Après Le Roussillon et la Champagne, notre tour de France des vignobles continue dans le cadre de la saison 2019/2020 du concours RVF… Démarrant de Belgique la veille, nous en profitons pour nous arrêter chez Huet et au Domaine de la Grange Tiphaine. Globalement, les blancs 2018 en chenin ne se gouttent pas hyper bien pour le moment (les vins proposés après le concours par les vignerons de l’appellation le confirmeront). Cependant, chez Huet, Haut lieu 2016 en demi-sec, est dans une superbe fenêtre de tir. Pour nous convaincre que 2018 a du potentiel, au domaine Huet, nous avons, entre autres, goûtés des 2003 et 2009. Ils étaient superbes.
Au domaine de la Grange Tiphaine, si les blancs sont fermés, les rouges sont éclatant de fruits, surtout Bécarre et Côt vv. Les visites étant un peu express, je n’ai pas de notes précises pour en faire des comptes rendus…
Nous nous retrouvons donc à Vouvray pour en découdre avec le gratin des dégustateurs de France, Luxembourg et Belgique…
Philippe va nous proposer la manche la plus compliquée depuis que nous participons au championnat. Sur les 12 vins, 1 seul se révélera vraiment facile. Pour les 11 autres, les méninges ont été mis à fortes contributions pour la plupart des équipes.
Originalité de la manche, il y aura 1 bulle, 6 blancs et 5 rouges à découvrir. A noter que la plupart des vins sont servis assez frais, et qu’il faudra savoir les attendre pour bien les analyser…
1) La bulle servie a une couleur paille, limite or. Les larmes sont assez grasses. Le nez est frais, sur les fruits blancs, de légères notes florales et un côté alimentaire. Après une longue aération, il sera plus sur les fruits secs, des arômes un peu pâtissiers et une certaine vinosité.
La bouche se montre tendue comme un string, citrique, droite, traçante. La bulle reste pourtant assez fine. Après une longue aération, le vin va gagner en rondeur et développer un peu plus de complexité.
Bon, de base, nous partons sur 2 hypothèses : chenin ou chardonnay. Nous le laissons de côté longtemps avant de prendre une décision. Lorsque nous revenons dessus, pas de doute, le nez fait champagne. Nous pensons à un assemblage des 3 classiques. De fait, nous jouons la stratégie en indiquant un chardonnay sur le millésime 2013.
Il s’agissait :
Cépages : pinot noir
Appellation : Champagne
Producteur (Château ou domaine) : Edouard Brun
Nom de la cuvée : Blanc de noir
Millésime : NM
Bon, nous commençons moyennement…si nous prenons des points pour la région, nous avons une belle bulle pour le cépage. Dommage.
2) Le second vin sera un véritable casse-tête. La robe est paille. Le nez, pas hyper causant à la base, développera au fil du temps des arômes floraux, de fruits jaunes mûrs, de fruits secs et une certaine minéralité. La bouche présente pas mal d'amertume, de l’alcool; presque une sensation tannique. Le tout est équilibré par une jolie fraîcheur une peu saline en fin de bouche.
Comme nous trouvons ce vin sudiste, nous commençons à discuter des cépages possibles. FX évoque la marsanne, moi je penche ver le grenache blanc ou la clairette. La pointe saline étant apparue, nous discutons pour le placer près de la mer. La clairette nous semblant un bon compromis, nous l’indiquons en la plaçant en Provence sur un Bandol 2018.
Il s’agissait :
Cépages : terret bourret
Appellation : IGP Pays de Caux
Producteur (Château ou domaine) : Château La Font des ormes
Nom de la cuvée : Vieilles vignes
Millésime : 2018
Bon pour le coup, personne ne l’aura trouvé. Une première pour moi sur ce cépage qui n’est pas inintéressant.
3) Le vin suivant aura une robe assez similaire. Paille, limite dorée. Le nez est assez frais, « minéral », un peu sucré (mangue), miel et un zeste de note d’élevage. La bouche, assez discrète, présente de légères notes de fruits exotiques, un côté un peu alimentaire, boisé. Le vin est assez rond, un peu gras, mais garde de la fraîcheur. Le tout n’est pas d’une grande amplitude.
Nous partons tous les deux assez vite vers le bordelais, avec un assemblage de sauvignon/semillon. Vu que ce n’est pas d’une grande complexité, nous penchons pour un graves d’entrée de gamme sur une millésime chaud. Nous indiquons donc un sauvignon de Bordeaux, graves, sur 2018.
En discutant à la pause, beaucoup sont partis sur un chardonnay de Bourgogne. Pour la plupart en chablis. FX et moi, nous nous interrogeons; serions-nous passés à côté d’un classique chardonnay ?
