Nous avons 6836 invités et 63 inscrits en ligne

Dégustations primeurs : ce que cachent les échantillons.

  • Luc Javaux
  • Portrait de Luc Javaux Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Administrateur
  • Messages : 26207
  • Remerciements reçus 1386
Je replace ici une discussion née dans la rubrique consacrée aux primeurs 2009 à Bordeaux, faisant suite à la lecture d'un article paru dans la dernière RVF.

Luc




Fabulation. Les assemblages sont déjà faits depuis des mois, et les vins dans leurs barriques respectives. Les cuves de merlot qui attendent leur heure n'existent pas...

Et pourtant Eric, je te suggère la lecture de la dernière RVF consacrée au millésime 2009, en particulier l'article intitulé "Dégustations primeurs : ce que cachent les échantillons."
Tu pourra y lire, entre autres, une interview de Michel Rolland, où il déclare : "Les assemblages définitifs se feront plus tard. Ceux qui prétendent pratiquer des assemblages définitifs en mars mentent ou alors font une belle connerie".
Article par ailleurs très intéressant qui confirme, si besoin en était, que ce qu'on fait goûter lors des dégustations primeurs n'est pas toujours très représentatif de ce qu'on retrouvera dans la bouteille une fois la mise effectuée.

Luc Javaux




Il peut y avoir des corrections à la fin de l'élevage avec des barriques "tangentes" qui vont passer du petit au grand vin et inversement. Mais les lots de départ par parcelle et par cépage n'existent plus (ils disparaissent déjà bien souvent entre la fermentation alcoolique et la malo pour des questions de contenance de cuve). C'est bien pour cela que nous ne pouvions plus faire de dégustation parcellaire après le mois de février.

Quand on voit le temps et l'energie dépensés par les équipes techniques pour faire les assemblages (c'est l'objet de nombreuses séances successives durant deux mois), ce n'est pas pour recommencer tout depuis le début 16 mois après...

Eric B




Eric,

Michel Rolland parle entre autres des vins de presse, trop concentrés et trop puissants pour être incorporés au moment des primeurs qu'ils rendraient imbuvables (ce qui signifie implicitement qu'une partie au moins sera bien incorporée plus tard).
On parle aussi dans cet article de la proportion de premier et de second vin, qui ne serait presque jamais décidée au moment des primeurs. Il est dès lors très tentant, en particulier dans les grands millésimes qui se vendent très cher, de produire davantage de premier vin que ce qui était prévu au moment des primeurs. Bernard Burtschy avance des preuves sur la réalité de cette pratique dans certaines propriétés.
On peut donc très bien avoir des merlots initialement destinés au second vin qui se retrouvent in fine dans le premier, même s'ils ont déjà été assemblés avec des cabernets en janvier ou février.

Luc Javaux




Au niveau des assemblages, je pense qu'il faut déjà distinguer rive gauche et rive droite : ils ne manipulent pas du tout les mêmes volumes, et on peut être plus "souple" à Saint-Emilion qu'à Pauillac. Dans pas mal de domaines de rive droite où j'ai pu aller, les lots restent effectivement séparés durant une bonne partie de l'élevage. C'est assez facilement repérable : c'est en général marqué à la craie sur les barriques. Dans les chais médocains où je suis allé, on voit ces marques à la craie entre novembre et février, après, on ne les voit plus. Les barriques sont indifférenciables, si ce n'est qu'il y a souvent 10-15 types de barriques (différents tonneliers, différentes chauffes, différents grains de bois). Si le vin contenu dans les barriques est identique au départ, il ne l'est plus du tout à l'arrivée. Donc, oui, c'est sûr qu'il faudra regoûter et écarter certaines barriques qui n'ont pas évolué favorablement.

Pour avoir goûté des vins de presse dans les différents châteaux médocains, c'est souvent ceux que je préférais Dans la méthode Boissenot (majoritaire dans les GCC médocains), heureusement qu'ils sont incorporés au moment des primeurs, car les critiques trouveraient un profil bourguignon à la plupart des vins. Et je pense qu'il y aurait beaucoup plus de 100/100, avec par contre une estimation de garde beaucoup plus courte. En avril dernier, j'ai justement été marqué par les vins que j'avais goûtés avant et après assemblage. Ils étaient devenus beaucoup plus "virils", et seul l'incorporation du vin de presse a pu le permettre.

