En Belgique, entre fin novembre et fin janvier, il n’y a pas de concours. Lors de cette intersaison, les équipes fourbissent leurs armes et se préparent pour la suite de la saison. Les rencontres œnologiques de Jupille en région liégeoise, est le premier concours pour lancer la seconde partie de la saison.
D’ailleurs le concours fait salle comble et la grande majorité des habitués du circuit sont présents.
Nous nous présentons dans une configuration inédite. Nous serons une équipe de 4 avec mon camarade des concours RVF : FX ; Bart, son équipier habituel dans les manches belges et Hugues, organisateur bien connu et reconnu du BW Trophy.
Le concours commence par une partie théorie, à laquelle nos ne brillerons pas particulière avec un score de 12/20. Pour la partie pratique, le cépage vaut 10 points (si mono), et l’équivalent de son pourcentage ensuite (arrondi au supérieur à partir de .5), la région 6 points, l’appellation 3 points (1 point si on est proche) et le millésime 1 point. 8 minutes par vin et ramassage des feuilles après chaque vin.
Voilà, le premier vin qui arrive…
1) La robe est pâle, avec un léger reflet vert. Le nez se développe sur des arômes de fruits blancs, d’agrumes (citron), un peu de noisette et une jolie trame minérale. La bouche est fraîche, citronnée, facile et agréable. La matière n’est pas énorme, mais c’est bien fait.
Personnellement, j’hésite un peu entre un melon de bourgogne ou un chardonnay. Le côté noisette (passage en fût), me fera pencher vers un chardonnay de Bourgogne. Mes compagnons sont sur le même raisonnement, de fait, nous n’hésitons pas beaucoup pour indiquer un chardonnay de Bourgogne, Rully, 2017.
Il s’agissait d’un Aligoté, de Bourgogne, appellation bourgogne aligoté, 2017 de chez Goisot.
La grande majorité des équipes seront parties sur le melon de Bourgogne. Bref, les quelques points gagnés ici nous permettent de bien nous lancer.
2) Le second vin à un robe un peu plus soutenue, sur un léger or. Le nez, assez mutique à la base, s’ouvre sur des fruits blancs mûrs, des fleurs blanches. On sent un nez plus sudiste.
La bouche le confirmera. Le vin est rond, gras, avec de la structure. Il est un poil chaleureux et termine sur une certaine amertume. L’aromatique reste simple en bouche.
Clairement, nous penchons pour un vin sudiste. Personnellement, j’hésite entre grenache blanc et clairette. Hugues est du même avis, nos 2 autres camarades sont plus indécis. Nous discutons et le Rhône nous semble la bonne région du fait de l’équilibre du vin. Hugues privilégie le grenache. Nous le suivons, il reste plus probable d’être majoritaire dans la région et nous permettrait de mettre des points si la région n’est pas la bonne. Nous indiquons donc un côte du Rhône village, Vallée du Rhône, 2018.
Il s’agissait d’un côte du Rhône en assemblage de 50% de grenache blanc, 15% de clairette, 15% de bourboulenc, 10% de viognier et 10% de roussanne, 2018 du domaine de la Janasse.
Voilà qui nous permet de marquer encore des points.
3) Le vin suivant ne sera pas évident de prime abord. La robe est pâle. Le nez se présente un peu mutique sur un côté nature, de pomme, de cire et une forte « minéralité ». La bouche est tendue comme un string, sans grosse matière. Il faudra attendre pour que l’aromatique se développe et nous donne quelques notes de poire. Bref, FX et moi penchons très fortement pour un chenin sans grande envergure. Nous étudions tous ensemble la jacquère, mais il n’y a pas le végétal que j’y ressens d’habitude et nous convainquons nos camarades de nous suivre sur le chenin.
Nous indiquons donc un chenin de Loire, en Touraine sur le millésime 2017.
Il s’agissait d’un chenin de Loire, appellation Montlouis, 2018 de chez Laura David, cuvée l’Insolente.
Nous faisons le plein sur ce vin qui aura donné beaucoup de mal à un grand nombre d’équipe.
4) Le vin suivant sera d’une grande évidence. La robe est paille. Le nez pétrole et développe de jolies notes de citron et d’abricot. La bouche le confirmera. Elle est droite, ne manque pas de matière, présente un léger sucre. Elle est pétante d’un point de vue aromatique.
De fait, nous n’hésitons pas longtemps pour inscrire le riesling sur notre feuille. Etant donné qu’il se goûte vraiment bien, nous le mettons en grand cru sur 2015 (pour le léger sucre).
Il s’agissait d’un riesling d’Alsace, appellation Alsace, 2016 du domaine Zind-Humbrecht, cuvée roche granitique.
5) Le dernier blanc ne sera pas du même acabit. La robe est jaune verte, limite paille. Le nez, assez mutique à la base, développe des notes de balsamique, de fleurs, d’élevage sous bois.
L’attaque en bouche est fraîche. La suite est bien structurée, un poil chaleureuse à mon goût et une finale marquée par de l’amertume et une pointe saline. C’est d’une longueur tout à fait honorable, mais cela semble un peu fermé en l’état.
Nous sommes tous d’accord qu’il s’agit d’un vin sudiste. Nous hésitons entre la Provence et le Languedoc-Roussillon. Nous réfléchissons à l’ensemble des cépages possibles sans que l’un d’eux ne nous convainque vraiment. Un peu par dépit, nous décidons de jouer un peu sur les deux régions en tablant sur un rolle du Languedoc-Roussillon en appellation Languedoc sur 2017.
Il s’agissait d’un assemblage de Carignan blanc (65%), chenin (30%) et 5% de roussanne et viognier, en IGP pays de l’Hérault, 2017 du Mas Jullien.
