Les amis, c'est la vie !
Du bonheur simple des moments vrais, du vrai bonheur des moments simples
Alors que je quitte à la fraiche un Paris écrasé d'une flatulente chaleur depuis plusieurs jours, le bandeau noir de l'autoroute défile devant mes yeux dans sa lassante et lénifiante répétition.
On n'insistera jamais assez sur la qualité des instants de route pour transformer leur vacuité en moments de culture grâce à ce génial outil que l'internet n'a pas encore supplanté, la radio.
Quels meilleurs médias que France Inter et France Culture pour meubler la solitude des heures qui passent et vous accompagner en laissant le temps à un discours construit de se développer jusqu'à vous instruire.
Ayant la mission cruciale de récupérer une pièce maitresse de l'ordinaire-extra dont nous nous régalerons pendant la semaine à l'étang, je quitte à Chalon-sur-Saône le flux des vacanciers pressés de rejoindre leur serviette et retrouve avec bonheur le paysage bucolique qui fait le charme de la France profonde et sincère.
En cet été qui se présente comme caniculaire, les blés ont déjà été rentrés et laissent les champs parsemés de formes géométriques à la beauté moderne presque incongrue dans ces espaces champêtres.
Les forêts de maïs qu'on traverse habituellement comme dans un tunnel émeraude font paille mine, écrasés d'un soleil torride qui nous accompagnera tout le long du séjour.
Au détour d'un de ces virages bressans à la visibilité réduite que je commence à connaître comme ma poche apparaissent les couleurs chatoyantes et rassurantes de la cabane où j'ai déjà tant de beaux souvenirs.
Al' est déjà arrivé et attend ses invités avec la bonhommie sérieuse qui le caractérise.
On ne vous cachera pas qu'on a eu chaud et donc suivi à la lettre les consignes prodiguées en période caniculaire : ne pas négliger de bien s'hydrater ! ()
Florilège des beaux moments vécus en cette semaine de juillet.
Domaine Coche Dury, Bourgogne Aligoté, 2009
Robe très claire.
Nez délicat et précis, franc, sur des notes nettement florales.
Bouche juteuse et nerveuse à la fois, offrant un équilibre plein de charme, sur une matière pleine et tonique.
Tenue absolument impeccable de précision et d'évidence grâce à une acidité parfaitement intégrée et de jolis goûts citronnés et floraux.
Finale d'une grande fraicheur au dangereux goût de reviens-y.
Un vin délicieux qui explose son niveau d'appellation !
Domaine Coche Dury, Puligny-Montrachet, Les Enseignères, 2009
Robe jaune grisée très peu teintée.
Nez ouvert, très élégant, sur les fleurs blanches (aubépine) et des notes d'agrumes.
Bouche délicieuse, racée, sur une structure élancée et une matière bien mûre qui crée un effet de totale gourmandise.
L'équilibre est d'une grande évidence, à la fois plein de fruit et bien tranchant, salivant à souhait et doté d'une belle capacité de relance.
Finale franche et d'une belle présence.
Vraiment très bon !
Domaine Coche Dury, Meursault Côte de Beaune, 2000
Robe encore très jeune et plutôt concentrée pour la maison.
Beau nez franc, sur un bouquet complexe compromis de jolies senteurs de petits fruits rouges enrobées de notes plus tertiaires, sur le tabac, la boite à épices. Aucun début de trace de sénilité en vue !
Attaque nerveuse construite autour d'une nette acidité (que j'aurais placé en 2001) qui lance parfaitement le vin en bouche. Une jolie chair au jus infusé prend le relais pour former un ensemble résolument nerveux, assez droit et d'une densité certaine.
L'aromatique d'une grande pureté, sur la confiture de framboise et des notes de pot pourri est très réussie et apporte gourmandise à cette structure plutôt froide.
Les tanins sont parfaitement fondus et lancent une finale juteuse et délicate d'une belle présence.
Un très beau vin, plein de charme et encore du potentiel.
Un vrai bonheur de pdf !
Brillat Savarin, Saint Nectaire, Comté
Vitteaut Alberti, Crémant de Bourgogne, Brut, Blanc de Blancs
Robe jaune paille.
Nez sympathique, ouvert et franc, sur de fortes notes de fleurs et fruits blancs, sur la pêche de la même couleur, les fleurs des champs.
Si la bulle est un peu carrée et grattouille la langue, l'équilibre très apéritif construit autour d'un dosage plutôt généreux et d'une haute acidité rend le vin très facile et agréable.
Une aromatique gourmande finit de le rendre ma foi bien sympathique.
Très bien en apéritif car son dosage est peut être un peu tendre pour la table.
Pied de porc Bobosse, gratin dauphinois
Domaine Armand Rousseau, Gevrey Chambertin, 2011
Bouchon parfait.
Robe pourpre bien brillante.
