GAEC Clos des Grives,
Claude Charbonnier
204, Grande-Rue
39570 Chille
France
tél: 03 84 47 2378
J'aime beaucoup ce domaine, découvert l'année passée à Rouffach et il n'a pas sa rubrique, alors ...
suite de mon petit périple jurassique, après AM Tissot et Overnoy-Houillon, le lendemain matin :
Le Clos des Grives, Claude Charbonnier, à Chille (environ 5 hectares)
Vendredi matin, rendez vous tôt au Clos des grives où Claude Charbonnier doit nous recevoir. Nous le connaissons de la foire de Rouffach 2003 où nous avions sympathisé avec le personnage et apprécié ses vins. Nous sommes reçus par madame Charbonnier, 86 ans et encore active, voire pétillante comme le crémant qui entame la dégustation (je préfère son rosé, très bonne mâche). Claude est un personnage, il a repris le domaine que son père avait construit de toute pièce dans les années soixante. L'agrobiologie chez les Charbonnier, ce n'est certainement pas de l'opportunisme. C'est de la conviction depuis 1968 que c'est un passage obligé pour le vin comme pour la terre (étrange cette date).
Le style des vins est très différent des deux précédents (Tissot et Overnoy), très typé Jura, du très bon oxydatif sous voile, et c'est tant mieux car il serait dommage de voir le balancier effacer progressivement ce genre de vin. La querelle entre les modernistes et les traditionalistes n'a pas lieu d'être, seule la biodiversité doit dominer. Revenons à Claude, dont le franc-parler fait vite dévier la conversation sur les choses de la vie. Je ne sais si c'est son expérience de psychologue, mais Anne (ma femme) a le don d'attirer les confidences. Nous découvrons donc une autre facette du personnage direct, sûr de lui et de la qualité de ses vins. Un personnage plus torturé, un peu écorché vif, qui le rend encore plus sympathique. D'un côté, il nous raconte fièrement sa dégustation avec les sommeliers de chez Jeunet (2* Michelin) à Arbois et sa présence sur leur carte. De l'autre, le doute l'habite également. Pour exemple ses hésitations sur un chardonnay (01) mis en bouteille et qui présente un léger dépôt levurien. Le nez est pourtant très pur, et nous prenons plutôt cette présence pour un gage de qualité prouvant l'absence de filtration. Claude lui hésite, il a même déjà débouché quelques palettes pour les filtrer. La qualité, son objectif de qualité l'empêche de dormir. On découvre comme chez les meilleurs vignerons, cette angoisse dissimulée derrière beaucoup d'assurance.
Mais la dégustation se poursuit, avec un côte de Jura 02, selon moi un des meilleurs assemblages de pinot, poulsard et trousseau dégusté dans la région. Beaucoup de fraîcheur et de fruits, loin des arômes compotés voire usés souvent trop dominants. Bref, un grand vin de soif (ce n'est pas toujours contradictoire). Enfin, le vin jaune (96) ! Il est excellent mais très viril, pas vraiment l'introduction idéale pour les novices. Par contre le vin de paille (98) est plus féminin, très aromatique, avec un raisin presque muscaté, voire abricoté. Avec ses 90 g de sucres résiduels et une acidité fraîche, l'équilibre est parfait.
Au fil de la discussion et de la dégustation, qui durera près de 3 heures, il nous parle aussi de son domaine et de son avenir. Il approche de la cinquantaine et aimerait transmettre un jour ses vignes et pourquoi pas, son savoir. De quoi faire germer des idées folles dans notre petite tête. On se calme !
On se quitte, en route pour le domaine Pignier à Montaigu, juste le temps d'y arriver, on mangera le pain d'Overnoy et du saucisson dans la voiture ...
A+
Laurent M (truegreatwines)