Bon, nous prenons des points, mais franchement pas un cadeau. A titre personnel, je n’ai pas de chance avec le Mas Jullien. 3 fois que je l’ai en concours et jamais d’effet « waou » à l’horizon…
Nous passons maintenant à la série des rouges.
6) Le premier rouge sera assez évident pour nous. La robe est encore violacée, moyennement sombre.
Le nez est sur le poivron mûr, les fruits noirs. La bouche est fraiche, juteuse, digeste. La matière n’est pas énorme, mais le fruit est éclatant.
Nous partons donc sur un cabernet franc de Loire sur 2016. Nous hésitons un peu pour l’appellation avant d’indiquer un Bourgueil.
Il s’agissait d’un cabernet franc de Loire, appellation Chinon, 2017 du Domaine de L’R, cuvée les cinq éléments.
J’ai déjà été au domaine, et je suis heureux d’avoir, encore une fois, apprécié les vins de Fred Sigonneau à l’aveugle.
7) Le second rouge propose une robe pâle, limite orangée. Le nez me semble assez mûr, sur un fruit rouge un peu confit. De fait, je pars vers le grenache. La bouche est aussi assez ronde, un poil chaleureuse, un peu sucrée. J’évoque mon hypothèse aux copains qui me regardent de travers…Ils penchent tous pour un pinot noir…Bref, j’attends de voir l’évolution dans mon verre pendant qu’ils discutent où le placer. Après aération, force est de constater, que je dois me ranger à leur avis. Nous nous mettons d’accord sur 2015. Le vin n’étant pas hyper emballant avec une pointe végétale et une certaine amertume en fin de bouche, nous penchons pour un simple vin en appellation Bourgogne.
Il s’agissait d’un Pinot noir de Bourgogne, Volnay, 2015 du domaine Michel Rossignol.
En l’état, nous sommes vraiment étonnés par le niveau d’appellation de ce vin. Espérons pour ceux qui en ont en cave qu’il ne s’agisse que d’une mauvaise phase…(j’ai quelques doutes). En attendant, nous engrangeons encore pas mal de points. Merci les copains^^
8) Le vin suivant propose une robe rubis, moyennement sombre. Le nez est sur les fruits noirs, les épices (un peu herbes de Provence), le thym et la vanille. La bouche a une attaque assez fraîche, juteuse, gourmande. Elle ne manque pas de puissance, possède encore pas mal de tanins. Niveau aromatique, il y a du fruit noir, du vanillé, des épices douces.
Nous discuterons longuement sur ce vin. Nous sommes plusieurs à avoir d’abord pensé à Bordeaux. Nous l’avons rapidement écarté, les épices nous emmenant plus vers le Languedoc-Roussillon. Nous pensons à un assemblage comprenant du Carignan, de la Syrah et du Grenache. Le côté gourmand, herbacé et juteux nous conduira à choisir le carignan comme cépage principal. Nous le placerons en Terrasse du Larzac, 2016.
Il s’agissait d’un assemblage de cabernet sauvignon (55%) et merlot (45%), appellation Saint Estèphe, 2016 du château Moulin Delille.
Un vin assez agréable qui nous aura perdu. A priori, beaucoup d’équipes sont parties comme nous vers le Languedoc-Roussillon…étonnant.
9) L’avant dernier vin propose une robe profonde, foncée. Le nez est floral, sur les épices douces, les fruits noirs, l’olive. En bouche, la matière est concentrée, ronde et soyeuse. L’aromatique est sur les fruits noirs mûrs, l’olive, une pointe végétale.
Nous pensons tous rapidement sur un vin du Rhône Sud. Nous pensons qu’il y s’agit d’un assemblage de Syrah/grenache. Du fait de le placer en Rhône Sud, nous choisissons d’indiquer un grenache en Lirac sur 2017.
Il s’agissait d’un 90% Syrah, 10% viognier, appellation côte du Rhône village, 2016 du Mas Poupéras.
Notre côté stratégique nous aura coûté pas mal de points pour le cépage, mais en étant dans la bonne région, nous marquons tout de même quelques précieux points.
10) Nous voilà déjà au dernier vin. La robe est profonde, sombre. Les larmes sont colorées.
Le nez est d’abord assez fermé. Vers la fin du chrono, il s’ouvrira sur un côté floral, des fruits noirs, des notes herbacées. La bouche est puissante, les tanins sont présents et assez asséchant à mon goût et pour mon palais de fillette…La finale est un peu végétale et sur une belle minéralité.
Du fait de la couleur et des tanins, nous passons en revue les cépages pouvant donner ce genre de vins. Tannat, mourvèdre, malbec, ne nous convaincront pas. Notre choix se porte finalement sur une syrah sur un terroir schisteux. Nous indiquerons alors un Languedoc-Roussillon, Faugères 2015.
Il s’agissait d’un monocépage en 100% syrah, appellation côte du Roussillon du Vignoble Réveille, cuvée Ultra-violet 2012.
Un vin difficile d’accès aux tanins encore très puissant pour une bouteille de cet âge-là. Néanmoins, nous marquons pas mal de points grâce à lui.
Voilà qui clôture une dégustation que ne fut pas évidente pour beaucoup d’équipe. A la correction, nous nous rendons compte qu’une bonne partie de nos raisonnement sont bons.
Les 6 premières équipes sont proclamées. Les équipes classées de la 6ème à la 3ème place se tiennent en 10 points (entre 94 et 104 points (théorie comprise)). Le gap est important avec les seconds qui obtiennent 124 points. A ce moment-là, nous savons que nous notre score est au-delà. Nous remportons donc ce premier concours de l’année avec un total de 132 points. A la vue du niveau des concurrents présents, nous sommes plus que ravis de notre jolie performance et de notre bonne entente dans cette configuration inédite.
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