Près de dix ans après la récolte, il me semble temps de faire le point sur les vins de ce millésime annoncé à sa naissance comme grand, tant en blanc qu'en rouge.
Grand, mais de longue garde, et pas toujours facile d'accès ces dernières années.
En ce qui me concerne, quelques expériences déjà relatées sur LPV, de vins dégustés en 2015 :
Domaine G. Roumier – Chambolle-Musigny 2005
Domaine Jean-Michel Guillon – Gevrey-Chambertin 1er Cru Les Champonnets 2005
Domaine Sylvie Esmonin – Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2005
Jean-Michel Guillon - Cuvée Père Galland - Gevrey-Chambertin 2005
Vincent Girardin - Chassagne-Montrachet 1er Cru Blanchot-Dessus 2005
Dominique Laurent - Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2005
Domaine Vincent DUREUIL-JANTHIAL - Rully 1er Cru Meix Cadot Vieilles Vignes 2005
Domaine des Comtes Lafon - Meursault 2005
En moyenne, plutôt de bonnes, et mêmes de très bonnes impressions.
Ce vendredi, avec mon club de dégustation, on a ouvert quelques bouteilles de ce millésime, essentiellement en niveau d'appellation "village", pour confirmer ou infirmer ce sentiment. Il restait l'équivalent d'un bon verre dans les bouteilles, que j'ai donc pu suivre sur un jour ou deux.
Vincent Dauvissat - Chablis 1er cru Séchet 2005
La robe est d'un jaune pâle, sans signe d'évolution notable. A l'ouverture, le nez est discret, fermé, mais je ne note pas le côté réduit que je retrouve souvent dans les vins de Dauvissat. Fruits blancs, notes minérales crayeuses dominent ce tableau en demi-teinte. La bouche attaque franchement, sur la fraîcheur, dans un style tendu et minéral qui ne manque cependant pas d'ampleur, pas très extraverti, sur la réserve, mais long et salivant en finale. Certains dégustateurs qui, contrairement à moi, sont à l'aveugle, ne semblent pas emballés et trouvent que l'ensemble est un peu léger. Pour ma part, je pense qu'il a tout pour donner une belle bouteille dans quelques années, mais qu'on peut effectivement facilement passer à côté à ce stade. Le lendemain, après une bonne vingtaine d'heures d'aération, il n'a quasiment pas bougé d'un iota, même s'il est tout de même un poil plus ouvert et plus fruité. A attendre.
Très bien
Domaine de la Soufrandière Pouilly-Vinzelles Les Quarts 2005
La robe est jaune or. Nez extraverti, légèrement boisé vanillé, semble un peu réduit à l'ouverture et s'ouvre ensuite sur des notes de pomme golden, accompagnées de notes florales, miellées et épicées. L'attaque en bouche est tranchante, mais le volume, le gras et la puissance s'imposent en milieu de bouche pour laisser place à nouveau à l'acidité en finale, saline et salivante, d'une très belle longueur. Le lendemain, plus de 20h après l'ouverture, le verre restant est toujours aussi beau, sans évolution notable par rapport à la veille, preuve qu'il en a encore sous la pédale.
Très bien +
A noter que dans une série comprenant également un Chablis 1er Cru Séchet de Dauvissat et un Meursault Les Tessons de Buisson-Charles, tous deux du même millésime, il a été classé en tête par 6 des 8 dégustateurs présents.
Domaine Buisson-Charles - Meursault Les Tessons 2005
Robe jaune or. Nez citrique et lactique, qui ne me plaît qu'à moitié, mais qui semble être apprécié par quelques-uns autour de la table, notes boisées torréfiées discrètes, fruits blancs. En bouche, l'attaque est grasse et fraîche à la fois, ample, puissante, avec un très beau retour de la fraîcheur en finale, longue et salivante. Le lendemain, après plus de 20h d'ouverture, il montre un début d'oxydation au nez avec des notes de pomme blette (à noter que le côté lactique qui me gênait un peu a disparu), mais la bouche reste très belle.