On parle aussi dans cet article de la proportion de premier et de second vin, qui ne serait presque jamais décidée au moment des primeurs

Si le château a fait un bide lors des primeurs et n'a pas vendu l'ensemble de sa production, c'est sûr qu'il fait ce qu'il veut : le vin lui appartient encore. S'il a tout vendu en quelques heures comme à Pontet Canet, le vin ne lui appartient plus. Il faudra qu'il livre le nombre de bouteilles exact qui lui a été commandé. Je ne vois donc pas comment il pourrait modifier les proportions 1er/2nd vin.

Eric B




C'est un article assez édifiant en effet.
D'ailleurs dans ce même article M Burtschy indique que des millésimes comme 2005 sont moins bons en bouteille qu'en primeurs parce qu'on a rajouté du second vin, pour preuve l'analyse des matières sèches.

D'autre part dans la revue présentant les Bordeaux 2009, il y a un article sur le cliquetage permettant d'oxygener le vin,cette technique est utilisée à Bordeaux pour les dégustations de primeurs afin d'ouvrir les vins.

J'ai du mal à comprendre que les dégustateurs noteurs ne vont pas gouter tous les futs (ou tout au moins une partie) à l'instar de JM Quarin.

Donc j'attends que le vin soit en bouteille avant d'en acheter vu le prix.

PF




A mon avis, c'est une toute toute petite partie (1% grand max), vu le nombre de fûts dans une propriété dans le Médoc (entre 1500 et 2000). Je ne vois pas ce qui empêche un château d'enfumer Quarin...

Eric B
18 Jui 2010 10:05 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691
Tu peux rajouter les propos de Larra :

Excusez-moi de vous contredire PF, mais croyez-vous une seule minute qu'un dégustateur, quel qu'il soit, peut sérieusement affirmer qu'il goute toutes les barriques des vins qu'il a noté? Avez-vous déjà visité les chai d'un grand château du Médoc? Vous croyez vraiment qu'il a gouté les 1000 barriques qui contiennent du Lafite 2009???
Arrêtez de rêver.

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 10:16 #2

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 326
  • Remerciements reçus 13
"Je ne vois pas ce qui empêche un château d'enfumer Quarin... "

Pas de probleme s'il s'agit de Quarin!...mais, il s'agit en fait du client!

Ref les 2005, ceci fait reflechir! Si dans les millesimes speculatifs, la qualite en bouteille baisse car on integre le meilleurs des 2nd vins dans les premiers...peut etre vaut t'il mieux attendre...avant d'acheter...aussi bien 1er que 2nd vin!
18 Jui 2010 11:02 #3

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691
Je vais me faire l'avocat des châteaux (médocains), puisque cela fait trois ans que je "côtoie" leurs responsables techniques. Ce sont des personnes honnêtes qui ne pensent qu'à une chose : faire le meilleur vin possible.

Il paraît normal que le vin ne soit pas à 100% celui qui était prévu au départ. Le vin est un produit vivant, avec des réactions très différentes selon les barriques dans lequel il va évoluer. Déjà dans deux barriques identiques, il y aura des différences, alors dans deux barriques de provenance, ça peut être le jour et la nuit (les deux pouvant avoir des qualités complémentaires). Une bonne partie des barriques auront répondu aux attentes du maître de chai, et puis il y en a d'autres, plus décevantes, qu'il est préférable de retirer de l'assemblage. Par contre, il peut y avoir des bonnes surprises dans les lots destinés initialement au second vin. Pourquoi ne pas s'en servir pour remplacer les barriques déficientes ?

Quant au taux de matière sèche inférieur dans le produit final, ça me semble relativement logique : sinon, ça voudrait dire que les soutirages successifs et le collage ne serviraient à rien. Ce qui est loin d'être le cas.

