Domaine Paul Prieur - Sancerre - Dégustation au domaine
Nous sommes accueillis à Verdigny alors que Luc Prieur s'affaire à l'assemblage de son "blanc domaine 19". C'est un vin pour lequel il procède à plusieurs mises. Une partie est déjà embouteillée (mais pas encore à la vente).
Nous évoquons le travail à la vigne, qui ne manque évidemment pas, le retour des clients au domaine depuis le déconfinement, l'état de la vigne pour le millésime 2020 qui incite plutôt à l'optimisme. La fraîcheur relative du mois de juin semble avoir un peu ralenti le cycle et on ne vendangera peut-être pas au mois d'août comme cela était envisagé il y a quelques semaines, ce qui eût été un record historique de précocité sur l'appellation Sancerre.
Luc Prieur commence par nous faire goûter les blancs.
Sancerre blanc 2019
Le vin est vif et minéral, construit sur une trame acide, équilibrée et délivre quelques fines saveurs d'agrume et de fleurs. Jus fin, encore discret sur le plan aromatique et demande un peu de patience pour que sa matière conséquente s'exprime davantage. Pas variétal pour 2 sous. Très bien né. Un seul défaut: pas encore en vente...
Sancerre blanc "Monts Damnés" 2018
La bouteille est ouverte depuis plusieurs jours. Attaque plus large que le précédent, richesse de matière mais qui conserve suffisamment d'acidité pour rester dynamique. Bel équilibre, encore de la finesse, on sent le caillou, finale salivante avec une interminable rétro sur des agrumes délicats.
Très bien.
Sancerre blanc "Pieuchaud" 2018
Terroir d'argile à silex
Encore un bel équilibre entre l'énergie et la maturité du fruit, la matière et la délicatesse, dans un ensemble dynamique. Vin à la charpente vive et minérale, à nouveau très salivant. Expression aromatique encore timide, plutôt florale pour l'heure. La patience est requise mais il y a du vin.
Sancerre blanc 2018
On revient vers la cuvée domaine. Le vin est un peu moins vif que le 2019 sans pour autant être mou, plus aromatique sur le pamplemousse. Belle droiture, longue rétro. Déjà accessible et gourmand.
Je préfère le 19, mais c'est tout de même bien réussi.
Sancerre blanc "Monts Damnés" 2017
On retrouve l'équilibre de tous les vins dégustés jusque-là, avec davantage de complexité aromatique sur les fruits, les fleurs, la pierre. Matière plus fine mais sans maigreur. L'élevage ne marque pourtant pas le vin conformément aux souhaits de Luc Prieur qui veut des élevages délicats. Vin construit sur un fil de vivacité. On sent la pierre. A nouveau une longue rétro salivante. Très bon.
Sancerre blanc "Pieuchaud" 2017
A l'instar du précédent, à nouveau une matière un peu moins volumineuse qu' en 2018, à nouveau sans la moindre impression de maigreur. De la finesse, belle vivacité, davantage qu'une pointe saline, droit et même assez tendu. Beaucoup de pureté. Très bon.
Fin de la dégustation des blancs. C'est très convaincant sur les 3 millésimes goûtés. Les vins ne sont jamais variétaux. Ils expriment leur terroir, sont tous parfaitement équilibrés, empreints de finesse, dynamiques, nullement marqués par l'élevage, encore un peu timides quant à l'aromatique (sauf le Sancerre "domaine" 2018, déjà gourmand) et leur avenir s'annonce radieux (le Sancerre domaine 2019 est une future bombinette).
Transition avant les rouges avec le
Sancerre rosé 2018.
Jolie couleur soutenue, croquant sur le fruit, équilibré,"vineux", c'est bon.
Les rouges.
Sancerre rouge 2016
Joli volume, on perçoit l'acidité, le vin est bien fruité, encore un peu tannique sans la moindre sécheresse. Assez profond, goûteux éclatant de fruit rouge acidulé. De la fraîcheur. C'est bon. Encore un beau potentiel de garde selon moi.
Sancerre rouge "Les Pichons" 2016
Petite réduction qui n'empêche pas de sentir le fruit rouge bien net de s'exprimer.
C'est plutôt vif, le jus est dense, encore acidulé, "juteux". On sent une pointe d'élevage. Encore tannique sans sécheresse. Le fruit est plus mat qu'au nez. En l'état il convient sans doute d'aérer un moment avant de déguster.
Très bien.
Sancerre rouge 2017
Davantage de finesse. La matière offre moins de volume et d'amplitude. Mais c'est relatif car il y a du jus. De la délicatesse, de la vivacité, du fruit, un beau Pinot au plaisir peut-être plus immédiat que le 2016.
Sancerre rouge 2017, 100% vendange entière.
Nez fruité et plus végétal que les précédents. La bouche est encore très fruitée, se fait légère, aérienne, beaucoup de fluidité acidulée. Fin de bouche marquée par une présence tannique nette et quelque peu asséchante.
Bien mais en retrait par rapport aux précédents à cause de la finale.
Sancerre rouge "Les Pichons" 2017
Nez fruité, pointe de camphre. Il n'y a pas la petite réduction du 2016.
Bouche légère et plus fine que sur le 2016. Beau fruit rouge joyeux, un peu de noyau, quasiment pas de tannins, très frais.
C'est bon.
Voilà une dégustation complète, variée (4 millésimes). Je ne connaissais quasiment pas le domaine. C'est une très jolie découverte. Luc Prieur élabore des vins précis, ciselés, nets, purs dans les trois couleurs et est déterminé à produire des vins absolument pas variétaux dans lesquels il recherche l'expression des terroirs.
Pas étonnant qu'il soit un bon copain de Matthieu Delaporte...
Merci à lui pour son accueil, ses multiples explications, le temps passé alors qu'il était très occupé, la richesse de la dégustation proposée.
Mon petit doigt me dit que je vais sans doute revenir.
Un petit mot des prix. Ça peut toujours intéresser...
Les domaines à 12€ (avec quelques centimes de plus), les bouteilles les plus chères (Monts Damnés et Pieuchaud en blanc, Les Pichons en rouge) à 18-19€.