La Bretagne, ça vous gagne !
Aaaaaaaaah, enfin les vacances, du calme, du repos !
Et pourtant, j'avais la pression...
Ben oui, choisir le Finistère nord pour se redorer la couenne et se regonfler le moral en plein mois de septembre, c'était un pari à faire perdre la raison à un Blaise Pascal.
Les gentillesses des copains, toujours généreux dans l'effort, fusaient de tous les côtés..."N'oublie pas ton ciré !", "Bretagne en septembre, prend garde à ton membre !", "Horizon pas net, reste à la buvette !" etc etc...
Ajoutez à cela les encouragements motivants de mon vieux Gui, notre régional Gunthard à cornette, qui me lance au milieu de menus conseils de survie, une de ses répliques doum-doum qui ont fait sa légende : "T'inquiète pas, mon Oliv, comme on dit par chez nous, en Bretagne, il ne pleut que sur les cons !"
:)o
Et bien les cocos, à l'aise Breizh, remballez vos langues pointues et vos sous-entendus de hyènes, le Pays de Léon, personne n'a le même à la maison !
Il semblerait qu'on ait constaté sur la côte la présence d'un grand sémaphore rouge carmin encore inconnu des marins locaux...
Le soleil était en effet au rendez-vous, éclairant les côtes déchiquetées d'une lumière aussi rasante que revigorante et.. allumant les visages des naïfs parisiens de couleurs rubicondes dignes d'un Bobosse des grands soirs !
Ajoutez à ce tableau d’éden la chaleur et la générosité de l'accueil de mon ami Raphael qui nous hébergeait dans son gîte et vous comprendrez qu'on n'allait tout de même pas faire diète pendant une semaine...
Je souhaite à tous de vivre un si bel été indien en terre bretonne car ces paysages authentiques et changeants au rythme des marées prennent une intensité rare sous la lumière du soleil et un ciel d'azur.
Bon allez, place aux vins !
Oliv
***
A peine arrivés, le Raph' nous entraine dans un petit traquenard !
Et c'est parti pour une délicieuse langue de porc maison, de saucisses artisanales et de frites au beurre, d'un joli nectaire (paix à son âme... ).
Et bien sûr, la spécialité locale, le gâteau qui vous fait couiner l'âme !
La recette est simple : un kilo de beurre - 100 g de sucre et 10 de farine.
Mon régime vacances démarre sur les chapeaux ronds de roue ! ()
Domaine Tempé - Gewurztraminer - Cuvée du Baron Symon de Blonay - 1985
La robe est évoluée, sur des notes bronze coulantes.
Le nez est sur la cire, des notes de miel et un léger côté poussiéreux.
La bouche est un peu usée, manquant d'énergie et de rebond, sur une aromatique de cire d'abeille.
La finale est étonnamment longue mais manque à mon goût de fraicheur et d'allant.
Un vin trop vieux à mon goût.
Ovni
Une bulle qui m'est servie en bouteille sans étiquette.
La robe est claire, sur le jaune paille, avec une mousse peu persistante.
Le nez est superbe, sur des notes de fruits exotiques frais qui m'évoquent le Layon.
La bouche est délicieuse, attaquant sur une sucrosité franche qu'une très belle acidité parvient à étirer.
La bulle est fine et participe parfaitement à la gourmandise indéniable de ce vin dangereux l'été, sous une tonnelle !
Raphael m'annonce... un vin qui n'existe pas, un Vouvray moelleux repassé en fermentation par un domaine que connait bien notre ami Julien.
Des essais de ce niveau, j'en redemande !
Château Giscours - Margaux - 1989
La robe présente une évolution indéniable, sur des notes roussies et un extérieur de disque clair.
Le nez est beau, nettement tertiaire, sur des senteurs d'humus et de cuir légères.
La bouche est pleine, agréable, les tanins sont parfaitement intégrés.
Il ne manque à cette très belle bouteille qu'un peu plus de fond et d'allonge pour être un grand vin.
J'ai beaucoup aimé.
Domaine Jo Pithon - Coteaux du Layon St Aubin - Clos des Bois - 1995
La robe est sur le vieil or tirant sur le marron.
Le nez est éteint et marqué par des notes de vernis et alcooleuses.
La bouche confirme le défaut sur cette bouteille, creuse et flottante.
ED
Domaine Causse Marines - Mout de raisins partiellement fermenté - Folie Pure
Ouch, mais c'est que c'est à peine liquide, cette petite affaire !
Le vin nappe littéralement les parois du verre, sur une belle robe d'un or profond.
Le nez sent la rhubarbe confite, le miel et laisse une impression de concentration.
La bouche confirme cette sensation, le vin est sirupeux, massif, manquant un peu d'acidité et de fraicheur pour mon palais.
Un vin d'une concentration extrême, à réserver aux fous de vins de dessert.
A déguster goutte à goutte.
***
Allez zou, on y retourne !
Après quelques jours de balades et de découverte de la région de Roscoff et de l'Ile de Batz, Raphael et Norbert nous rejoignent pour un dîner magnifique fait de produits aussi simples que remarquablement préparés.
Moi, je vous le dis, chez le breton, tout est bon, c'est comme dans le cochon !