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 11:29 #4

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 10197
  • Remerciements reçus 3767
Il paraît normal que le vin ne soit pas à 100% celui qui était prévu au départ. Le vin est un produit vivant, avec des réactions très différentes selon les barriques dans lequel il va évoluer. Déjà dans deux barriques identiques, il y aura des différences

sans parler du bouchon en liège !
18 Jui 2010 11:50 #5

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6027
  • Remerciements reçus 813
Pour moi, tous responsables dans ce système absurde qui pousse à la précipitation et à la cupidité :

Les domaines, les journalistes et ...................... les amateurs !

Ca colle bien à une caractéristique de nos sociétés.
18 Jui 2010 12:04 #6

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 74
  • Remerciements reçus 0
> sans parler du bouchon en liège !

et du circuit que prendra la bouteille entre sa mise et son ouverture

EL
18 Jui 2010 13:31 #7

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 35
  • Remerciements reçus 0
Cher Eric

Je me doute bien qu'aucun dégustateur ne peut gouter toutes les barriques d'un château Bordelais, de mémoire dans un de ses articles il expliquait qu'il goutait à différents stades d'évolution une barrique de chaque parcelle (terroir) donc de 5000 barriques on doit passer à une vingtaine.

D'ailleurs de mémoire également je ne sais si c'est M Poussier ou M Poels qui lors des primeurs goutent (ou goutaient) au hasard, des barriques pour se faire une idée du millésime.

D'autre part je pense que chaque année chaque château construit son primeur pour plaire aux différents dégustateurs, et que chaque dégustateur n'est pas dupe des échantillons présentés qu'ils comparent aux échantillons (et non pas au vin en bouteille) des années précédentes ce qui est logique puisque le vin est en cours d'élevage et donc je leur fais confiance 2009 est un grand millésimes mais je n'acheterai, à part PC, qu'après la mise en bouteille.

Je ne voulais pas polémiquer, et je trouve cela normal, quand on est commercial on montre ce qui est beau et on cache ce qui l'est moins. C’est au consommateur d’essayer de faire la part des choses.
18 Jui 2010 14:14 #8

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 21843
  • Remerciements reçus 6046
Je ne voulais pas polémiquer, et je trouve cela normal, quand on est commercial on montre ce qui est beau et on cache ce qui l'est moins. C’est au consommateur d’essayer de faire la part des choses.

Je ne souhaite pas polémiquer non plus mais je classe ce genre de manière de faire dans la catégorie des comportements divergents.

Michel
18 Jui 2010 14:18 #9

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20399
  • Remerciements reçus 1820
+1 8-)
18 Jui 2010 14:19 #10

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 2001
  • Remerciements reçus 8
Y'a t'il une législation sur les méthodes de mise en bouteilles pour le marché par rapport aux échantillons destinés aux dégustations primeurs ?
18 Jui 2010 14:32 #11

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 74
  • Remerciements reçus 0
Moi, je vais me faire l'avocat des châteaux (non médocains) à la tête desquels il y a des responsables techniques honnêtes qui ne pensent qu'à faire du bon vin (ça existe aussi).

Je pense qu'il y a encore quelques châteaux dont l'échantillon est à 100% celui de l'assemblage, mais je pense qu'ils sont de plus en plus rares.
Il me parait aussi normal que l'échantillon présenté ne montre pas 100% de ce qui sera mis en bouteilles car:
- il peut y avoir de petites incertitudes (sur un lot tangent, sur la % d'un lot dans l'assemblage, sur le % final de presses,...),
- certains lots peuvent gagner à être travaillés à part, au moins au début de l'élevage,
- il y a surtout le fait qu'entre les dégustations en primeurs et la mise en bouteilles, le vin peut passer plus d'un an en barriques, subir un collage, une filtration, puis une mise en bouteilles, donc autant de facteurs qui font que le même vin ne se goutera forcément pas de la même manière.

Donc question 1: l'échantillon présenté en primeur doit-il essayer de donner une image la plus fiable de ce que sera le vin à la mise en bouteilles? ou bien être le reflet exact de l'assemblage à l'instant t, et laisser le dégustateur extrapoler?
Vu la qualité et le manque d'objectivité de certains dégustateurs, je pencherais plutôt pour la deuxième voie.

