. En bouche, c'est un peu différent, mais on est aussi sur le fruit rouge, avec toujours cette matière charnue et gouleyante à la fois qui le caractérise. Je trouve une légère austérité avec un peu de tanin ressenti par rapport à d'habitude. Emilie Mérieau me confirme que 2017 est une année avec très peu de jus (les gels j'imagine) mais beaucoup de concentration par chez eux.
Le Cent Visages 2016 (côt = malbec, 13€) est fidèle à ce que cette cuvée offre, millésime après millésime : un délice de finesse et de gourmandise, sur les fruits rouges et surtout les fleurs, une bouche sans aspérité, pleine et juteuse à la fois.
Le Boa le Rouge 2014 (gamay VV, 17.5€) apparaît tout de suite plus austère en comparaison et fait très "cuvée de garde élevée en fûts". Au nez on a un peu de fruit rouge (groseille) mais on sent surtout le boisé. La bouche est plus droite, moins joufflue que les vins précédents : léger fond frais de fruit rouge, trait tannique pas très épais mais bien présent, arômes évoquant un peu le sous-bois. La matière paraît à la fois plus mince avec cette droiture, mais peut-être n'est-elle que "resserrée", c'est un peu ambigu.
Sur le Gueule du Boa 2014 (côt = malbec VV, 17.5€) aussi, l'élevage semble un peu prendre le dessus, avec du tanin présent, un peu de cuir, même si on sent plus de rondeur et de floral en dessous. Ça me semble plus ample au total que le Boa le Rouge, mais compact aussi pour le moment.
Malgré cet ordre de dégustation modifié, impressions toujours partagées sur ces cuvées vieilles vignes, mais les deux bouteilles de Gueule du Boa bues cette année (2014 aussi a priori !), qui étaient délicieuses, me font relativiser mes impressions sur ces cuvées plus ambitieuses en "ambiance salon".
En bref, en passant sur la première expérience désagréable, peu de surprise chez Chevalier et Mérieau, c'est toujours aussi bon (quoique, peut-être une petite redécouverte du Coeur de Roche que j'avais un peu délaissé). Au domaine de la PInte, confirmation, surtout, des beaux savagnins ouillés. Si le reste de leur gamme est très bien aussi, ça reste plus classique dans ma petite expérience du Jura, et pas forcément le meilleur marché.
Voilà pour 2018, en espérant pouvoir y consacrer un peu plus de temps l'an prochain pour faire un tour plus exhaustif et surtout de nouvelles découvertes !
Joseph