Michel Goy du Restaurant de Panex (
www.restodepanex.ch ) proposait mardi dernier à quelques amateurs, par l’intermédiaire de Michel Siegenthaler du Millésime à Vevey (merci à lui de nous avoir offert son hospitalité), une belle série de Clos Saint-Jacques.
La dégustation comprenait :
Une verticale du Clos Saint Jacques de Michel/Sylvie Esmonin, sur les millésimes 98 – 95 – 95 – 94 – 93 - 2002 – 2003 et 2004 et une mini horizontale de Clos Saint-Jacques 1993, avec les vins d’Armand Rousseau et de Bruno Clair (Bartet en 93) (plus Esmonin 93, évidemment).
Les vins n’ont pas été servis en séries, mais successivement, étiquette découverte, sans passage en carafe préalable (sauf pour le 2004, qui le demandait). L’ordre des CR correspond à l’ordre de service.
Clos Saint-Jacques Esmonin 98
Vendangé entre le 20 et le 22 septembre. 29 hl/ha 60% de fût neuf, 18 mois d’élevage.
Le premier nez est un peu décevant, peu harmonieux, sur des notes de cuir. Il n’évoque pas en moi les grands Bourgogne mûrs. La bouche surclasse le nez, tout en dentelle, fine sur un toucher soyeux, avec de la tension qui se prolonge dans la finale, de belle persistance, sur des notes de griottes. A l’aération, le bouquet s’exprime mieux, tout en raffinement, sur des nuances de rose et de griotte, ravissant même certains participants. 16.5
Clos Saint-Jacques Esmonin 96
Vendangé du 20 au 22.09 40hl/ha
La robe est plus soutenue. Le premier nez est ouvert, riche et intense. Il me parle plus que celui du 98, malgré quelques notes animales. La bouche est tonique, avec une forte acidité qui dérange certains dégustateurs (ce n’est pas mon cas, je trouve l’acidité marquée, mais bien intégrée). La bouche est tonique, concentrée, virile, sur des tannins fermes, mais intégrés. Finale de belle longueur, ou l’on perçoit une note métallique. Ce vin est peut-être moins délicat que le 98, mais il me séduit par sa fougue et sa fraîcheur, sans que cela nuise à l’élégance. 17
Clos Saint-Jacques Esmonin 1995
50% de fûts neufs.
Nez assez proche du 96, un peu animal, sur les fruits rouges et noirs associés à des notes de goudron. On perçoit aussi une pointe d’alcool. Les tannins sont moins fins que sur les vins précédents (ils me rappellent un peu ceux des Bordeaux 95). Cela n’empêche pas la bouche de présenter une belle complexité et de la longueur. 16.5
Clos Saint-Jacques Esmonin 1994
50% de fût neuf
Robe tuilée, loin d’être diaphane. Nez de Bourgogne très mûr qui offre une jolie complexité. La bouche est dans le même registre de vin vieux, avec des tannins et une matière fondus. Ce vin n’est probablement pas issu d’un grand millésime et a dépassé son apogée, mais il est loin d’avoir perdu tous ses charmes. J’ai bien aimé et cette bouteille serait certainement meilleure si elle était bue à table, pour elle-même, plutôt qu’en dégustation. Il ne faut cependant plus tarder à l’ouvrir. 16.5
Clos Saint-Jacques Esmonin 1993
Attention grand vin ! La robe est encore jeune. Le bouquet est subtil, complexe, avec un fruit encore éclatant. En bouche, ce vin séduit par la sensation de velours, la dynamique et la profondeur. On retrouve le fruit, très présent, sur un registre dense et élégant à la fois. C’est finement tannique, tendu et complexe. Un vin de classe qui est loin d’avoir dit son dernier mot. 18.5
Clos Saint-Jacques Armand Rousseau 1993
Il fallait une grande bouteille pour succéder au Clos Saint-Jacques d’Esmonin. Celui de Rousseau n’a pas déçu. Le premier nez, légèrement réduit, dévoile une tension prometteuse. Le réduit se dissipe très rapidement pour faire place à un magnifique bouquet virevoltant de grand Bourgogne. J’adore. La bouche n’est pas en reste : tendue, minérale, goûteuse, elle joue la même musique que le Saint-Jacques d’Esmonin, avec, peut-être, une dimension supérieure encore. Le fruit est encore très frais, animé par le fascinant vibrato des tannins. Un très grand vin. 19