A mon sens, la question prinicipale est de savoir quelle est la représentativité de l'échantillon (95%, 85%,..., 50%,...).
Et là je pense que c'est uniquement la question de l'honnêteté de celui qui prend les décisions, et de la confiance que l'on peut lui accorder, qui se pose.
Quelqu'un d'honnête, qui aime ce qu'il fait, qui respecte ses clients, et qui raisonne sur le long terme ne jouera pas avec le feu. Il pourra même lui arriver de déclasser des lots au moment de l'assemblage, et au final de mettre en bouteilles un volume inférieur à celui de l'échantillon qu'il montrait en primeur.
Je crois qu'aujourd'hui il serait de plus en plus dangereux et irresponsable de pousser à la roue. Il y a de plus en plus de blogs ou les les amateurs peuvent confronter leurs expériences, leurs découvertes et leurs désillusions, et un soupcon peut être très vite vérifié.
De plus, à l'instar de RP, qui a été le premier (et longtemps le seul) à le faire, de nombreux critiques regoutent et renotent les vins en cours d'élevage et après les mises, même si à mon sens, ils ne le font pas encore assez. Pour ceux qui ont le temps, faites-vous un tableau des trois notes de RP (primeur-élevage-après mises) pour chaque château, et vous verrez qu'il y a des châteaux pour lesquels ça monte toujours, et des châteaux pour lesquels ça descend toujours.

Le titre de ce blog montre que la confiance est écornée, et que la suspicion est en train de prendre le dessus, sinon il se serait appelé: "ce que montrent les échantillons", au lieu de "ce que cachent les échantillons"

EL
18 Jui 2010 14:36 #12

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691
il expliquait qu'il goutait à différents stades d'évolution une barrique de chaque parcelle (terroir) donc de 5000 barriques on doit passer à une vingtaine.

Dans le Médoc, on aura du mal à me faire croire qu'il puisse goûter des barriques des différents terroirs durant toute la durée de l'élevage. Si c'était le cas, dans le cadre de notre livre, nous n'aurions pas été emm... au niveau du choix des dates pour faire des dégustations parcellaires. Ca n'était possible que de décembre (si les les malo étaient finies) à février-mars. Après, assemblage, qu'il soit définitif ou non ;)

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 14:36 #13

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 74
  • Remerciements reçus 0
il expliquait qu'il goutait à différents stades d'évolution une barrique de chaque parcelle (terroir) donc de 5000 barriques on doit passer à une vingtaine.

Mais vous parlez de qui là? de JMQ??? Parce que ça fait 11 ans qu'il note les vins que je fais, et jamais je ne l'ai vu mettre les pieds pour gouter dans un des chais correspondants.

EL
18 Jui 2010 14:47 #14

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Luc Javaux
  • Portrait de Luc Javaux Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Administrateur
  • Messages : 26207
  • Remerciements reçus 1386

Eric B écrit: Au niveau des assemblages, je pense qu'il faut déjà distinguer rive gauche et rive droite : ils ne manipulent pas du tout les mêmes volumes, et on peut être plus "souple" à Saint-Emilion qu'à Pauillac. Dans pas mal de domaines de rive droite où j'ai pu aller, les lots restent effectivement séparés durant une bonne partie de l'élevage. C'est assez facilement repérable : c'est en général marqué à la craie sur les barriques. Dans les chais médocains où je suis allé, on voit ces marques à la craie entre novembre et février, après, on ne les voit plus. Les barriques sont indifférenciables, si ce n'est qu'il y a souvent 10-15 types de barriques (différents tonneliers, différentes chauffes, différents grains de bois). Si le vin contenu dans les barriques est identique au départ, il ne l'est plus du tout à l'arrivée. Donc, oui, c'est sûr qu'il faudra regoûter et écarter certaines barriques qui n'ont pas évolué favorablement.