Très bien
A noter que c'est le vin qui a le plus divisé l'assemblée, en comparaison avec un Chablis Séchet de Dauvissat et un Pouilly-Vinzelles Les Quarts de la Soufrandière, tous deux du même millésime, certains le classant en tête, d'autres second et les derniers troisième.
Dominique Laurent - Chambolle-Musigny 2005
Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis à grenat. Nez bien mûr, avec un boisé léger mais présent, des notes de banane séchées à l'ouverture, qui s'effaceront ensuite, fruits rouges, notes florales marquées, pointe épicée. La bouche possède fraîcheur, finesse, ampleur et puissance combinées, comme je les aime, avec une longueur tout à fait correcte, sur une finale encore tannique, mais nullement asséchante. Donne déjà beaucoup de plaisir actuellement, mais en a encore largement sous la pédale pour les dix années qui viennent, comme tente à le démonter sa très bonne résistance à l'air, 36 heures après ouverture.
Très bien +
Domaine Philippe Charlopin-Parizot - Chambolle-Musigny 2005
Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis. Le nez est marqué par l'élevage en bois, sur des notes de spéculoos, moka, chocolat, d'épices douces, qui sont présentes à l'ouverture et toujours là 36h plus tard. Derrière tout cela, il y a tout de même un fruité bien mûr qui parvient tant bien que mal à se faire un peu de place. On ne peut pas dire que ça sente mauvais, ça sent même très bon, mais le pinot est tout de même bien caché. En bouche, par contre, on obtient ici un soyeux de texture superbe, sans doute le plus beau de la petite série de 2005 dégustés ce vendredi, même si on ressent tout de même une pointe de tannins de bois en finale. C'est frais et ample à la fois, superbement équilibré, et d'une longueur tout à fait honnête. Bon, on peut bien entendu regretter ce boisé trop insistant, en particulier au niveau aromatique, mais le plaisir est au rendez-vous des gourmands.
Très bien -
Domaine de la Vougeraie - Gevrey-Chambertin Les Evocelles 2005
Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis à grenat. Nez où se mêlent notes boisées et fruits rouges, avec une petite note épicée sur la réglisse. 36h plus tard, une pointe d'oxydation se fait jour. En bouche, il y a de l'ampleur, du gras et de la puissance, très bien équilibrés par l'acidité. Belle longueur sur des tannins très fins. Belle bouteille, qui peut se boire sur son éclat actuel.
Très bien
Domaine Sylvie Esmonin – Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2005
Robe intense, voire très intense pour un pinot, aux reflets rubis. Nez marqué par un léger boisé, de la réglisse, du cuir, de fruits noirs et peut-être une pointe de volatile. 36h plus tard, des notes oxydatives sont présentes, de type pruneau, avec toujours de la réglisse. La bouche est stricte, puissante, tannique et d'acidité haute, avec beaucoup de structure, mais donnant assez peu de plaisir à ce stade. La finale est longue, mais les tannins sont à la limite de la sécheresse, même 36h après ouverture. Une bouteille qui me déçoit par rapport à celle dégustée il y a peu avec le CRD-LPV Belgique. Vu la pointe de volatile suspectée, peut-être une bouteille moins en forme.
Bien sans plus en l'état.
Domaine Denis Mortet - Fixin 2005
Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis. Fruits rouges, ronce, notes florales, soulignées par un léger boisé composent une aromatique des plus agréables. A noter qu'après plus de 36h d'ouverture, le vin reste parfaitement stable, sans aucune trace d'oxydation, avec simplement la disparition des notes boisées. La bouche est d'une grande distinction, fine, élégante, souple, soyeuse, avec une petite touche réglissée, ça glisse tout seul et se boit sans soif avec beaucoup de plaisir. Seule la longueur, moyenne, nous rappelle la relative modestie du lieu de naissance de cette très belle bouteille.
Très bien ++
Voilà, c'est tout pour l'instant, impression globale largement positive, donc, à confirmer dans le temps sur des niveaux d'appellation plus élevés.
Et vous, quelles sont vos expériences récentes sur ce millésime ?
Luc