Il s’agissait :
Cépages : melon de bourgogne
Appellation : Muscadet
Producteur (Château ou domaine) : Château Thébaud (Lieubeau)
Nom de la cuvée : Château Thébaud
Millésime : 2015
Bon pour le coup, c’est une belle bulle, presque rassurante. Très peu sont partis sur le melon de Bourgogne. Le vigneron qui était présent pour nous faire déguster un autre millésime de son vin me dira qu’il n’y a pas de bois sur cette cuvée et que la sensation boisée peut venir de l’élevage sur lie. Bon soit^^
4) Le vin suivant sera à nouveau sujet de discussions à la pause. La robe est jaune pâle avec quelques reflets verts. Le nez pas hyper net, présente une aromatique de sauce aigre-douce. Assez perturbant en soi. La bouche présent un sucre pas hyper bien intégré, une pointe balsamique, et toujours cette aromatique dominée par la sauce aigre-douce (style uncle ben’s). Le tout est sauvé par une finale assez fraîche. Un vin assez déroutant.
FX me dit savoir ce que c’est. De mon côté, je suis un peu perdu. Il m’indique qu’il s’agit d’un chenin. Je ne suis pas convaincu et lui évoque l’Alsace. Devant mon incapacité à donner plus d’arguments (je n’arrivais pas définir quel cépage alsacien pouvait donner ce résultat-là), il insiste sur le chenin. Bon, in fine, je le suis.
En discutant à la pause, les camarades sont souvent partis sur le chenin. Bon je me dis que suivre FX était une bonne idée.
Il s’agissait :
Cépages : riesling
Appellation : Alsace grand cru
Producteur (Château ou domaine) : Mickael Moltes
Nom de la cuvée : Zinnkoepflé
Millésime : 2018
5) La série continue avec un vin à la robe assez pâle, avec des reflets verts. Le nez assez timide, développera des arômes de fleurs jaunes, de buis. En bouche, le vin est assez léger, frais, avec de légères notes exotiques. Le tout n’est pas bien long et pas bien large non plus. Nous le laissons un peu de côté pour discuter des vins précédents et lui laisser le temps de s'aérer. En se réchauffant, le côté exotique va un peu se développer.
Nous nous mettons alors d’accord sur un sauvignon. Il fait clairement « petit sauvignon » de soif. Bien pour l’apéro. Nous le plaçons donc en simple Touraine sur 2018.
Il s’agissait de :
Cépages : sauvignon
Appellation : Sancerre
Producteur (Château ou domaine) : Guillerault Fargette
Nom de la cuvée : Panseillots
Millésime : 2018
Voilà un vin qui nous rapporte enfin des points. Il fait clairement du bien.
6) L'avant dernier vin de la série propose également une robe assez pâle, avec des reflets argentés. Le nez est sur le bonbon anglais, une note levurée et un côté floral. Le floral prendra de l’ampleur à l’aération. En bouche, le vin est gourmand, tout en rondeur. On ressent qu’il ne manque pas d’alcool, mais une belle amertume lui donne ce qu’il faut d’équilibre. Il reste très parfumé, sur les fleurs blanches, le bonbon anglais.
Voilà un vin qui nous oriente vers le sud. Nous reprenons l’exercice de passer en revue les différents cépages possibles. J’indique à FX qu’il fait très rolle de Provence. Nous discutons d’autres cépages, mais aucun ne nous convainc autant que le rolle. Nous partons donc sur un joli rolle de Provence en côte de Provence en 2018.
Il s’agissait d’un :
Cépages : vermentino
Appellation : Patrimonio
Producteur (Château ou domaine) : Clos Alivu
Nom de la cuvée :
Millésime : 2019
Voilà un vin qui nous rapporte des points et qui aura donné du mal à nombres de concurrents.
7) Le dernier vin de la série propose une robe un peu plus foncée que le vin précédent. Au nez, l’aromatique est plus discrète, mais navigue dans les mêmes eaux. Notes florales et un peu alimentaires. En bouche, ce vin est plus puissant, porté par l’alcool. Il est rond, gras, sur les fruits blancs. Le vin est clairement sudiste.
Nous reprenons encore notre bâton de pèlerin pour explorer les cépages sudistes. Devant la structure alcoolique du vin, je propose de le placer en grenache blanc. FX me suit dans ce raisonnement. Le tout manquant un peu de fraîcheur, nous le plaçons en Rhône Sud sur Côtes du Rhône village 2018.
Il s’agissait :
Cépages : grenache gris 40, blanc 30, macabeu 15 roussanne 15
Appellation : Collioure
Producteur (Château ou domaine) : La Tour Vieille
Nom de la cuvée : Les Canadells
Millésime : 2018
Voilà qui met un terme à la première partie de cette manche. Les avis sont unanimes à la pause : Philippe a resserré la vis après la manche plus facile du mois de décembre.
8) Le premier rouge propose une robe pourpre, un peu violacée. Le tout est moyennement pâle et les larmes un peu colorées. Le nez est sur l’orange, les épices douces, les fruits rouges frais, un côté herbacé. Assez sympa en soi. Je soufflerai même à FX que le nez fait un peu « macération carbonique ». La bouche est fraîche, juteuse, bien équilibrée sur les fruits rouges acidulés, un côté fumé. Notre première impression nous porte vers un gamay, mais quelque chose nous dérange. Le style en bouche ne ressemble pas aux gamay classiques du Beaujolais. De fait, nous explorons d’autres cépages, plutôt nordistes ou du sud-ouest qui pourraient donner ce résultat-là. Nous revenons à chaque fois vers le gamay…De fait, bien que pas totalement emballé, nous indiquons un gamay en Brouilly 2018.