Clos Saint-Jacques Bartet (Bruno Clair) 1993
Nez complexe, belle présence fruitée et beaucoup d’allonge. Ce vin joue dans un registre plus viril que les précédents. Personnellement, je ne lui ai pas trouvé le complexité et l’expressivité des 93 de Rousseau et d’Esmonin, essentiellement en raison de tannins plus linéaires et moins dynamiques. Certains participants l’ont trouvé très grand et l’auraient probablement noté aussi bien que le Rousseau ou l’Esmonin. 17.5
Clos Saint-Jacques Esmonin 2002
Dès le premier nez, je suis sous le charme de ce vin. Superbe bouquet de pinot, intense, racé et noble. Si le changement de style avec les millésimes précédents se fait immédiatement sentir, ce n’est pas au détriment de cette bouteille. Ce 2002 n’a pas encore la complexité des 93 bus auparavant, mais quelle puissance, quel goût, quelle longueur et quelle classe ! La bouche est magnifique, à la fois de puissance et d’équilibre, et révèle toute la splendeur que peut revêtir le pinot quand il est issu d’un grand terroir.
Et dire que je n’ ai même pas une bouteille de ce vin en cave. Heureux ceux qui pourront le goûter dans 10 ans... 19+
Clos Saint-Jacques Esmonin 2003
Le caractère solaire du millésime se fait immédiatement sentir. La robe est presque noire. Au nez, il est difficile d’identifier un pinot. En bouche, le vin est gras, concentré, c’est bon, très bon même, sur des tannins enrobés et sans astringence, mais le fruit mûr domine trop et l’ensemble manque de vigueur et de fraîcheur. Heureusement que sur la finale, de belle longueur et persistante, la minéralité apporte un regain de fraîcheur et de tonicité. La minéralité et la longueur me font penser qu’il n’est pas impossible que ce vin puisse s’améliorer avec quelques années de cave. 16+
Clos Saint-Jacques Esmonin 2004
Robe très soutenue. Nez assez étonnant, original, nous avons cherché à identifier ces arômes sans y parvenir ( gingembre ? épice ? oui, mais laquelle ?), avec un boisé encore perceptible. La bouche est encore abrupte actuellement, mais de belle densité et plutôt expressive, sur des tannins de qualité. Malgré le carafage, l’ensemble reste fermé actuellement. Je n’ai cependant pas retrouvé de notes végétales et je reste confiant sur cette bouteille, qui demande encore du temps. 17+
Pour finir , une bouteille gentiment offerte par notre hôte :
Mes 5 Terroirs 2005, Denis Mortet
Le vin affiche d’emblée un style plus rond et plus gras que les Clos Saint-Jacques, avec moins de tension et de minéralité, mais une belle pureté de fruit et beaucoup de gourmandise et de précision. Tout est poli, soyeux, avec du goût et de la concentration. Un vin qui cause, mais après avoir beaucoup apprécié les 5 Terroirs en 04, j’attendais peut-être un peu plus de ce même vin dans le grand millésime 05. Il faut avouer qu’il n’était pas facile de passer après cette superbe série de Clos Saint Jacques. 16.5
Après la dégustation, retour chez moi, où le choix de Claude s’est porté sur un :
Beaune Grèves 1er cru 2005 de Jacques Prieur.
Nez racé, mais un peu fermé, à l’ouverture. Mais la bouche est superbe, sur des tannins intégrés, un acidité intégrée, un fruit racé. Très belle longueur. Le lendemain, le bouquet était plus expressif, sur les petits fruits rouges. L’ensemble confirmait les impressions de la veille. Un vin qu’il vaudrait mieux attendre quelques années (sauf si un ami de passage a envie de le découvrir). 16.5
Yves Zermatten