Voyage(s) au bout de l'enfer, fin !
Éclaircie sur le Vercors
La nuit a été courte !
Il parait que la station sismologique du coin aurait enregistré un léger mais régulier tremblement de terre vers 4 à 5h du mat', rapport aux ronflements à en dégonder les portes qui émanaient de certaines piaules !
Euh, les copains, c'est qui le gros malin cette nuit qui a remplacé ma brosse à dents par une râpe en métal ?
La vache, après la douche, le dentifrice a l'air d'être monté au chlorydrique et j'ai l'impression de me brosser les ratiches à coups de râpe à fromages !
Mais comment qu'il fait pour afficher un tel sourire carnassier, l'Enzo, après tant d'années de consommation de gamay ?
Après un bon petit déjeuner au café pour les uns, aux fromages pour les autres (rien de mieux qu'un patch au Saint Nectaire pour bisouter la dentine ), il parait qu'une bonne balade ouvrira l'appétit.
En bon gars bien élevé mais ô combien naïf, je m'exécute... dans tous les sens du terme !
Ben oui, c'est que le Vercors, c'est un chouia plus dénivelé qu'une promenade digestive chez les Javaux...
Et ajoutez ce menu détail que j'avais mésestimé : alors que moi, je suis de plus en plus adepte de l'horizontale après le repas, la famille Pélusse est devenue psychopathe de la promenade en verticale !
Vous vous souvenez
, Pélusse, c'est le mec qui m'assure qu'il assure et assure qu'il m'assure...
Exercice pédagogique avec Tonton Pélusse
Sauf que depuis cette première proposition douteuse de bondage dans les hauteurs, j'ai constaté comme un effet de vase communiquant et inversement proportionnel entre nos masses corporelles...
Alors qu'il est devenu tout sec et buriné comme un vieux loup de montagne, moi j'ai pris des entournures à postuler comme mannequin vedette chez un manufacturier de pneu bien connu de à Clermont.
Donc n'ayant pas abandonné la théorie si chère à
Marc Jolivet
qui veut que quand les gars de 100 kgs dévissent, ceux de 60 décollent et malgré l'insistance de l'autre giBon et les quolibets des gamins, je décide de prudemment laisser l'Oliv se cailler les noyaux sur le plancher des vaches !
Avec tous les pépins générés par la tempête de neige de la veille, faudrait voir à pas emmerder les secours locaux avec un grand sifflet collé à la falaise, tétanisé par la trouille.
Finalement et même s'il ronfle comme un marteau piqueur, j'aurais peut-être dû écouter les conseils d'Enzo et partager sa sieste !
Bon, malgré les injonctions, les conseils et les sous-entendus, force est de constater que notre Pélusse a du talent plein ses mains désormais aussi caleuses que celles d'un chimpanzé maçon.
Les gamins ont apprécié la leçon et c'est frigorifiés mais l’appétit bien ouvert qu'on remet ça pour une dernière ligne droite.
Petit florilège des autres vins croisés ce week-end !
Jacques Perrin, Petite Arvine, Fully, cuvée Aria, 2018
Robe très claire, à peine teintée.
Très joli nez pur et franc, sur le rhubabe, le fenouil.
Bouche d'une grande tension en attaque, sur des sensations cristallines portées par un volume sans creux.
Vin bien construit, délicat, à la fois précis et d'une grande gourmandise aromatique.
Finale resserrée autour de son acidité et qui appelle la table pour s'équilibrer.
Vraiment très bien.
Domaine Vincent Dauvissat, Chablis 1er cru La Forest, 2005
Robe jaune paille.
Nez curieux, sur des notes lactées, sur le caillé et pourtant un côté eau de Cologne pas très agréable.
Bouche à la fois tendue mais sans vraie tenue, toujours marquée par ce lacté gênant.
Finale pas en place, entre le saillant et une certaine âpreté.
Je n'ai pas aimé du tout.
Domaine Vincent Dancer, Meursault 1er cru Les Perrières, 2010
Bouchon parfait.