Il s’agissait :
Cépages : gamay
Appellation : Côtes Roannaises
Producteur (Château ou domaine) : Domaine des Pothiers
Nom de la cuvée : Clos de Puy
Millésime : 2018
Bon, à la correction, nous comprenons mieux notre hésitation, mais in fine, voilà quelques points qui font du bien au moral !
9) Le second rouge présente une robe proche du précédent, bien qu’un peu plus sombre. Le nez est aussi très expressif, sur les épices, un côté herbacé, sous-bois, les fruits noirs frais et du mentholé. La note mentholée ne va faire que gagner en expression à l’aération.
La bouche est fraîche, juteuse, épices, mentholée. Les tanins en fin de bouche sont fins mais présent.
Je pars sur deux hypothèses : un malbec nouvelle génération ou une mondeuse. FX est assez convaincu par le malbec, le côté mentholé ne faisant que se renforcer. Nous tablons donc sur un malbec en cahors sur 2018.
Il s’agissait :
Cépages : côt
Appellation : Touraine
Producteur (Château ou domaine) : Domaine du Chapitre
Nom de la cuvée : Brin d’épice
Millésime : 2018
10) Ahhh le voilà enfin le vin qui va redonner le sourire à tout le monde ! Un vin enfin évident ! La robe est claire, couleur brique. Le nez…pinote à mort sur des arômes de sous-bois, de cerise, de petits fruits rouges et une pointe herbacée. Un nez assez élégant.
En bouche, le vin est frais, tout en finesse. Ce n’est pas un monstre de structure, mais il est tout en équilibre. Un joli pinot. Nous le plaçons en Fixin sur 2017.
Il s’agissait :
Cépages : pinot noir
Appellation : Nuits-st-Georges
Producteur (Château ou domaine) : Albert Bichot
Nom de la cuvée : Château Gris
Millésime : 2017
Un vin presque pour du beurre, mais qui redonne du moral à bien des équipes !
11) L’avant dernier rouge a une robe légèrement violacée, rubis. Les larmes sont un peu colorées. Le nez est dominé par un boisé assez imposant. Derrière, je ressens des fruits noirs, un côté animal, une pointe balsamique. En bouche, je suis sur des petits fruits rouges et noirs acidulés, un côté sanguin, herbacé, toujours ce bois imposant (badiane, épices douces) et des notes « terreuses ». Le tout est assez frais et juteux. Notre première idée est de partir sur une syrah. Nous l’indiquerons même sur la feuille. Néanmoins, avec l’aération et les notes boisées qui prennent de plus en plus de place, j’évoque à FX le bordelais. Nous discutons beaucoup et décidons, sur le buzzer de barrer la syrah et indiquons un merlot en Bordeaux, pomerol 2016.
Il s’agissait :
Cépages : syrah
Appellation : St joseph
Producteur (Château ou domaine) : Domaine du Chêne
Nom de la cuvée : Anaïs
Millésime : 2017
J’ai eu droit à un regard noir de FX à la correction; c’est mon hésitation qui nous a éloigné de la syrah…
que nous comptions, justement mettre en Saint-Jospeh. Bref, une bulle qui fait des dégâts ! Pour me faire pardonner, je suis déjà occupé à réviser le saint-joseph ^^
12) Le dernier vin a une robe plus sombre, mais au niveau aromatique nous naviguons à nouveaux dans les fruits noirs et les épices. Cette fois-ci, le côté crème de cassis est assez imposant au nez. En bouche, le cassis domine l’aromatique. Le vin est frais, juteux, avec des tanins fins mais encore bien présent.
Nous évoquons encore la syrah (cela peut nous avoir influencer pour changer la précédente), le malbec…Ce cassis à la limite de l’écœurant nous fera pencher vers une syrah du Languedoc. Etant donné la fraîcheur, nous la plaçons en Pic-Saint-Loup sur 2017.
Il s’agissait :
Cépages : Negrette 50% syrah 50 %
Appellation Fronton
Producteur (Château ou domaine) : Domaine Laurou
Nom de la cuvée : Les Complices
Millésime : 2018
Bon, c’est la 4ème fois en 3 concours que Philippe met un vin présentant de la négrette…
Heureusement, la proportion de syrah nous donne des points.
Voilà qui clôture cette manche. Les scores ne sont pas très élevés, et ce sont les champions du monde français qui raflent les premières places. Les champions du monde belge de 2013 prennent la 5ème place. FX et moi, nous nous en sortons bien avec 87 points et une frustrante 7ème place à 1 point d'une qualif direct pour la finale. Néanmoins, après une 14ème place, une 11ème place et cette 7ème place, il est raisonnable de croire que nous serons qualifiés aux points pour la finale du mois de Juin
La prochaine manche se déroulera, sans nous, le mois prochain dans le Languedoc. FX et moi, serons de la partie pour la dernière manche à Menetou-Salon en mai prochain (l’appel du chavignol, à n’en point douter !).