Compte rendu d’une dégustation dont le thème était les Bordeaux de plus de 10 ans.
Chaque couple devait apporter une bouteille. Le concept était d’annoncer la liste des vins, avant de les goûter à l’aveugle et de leur attribuer une note sur 5.
Pour finir, il fallait essayer de les reconnaître.
Nous étions 5 couples, les vins à déguster étaient :

Saint Estèphe Haut Marbuzet 2004
Pauillac château Plantey 2009
Pomerol château Tailhas 2001
Saint Julien Léoville Poyferré 2004
Pessac-Léognan Haut Bailly 1992

Les vins ont été ouverts 1h à l’avance, sauf ma contribution (Léoville Poyferré) que j’avais ouvert 4h plus tôt pour vérifier qu'il n'était pas bouchonné et le laisser respirer. Ils ont été servis dans un ordre aléatoire, ordonné par mon épouse qui ne boit pas et a officié comme main innocente (nous étions donc 9 dégustateurs à jouer).
Signification notionnelle des notes, définie pour tous les convives :
0=raté, 1=médiocre, 2=correct, 3=bon, 4=très bon, 5=excellent

Vin n°1
Robe pourpre.
Nez ouvert, sur le poivron rouge, le tabac, les épices, un léger menthol, le cuir et le café.
Attaque souple et fraîche. C’est ample, avec des tains abondants mais fins. Il se dégage une belle énergie. En retro, on est sur le cuir, les fruits cuits, le piquillo et le paprika. Une petite note fumée apparaît en finale, en même temps qu’une petite sensation de chaleur.
Très belle longueur.
Bilan : c’est très bon, encore jeune.
Ma note : 4,25/5; (moyenne des notes du groupe : 4,58)
Il s’agit de Saint Julien Léoville Poyferré 2004.

Vin n°2
Robe pourpre, avec une frange orangée.
Le nez est ouvert, sur la vanille, les fruits noirs, le graphite et un léger basilic.
Attaque souple. La bouche est en ½ puissance, avec une belle fraicheur, des tanins abondants et fins. Un petit côté métallique gâche un peu le tactile. La retro révèle des fleurs séchées, du café et un petit côté viandox. La finale est un peu amère avec une pointe végétale et une pettie sensation de sécheresse. Très belle longueur
Bilan : c’est bon mais la bouche n’est pas au top en finale.
Ma note : 3; (moyenne des notes du groupe : 3,72)
Il s’agit de Pauillac Plantey 2009.

Vin n°3
Robe pourpre brun.
Nez assez discret, duquel on ressort un petit mélange menthe/eucalyptus et des fruits noirs. Au réchauffement, le nez s’ouvrira pour être franchement sur le menthol.
L’attaque est souple. La bouche est ronde, presque suave, élégante, avec des tanins très fins. C’est tout en finesse et en fondu, y compris au niveau aromatique : menthe, café, cuir, fruits cuits, et un peu de paprika en finale. Belle longueur.
Bilan : c’est très bon, fin, avec une touche mentholée.
Ma note : 3,75; (moyenne des notes du groupe : 2,92)
Il s’agit de Saint Estèphe Haut Marbuzet 2004.

Vin n°4
Robe pourpre-brun.
Nez fermé à double tour au début de la dégustation. Il s’ouvrira lentement pour laisser filtrer un peu de poivron mûr, de fumé et de viandox.
L’attaque est souple et fraiche. En bouche, il y a une belle matière, avec des petits tanins, un côté rond et une petite note crémeuse. La retro est sur le fumé et la mûre, avec du chorizo au réchauffement. Finale fraiche et aromatique de très belle longueur.
Bilan : c’est bon à très bon, rond et mûr.
Ma note : 3,5; (moyenne des notes du groupe : 2,83)
Il s’agit de Pomerol Tailhas 2001.

Vin n°5
Robe pourpre-brun.
Nez assez ouvert, sur le tabac, le cuir et les fruits noirs.
L’attaque est ample et fraiche. La matière est belle, fraiche, presque acidulée, avec des tanins fondus. C’est assez gourmand et élégant, avec une retro sur le fumé, les épices, les fleurs séchées et les fruits noirs. Très belle longueur.
Bilan : c’est très bon, dans un style droit et classique.
Ma note : 4 ; (moyenne des notes du groupe : 3,72)
Il s’agit de Pessac Léognan Haut Bailly 1992.