Et après ça, on s'étonne que l'indigène ait la réputation d'être une tête de lard... ()
Petits Gris et Terrine de Foie de Lotte maison
Domaine Bruno Clair, Marsannay 2008
La robe est très claire, sur de légers reflets gris verts.
Le nez est discret, très peu expressif et m'évoque un aligoté ou un muscadet.
La bouche est construite autour d'une acidité assez forte, traçante mais qui sait apporter trame et fraicheur au vin.
Dans sa simplicité, je le trouve parfaitement adapté à de délicieux escargots préparés la veille par Raph'.
On insistera jamais assez sur le fondant incomparable des escargots lorsqu'ils sont préparés par un hôte courageux.
L'acidité du vin répond également parfaitement aux fortes notes iodées du foie de lotte, un morceau du pêcheur que je recommande à tous pour son goût et sa texture exceptionnels.
Le foie gras de la mer !
Ormeaux poellés
Domaine François Raveneau, Chablis Premier Cru Montée de Tonnerre 2004
La robe est peu teintée, sur le jaune paille clair.
Petite inquiétude au nez pour des notes peu avenantes que j'ai pu prendre un temps pour un léger bouchon mais que l'aération évacuera.
Il n'en reste pas moins que ça renifle serré, sur des notes de coquillages pas très nets et que le vin peine à en sortir.
La bouche m'a elle aussi un peu bringuebalé entre une honnête attaque sur des notes florales et miellées qui nous font vite partir vers le chablisien et un milieu de bouche un peu fuyant.
Même le fond de bouteille terminé le lendemain ne s'est pas présenté de manière plus ouverte. Raph', laisse dormir les sœurettes, il me semble urgent d'attendre !
J'avoue n'avoir pris que peu de plaisir sur cette bouteille, loin d'être au niveau de la découverte gastronomique du séjour pour moi : les ormeaux.
J'en avais entendu parler mais force est de reconnaitre qu'on est dans l'exceptionnel pour tout amateur de produits de la mer.
Le goût du coquillage est absolument phénoménal de puissance équilibrée et surtout, de persistance en bouche.
L'impression d'un concentré de chair d'araignée de mer avec une rondeur sucrée comme on la rencontre sur la coquille St Jacques.
Splendide !
Cèpes poêlés
Deux Montille, Pernand Vergelesses Premier Cru Sous Frétille 2006
La robe est sur un joli doré.
Le nez présente des notes de chardonnay typiques, florales, rondes avec une pointe d'élevage encore perceptible.
La bouche est puissante, sur un équilibre replet qui m'évoque vite le millésime, des arômes de fruits blancs et des notes fumées bien intégrées à cet ensemble massif.
Le vin manque un peu de rebond à mon goût mais rien à dire, c'est de la belle ouvrage.
Non content d'être un pêcheur à pied de compétition et un cuisinier de talent, Norbert nous a apporté un superbe cèpe de Bordeaux... breton !
Le vin répond bien au croquant du champignon snacké, son aromatique un peu baroque un peu moins aux notes finement noisetées.
Poulet fermier rôti, risotto et pieds de mouton sautés
Domaine Rapet, Pernand Vergelesses Ile des Vergelesses 1990 &
Château Haut Bailly 1993
La robe du Bourgogne est peu extraite, nettement évoluée sur des notes rouilles alors que celle du Haut Bailly est bien plus profonde
Le nez du Pernand est très beau, sur des arômes de sous bois et une pointe de fraise des bois alors que le Haut Bailly me semble présenter des notes végétales de poivron un peu fortes.
La bouche du premier est fine, élégante et je lui trouve encore du fruit (note de framboise). Le vin ne possède pas une grande ampleur mais il s'intègre parfaitement aux arômes délicieux d'humus des champignons et à la chair fondante du poulet rôti. J'ai beaucoup aimé cette belle bouteille (
[size=x-small]merci Bruno ![/size]).
Le Haut Bailly joue sur un registre plus viril et selon moi, moins à point, moins fondu que le Rapet. Le risotto parvient à l'équilibrer un peu mais les champignons renforcent les notes végétales perçues au nez. Je pense toutefois que ce vin n'est pas encore prêt et gagnera encore au vieillissement.
Fondant carottes - noisettes
Château d'Yquem - Sauternes - 1983
Le vin est bu étiquette découverte.
La robe est magnifique, sur le vieil or avec des reflets presque verts fluorescents !
Le nez est beau, fin, sur des notes de praliné, de cire d'abeille et un côté agrumes caramélisés.
Mais c'est la bouche qui signe la grande classe par son équilibre magnifique entre une matière concentrée et une acidité idéale qui lance le vin et le porte longtemps, longtemps...
L'ensemble est aussi frais qu'expressif, sur une trame remarquable et surtout, de somptueux amers en finale d'une qualité superlative.
J'ai eu tout loisir de lui chercher des défauts. Et bien, je cherche encore...
Un grand vin !
C'est avec des trombines burinées de vieux marins tannés au soleil, des abdominaux nappés au beurre et.. une sacrée banane accrochée aux oreilles que nous regagnons Paris !
Raph', un énorme merci pour ton accueil, ta gentillesse et ta générosité !
On dira ce qu'on veut, LPV, c'est toute de la même la plus belle machine à tisser des amitiés que je connaisse.
Bon vol à toi et à très très vite,
Oliv