Le nez agréable mais un peu primaire et comprimé le midi se révèlera bien plus intéressant le soir, en place, sur de belles notes de fruits rouges et noirs (framboise, cassis).
Même phénomène en bouche où le vin va gagner en densité et en volume à l'aération pour présenter un ensemble très agréable, souple, sur une matière assez délicate mais sans déficit de chair. L'équilibre est réussi, sur une acidité mûre bien intégrée et une aromatique franche et ouverte, sur un fruit facile enrobé d'un léger trait végétal.
La qualité des tanins participe à lancer une finale d'une grande franchise et évidence.
Très joli vin, à carafer pour une ouverture précoce.
Oeufs mollets et salade à l'Al'
Domaine Coche Dury, Bourgogne Aligoté, 2012
Robe sans teinte, sur le gris vert.
Nez frais, pointu, assez discret, sur le zeste de citron vert, le foin, une pointe minérale.
Bouche moins confortable et facile que le 2009, très tendue, sur une forte acidité citrique qui fait saliver.
Goûts très nettement sur les agrumes, sur le citron vert et le pamplemousse.
Finale tonique et assez simple, manquant un peu de complexité.
Bon vin.
Domaine Cauhapé, Jurançon sec, La Canopée, 2006
Bouchon long et en parfait état.
Robe cuivrée presque ambrée.
Nez très évolué, sur la cire d'abeille, des notes métalliques, un peu de praliné mais plus de fruit.
L'attaque en bouche est large, sur une matière huileuse et ample qui tapisse immédiatement le palais. L'acidité haute mobilise l'ensemble mais le vin reste terne aromatiquement, comme usé, avec une curieuse impression de boire un liquoreux sans plus aucun sucre.
La finale est marquée par une très forte amertume, comme si l'on croquait dans une peau blanche de pamplemousse.
Une bouteille décevante qui m'a semblé n'avoir plus grand chose à dire.
Domaine Hauvette, Les Baux de Provence, 2004
Bouchon parfait.
Robe plutôt claire, sur un grenat rubis assez nettement tuilé.
Nez évolué, sur un bouquet nettement tertiaire de feuilles mortes, de malt, d'épices douces.
La bouche est bien équilibrée, offrant une belle acidité qui lance vin en bouche et étire et rafraichit une jolie matière juteuse.
Les goûts sont intéressants, sur le chocolat et la cerise mais un peu trop tertiaire, m'évoquant un vieux Châteauneuf.
La finale est marquée d'une présence tannique assez nette qui ne verse jamais dans la sécheresse.
Bon vin, un peu vieillot aromatiquement à mon goût.
Pied de cochon, riste d'aubergine
Domaine de la Creuze Noire, Saint Véran, 2014
Robe jaune paille.
Nez assez discret, sur de minces notes florales un peu ternes.
Bouche à l'équilibre honnête mais manquant de fond, sur une acidité sympathique mais une matière un peu fluide.
Aromatique florale simplette.
L'ensemble s'effondre très vite dans une finale inexistante.
Un vin sans vice mais ni réelle vertu.
Quenelle de brochet, crème d'écrevisse
Domaine Guillot-Broux, Mâcon Cruzille, Les Geniévrières, 2012
Robe jaune paille.
Nez totalement fermé à l'ouverture et qui mettra quasiment l'intégralité du repas pour se détendre un peu et révéler un ensemble discret, sur des senteurs minérales et florales légères.
Bouche bien structurée autour d'une très belle acidité qui lui donne une allure verticale aux traits tranchants.
Malheureusement, le vin reste totalement fermé aromatiquement et ne parvient pas à développer autre chose que ses qualités de fraicheur.
Finale salivante d'une jolie buvabilité mais assez peu persistante.
Un vin fermé ?
A revoir.
Grenouilles en persillade
L'Aurore (Cave de Lugny), Mâcon rouge, Cuvée Henri Boulay, 2014
Bouchon synthétique.
Robe bleutée violacée très jeune.
Nez très sympathique, sur un côté kir à la mûre et qui développera de plus complexes et posées senteurs de fruits noirs enrobées de végétal le lendemain digne d'un beau vin du Beaujolais.
Bouche bien construite, facile, sur une acidité assez forte mais un jus empli de fruit, sur le cassis, la mûre, des notes de poivre vert.
Volume simple, sans grande tenue mais sans creux non plus. Finale inexistante mais fraiche.
Vin facile, croquant, dont la modestie et franchise de fruit s'est finalement parfaitement accordée avec un service frais, idéal sous ces températures caniculaires.
Une bouteille achetée à la supérette du coin afin de mouiller l'andouille et que nous pensions blanche...
Elle a fini dans nos verres, ce dont nous n'avons pas eu à nous plaindre ! :)o
Domaine Coche Dury, Bourgogne Chardonnay, 2011
Robe claire, sur un jaune grisé.
Nez léger, un peu terne à l'ouverture, nettement plus avenant le soir, sur des notes florales, une pointe d'huile d'arachide.