Sauf que dans l'article en question, on ne parle pas de vins de la rive droite, mais l'exemple qui est donné d'amélioration spectaculaire des échantillons "primeurs" depuis que Michel Rolland s'en occupe est Phélan Ségur.
Il affirme sélectionner une vingtaine de barriques, celles qui se goûtent le mieux, et en effectuer un assemblage pour produire le meilleur échantillon primeur possible. Certains placent même ces barriques sélectionnées dans des chais chauffés pour accélérer la fermentation malolactique afin que les échantillons soient plus séduisants dès le mois de mars.
On constate donc bien qu'il y a une stratégie qui vise à sélectionner le meilleur, et à le "travailler" de telle manière qu'il se présente au mieux lors des dégustations primeurs, qui sont primordiales car ce sont elles qui décideront du succès commercial du millésime. Certains (Michel Delon en tête) parlent même d'échantillons élaborés spécialement pour l'un ou l'autre dégustateur professionnel...
On comprend donc également pourquoi le résultat final, en bouteille, peut différer de manière parfois sensible des échantillons primeurs.

La plus élémentaire prudence voudrait donc que l'amateur boude les campagnes primeur qui n'ont pour lui strictement aucun avantage. Il achète, deux ans avant commercialisation, un vin qu'il n'a (sauf rare exception) pas goûté, en se basant sur des notes délivrées par des pros qui ont goûté les échantillons qu'on a bien voulu leur présenter, et dont la représentativité par rapport au produit final est pour le moins sujette à caution.
Le problème, c'est que la machine de vente bordelaise est tellement bien huilée qu'elle parvient à faire croire aux acheteurs que si ils n'achètent pas en primeur ils n'auront plus accès aux crus les plus recherchés, du moins pas aux "prix d'amis" auxquels ils ont la bonté de nous les proposer lors de la campagne primeur. Et tout cela au mépris du plus élémentaire sens de l'observation, chacun ayant pu constater que quasiment tous les vins (sauf peut-être une dizaine d'étiquettes) sont disponibles facilement, pendant de nombreuses années, à des prix similaires voire même moins élevés qu'en primeur.
Et pourtant, ça marche, et ça marchera encore longtemps si j'en crois l'agitation frénétique qui s'empare du forum primeur en mai et juin de chaque année...

Luc
18 Jui 2010 14:49 #15

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Luc Javaux
  • Portrait de Luc Javaux Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Administrateur
  • Messages : 26207
  • Remerciements reçus 1386
Le titre de ce blog montre que la confiance est écornée, et que la suspicion est en train de prendre le dessus, sinon il se serait appelé: "ce que montrent les échantillons", au lieu de "ce que cachent les échantillons"

Ce titre n'est pas le reflet de ma propre suspicion, il ne fait que reprendre le titre de l'article de la dernière RVF. Qui malgré sa suspicion participe au "cirque" en publiant tous les ans son n° spécial primeur... ;)

Luc
18 Jui 2010 14:58 #16

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20399
  • Remerciements reçus 1820
"La plus élémentaire prudence voudrait donc que l'amateur boude les campagnes primeur qui n'ont pour lui strictement aucun avantage."

Le bon sens n'a pas sa place dans la spéculation et l'appât du gain de court terme pour certains. On a le droit aux erreurs de jeunesse quand on débute dans l'achat de vin, si par contre on persiste à entretenir ce système, c'est qu'on a une vision de notre passion bien différente.
18 Jui 2010 15:00 #17

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Luc écrit: Sauf que dans l'article en question, on ne parle pas de vins de la rive droite, mais l'exemple qui est donné d'amélioration spectaculaire des échantillons "primeurs" depuis que Michel Rolland s'en occupe est Phélan Ségur.
Il affirme sélectionner une vingtaine de barriques, celles qui se goûtent le mieux, et en effectuer un assemblage pour produire le meilleur échantillon primeur possible. Certains placent même ces barriques sélectionnées dans des chais chauffés pour accélérer la fermentation malolactique afin que les échantillons soient plus séduisants dès le mois de mars.


Je te confirme que c'est très rive droite, comme façon de fonctionner. Les malos en barrique sont exceptionnelles dans le Médoc, à l'exception de Lascombes ... suivi par Rolland. Les autres mettent tout au plus 15-20% de leurs meilleurs vins, effectivement en local chauffé, mais 80% (voire 100% chez beaucoup, dont Lafite) du volume fait sa malo en cuve thermorégulée, leur permettant de faire la malo vite fait bien fait, sans avoir besoin de faire des analyses barrique par barrique pour vérifier qu'elle s'est bien terminée. J'en reviens à ce que je disais plus haut : les volume traités sont énormes : ils n'ont pas le temps de finasser.