Robe jaune paille très claire.
Beau nez fin et élégant, compromis d'un élevage sans poids et de belles notes florales et minérales d'une grande précision.
Bouche parfaitement construite autour d'une acidité traçante et aérienne qui propulse une belle matière élancée dans un ensemble d'une impeccable lisibilité à la structure sans faille.
Finale salivante et fraîche à souhait, avec encore un beau potentiel de complexification aromatique.
Très beau.
A attendre encore.
Domaine Zind Humbrecht, Riesling, Brand, 2008
Robe nettement dorée.
Nez puissant, un peu lourd par son pétrole très présent et qui prend le pas sur de jolies senteurs exotiques (passion, mangue) en les écrasant de son ampleur.
La bouche est en revanche splendide, sur une attaque avec quelques résiduels immédiatement mobilisés par une acidité somptueuse qui crée un point d'équilibre brillant, longuement porté par des extraits secs impactant le palais.
Finale remarquable de persistance et de plaisir !
Superbe !
Domaine Jean-Marc Burgaud, Beaujolais-Villages Nouveau, Du Vin !, 2019
Robe violine.
Nez poivré, sur le jus de fruits noirs frais et un petit côté jus de raisin moins agréable.
Bouche souple, sur un beau fruit croquant sans vulgarité, sur les fruits noirs.
Finale facile et glissante.
C'est bon !
Domaine Guillaume Gilles, Côtes du Rhône, Les Peyrouses, 2009
Magnum
Robe sombre, sur un violet sans réelle évolution.
Nez mat, sur les fruits noirs, un côté concentré sanguin qui demande à se détendre.
Bouche puissante et trop massive pour moi, sur une grande concentration dense qui manque de confort et de déliés.
Finale impactante mais aux tanins et au volume encore à fondre.
A attendre.
Domaine Lionnet, Cornas, Terre Brulée, 2009
Robe violacée bien brillante.
Nez serré, sur les fruits noirs frais, moins compact que le Peyrouses mais encore assez noir et fermé d'expression.
Bouche là encore un peu trop puissante pour moi (Enzo, ta g....e !), sur une densité qui s'enroule dans une belle acidité mais pour un volume qui reste encore un peu trop ferme pour moi.
Finale manquant de confort, sur un saillant qui doit s'harmoniser.
A attendre.
Domaine Robert Michel, Cornas, La Geynale, 2005
Robe sur une petite évolution brique.
Très beau nez précis, délicat et généreux à la fois, sur les fruits noirs en train de virer aux fleurs séchés, de puissantes et très agréables notes épicées et résineuses, entre le poivre, la girofle et l'aiguille de pin, l'ensemble étant rafraîchi par des belles notes d'agrumes, sur l'orange sanguine. Superbe !
La bouche commence à livrer un équilibre fondu entre une jolie matière à la texture moelleuse et une acidité mobile et pointue qui apporte de l'allant. Les goûts sont complexes, avec toujours cet ensemble épicé peau d'agrume très agréable.
La finale se resserre autour de tanins encore saillants qui me laissent à penser que ce vin a encore du potentiel d'amélioration pour gagner en harmonie.
Très bien.
Domaine Daniel Bouland, Morgon, Vieilles Vignes, 2005
Robe bleutée avec un peu d'évolution sur le disque.
Nez de fruits noirs en train d'évoluer vers quelque chose de malté et minéral, un peu ferrique assez difficile à décrire.
La bouche en revanche, je coince un peu...
L'ensemble me semble trop ferme, tant en acidité qu'en présence tannique, avec pas mal d'amertume.
Je passe la parole (et mon verre) aux copains...
Domaine Jean-Marc Burgaud, Morgon, James, 2005
Robe plus évoluée, sur un bordeaux brique.
Nez moche, avec des notes un peu animales, sur le viscéral, le giboyeux peu avenantes.
Bouche affreusement dure, cisaillante d'acidité et raide de corps et de tanins.
Finale terriblement sèche et aride, sans aucun confort et donc plaisir possible pour moi.