Bouche agréable, d'un équilibre pointu et nerveux, sur une matière de demi corps tranchée par une forte acidité.
Goûts délicats et pas très complexes, sur le citron vert, les fleurs blanches.
Finale citrique mais d'une bonne présence.
Vin agréable dans sa simplicité franche mais trop jeune.
Domaine Guilhem et Jean Hugues Goisot, Bourgogne Côtes d'Auxerre, Biaumont, 2008
Robe vieil or.
Nez affreux, sur le caillé de fromage et des notes qui évoquent le côté obscur de la noix.
Bouche flasque, cuite, à la fois sucraillonne et amère, pas encore totalement oxydée mais en pleine voie.
Imbuvable.
Azienda agricola Il Borghetto, IGP Toscana, Montigiano, 2011
Robe très claire, rubis à peine foncé.
Nez fin, délicat et frais, sur la grenade, les fruits rouges, des jolies senteurs légères d'épices douces.
Bouche à l'attaque suave et glissante, d'un joli équilibre facile entre une matière juteuse et bien mûre et une belle acidité qui lui apporte la fraicheur nécessaire.
L'ensemble est hyper lisible et gourmand, tout en rondeurs sans excès, pas forcément très complexe mais d'une totale évidence et buvabilité. Une amertume assez élevée tient le vin en l'étirant et lui apporte toucher tactile et fraicheur.
Seule petite réserve (mais j'y suis ultra sensible), une petite surchauffe alcoolique (14.5°) sur la finale qui reste bien sympathique.
Un très joli canon de copains !
Brillat Savarin, Ami du Chambertin, Comté vieux
Domaine Les Bruyères, Crozes-Hermitage, Les Croix vieilles vignes, 2010
Robe grenat sombre.
Nez très classique d'une syrah bien née, sur les fruits noirs (mûre, myrtille) enrobés de notes de fumée, de suie, d'encens. L'ensemble gagnera en ampleur et en classe tout le long du dîner.
Bouche remarquablement bien structurée, pleine et ample, sur une acidité parfaitement bien intégrée et qui crée un équilibre juteux et nerveux à la fois.
Une densité certaine toute en concentration naturelle et une aromatique sur la mûre et le pamplemousse pleine de charme donne à ce vin une classe certaine.
La finale encore puissante aux tanins de grande qualité est superbe de présence et de persistance.
Très beau vin !
Lotte froide et salicornes
Domaine Henri Germain & Fils, Meursault-Charmes 1er cru, 2005
Robe jaune paille.
Nez délicat, assez discret toutefois, presque fermé, sur le citron, la noisette fraiche, des notes minérales légères de pierre à fusil.
Bouche à l'attaque tonique et parfaitement équilibrée, sur une acidité nette et mûre qui lance une matière cristalline d'une très belle densité.
L'aromatique discrète semble encore très jeune, refusant de se muer vraiment en réelle complexité.
Mais les qualités de texture de ce vin sont indéniables et sa finale classieuse et longue donne une envie certaine de la revoir dans quelques années.
Très beau vin avec du potentiel.
Domaine Yves Cuilleron, Côte Rôtie, Bassenon, 2001
Robe sombre marquée d'une légère évolution tuilée.
Nez dense, sur le tabac brun, le sang frais, la fumée et qui s'ouvre sur des senteurs plus florales et résineuses à l'aération.
Bouche fraiche, assez droite grâce à une haute acidité et sur une trame plutôt fine qui manque peut être un peu de chair pour proposer plus de présence.
L'équilibre néanmoins solide quoique jouant sur un registre tranchant et salivant et l'aromatique très avenante, sur les fruits noirs fumés participent au plaisir pris.
Finale respectable d'une grande buvabilité.
Bon à très bon vin, à accorder sur des mets plutôt fins.
De djiou, qué cagnard !
C'est pas qu'on ait souffert mais j'ai rarement autant souhaité être un poisson pour pouvoir piquer une tête et me rafraichir au milieu des gardons !
Il aura fallu l'arrivée tonitruante de notre Chuisse, beau comme un sapin de Noël en tenue de surfeur-casteur du dimanche, cuillères en bannière et Rapala en bandoulière pour voir le ciel se mettre à pisser de rire et l'étang pousser comme un soupir de soulagement devant cette pluie salvatrice !
Ça n'empêcha pas notre taquineur de baracuda de nous remonter, entre deux ou trois saletés de bestioles de son espèce à moustaches, un bien joli black bass dont j'ai bien cru à la touche qu'il allait nous le faire basculer à la baille !
Allez, triloulou dans la boite à gants mais celle à souvenirs emplie de nouveaux moments magnifiques, il est temps de rentrer...
Bizarrement, lundi matin, mon falsard coinçait à la remontée, je me demande bien pourquoi ?
Vivement très vite qu'on remette ça,
Les amis, c'est la vie !
Oliv
Crédit photos:
Annick Jeanmairet
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