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 15:06 #18

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Luc Javaux
  • Portrait de Luc Javaux Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Administrateur
  • Messages : 26207
  • Remerciements reçus 1386
Les autres mettent tout au plus 15-20% de leurs meilleurs vins, effectivement en local chauffé

Tu parles de ceux qu'ils font goûter lors des dégustations primeurs ? ;)

Luc
18 Jui 2010 15:43 #19

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691
Je m'y attendais, à celle-là ;)

Non, ils sont réintégrés à l'assemblage avant même les primeurs. Ils ne sont d'ailleurs pas du tout représentatifs des assemblages (en général, ce sont les merlots)

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 15:50 #20

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 3806
  • Remerciements reçus 1331
Luc Javaux écrivait:

> La plus élémentaire prudence voudrait donc que
> l'amateur boude les campagnes primeur qui n'ont
> pour lui strictement aucun avantage. Il achète,
> deux ans avant commercialisation, un vin qu'il n'a
> (sauf rare exception) pas goûté, en se basant sur
> des notes délivrées par des pros qui ont goûté les
> échantillons qu'on a bien voulu leur présenter, et
> dont la représentativité par rapport au produit
> final est pour le moins sujette à caution.
> Le problème, c'est que la machine de vente
> bordelaise est tellement bien huilée qu'elle
> parvient à faire croire aux acheteurs que si ils
> n'achètent pas en primeur ils n'auront plus accès
> aux crus les plus recherchés, du moins pas aux
> "prix d'amis" auxquels ils ont la bonté de nous
> les proposer lors de la campagne primeur. Et tout
> cela au mépris du plus élémentaire sens de
> l'observation, chacun ayant pu constater que
> quasiment tous les vins (sauf peut-être une
> dizaine d'étiquettes) sont disponibles facilement,
> pendant de nombreuses années, à des prix
> similaires voire même moins élevés qu'en primeur.
> Et pourtant, ça marche, et ça marchera encore
> longtemps si j'en crois l'agitation frénétique qui
> s'empare du forum primeur en mai et juin de chaque
> année...
>
>
> Luc

Exact Luc,et cette année pour moi la question est déjà réglée,puisque vu les prix d'amis et même de très bons amis auxquels ont nous propose ces divins nectars,je vais passer mon chemin sur les bordeaux.C'est n'imorte quoi.
Je suis un grand naif.J'avais repéré Malartic en rouge lors de ma dégustation des primeurs et qui doit valoir 25/26€ d'habitude.Et aujourd'hui je vois que Malartic sort à 41.80 ht soit 49.9928 ttc (soyons précis).Bel effort pour rester en dessous de 50€(tu).Après le 0-2 de la bande à Raymond,voilà un deuxième coup sur la calebasse en moins de 24h.Je suis énervé ,nom de Zeus.
Du coup demain après midi au retour de mon marathon je fais un crochet chez Manuela Chidaine faire le plein de bons vins de Loire .

Didier
18 Jui 2010 16:08 #21

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1935
  • Remerciements reçus 64

Eric écrit: S'il a tout vendu en quelques heures comme à Pontet Canet, le vin ne lui appartient plus. Il faudra qu'il livre le nombre de bouteilles exact qui lui a été commandé. Je ne vois donc pas comment il pourrait modifier les proportions 1er/2nd vin.


A condition bien sûr que le second vin soit vendu en primeur AVANT le premier. Tu es le plus à même de nous indiquer là où c'est fait. Mais là encore, le propriétaire, qui n'annonce jamais sa récolte (et qu'aucun journaliste ne va la prendre en mairie, alors que c'est public), comme presque aucun ne publie d'ailleurs ses comptes au greffe du tribunal, alors que c'est obligatoire, peut encore tout à fait jouer sur les "tranches" ou se replier, en cas de mévente du premier vin, sur le deuxième en augmentant les volumes en sortie, puisque rien n'est annoncé.