Euh, les copains, y'a pas un pinot qui traine en rab', là, siouplait ?!
J'ai le pdf qui menace de porter plainte à la gendarmerie pour séquestration et coups et blessures répétées...
Domaine Lionnet, Cornas, Terre Brulée, 2003
Magnum
Robe grenat tuilée assez profonde.
Beau nez au bouquet avenant et complexe, sur de belles notes épicées qui s'enroulent dans un ensemble au fruit évoluant vers les fleurs séchées, le tabac avec une vraie gourmandise !
Aaaaaaaaah, ben là, oui, je suis !
Belle attaque juteuse, avec une petite douceur confortable parfaitement mobilisée par une acidité franche et de petits tanins croquants qui font saliver, l'ensemble produisant un équilibre à la fois facile et sur une allonge fraîche sans aucun confit.
Belle finale juteuse et salivante, sur une grande complexité aromatique et avec encore de la jeunesse par sa présence tannique.
Très bien !
Histoire d'Enfer, Pinot Noir, L'Enfer du Calcaire, 2016
Robe pourpre toute jeune.
Nez puissant et rococo, sur les fruits rouges compotées, la grenadine, presque des notes exotiques.
Bouche pulpeuse, ultra mûre, un peu trop confite pour moi, sur un jus doux aux goûts de coulis de fruits rouge, de barbe à papa.
Finale sans tanins mais un peu chaleureuse.
Un peu trop riche pour moi.
Henri Maire, Vin Jaune d'Arbois, 1973
Robe bronze un peu terne et trouble.
Nez classique et sans défaut, pas très puissant, sur la noix, le céleri, des notes chaudes de pierre au soleil et un côté un peu poussiéreux.
La bouche est plus avenante, sur une jolie attaque au moelleux de texture et à la presque sucrosité perçue.
Le vin déroule une vraie présence malgré une certaine lenteur (comme moi ce matin pendant la balade...), avec un côté facile sans grande complexité mais confortable et à la complexité aromatique agréable.
La finale n'est pas très longue ni puissante mais apporte un vrai plaisir.
Bien.
Émotion pour tous les Alamis autour de la table quand je leur raconte l'histoire de cette bouteille que je ne pouvais partager qu'avec eux !
Domaine Poudéroux, Maury, vendange mise tardive, 2012
Robe presque noire à cœur et un peu éclaircie sur le disque.
Superbe nez juteux et frais à la fois, sur le coulis de fruits noirs, la gelée de mûre, des notes florales, sur la violette et d'étonnantes notes qui m'évoquent le thym citron.
Bouche délicieuse de gourmandise et de fraîcheur, sur un jus à la sucrosité croquante parfaitement mobilisée par une belle acidité mais surtout par de délicieux petits tanins qui font saliver.
Seule la finale qui s'effondre un peu vite limite les superlatifs.
Très bien !
Domaine Jo Pithon, Coteaux du Layon Saint-Aubin Clos des Bois, 1995
Robe cuivrée.
Nez sur une volatile importante, assez limite pour moi, sur des notes de miel et de safran.
Bouche extrème, à la fois sirupeuse par sa liqueur importante mais déséquilibrée par son acidité vinaigrée mordante.
Finale saillante et à l'aromatique un peu fuyante.
Je n'ai pas aimé.
Quel superbe week-end !
Encore un qui prouve combien le vin est un fabuleux prétexte à bons moments, un génial métier à tisser les amitiés, un extraordinaire lubrifiant à bonheur partagé.
Et même si le temps a été autant compté qu'un petit peu chafouin, le Diois et plus généralement le Vercors est une région à l'authenticité qui donne envie de revenir en profiter lors des beaux jours.
Bon ben c'est le moment du Triloulou !
Et ce coup là, avec 6 heures de route, j'ai le temps de le maturer...
Merci à nos amis vignerons pour leur tolérance à nos excès légendaires.
Et les copains, à très très vite pour un nouvel épisode.
Les amis, c'est la vie !
Bises
Oliv