Ce fut une belle dégustation. Léoville Poyferré 2004 a survolé les débats :



Personne n’a eu le quinté dans l’ordre. Pour ma part, j’ai inversé le Pomerol 2001 et le Pauillac 2009. Je pensais que le Haut Bailly 1992 serait facile à démasquer, il n’en fut rien : il ne parait pas plus vieux que les autres et je l’ai trouvé un peu par chance .

Tous ces vins en ont encore sous la pédale et cette dégustation serait peut-être encore meilleure dans 5 ans. Voici la photo de classe de ces jeunots:



Oenophilement
Bibi

Merci Bibi !
Cette dégustation est intéressante car elle montre bien, si je suis ton classement, que la qualité du domaine l'emporte sur la qualité moyenne du millésime.

Jean-Loup

Jean Loup, c'est pas franchement une nouveauté!

La remarque est juste si on se limite aux remarques de Bibi, mais si on regarde la moyenne du groupe, on constate qu'un Pauillac inconnu d'un très bon millésime domine un Saint-Estèphe très connu d'un petit millésime.
Perso, ça me rassure un peu ( pour l'instant ), car je n'ai encore jamais rien goûté de vraiment bon à Bordeaux en 2004.

@ Florian : je sais bien mais c'est toujours intéressant de confirmer.
@ Sylvain : je ne connais pas les amis de Bibi et donc je fais confiance à son jugement.

Jean-Loup

Au fait, Bibi, il y a incohérence sur le millésime du Pauillac entre tes notes et le tableau.
Selon le cas c'est bon ou très bon millésime.

Jean-Loup

Ce Pauillac 2009 était sans doute très flatteur et accessible, ce qui plait plus à son petit groupe de dégustateurs.
Heureusement ce n'était pas YR qui le dégustait.
Pour les 2004 c'est vraiment très bon, voire son Poyferré, nous notre Pontet Canet, notre Sociando et un Montrose à notre soirée Saint-Estèphe.
Stéphane

Jean-Loup Guerrin écrit: Au fait, Bibi, il y a incohérence sur le millésime du Pauillac entre tes notes et le tableau.

il s'agit bien du 2009. Je ferai un edit de la figure ce soir.
Parmi les autres dégustateurs, il y avait 2 autres amateurs et beaucoup de novices. Mais leur jugement sur "j'aime/j'aime" pas ou "je préfère" est tout aussi valable que le mien. J'ai juste remarqué que les dames (novices) avaient tendance à plus marquer leur avis, en utilisant facilement la note 2 ou la note 5. C'est là, peut-être, que l'habitude de la dégustation entre en jeu, en fournissant un référentiel.

Ceux qui n'ont pas de référentiel peuvent avoir tendance à exagérer leur compte rendu de sensation; par exemple certains ont qualifié le Ht Marbuzet de "fluet" ou encore "court", ce qui l'a desservi dans la notation. Mais il est juste un peu plus élégant et seulement long (au lieu de très long pour les autres).

Justement Jean-Loup, je lis bien la contribution de Bibi sur Haut-Marbuzet qui parle de finale chaleureuse et de touche mentholée.
Selon le ressenti de chacun, ça peut vouloir dire alcooleux et vert. C'est en tout cas le souvenir que me laissent des 2004. Certes ni Poyferré ni Montrose.

On peut interpréter cette dégustation en disant que pour 2009, il fallait être mauvais pour le rater alors que pour 2004, il fallait être très bon pour le réussir.

Stéphane, concernant les dégustateurs que je ne connais pas non plus, je ne pense pas qu'un ami qui apporte un Haut-Bailly de plus de 20 ans soit un perdreau de l'année qui n'apprécie que les vins faciles sur le fruit
Et puis 10 ans, ça commence à faire. Peut-on encore parler de vin jeune sur le fruit à propos du Pauillac 2009 ?

Je remercie justement Bibi d'avoir fourni le tableau avec les notes moyennes car de la même façon que pour la bouteille du caviste, nous voyons qu'il n'y a pas une vérité mais des ressentis qui diffèrent selon les gens. A chaque lecteur ensuite d'être interpellé ou rassuré par ce qu'il lit.
Perso c'est la note du Pomerol qui m'inquiéterait si j'avais ce château en cave parce que 2001 est un grand millésime en rive droite.

EDIT: posté avant d'avoir lu le dernier message de Bibi