De même, le château régule les sorties en gardant ce qu'il veut du stock. Bien malin celui qui sait combien il en reste ensuite, qui sera écoulé gentiment, demande par demande, par les négociants qui iront vers la propriété, des années après, une demande et un prix à la main. Le système est tout à fait remarquable, inégalé, et permet d'adapter par petites touches successives, avec plein de leviers et de curseurs différents et décalés dans le temps, l'offre à la demande, le but étant de raréfier et de contrôler l'offre afin de maintenir le prix le prix le plus élevé possible.

Le système montre son génie cette année, la sortie de Lafitte permettant à d'autre d'espérer désormais 1000 euros la bt, net propriété, pour au moins une partie de la récolte. Du grand art.
18 Jui 2010 16:10 #22

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 4842
  • Remerciements reçus 2330
A partir du moment ou on fait un élevage en barrique (nombreuses, qui plus est), et que la variabilité entre elles n'est pas qu'une vue d el'esprit (même si on passe sur la le fait qu'il y a des marques différentes) le plus facile est bien de piocher dans ce qui se présente le mieux. A l'inverse, préparer un échantillon représentatif de centaine de barriques, là serait l'exploit.

Et je passe sur les mises en bouteilles. Sur de tels volumes, qui fait des mises en 1 seule fois et dispose de cuves de trés grands volumes pour assembler ? J'ai pas la réponse pour le médoc, Eric doit l'avoir par contre....Si des mises se font en décalé, alors qu'on le veuille ou non la durée d'élevage n'est plus la même, même si ce qui attend est remis en cuve.

J'ai souvenir de quelques rares bouteilles de "grand" (par la taille) médoc avec co-existence de plusieurs numéros de lot de mises successives. Sans parler des cas de variabilité dans une même caisse (exclu ici) faut pas s'étonner que trouver des variations.
18 Jui 2010 16:54 #23

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691
Sur de tels volumes, qui fait des mises en 1 seule fois et dispose de cuves de trés grands volumes pour assembler ? J'ai pas la réponse pour le médoc, Eric doit l'avoir par contre....

A ma connaissance, il n'y a que Latour qui possède une cuve de 2 250 hl (300 000 bouteilles). Les différentes cuves qui l'alimentent sont vidées simultanément dedans afin d'homogénéiser au mieux. Cette cuve sert une première fois pour l'assemblage en mars-avril suivant la récolte, puis avant l'assemblage précédant la mise en bouteille.

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 17:12 #24

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Luc Javaux
  • Portrait de Luc Javaux Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Administrateur
  • Messages : 26207
  • Remerciements reçus 1386
Avril ? Ce n'est pas un peu tard pour que ce soit prêt pour les dégustations primeur ? ;)

Luc
18 Jui 2010 17:26 #25

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1238
  • Remerciements reçus 63
Eric B écrivait:
> Sur de tels volumes, qui fait des mises en 1 seule
> fois et dispose de cuves de trés grands volumes
> pour assembler ? J'ai pas la réponse pour le
> médoc, Eric doit l'avoir par contre....
>
> A ma connaissance, il n'y a que Latour qui possède
> une cuve de 2 250 hl (300 000 bouteilles). Les
> différentes cuves qui l'alimentent sont vidées
> simultanément dedans afin d'homogénéiser au mieux.
> Cette cuve sert une première fois pour
> l'assemblage en mars-avril suivant la récolte,
> puis avant l'assemblage précédant la mise en
> bouteille.

Une seule cuve de 2250 HL ?? ::o
18 Jui 2010 17:53 #26

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691
Elle est souterraine

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 17:55 #27

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1238
  • Remerciements reçus 63
Je me doutais Eric, mais merci de ta précision (tu)

Cela doit être quand même assez risqué de faire les assemblages sur une seule cuve non ?

Salutations
Julien
18 Jui 2010 18:02 #28

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691
Comment ça ?

Eric
Mon blog
18 Jui 2010 18:06 #29

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 4842
  • Remerciements reçus 2330
Des cuves aériennes (et pas souterraine) de 2 à 3000 Hl (en inox) ça existe. Il me semble (pour ce qui concerne la France) qu'il a dû exister des fermentations jusqu'à 1500 Hl ou peut être même 2000 Hl (bon...faut que la cuve plante sa fermentation.....).
18 Jui 2010 18:20 #30

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezVougeotjean-luc javauxCédric42120starbuck