Hervé Bizeul écrivait:
> Il me semble quand même que ce n'est pas autour du
> feu, à Bélesta, que TU décides si un produit est
> "bon" ou pas pour ta vigne ? Pareil pour Didier,
> d'ailleurs ;-)
Non, au cours de réunions de travail nationales puis européennes, avec des intervenants scientifiques, des producteurs et des instituts les représentant, pour peu qu'ils s'y impliquent.
Même chose pour la charte de vinification bio, pour l'instant privée, mais qui pourrait servir de base à une législation européenne, j'ai d'ailleurs participé à la réunion de finalisation, avec mon mot à dire.
Je n'y adhérerai pas, la barre n'est pas assez haute.
>
> Tu as bien une "liste" de produits qui te sont
> imposés et d'autres non ?
>
> Tu as bien des produits qui sont autorisés en
> Suisse ou en Allemagne et que tu n'as pas le droit
> d'utiliser en France, même s'il sont pour toi tout
> à fait bio, et que tu ne pourras si cela se trouve
> jamais utiliser parce qu'ils n'ont pas
> d'homologation bio en France ?
Il n'y pas d'homologation bio spécifique pour les produits phytosanitaires, ils doivent simplement être conforme à la réglementation de 91 et bien sûr avoir une AMM française comme tout produit phyto. Certains fabriquants l'indiquent sur leur emballage sous leur propre responsabilité, d'autres non, ce n'est pas pour cela que tu ne peux pas les utiliser.
La Suisse étant hors du champ d'application des règles CEE, je ne vois pas où est le problème. Pour l'unique produit sur une liste fort longue qui doit te chagriner, je suppose que tu parles de l'acide phosphoreux, il me semble qu'il est utilisé en Allemagne à titre expérimental. Si son efficacité est avérée et qu'il ne pose pas problème, il n'y a aucune raison pour qu'il ne soit pas intégré à la liste positive CEE dans le futur. A la vue des essais de l'ITV, et non pas de ceux des "inventeurs" ($$$ ;-) de l'utilisation de ce produit en AB, je ne pense pas que dans l'état actuel des choses on puisse tirer une conclusion positive.
>
> Si tu découvres que la décoction de noix de cajoux
> et de farigoulette donne une pêche incroyable à
> tes syrah, tu n'as pas le droit de pulvériser,
> sinon tu "fraudes" et tu risque de perdre ton
> label "bio" ?
Comme toi tu risques de perdre ton statut d'agriculteur si tu passes le même mélange sur tes vignes, farigoulette et noix de cajou ne rentrant pas dans la liste des produits autorisés pour les traitements agricoles sur vigne. Voir l'affaire récente du purin d'orties.
> Et si, parce que tu n'as rien fait cette année
> dans les vignes, 0 traitements, et que tu as tes
> raisins pleins de pourriture grise, de vers de la
> grappes, avec toutes les conséquences que cela a
> dans les vins, en particulier l'apparition de
> nombreuses moisissures cancérigènes, qui
> contrôlera tes vins ? Personne.
Les détections d'ochratoxine A par les fraudes visent principalement les vins bios, c'est d'ailleurs étrange puisque comme pour d'autres cultures bio on n'a jamais constaté de résultats vraiment probants et répétés mettant en cause spécifiquement ce mode de production.
www.minefi.gouv.fr/d...
(le poucentage de vins bio n'est pas exactement à l'image des surfaces de production, c'est le moins que l'on puisse dire ;-) )
Tout au contaire on pourrait mettre en cause une matière active de synthèse principalement utilisée sur céréales et maintenant sur vigne, qui vu sa propension à développer des souches résistantes de moisissures cause un léger problème.
(Ahhh... Iacchos et D Lefebvre :-)
D'autres pratiques, comme les macérations préfermentaires mal maîtrisées, sont bien plus risquées au niveau de l'augmentation de la teneur en OTA dans les vins, même avec des raisins presque sains, c'est mon humble avis, et celui de quelques chercheurs, il me semble.
Les analyses systématiques de l'OTA sont d'ailleurs il me semble à l'ordre du jour dans l'améliration de la charte vinification des vins bios. C'est fou, non, ces gens qui se cherchent des emmerdes alors qu'un vin en conventionnel n'a pas d'obligation d'analyse? ;-)
> Si le comportement
> de certains connards en bio ne te posent pas de
> problèmes alors que celui de certains connards en
> tout chimique en posent, moi, c'est les deux qui
> me dérangent.
Sauf qu'un connard en bio, même s'il met le paquet de ce que tu veux (donc il n'aura pas d'OTA
) les dégâts sont un petit peu moins dangereux pour la santé des riverains et des consommateurs, il me semble.
> Dans la mesure où je ne me revendique en aucun cas
> d'un quelconque label bio, en quoi est ce qu'un
> vigneron comme moi vous gène ?
Tu as quand même parfois un discours un peu globalisant, "je suis plus propre qu'un bio", je te le répète j'ai eu le même, qui est quand même un peu gênant sans que l'on connaisse avec plus de précision ton cahier de culture.
Rappelle toi iacchos et notre ami JCL qui prétendait faire mieux que du bio, avec hélas un bulletin d'analyse en ligne indiquant dans les 140 mg/ de SO2 dans un de ses vins.
Et je ne crois pas que ce soit un mauvais homme, pas plus que toi, m'enfin avoue qu'un gars comme moi qui travaille avec de gros degrés et des faible teneurs en soufre, 10 mg de total, a de quoi sourire :-).
Tu vas me dire cela ne concerne que le chai et pas la bio? :-)))
> Je trouve pour ma part que
> mon mode de culture est peut-être mon dernier
> espace de liberté.
Oui mais quand même, les noix de cajou... ;-)
> Les choses sont loin d'être si simples. Que
> vaut-il mieux : quatre personnes qui passent 10
> hectares à la machine à dos, avec du souffre
> mouillable, et utilisent donc 10 litres de souffre
> mouillable (nous, en non bio, jeudi et vendredi)
> ou un gars en bio qui part avec son enjambeur
> faire le même traitement et qui utilise 100 litres
> de souffre, du gaz oil en pagaille, tasse ses sols
> une première fois et balance déjà son premier
> traitement au cuivre, parce que comme il a pas de
> curatif, il faut qu'il prenne des précautions dès
> maintenant ? Lequel est meilleur pour la planète ?
> Pour la santé ? Pour les sols ? Pour les vins ?
En l'absence d'indication des matières actives du curatif que tu utilises, sans connaître les doses, le mombre de passages et à quel stade phénologique, sans avoir une analyse de ton vin pour connaitre sa teneur en résidus, je ne saurais te répondre.
>
> Rien n'est simple.
C'est au contraire très simple, mais l'analyse par chromatographie est assez chère :-)))
Didier